Référentiel sémiologie - Collège des Enseignants de Pneumologie 2009 page 1/6
Autres signes fonctionnels respiratoires
Bertrand DAUTZENBERG
Service de Pneumologie et Réanimation médicale, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière et ER10, Université Paris 6
Pierre et Marie Curie, Paris, France
Les signes fonctionnels respiratoires diurnes ne se limitent pas à la toux l’expectoration, la dyspnée
et les douleurs thoraciques.
1- Sifflement
1-1- Définition
Le sifflement respiratoire est un bruit aigu et prolongé, audible par le patient et son entourage.
1-2- Mécanisme
Ce bruit respiratoire traduit le plus souvent un rétrécissement diffus des voies respiratoires.
1-3- Interrogatoire
Recherche des circonstances de déclenchement : uniquement à l’effort, au repos et la nuit réveillant
la patient.
1-4- Orientation diagnostique
1-4-1- Chez le petit enfant : le sifflement respiratoire est fréquent et peut témoigner d’une
bronchiolite.
1-4-2- Sifflements expiratoires : si ils sont uniquement entendus au temps expiratoire, ces
sifflements évoquent une obstruction des bronches de petite taille, qu’elle soit liée à une
crise d’asthme ou à une exacerbation de BPCO.
1-4-3- Sifflements aux deux temps : un sifflement respiratoire, entendu aux deux temps
respiratoires témoigne d’une obstruction des voies aériennes de plus grand diamètre et peut
évoquer une tumeur maligne ou bénigne, ou un corps étranger intra bronchique.
1-5- A retenir
Le réveil nocturne avec respiration sifflante est très évocateur d’une crise d’asthme.
2- Hoquet
2-1- Définition
Le hoquet est une contraction involontaire, spasmodique et coordonnée des muscles inspiratoires,
associée à une fermeture retardée et brutale de la glotte responsable d'un bruit particulier.
Le hoquet peut être passager et ne nécessite alors pas d’attention particulière.
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Le hoquet chronique (durée > 48 heures) ou récidivant est une véritable maladie et nécessite une
intervention médicale.
2-2- Mécanisme
Cette affection est secondaire à une irritation des nerfs afférents ou efférents ou des centres
médullaires contrôlant les muscles respiratoires et notamment le diaphragme. Le mécanisme exact
du hoquet n'est pas complément élucidé.
2-3- Interrogatoire
L’histoire du hoquet est reconstituée. Les circonstances de survenue du hoquet doivent être
recherchées. Elles sont nombreuses et disparates. Elles sont surtout importantes à rechercher en cas
de hoquet récidivant ou chronique.
On recherche en particulier :
- des symptômes de reflux gastro-oesophagien,
- un état de grossesse ou une intervention abdominale récente,
- un facteur déclenchant : la prise de substances chaudes ou irritantes stimulant les nerfs
afférents, la prise d’alcool,
- des médicaments parfois associés au hoquet : benzodiazépines, barbituriques, corticoïdes.
2-4- Orientation diagnostique
Le hoquet, s’il est chronique ou récidivant doit conduire à la recherche d’une cause.
2-4-1- Une atteinte de l’oesophage : reflux gastrooesophagien, hernie hiatale, oesophagite,
ulcère).
2-4-2- Une atteinte ORL : pharyngo-laryngée, mais aussi de l’oreille interne ou externe.
2-4-3- Une affection thoracique : pneumonie, pleurésie, péricardite, infarctus du myocarde.
2-4-4- Un cancer du poumon ou digestif.
2-4-5- Une affection du SNC : tumeur, traumatisme, méningite, encéphalite.
2-4-6- Une cause métabolique : les grands désordres métaboliques.
2-4-7- Une cause psychologique : anxiété, stress, conversion hystérique, etc...
2-4-8- Hoquet idiopathique : souvent aucune cause n’est retrouvée.
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2-5- Point fort
Le hoquet est une brusque contraction involontaire du diaphragme. Quand il est chronique ou
récidivant, il doit conduire à rechercher une cause, au premier rang desquelles une atteinte de
l’œsophage.
Pour ceux qui veulent en savoir plus : Traitement
De nombreux moyens simples peuvent (et doivent) être utilisés en première intention :
- Boire un verre d'eau rapidement ;
- Stimulation vagale par la manœuvre de Valsalva (expiration forcée à glotte fermée) ;
- Compression prudente des globes oculaires ;
- Apnée prolongée : suspendre la respiration le plus longtemps possible ;
- Hyperventilation (mouvements respiratoires profonds et rapides) dans un sac en papier (sous
surveillance) ;
- Les médicaments : primperan, motilium, chlorpromazine (Largactil 10 à 50 mg x 3/J)
peuvent être utilisés ainsi que le baclofène (Liorésal) qui peut être utilisé de façon
prolongée.
2-7- Référence
- Bizec JL, Launois S, Bolgert F, Lamas G, Chollet R, Derenne JP. Le hoquet de l’adulte. Rev Mal
Respir 1995;12: 219-29.
3- Halitose
3-1- Définition
L’halitose ou mauvaise haleine est une perception désagréable de l’odeur qui se dégage de la cavité
buccale.
3-2- Mécanisme
Ces odeurs proviennent de composés volatiles sulfurés tels le sulfure d’hydrogène et les
méthylmercaptans (odeur d’œuf pourri). La cause de l’halitose est avant tout buccale, liée à la
production de composés sulfurés malodorants par des bactéries anaérobies vivants dans la base de la
langue et la gorge.
La surface de la langue est, dans la plupart des cas, la principale responsable de la mauvaise haleine.
C’est entre les papilles de la langue que se développent les bactéries et l’enduit blanc en surface de
la langue n’est que le témoin de cette prolifération bactérienne.
Le tabagisme augmente considérablement l’incidence de l’halitose.
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3-3- Interrogatoire
Le problème touche à peu près autant d’hommes que de femmes (près de 30% de la population).
Les patients ne se rendent pas toujours compte de cette mauvaise odeur. C’est donc l’entourage qui
attire l’attention du patient ou le médecin qui la constate lors d’une consultation.
L’interrogatoire précise la gène, l’hygiène bucco dentaire, le tabagisme, l’existence de signes de
reflux gastro-oesophagien.
3-4- Examen clinique
Il permet de constater la mauvaise haleine.
Il recherche un enduit jaunâtre de la langue souvent associée et s’assure de l’absence de foyer
infectieux buccodentaire ou ORL.
3-5- Orientation diagnostique
Il est systématiquement recherché :
- une mauvaise hygiène bucco-dentaire qui est la première cause d’halitose,
- un reflux gastro-oesophagien,
- un tabagisme.
3-6- Point fort
L’halitose est une mauvaise haleine de la bouche liée à la production de produits soufrés par des
bactéries anaérobies situées essentiellement entre les papilles de la base de la langue et dans les
amygdales.
Pour ceux qui veulent en savoir plus : Traitement
- L’arrêt du tabagisme est le premier traitement chez les fumeurs.
- La bonne hygiène buccale, le brossage des dents est un préalable.
- Le grattage régulier de la langue diminue de façon significative, mais modérée l’halitose.
3-8- Références
- Outhouse TL, Fedorowicz Z, Keenan JV, Al-Alawi R. A Cochrane systematic review finds tongue
scrapers have short-term efficacy in controlling halitosis. Gen Dent 2006 ; 54 : 352-9.
- Seemann R. Tongue scrapers may reduce halitosis in adults. Evid Based Dent 2006; 7: 78..
- Porter SR, Scully C. Oral malodour (halitosis). BMJ 2006; 333 : 632-5.
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4- Troubles de la voix
4-1- Définition
La dysphonie est une altération de la voix (enrouement). Il peut s’agir d’extinction plus ou moins
complète ou de voix bitonale (avec production alternée de sons graves et aigus).
4-2- Mécanisme
La cause de la dysphonie est le plus souvent laryngée mais l’examen O.R.L. ne trouve parfois pas
de lésion directe mais seulement une paralysie d’une corde vocale, gauche le plus souvent. Le nerf
récurrent qui commande la corde vocale gauche a un long trajet intrathoracique et peut être atteint
par les processus médiastinaux, surtout malins, notamment dans son passage sous la crosse de
l’aorte.
4-3- Interrogatoire
L’interrogatoire précise
- le début des troubles,
- les circonstances de survenue,
- le tabagisme associé.
4-4- Examen clinique
Il vérifie la normalité de l’examen ORL direct (sans miroir).
Il recherche un comblement des creux sus claviculaire et des signes de compression médiastinale.
4-5- Orientation diagnostique
Si aucune cause ORL n’est retrouvé par l’examen au miroir par un médecin ORL, la paralysie de la
corde vocale gauche par compression du nerf current gauche est la cause la plus fréquente. La
principale cause est une adénopathie sous la crosse de l’aorte, métastase ganglionnaire d’un cancer
bronchique.
4-6- A retenir
Une dysphonie chez un fumeur ou un ancien fumeur doit en premier lieu évoquer une paralysie
récurrentielle gauche par compression du récurrent par une adénopathie satellite d’un cancer
bronchique.
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