La Lettre du Pneumologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 | 29
Points forts
son état général, en particulier en cas de retentis-
sement sur le sommeil et sur la prise d’aliments ou
de boissons. Les principales étiologies du hoquet
chronique sont résumées dans le tableau I (1, 2).
Le hoquet iatrogène
Comme on peut le constater, les médicaments ne
sont pas une cause fréquente de hoquet et représen-
tent souvent un diagnostic d’élimination. Certains
auteurs concluent même que le niveau de preuve
pour impliquer les médicaments est faible (5).
Lorsque le hoquet est lié à la prise d’un médicament,
il survient après quelques prises du produit. Il se
répète alors à chaque administration, dans un délai de
quelques minutes à quelques heures pour une admi-
nistration par voie parentérale, mais pouvant aller
jusqu’à quelques jours pour une prise orale (2). Une
réadministration positive du médicament suspecté,
c’est-à-dire une réapparition des symptômes lors de
la reprise du traitement, peut confirmer l’étiologie
iatrogène du hoquet (3).
Afin d’évaluer la fréquence de cet effet indésirable,
nous avons interrogé la base nationale de pharmaco-
vigilance durant la période 1998-2009. Nous avons
recensé 96 notifications (soit 0,04 % des notifica-
tions) soumises à l’ensemble des 31 centres de phar-
macovigilance. La prédominance masculine de cet
effet indésirable est notable : le sex-ratio homme/
femme est de 11, la moyenne d’âge est de 54,2 ans
pour les hommes (extrêmes : 1 mois ; 92 ans) et
de 56 ans pour les femmes (extrêmes : 29 ans ;
71 ans). Parmi les classes médicamenteuses le plus
souvent mises en cause, les glucocorticoïdes (seuls
ou en association avec d’autres médicaments) sont
présents dans 32 % des cas, les antibiotiques dans
12 % des cas, les opiacés (morphiniques ou antal-
giques de palier II) dans 8 %, les agonistes dopa-
minergiques dans 6 %, enfin, les anticancéreux et
les benzodiazépines, respectivement dans 5 % des
cas (figure, p. 30). Parmi ces 96 cas, on retrouve
21 cas de réintroduction positive : 9 cas concernent
des glucocorticoïdes (seuls ou associés à d’autres
médicaments, notamment des antibiotiques ou
des agents anticancéreux) ; des antibiotiques sont
impliqués dans 4 cas, des agents antinéoplasiques
dans 3 cas, des opiacés dans 2 cas (dont 1 cas de
syndrome de sevrage), des antiémétiques dans
2 cas. Six cas concernent des médicaments divers
(anticholinestérasique, triptan, anti-inflammatoire
non stéroïdien, agent antithyroïdien).
La guérison est sans séquelle dans 78% des cas,
avec ou sans traitement correcteur. Le sujet est non
rétabli dans 9 % des cas (traitement arrêté dans 1
seul cas, poursuivi dans les autres cas) et, dans 8 %
des cas, l’évolution est inconnue. Deux cas de décès
sont également rapportés, 1 cas est sans rapport
avec l’effet, l’autre cas concerne un patient sous
chimiothérapie.
Lors d’une étude épidémiologique réalisée par
le Centre régional de pharmacovigilance de
Toulouse (6), H. Bagheri et al. ont procédé à une
enquête rétrospective des données de la base natio-
nale de pharmacovigilance entre 1985 et 1997 :
53 observations (soit 0,0005 % de l’ensemble des
notifications) concernaient la survenue d’un hoquet.
La moyenne d’âge était de 52 ans, avec une prédo-
minance masculine marquée (sex-ratio homme/
femme égal à 17). À l’issue de cette étude, les classes
thérapeutiques incriminées dans l’apparition du
hoquet étaient les corticoïdes (23 %), les psycho-
tropes (15 %, principalement les antidépresseurs
non imipraminiques), les médicaments de la sphère
neurologique (13 %, principalement les antiparkin-
soniens), les antibiotiques (12 %), les médicaments
utilisés en cardiologie (7 %, en particulier les digi-
taliques), les antalgiques (6 %, surtout les opiacés)
et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (6 %).
La comparaison de ces 2 études montre, d’une part,
que le nombre de déclarations a presque doublé,
passant de 53 à 96, probablement grâce, entre autres,
à la sensibilisation du corps médical pour ce type
»
Le hoquet est un phénomène physiologique fréquent et banal, qui peut néanmoins nuire à la qualité
de vie du patient s’il devient chronique et être à l’origine d’une altération de l’état général.
»
Les médicaments ne sont pas une cause fréquente de hoquet et représentent souvent un diagnostic
d’élimination.
»
Une étude épidémiologique des cas de la base nationale de pharmacovigilance montre une prédomi-
nance masculine dans la survenue de cet effet indésirable, après 50 ans. L’évolution est le plus souvent
favorable à l’arrêt du traitement, avec ou sans traitement correcteur.
»
Parmi les classes médicamenteuses le plus fréquemment mises en cause, on retrouve les glucocorticoïdes,
les antibiotiques, les opiacés et les agonistes dopaminergiques.
Mots-clés
Hoquet iatrogène
Pharmacovigilance
Highlights
Hiccup is a physiological reflex.
When becoming chronic, it
affects the patient’s quality of
life and causes a deterioration
of general condition.
Drugs are an uncommon cause
of hiccup and often are a diag-
nosis of exclusion.
An epidemiologic study of
cases notified to the french
data base of pharmacovigilance
shows a male predominance in
the occurrence of this adverse
effect, after 50 years. The evolu-
tion is usually favorable after
discontinuation of treatment
with or without corrective
treatment.
Glucocorticoïds, antibiotics,
opioids and dopamine agonists
are the most agents commonly
implicated.
Keywords
Drug-induced hiccup
Pharmacovigilance
Tableau I. Principales étiologies du hoquet chronique.
Causes Principales étiologies
Irritatives Distension ou inflammation de l’œsophage, de l’estomac, du foie, des tumeurs,
goitres ou kystes
Infectieuses Parasitoses, péricardite, encéphalite, méningite, tuberculose, abcès
Métaboliques Urémie, hyponatrémie, hypocalcémie, hypokaliémie, diabète
Neurologiques Traumatisme crânien, hypertension intracrânienne
Néoplasiques Cancer du rein, du pancréas, cancer pulmonaire ou pleural, lymphome malin
Toxiques Consommation d’alcool excessive, médicaments