un vecteur de sens, pour les autres il résultait d'une structure psychique dont l'effet
majeur était la dégradation à des niveaux divers du sens.
1. La conversion généralisée de J.P. Valabrega
La conception de J.P. Valabrega repose sur l'idée de l'existence d'un noyau
conversionnel chez tout individu. Le corps est ainsi conçu comme un préconscient
chargé d'une mémoire signifiante. Ainsi, tout symptôme somatique contient un sens que
le travail de la cure psychanalytique vise à découvrir et à élaborer.
2. L'École de Paris de Psychosomatique
Vers la fin des années 40 est née l'École de Paris de Psychosomatique. Elle réunit un
certain nombre de psychanalystes de la Société de Psychanalytique de Paris : P. Marty,
M. Fain, M. de M'Uzan, Ch. David, auxquels se sont joints d'autres psychanalystes. Les
premiers travaux dirigés par P. Marty, seul ou en collaboration avec M. Fain, ont
concerné des malades céphalalgiques, rachi-algiques ou allergiques et datent des
années 50. Ils mettaient l'accent sur l'insuffisance des mécanismes de défense
névrotique et attribuaient aux symptômes somatiques une valeur substitutive mais
dépourvue de dimension symbolique, comme le symptôme conversionnel-hystérique.
La notion de régression somatique est née au cours de ces années par analogie à la
notion de régression psychique libidinale. Au début des années 60, une vaste synthèse
théorico-clinique a été élaborée et a pris forme dans un ouvrage collectif L'investigation
psychosomatique (1962) rédigé par P. Marty, M. de M'Uzan et Ch. David. Cet ouvrage
peut être considéré comme l'acte de naissance de la psychosomatique en tant que
discipline psychanalytique. De nouvelles notions cliniques apparaissent tels la
dépression sans objet, la pensée opératoire, le mécanisme de reduplication projectif, et
un nouveau point de vue domine désormais l'investigation psychosomatique de patients
atteints d'affections somatiques graves, le point de vue économique. Selon ce nouveau
point de vue, toutes les productions humaines sont envisagées dans leur transformation
les unes par rapport aux autres. Ainsi en est-il des productions psychiques, symptômes
névrotiques, traits de caractère, perversions, sublimations mais aussi des
comportements et des somatisations.
À partir de L'Investigation psychosomatique et au sein de l'École de Paris, différentes
sensibilités théoriques vont se développer. P. Marty élabore une doctrine évolutionniste
de l'économie psychosomatique. Celle-ci repose sur la coexistence et l'alternance de
deux types de mouvements individuels. Les premiers, dits de vie, sont des mouvements
d'organisation hiérarchisée. Les seconds, dits de mort, sont des mouvements de
désorganisation. L'évolution individuelle aboutit ainsi, pour chaque individu, à
l'édification de systèmes de fixation-régression plus ou moins résistants au courant de
désorganisation. D'une manière générale, les somatisations résultent de façon plus ou
moins durable de l'échec de ces systèmes de défense.
Dans ses travaux, M. Fain met l'accent sur l'inachèvement de la structure dipienne du
petit de l'homme et futur somatisant lié à la prééminence de conjonctures traumatiques
dans sa relation précoce à sa mère et à son père. De ce fait, la voie de la réalisation
hallucinatoire du désir est plus ou moins durablement barrée et le Moi s'organise
prématurément sur un mode autonome. L'état de déliaison pulsionnelle fait ainsi le lit