
Journal Identification = JPC Article Identification = 0266 Date: December 7, 2013 Time: 11:1 am
J Pharm Clin, vol. 32 n◦4, décembre 2013 203
La transplantation rénale et les immunosuppresseurs
Au cours du premier mois, le risque infectieux est
dominé par les infections nosocomiales, par des infec-
tions provenant du donneur, ou par des infections
latentes et méconnues chez le receveur. C’est entre
le deuxième et le sixième mois que des réactivations
d’infections latentes et des premières infections oppor-
tunistes peuvent apparaître. À partir du sixième mois,
le niveau d’immunosuppression thérapeutique est moins
intense, les traitements prophylactiques sont générale-
ment interrompus, et les patients transplantés rénaux
sont surtout exposés aux risques infectieux du fait des
germes communautaires. Néanmoins, le risque d’infection
opportuniste reste réel. Ces infections peuvent être de
natures différentes [3, 5] :
- virales : infections à cytomégalovirus, virus hépatotropes
B et C, virus de l’Herpes Humain 8 et infection à BK virus ;
- fongiques : pneumopathie à Pneumocystis carinii,
aspergillose pulmonaire et infections invasives à Candida ;
- bactériennes : infections urinaires, pulmonaires et à
mycobactéries.
Les comorbidités
L’hypertension artérielle
L’hypertension artérielle est présente chez 50 à 60 %
des patients transplantés rénaux. Elle est définie par une
pression artérielle systolique supérieure à 130 mmHg, en
l’absence de médication antihypertensive [6-8]. Elle peut
être causée par la sténose de l’artère rénale du transplant,
la néphropathie chronique du greffon et/ou les traite-
ments immunosuppresseurs (corticoïdes, inhibiteurs de la
calcineurine).
La valeur cible de pression artérielle chez les
patients transplantés est de 130/80 mmHg en l’absence
d’hypotension [8]. Afin d’atteindre ces valeurs, plusieurs
classes médicamenteuses peuvent être proposées :
- les inhibiteurs calciques sont très largement utilisés chez
le patient insuffisant rénal chronique et transplanté rénal.
Ils exposent néanmoins au risque d’interactions médi-
camenteuses [6, 9]. Mise à part la nifédipine (Adalate®)
et l’isradipine (Icaz®), la plupart des inhibiteurs cal-
ciques notamment le diltiazem (Tildiem®), le vérapamil
(Isoptine®), la nicardipine (Loxen®) et l’amlodipine
(Amlor®) (à un moindre degré) interagissent avec la
ciclosporine, le tacrolimus, le sirolimus et l’évérolimus
[6, 9, 10]. Ils peuvent ainsi être à l’origine d’une
augmentation des concentrations plasmatiques en immu-
nosuppresseurs par inhibition de leurs métabolismes au
niveau du CYP 3A4 ;
- les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ou les
antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II)
présentent un effet néphroprotecteur. Néanmoins, leur
utilisation nécessite un suivi de la créatininémie ainsi que
de la kaliémie, surtout lorsqu’ils sont associés à d’autres
médicaments hyperkaliémiants : diurétiques hyperkalié-
miants (spironolactone, amiloride), ciclosporine, tacroli-
mus, sulfaméthoxazole-triméthoprime, héparine... [10] ;
- les bêtabloquants (notamment chez les patients coro-
nariens), les diurétiques et les antihypertenseurs centraux
peuvent constituer des options thérapeutiques [7, 11].
La dyslipidémie
Les dyslipidémies sont relativement fréquentes chez les
patients transplantés. Celles-ci peuvent se traduire par
une hypertriglycéridémie (>1,5 g/L) ou un LDL cho-
lestérol supérieur à 1 g/L [8]. Elles sont favorisées par
certains immunosuppresseurs comme les inhibiteurs de la
mTOR, les corticoïdes et les inhibiteurs de la calcineurine
[12].
Hypertriglycéridémies et prise en charge
thérapeutique
Les hypertriglycéridémies modérées peuvent être prises
en charge par l’ézétimibe (Ezetrol®) seul après échec
des règles hygiéno-diététiques suivies pendant 3 mois.
L’ézétimibe est à privilégier par rapport à un fibrate en
raison du risque d’interaction médicamenteuse de ce der-
nier avec la ciclosporine, ayant pour conséquence une
augmentation de la néphrotoxicité de la ciclosporine.
De plus, une augmentation possible de la créatininémie
est décrite sous fibrate. Près de 30 à 40 % des patients
transplantés traités par fibrate voient leur créatininémie
augmenter [13]. Dans cette classe, il semblerait que le
gemfibrozil (Lipur®) soit le fibrate exposant le moins au
risque d’augmentation de la créatininémie et aux interac-
tions médicamenteuses [14].
Hypercholestérolémie et objectif LDL
à atteindre chez le patient transplanté rénal
D’après les recommandations de la Haute autorité de
santé (HAS) de novembre 2007, le LDL cible doit être infé-
rieur à 1 g/L chez les patients transplantés rénaux [8]. La
prise en charge se fera dans un premier temps par des
règles hygiéno-diététiques associées à une statine. Ces
médicaments nécessitent un suivi clinique et une infor-
mation du patient des symptômes de rhabdomyolyse et
de cytolyse hépatique. La recherche d’interaction médica-
menteuse entre immunosuppresseur et statine, qu’elle soit
hydrophile ou lipophile, est de mise [15]. L’association à
l’ézétimibe peut être envisagée si la statine seule à dose
maximale n’est pas suffisante pour atteindre l’objectif LDL
[12].
Synthèse de la prise en charge
thérapeutique
Le tableau 1 synthétise la prise en charge thérapeutique
du patient transplanté rénal.
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