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Educ Ther Patient/Ther Patient Educ 2015; 7(2): 20403
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EDP Sciences, SETE, 2015
DOI: 10.1051/tpe/2015012 ETP/TPE
www.etp-journal.org
Article original/Original article
Simulation et éducation thérapeutique : jamais sur soi
(ou les siens) la première fois !
Simulation and therapeutic patient education: never on yourself (or your loved ones)
the first time
Christelle Penneçot1,3, Maxime Gignon2,4, Marc Bardou3, Rémi Gagnayre4
1Institut de Formation en soins infirmiers,
2SimuSanté Centre de Pédagogie Active-Simulation en Santé, Département de Santé Publique CHU d’Amiens
3Centre d’Investigation Clinique 1432, module plurithématique, CHU de Dijon Université de Bourgogne
4Laboratoire Educations et Pratiques de Santé (LEPS), (EA 3412), UFR SMBH, Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité
(accepté le 20 octobre 2015)
Grâce au développement technologique, il est possible de1
créer des environnements fictifs avec plus ou moins de fidé-2
lité par rapport à la réalité des soins. Ces environnements re-3
constitués permettent ce que l’on appelle la simulation qui4
est une technique pédagogique permettant le développement5
de compétences, de savoir-faire et d’habiletés constitutives de6
tâches professionnelles pour lesquelles un enseignement direct7
s’avère impossible pour des raisons déontologiques (sécurité8
et sûreté du patient et du soignant), économique (coût du ma-9
tériel) ou technique (très faible probabilité d’occurrence des10
incidents ou accidents) [1]. L’objectif est de permettre au par-11
ticipant d’apprendre à reproduire de la façon la plus réaliste et12
fidèle les comportements attendus en situation professionnelle.13
Les études montrent que les simulations favorisent chez l’ap-14
prenant la structuration de ses connaissances, base des compé-15
tences en devenir [2]. Voilà qui amène un regard nouveau sur la16
formation des soignants que résume par cette phrase devenue17
un adage : « Jamais la première fois sur le patient ! »18
La simulation consiste en trois grandes phases, comme19
le recommande la Haute Autorité de Santé (HAS) [3] : tout20
d’abord la phase de préparation (briefing) permettant à l’ap-21
prenant de se familiariser avec le matériel et le contexte. Les22
règles de confidentialité et déontologiques sont signifiées, les23
consignes de l’exercice sont données, les attentes sont nom-24
mées. Dans cette phase, le formateur met en garde sur une25
règle majeure : celle de la bienveillance et l’absence de ju-26
gement de valeur. Ensuite, la phase correspondant à la mise en27
œuvre du scénario. Le scénario consiste en des indications sur28
la mise en œuvre de la compétence attendue. Il est pré-rédigé.29
Pour l’apprenant, il s’agit de le suivre guidé par le formateur.30
Le scénario peut être enregistré en vidéo pour faciliter la der-31
Correspondance : Rémi Gagnayre, remi.gagnayr[email protected]
nière phase : le débriefing. Cette dernière phase est un temps 32
d’analyse et de synthèse. Elle s’appuie sur une description par 33
l’apprenant des émotions ressenties au cours du scénario. Dans 34
un second temps, l’apprenant est sollicité sur les raisons de ses 35
actions ou inactions. En présence d’autres participants, dié- 36
rents points de vue sont échangés. Le débriefing s’achève par 37
une phase de synthèse élaborée conjointement par l’apprenant 38
et le formateur. 39
Les potentialités pédagogiques que revêt la simulation 40
conduit les institutions de soins et de formation à se doter 41
de centres de simulation pour favoriser par les soignants l’ac- 42
quisition de compétences complexes. En décembre 2013 [4], 43
E. Coleman considère que la simulation est l’innovation la 44
plus importante dans l’enseignement médical au cours de ces 45
15 dernières années. Mais l’auteur interpelle la communauté 46
des scientifiques et des éditeurs de matériel de simulation : 47
«S’il y a un tel consensus sur l’ecacité de la simulation, 48
pourquoi ne pas envisager d’orir cet outil d’apprentissage 49
aux patients ? »Eneet, pour quelle raison la simulation ne 50
concernerait-elle pas les patients puisque ces derniers et selon 51
les recommandations de la HAS (2007), sont amenés à déve- 52
lopper deux types de compétences : les compétences d’auto- 53
soins qui répondent aux nécessités de la gestion clinique, de 54
la prise du traitement, des soins techniques et les compétences 55
d’adaptation à la maladie qui permettent à des individus de 56
maîtriser et de diriger leur existence et d’acquérir la capacité 57
à vivre avec la maladie dans leur environnement. Certaines 58
de ces compétences sont compatibles avec celles atteignables 59
par la simulation. Nous pensons aux compétences ayant trait 60
aux auto-soins invasifs. Mais la simulation pourrait être l’oc- 61
casion d’aider le patient à acquérir d’autres compétences. 62
Nous pensons aux compétences de décision lorsque le patient 63
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est atteint de plusieurs maladies. La simulation permettrait au1
patient de comprendre comment il priorise les soins pluriquoti-2
diens sachant que les conséquences de ses actions seraient me-3
surables à long terme puisque la simulation permet de « jouer»4
sur la variable temps. La technique permet de faire vivre une5
scène à un temps t. puis de lui demander d’accélérer le temps6
pour se retrouver par exemple, deux heures plus tard.7
À l’heure actuelle où de nombreux programmes d’éduca-8
tion thérapeutique sont autorisés, il est tout à fait possible que9
les patients se voient proposés des séances de simulation dès10
lors qu’un centre de simulation leur serait accessible. Mais à ce11
jour, aucune étude n’aborde l’utilisation de la simulation pour12
l’apprentissage des patients. Une taxonomie pour des simu-13
lations dédiées aux patients, comme celle qui existe pour les14
professionnels de la santé serait utile pour pouvoir la proposer15
de manière pertinente à certains moments du parcours d’édu-16
cation. Ce travail de classification permettrait de répondre17
aux questions qui se posent lorsqu’on veut faire bénéficier un18
patient ou son entourage d’une séance de simulation. Quelles19
conditions éthiques et pédagogiques sont à respecter pour pro-20
poser une simulation ? Pour quels processus d’apprentissage et21
quelles compétences en particulier ? Comment gérer l’émotion22
du patient au cours des diérentes phases de la simulation ?23
À quel stade du rapport du patient à sa maladie, son traitement,24
25
la simulation serait bénéfique pour son apprentissage? Ainsi, 26
si il est dores et déjà possible de proposer la simulation aux 27
patients, force est de constater la nécessité d’investir ces ques- 28
tions à travers des recherches que nous nous proposons de 29
mener. 30
Conflits d’intérêts. Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt 31
concernant les données publiées dans cet article. 32
Références 33
1. Chiniara G, Cole G, Brisbin K, Human D, Cragg B, Lamacchia 34
M, Norman D, Canadian Network For Simulation In Healthcare, 35
Guidelines Working Group. Simulation in healthcare: a taxonomy 36
and a conceptual framework for instructional design and media 37
selection. Med Teach 2013; 35(8):e1380–1395. 38
2. Pastré P. Apprendre par la simulation. De l’analyse du travail aux 39
apprentissages professionnels. Toulouse: Octares; 2005. 40
3. Le guide de bonnes pratiques en matière de simulation en 41
sante. HAS-dec.2012 [Internet]. Disponible sur: www.legifrance. 42
gouv.fr/achTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020879475& 43
categorieLien=id. 44
4. Coleman E. Extending simulation learning experiences to patients 45
with chronic health conditions. JAMA 2013; 311:243–244. 46
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