Chapitre 2
Continuité
2.1 Caractérisations de la continuité
Définition 2.1.1
Soient (X, d),(Y, D)deux espaces métriques. Une application f:XYest continue au point
aXsi, pour tout  > 0,il existe un δ > 0tel que D(f(x), f(a)) < dès que d(x, a)< δ.
On dit aussi que aest un point de continuité de f. f est continue si fest continue en tout point
de X. L’ensemble des fonctions continues de (X, d)vers (Y, D)est noté C((X, d),(Y, D)) ou
tout simplement C(X, Y ).
La notion de continuité n’ayant un sens que pour une application agissant entre deux espaces mé-
triques, on écrit, par abus de notation et lorsqu’il s’agit d’étudier la continuité, f: (X, d)(Y, D).
Il est clair que le caractère continu d’une fonction ne change pas si on remplace dou Dpar des
distances équivalentes.
Définition 2.1.2
f: (X, d)(Y, D)est k-lipschitzienne si D(f(x), f(y)) kd(x, y),x, y X. f est
lipschitzienne s’il existe un k > 0tel que fsoit k-lipschitzienne.
Une fonction lipschitzienne est continue. En effet, étant donnés un aXet un  > 0,on peut
prendre δ=/K.
Exemple 15
Soit (E, kk)un espace normé. Alors x7→ kxkest 1-lipschitzienne de Evers R.En effet, on a :
−kxyk ≤ kxk−kyk ≤ kxyk,
et donc
|kxk−kyk| ≤ kxyk.
De même, si aX, alors x7→ d(x, a):(X, d)Rest 1-lipschitzienne.
Proposition 2.1.1
a) fest continue en apour toute suite (xn)Xtelle que xnaon a f(xn)f(a).
b) fest continue pour toute suite convergente (xn)X, lim
n→∞ f(xn) = f( lim
n→∞ xn).
c) fest continue pour tout ouvert Ude Y, f1(U)est un ouvert de X.
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2.1 Caractérisations de la continuité Chapitre 2
d) fest continue pour tout fermé Fde Y, f1(F)est un fermé de X.
Preuve
a) Soit  > 0.Pour le δcorrespondant, il existe un n0tel que d(xn, a)< δ, n n0.
Alors D(f(xn), f(a)) < , n n0;d’où f(xn)f(a).
Par l’absurde : si fn’est pas continue en a, il existe un  > 0tel que, pour tout
δ > 0,il existe un xtel que d(x, a)< δ mais D(f(x), f(a)) .Pour δ= 1/(n+ 1),on
trouve un xntel que d(xn, a)<1/(n+ 1) et D(f(xn), f(a)) . On a donc xnamais
f(xn)6→ f(a),contradiction.
b) Conséquence immédiate de a).
c) Soit Uun ouvert de Yet soit af1(U).Comme f(a)U, il existe un  > 0tel
que B(f(a), )U. Avec le δcorrespondant dans la définition de la continuité en a, on a
d(x, a)< δ D(f(x), f(a)) <  f(x)Uxf1(U),
et donc B(a, δ)f1(U).
Soient aXet  > 0.Alors f1(B(f(a), )) est un ouvert contenant a;il existe
donc un δ > 0tel que B(a, δ)f1(B(f(a), )),ce qui se traduit par
d(x, a)< δ xf1(B(f(a), )) f(x)B(f(a), )D(f(x), f(a)) < .
d) Par passage au complémentaire de c).
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Exemple 16
Si f:RR,on retrouve la définition usuelle de la continuité. Ainsi, toutes les fonctions
"usuelles" sont continues.
Proposition 2.1.2
Soient (E, kkE),(F, kkF)deux espaces normés. Pour une application linéaire f: (E, kkE)
(F, kkF),les propriétés suivantes sont équivalentes :
a) fcontinue ;
b) fcontinue en 0;
c) il existe un C > 0tel que kf(x)kFCkxkE,xE.
Si, de plus, Eest de dimension finie, alors toute application linéaire f: (E, kkE)(F, kkF)
est continue.
Preuve a)b)” Évident.
b)c)” Il existe un δ > 0tel que kx0kE< δ ⇒ kf(x)f(0)kF<1.Si xE\{0},
on a kykE< δ, y=δ
2kxkEx. Donc kf(x)kF=2kxkE
δkf(y)kF2
δkxkE.Cette égalité étant
clairement vérifiée si x= 0,on retrouve c) avec C=2
δ.
c)a)” On a kf(x)f(y)kF=kf(xy)kFCkxykE;fest C-lipschitzienne, donc
continue. Pour la dernière propriété, on fixe une base e1, . . . , ende E. Si x=x1e1+. . . xnen,
on vérifie aisément que x→ kxk1=|x1|+. . . |xn|est une norme sur E. Il suffit de vérifier la
continuité par rapport à cette norme. On a
kf(x)kF=kf(x1e1+. . . xnen)kF≤ |x|1kf(e1)kF+. . . |xn|kf(en)kFCkxk1,
C= max kf(e1)kF, . . . , kf(en)kF.2
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2.1 Caractérisations de la continuité Chapitre 2
Proposition 2.1.3
Si f: (E, kkE)(F, kkF)est linéaire et continue, alors il existe une plus petite constante
C0telle que kf(x)kFCkxkE,xE. De plus, on a
C= sup{kf(x)kF;kxkE1}= sup{kf(x)kF;kxkE= 1}= sup{kf(x)kF
kxkE
;xE\{0}}.
Preuve Posons d’abord :
A1={kf(x)kF;kxkE1}
A2={kf(x)kF;kxkE= 1}
A3={kf(x)kF
kxkE
;xE\{0}}.
Soit F={K0; kf(x)kFKkxkE,xE}.Clairement, Fest non vide, fermé (on le vé-
rifie aisément avec des suites) et minoré par 0. Par conséquent, C= inf FF. Il est immédiat que
cette constante Cest la constante désirée. On a A2A1,et donc sup A2sup A1.Si kxkE1,
alors x=λy pour un λ[0,1] et un ytel que kykE= 1 (si x6= 0,prendre λ=kxkEet y=1
kxkEx;
si x= 0, λ = 0 et n’importe quel yconviennent). On a donc kf(x)kF=λkf(y)kFsup A2.
Par passage au sup, on trouve sup A1sup A2;d’où sup A2= sup A1.Par ailleurs, si x6= 0,
alors kykE= 1,y=1
kxkEx. Comme kf(x)kF
kxkE=kf(y)kF
kykE,on a A3A2.Comme on a aussi
A2A3,on trouve que A2=A3.Il s’ensuit que sup A1= sup A2= sup A3.Si x6= 0,on
akf(xkF=kxkEkf(x)kF
kxkEsup A3kxkE;cette inégalité est encore valable si x= 0.On ob-
tient CsupA3.Par ailleurs, on a kf(x)kFCsi kxkE= 1; par passage au sup, on trouve
sup A2C. Finalement, C= sup Aj, j = 1,2,3.2
Définition 2.1.3
Soient (E, kkE),(F, kkF)deux espaces normés. On note
L(E, F ) = {f:EF;flinéaire et continue }.
Si f∈ L(E, F ),la constante Cde la proposition précédente est notée kfkL(E,F ),ou tout
simplement kfk.Dans le cas particulier où F=Rmuni de la distance usuelle, on écrit E0au
lieu de L(E, R); E0est le dual de E. Si fE0,on appelle fune forme linéaire continue sur
R.
Le résultat suivant est immédiat :
Proposition 2.1.4
L(E, F )est un e. v. réel et f7→ kfkest une norme sur L(E, F ).
Les résultats suivants sont des généralisations faciles des résultats précédents. Les preuves sont
laissées comme exercice.
Proposition 2.1.5
Soient (Ej,kkj), j = 1, . . . , k, (F, kkF)des espaces normés et soit f:E=E1×E2×· · ·×Ek!F
une application k-linéaire. On munit Ede l’une des normes produit. Les propriétés suivantes
sont équivalentes :
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