MISE AU POINT
motoneurone (sclérose latérale amyotrophique par exemple).
Elles doivent être distinguées des myotonies, qui ne sont géné-
ralement pas douloureuses et dont l’activité électrique carac-
téristique provient de la fibre musculaire elle-même (maladie
de Steinert, par exemple). Dans certains cas, on n’enregistre
aucune activité électrique ; on parle alors de “crampes silen-
cieuses”, essentiellement observées au cours des myopathies
métaboliques. Ces contractures doivent être distinguées des
contractures indolores observées après percussion (myo-
œdème), lors de l’hypothyroïdie.
Intolérance musculaire à l’exercice
Il s’agit de douleurs musculaires apparaissant exclusivement
après un effort plus ou moins intense et plus ou moins prolongé.
Il peut s’y associer une rhabdomyolyse plus ou moins sévère,
et parfois une insuffisance rénale par myoglobinurie. Il est
très important de faire préciser le délai d’apparition de ces
douleurs en fonction de l’intensité et de la durée de l’effort.
Si l’intolérance musculaire apparaît après un effort bref et
soutenu, comme par exemple une course de 100 m, on s’orien-
tera plutôt vers une pathologie des voies de dégradation du
glycogène. Dans ce cas, on décrit le phénomène dit “de second
souffle”, typique de certaines glycogénoses, qui se caracté-
rise par la disparition des douleurs lors du maintien de l’ef-
fort intense. Si l’intolérance musculaire apparaît lors d’efforts
plus prolongés (par exemple une course à pied sur plusieurs
kilomètres), on s’orientera vers un trouble du métabolisme
des lipides.
Parfois, cette distinction est impossible car les douleurs appa-
raissent indifféremment après un effort court ou prolongé, ou
sont inconstantes selon l’effort fourni.
SIGNES ASSOCIÉS À RECHERCHER
ATTENTIVEMENT
Les signes associés sont extrêmement nombreux. Ils imposent
un examen neurologique méticuleux et attentif, et la recherche
de certains signes qui orienteront le clinicien vers une affec-
tion musculaire définie.
Myoglobinurie d’effort
À l’interrogatoire, il faut rechercher une myoglobinurie, révé-
lée par des urines rouge foncé et survenant après un exercice,
liée à une rhabdomyolyse parfois sévère.
Déficit musculaire et/ou atrophie
Dans les pathologies musculaires pures, il n’existe pas de
troubles sensitifs et d’aréflexie ostéotendineuse, et la recherche
d’un déficit musculaire ou d’une atrophie est tout à fait fon-
damentale. Parfois, ce déficit sera très discret. Il faudra préci-
ser la topographie du déficit et/ou de l’amyotrophie, car cer-
taines présentations permettent une orientation diagnostique.
Rétractions musculaires et hypertrophie des mollets
Il faut rechercher des rétractions musculaires, qui peuvent être
précoces. Il faudra également chercher des déformations
ostéo-articulaires, comme une scoliose au cours d’une atteinte
des muscles paravertébraux. L’existence de gros mollets est
un indice diagnostique important car ils sont essentiellement
observés au cours de dystrophies musculaires comme les dys-
trophinopathies.
Atteinte des muscles cardio-respiratoires
Dans les myopathies, il est important de dépister une atteinte du
muscle cardiaque ou des muscles respiratoires. Cette recherche est
fondamentale pour le pronostic mais aussi pour orienter le diagnostic
lorsque ces signes sont inauguraux ou précoces (atteinte respiratoire
précoce au cours des déficits en maltase acide par exemple).
Myotonie
La recherche d’une myotonie doit être systématique devant toute
suspicion de maladie musculaire, car sa présence est un indice
étiologique important. Une myotonie se définit par une lenteur à
la décontraction musculaire, ce qui la différencie des contractures
rencontrées au cours du syndrome d’hyperexcitabilité du moto-
neurone. Elle est le plus souvent active et spontanée, apparaissant
après certains efforts comme le fait de serrer la main, cette der-
nière restant agrippée à celle de l’examinateur. Elle est souvent
augmentée par le froid. Elle s’améliore par la répétition du geste,
l’inverse définissant la myotonie paradoxale de l’exceptionnelle
paramyotonie d’Eulenburg. La myotonie est volontiers déclen-
chée à la percussion du muscle, par exemple sur la loge thénar.
Elle peut être très distale,périorbitaire, péribuccale ou même géné-
ralisée, entraînant alors une véritable tétanisation responsable de
chutes au démarrage, notamment dans les myotonies congéni-
tales. Lorsqu’il existe une myotonie,on n’observe habituellement
aucune vraie intolérance musculaire à l’effort, mais on peut par-
fois rencontrer des myalgies de repos et d’effort, notamment au
cours du PROMM (myopathie proximale avec myotonie, proche
de la maladie de Steinert).
Autres signes associés
Une atteinte du système nerveux central peut se rencontrer au
cours de certaines myopathies comme les mitochondriopathies,
par exemple. La recherche de signes cutanés rencontrés au cours
des myopathies inflammatoires est déterminante, avec par
exemple un œdème érythémateux périorbitaire typique associé à
une éruption érythémateuse du décolleté et des doigts avec hyper-
hémie périunguéale, comme on peut l’observer au cours des der-
matomyosites. Une altération de l’état général est aussi un indice
déterminant. Il faudra rechercher dans certains cas une patholo-
gie ophtalmologique comme une atteinte rétinienne (dans les
maladies mitochondriales) ou une cataracte (dans certaines myo-
tonies). Enfin, l’existence d’un état dépressif ou de troubles du
sommeil oriente le clinicien vers une étiologie musculaire non
organique ou “fonctionnelle”.
ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET FAMILIAUX
L’existence d’antécédents familiaux peut orienter vers un dia-
gnostic, même si les transmissions sont en général récessives. On
essayera de préciser la période de survenue, période périnatale ou
La Lettre du Rhumatologue - n° 321 - avril 2006
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