Projet de recherche Développement d’une stratégie d’inhibition de la 4’-Phosphopantétheinyl transférase (PPTase) impliquée dans la synthèse d’acides mycoliques chez Mycobacterium tuberculosis. BENOIT Christelle BRIHOUM Meryem Projet tutoré par DEMANGE Pascal Année universitaire 2006/2007 RÉSUMÉ La tuberculose est une maladie transmise par l’intermédiaire d’une bactérie : Mycobacterium tuberculosis. De nombreux traitements existent mais les bactéries acquièrent une résistance naturelle envers ces médicaments. Dans ce projet de recherche, nous avons voulu cibler une voie nécessaire à la virulence de la paroi de cette bactérie : la voie de synthèse des acides mycoliques, et plus particulièrement l’enzyme multi-domaine qui réalise la dernière étape de condensation, la polykétide synthase 13 (Pks13) qui fait l’objet de nombreuses études. Des approches par domaines ont montré une difficulté à la cristalliser. Cette enzyme nécessite une modification post-traductionnelle, afin d’être active : la phospantethéinylation réalisée par la phosphopantethéinyl transferase qui catalyse le transfert du bras P-pant du CoenzymeA sur les domaines ACP de Pks13. Il a été montré qu’une inhibition de l’activation de Pks13 entraîne la mort de M. tuberculosis. C’est la raison pour laquelle PptT constitue une cible judicieuse pour le criblage d’inhibiteurs. Pour cela, dans un premier temps nous produirons ACP et PptT recombinantes. Ensuite nous mettrons au point un test d’activité de la PptT pouvant être miniaturisable afin de cribler à haut-débit des inhibiteurs. A long terme, cette étude pourrait permettre de trouver de nouveaux traitements anti-tuberculeux. ABBRÉVIATIONS ACP : Acyl Carrier Protein TE : thioesterase acpS : gène acpS UV : Ultra-violets AcpS : protéine AcpS ARN : Acide RiboNucléotide AT : Acyl transferase CCM : chromatographie en couche mince cm : centimètre CoA : Coenzyme A DMACA : 7-diméthylaminocoumarin-4-acetic acid E. Coli : Escherichia Coli FAS : Fatty Acid Synthase GC : chromatographie en phase gazeuse GFP : Green Fluorescent Protein GST : Gluthation S transférase His : Histidine HPLC : Hight Pressure Liquid Chromatography kDa : kilodalton KO : knockout KS : β-keto-acyl synthase M : molaire, mole par litre Mtb : Mycobacterium tuberculosis nm : nanomètre NTA : Nitriloacétique pb : paire de base PCR : Polymerase Chain Reaction Pks13 : Polykétide synthase 13 P-pant : Phosphopantethéinyl PPTase : Phosphopantethéinyl transférase pptT : gène pptT PptT : protéine PptT SDS-PAGE : sodium dodecyl sulfate polyacrylamid gel electrophoresis SOMMAIRE RÉSUMÉ ABBRÉVIATIONS I) INTRODUCTION ...............................................................................................................1 1) La tuberculose .....................................................................................................................1 2) Mycobacterium tuberculosis ................................................................................................1 3) Synthèse des acides mycoliques .........................................................................................2 4) Pks13 ....................................................................................................................................3 5) Modification post-traductionnelle et PPTase ...................................................................4 6) Traitements anti-tuberculeux ............................................................................................6 II) RESULTATS .....................................................................................................................7 1) Expression de domaines de Pks13 : Thèse Stéphanie Cabantous ..................................7 2) Caractérisation d’une transférase : Chalut C. et al. .......................................................9 III) PROJET DE RECHERCHE .........................................................................................13 1) Production et purification de PptT et des domaines ACP de Pks13 ............................14 2) Test de l’activité enzymatique de PptT ...........................................................................15 3) Criblage à haut débit d’inhibiteurs de PptT ..................................................................17 4) Validation de la cible ........................................................................................................18 IV) CONCLUSION ET PERSPECTIVES .........................................................................20 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................21 I) INTRODUCTION 1) La tuberculose La Tuberculose est une infection bactérienne pouvant toucher de nombreux organes : voies respiratoires, système nerveux, voies cardio-vasculaires. L’agent pathogène responsable est une bactérie nommée Mycobacterium tuberculosis (Mtb) découverte par Robert Koch en 1882 qui infecte uniquement l’Homme. Cette maladie est en recrudescence dans le monde à savoir une nouvelle infection chaque seconde. Un tiers de la population mondiale est actuellement infecté ; 22 pays dans le monde concentrent à eux seuls 80% des cas. Cette maladie fait aujourd’hui encore plusieurs victimes : 1,7 million de personnes sont mortes de la tuberculose et 8,5 millions de nouveaux cas chaque année [données OMS 2006]. 2) Mycobacterium tuberculosis Mtb est un bacille qui ne se colore pas facilement et qui est dit « acido-alcoolorésistant ». C’est une mycobactérie entourée d’une paroi riche en acides gras complexes rendant cette dernière peu perméable aux substances hydrophiles et naturellement résistante aux agents anti-tuberculeux. Son enveloppe est constituée de trois couches de constituants liés par des liaisons covalentes : le peptidoglycane, l’arabinogalactane et les acides mycoliques (Figure 1) [Daffe et Draper, 1998 ; McNeil et Brennan, 1991]. Figure 1 : Structure de la paroi de Mtb. Membrane lipidique Acides mycoliques Paroi Paroi Peptidoglycane Porine Acyls gras Arabinogalactane Lipoarabinomannane Membrane Acides mycoliques 1 3) Synthèse des acides mycoliques La particularité de la paroi de ces bactéries réside dans la présence d’acides mycoliques. Ce sont des acides gras particuliers constitués d’un acide β-hydroxylé et une longue chaîne carbonée (60-90 carbones). Leur voie de biosynthèse est complexe et se déroule en 6 étapes (Figure 2) [Barry, Lee et al. 1998]. Tout d’abord, la polyenzyme FAS I (Fatty Acid Synthase I) synthétise les acides gras précurseurs à partir d’acétyl-CoA et de malonyl-CoA. L’élongation de la chaîne d’acides gras se fait par un complexe protéique FAS II : AcpM, KasA, KasB, InhA, MabA, FabD, AccB à partir de Malonyl-CoA pour former l’acide α-méromycolique. Ensuite ce dernier va être modifié par l’ajout d’insaturations cis grâce à deux Désaturases. Les enzymes CMAS-1, CMAS-2 et deux SAM vont remplacer ces doubles liaisons par des groupes cyclopropanes qui contribuent à l’intégrité de la paroi de la cellule et confèrent à la bactérie une protection contre le stress oxydatif [Takayama, Wang et al. 2005]. L’étape de condensation de l’acide méromycolique avec un acyl-CoA à 26 carbones est réalisée par la polykétide synthase 13 (Pks 13) [Portevin et al., 2004]. Enfin, une réductase va hydroxyler le groupement carboxyle de la chaîne néoformée. Figure 2 : Voie de biosynthèse des acides mycoliques. L’enzyme FAS I va synthétiser un acyl-CoA à partir de malonyl-CoA et d’acétyl-CoA. Le complexe enzymatique FAS II va allonger la chaîne d’acides gras néoformée. Deux désaturases vont apporter les insaturations. Pks13 va permettre la condensation de l’acide α-méromycolique préformée avec un acyl-CoA. Une réductase va réduire l’acide gras formé en acide mycolique. Pks13 2 Les polykétides synthases impliquées dans la synthèse d’acides mycoliques, essentiels à la virulence de Mycobacterium tuberculosis, sont des cibles envisageables pour le développement de nouveaux anti-tuberculeux. Les médicaments ciblant la voie de synthèse des acides mycoliques inhibent les enzymes FAS (voir paragraphe 6)). Les mycobactéries ont acquis des systèmes de résistance leur permettant d’échapper à leur actions. En effet, elles subissent des mutations au niveau des gènes codant pour les cibles pharmacologiques entraînant la non-reconnaissance des drogues (Veziris, et al 2005). C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de nous intéresser à la protéine responsable de la modification post-traductionnelle de la protéine. 4) Pks13 Nous allons nous intéresser à l’enzyme impliquée dans l’étape de condensation de la chaîne méromycolique, la polykétide synthase 13 (Pks13). Il s’agit d’une protéine multidomaines (Figure 3) de type I, c'est-à-dire que les domaines se trouvent sur la même chaîne polypeptidique, composée de 1733 acides aminés et d’un poids moléculaire de 186 kDa dont la localisation cellulaire n’est encore pas élucidée. Dans la partie N-terminale (aa 16-91) de la protéine, le domaine Acyl Carrier Protein (ACP) est le domaine sur lequel va venir se fixer la chaîne méromycolique via une liaison faisant intervenir un soufre après avoir été « sélectionné » et transférer par le domaine Acyl transferase (AT, 305 aa) [Takayama, Wang et al. 2005] (Figure 4). Un domaine identique, situé entre les acides aminés 1228 et 1276, intervient également pour la fixation de l’acyl CoA à 26 carbones. Après l’ancrage des deux chaînes, la délocalisation de l’acide méromycolique sur le domaine β-keto-acyl synthase (KS, 422 aa) va permettre la réaction de décarboxylation et donc de condensation pour former l’acide mycolique après réduction. Enfin un dernier domaine est présent sur la chaîne peptidique au niveau de l’extrémité C-terminale, il s’agit du domaine thioesterase (TE, 75aa) qui catalyse la libération du produit. 76 aa N 15 aa 28 aa ACP 422 aa 304 aa KS AT 172 aa 49 aa ACP 210 aa 74 aa TE C 217 aa 166 aa Figure 3 : Localisation et taille des différents domaines catalytiques présents sur la protéine Pks13 par analyse bioinformatique. ACP : Acyl Carrier Protein ; KS : β-keto-acyl synthase ; AT : Acyl transferase ; TE : thioesterase. On note 2 domaines ACP1 et ACP2 situés en N-terminal et en C-terminal de Pks13 respectivement 3 ACP ACP ACP ACP ACP ACP ACP ACP Figure 4 : Etape de condensation et de réduction lors de la synthèse d’acides mycoliques par Pks13. (1) : liaison de la chaîne d’acides gras préformée (α-Meroacyl-AMP) sur le domaine ACP1 activée de Pks13. Un acyl CoA (2-Carboxyl-C26-S-CoA) se fixe sur l’ACP2. (2) : délocalisation de l’acide méromycolique greffée du domaine ACP1 sur la Sérine du domaine KS. (3-4) : condensation (-CO2) et réduction (+2H) des deux chaînes. Des essais de cristallographie ont été tentés sur cette protéine sans aucun résultat. L’hypothèse serait que la majorité de cette protéine, comme la plupart des protéines de Mycobaterium tuberculosis qui sont exprimées chez E. Coli, serait localisée dans des corps d’inclusion. Ainsi, une approche par domaine a été réalisée afin d’obtenir les domaines de Pks13 solubles et cristallisables et de pouvoir remonter jusqu’à la structure de la protéine entière [thèse Stéphanie Canbantous, 2005]. Pour trouver ces domaines solubles, l’approche du « domaine trapping » a été utilisée. Il s’agit d’une stratégie de fragmentation de la protéine entière suivi d’un criblage de solubilité par la méthode du Split-GFP. Les fragments ainsi obtenus ont été séquencés et superposés à la séquence de la protéine Pks13. La démarche ainsi que les résultats seront développés dans la partie « résultats ». Les auteurs espèrent donc pouvoir cristalliser ces domaines et avoir accès à la structure de la protéine. Les domaines ACP de Pks13 ont été purifiés associés à d’autres domaines (KS ou TE). Des études ont été menées sur ce domaine ACP et il a été montré qu’il subit une modification post-traductionnelle : la 4’-phosphopantéthéinylation. 5) Modification post-traductionnelle et PPTase Mycobacterium tuberculosis contient environ 20 enzymes qui requierent une activation afin d’être fonctionnelles. Les domaines ACP des acides gras synthases (FAS) et 4 des polykétides synthases (Pks), et notamment Pks13, subissent une modification posttraductionelle afin de passer d’une forme inactive (apo-ACP) en forme active (holo-ACP). Cette modification se fait au niveau de la sérine (55 pour le premier domaine ACP, 1266 pour le deuxième) conservée d’un motif GX(D/H)S(L/I)(D/K) par une 4’-phosphopantethéinyl transferase (PPTases) [Mofid et al., 2002]. Cette dernière va catalyser le transfert du groupement 4’-phosphopantethéine du coenzyme A (CoA) [Lambalot et al ; 1997] par une attaque nucléophile du groupement hydroxyle de la sérine vers le lien 5’-β-pyrophosphate du coenzyme A (Figure 5). Cette réaction est magnésium-dépendante [Lambalot et al ; 1996] et fait intervenir deux substrats, le Coenzyme et le domaine ACP. Figure 5 : Activation de l’apo-carrier protéine en holo-carrier protéine. La 4’phospantethéinyl transferase (PPTase) va transférer le groupement 4’-Phospho-pantethéine (bras Ppant) du CoenzymeA sur le groupement OH de la Sérine du domaine ACP, entraînant un incrément de masse de 340 unités de masse (holo-carrier protéine). Cette réaction est magnésium dépendante etentraîne une libération de 3’,5’-ADP. Les PPTases sont classées en 2 groupes en fonction de leur séquence primaire et de leurs substrats : les AcpS et les Sfp [Reuter et al ; 1999]. Les AcpS ont une taille de 120 acides aminés, sont hétérotrimères et sont impliquées dans la modification des enzymes FAS ; alors que les Sfp (PptT), découvertes chez Bacillus subtilis, ont une taille de 240 acides aminés, agissent en monodimère et sont impliquées dans la modification des Pks de type I et donc de Pks13. Il a été montré qu’une délétion du gène codant pour l’enzyme PptT (Rv2794) chez Mtb abolissait la synthèse d’acides mycoliques ce qui démontrerait que Pks13 serait un substrat de PptT. La mutation a de plus entraîné la mort de la bactérie, ce qui suggère un rôle essentiel de cette enzyme pour la viabilité de la bactérie [Chalut et al. ; 2005]. Les résultats de cette publication seront repris dans le chapitre « résultats ». 5 De part ces observations, il s’avère que PptT est une cible très intéressante dans la découverte de nouveaux médicaments anti-tuberculeux. 6) Mode d’action des antibiotiques anti-tuberculeux De nos jours, il existe quatre antituberculeux principaux : l’isoniazide, la Rifampicine, le Pyrazinamide et l’éthambutol [Veziris, Cambau et al. 2005]. Le traitement de la tuberculose nécessite la prise quotidienne durant 6 mois de isoniazide et de rifampicine complémentés durant les deux premiers mois des deux autres antibiotiques. L’isoniazide (hydrazide de l’acide nicotinique) agit sur la synthèse des acides mycoliques en inhibant une enzyme du complexe protéique FAS II, InhA impliquée dans l’élongation de la chaîne d’acides gras et favorise la formation de radicaux libres toxiques pour la bactérie. Il n’est actif que chez les mycobactéries. La rifampicine (famille des rifamycines) inhibe l’initiation de la transcription en se fixant sur la sous-unité β de l’ARN polymérase empêchant ainsi la synthèse protéique. Le pyrazinamide (dérivé du nicotinamide) n’est actif que sur deux souches de Mycobacterium dont Mtb. Il nécessite un pH acide et une enzyme pour le transformer en produit bactéricide l’acide pyrazinoïque qui agirait sur FAS I (synthèse des acides gras précurseurs). La cible de l’éthambutol est une enzyme, l’arabinosyl transferase intervenant dans la liaison arabinose-galactane. De ce fait, les acides mycoliques ne pourront pas venir se lier sur le motif arabinogalactane (constituant de la paroi). Les mycobactéries ont acquis des systèmes de résistance à ces antibiotiques dus aux mutations des gènes codant pour leurs cibles. C’est la raison pour laquelle il serait envisageable de cibler des protéines intervenant dans l’activation des enzymes essentielles à la synthèse des acides mycoliques. 6 II) RESULTATS 1) Développement de rapporteurs de repliement et de solubilité des protéines basées sur la GFP. Application à la définition de domaines solubles de la polykétide synthase Pks13 de Mycobacterium tuberculosis [thèse de l’Université Paul Sabatier Toulouse Cabatous, 2005]. La polyketide synthase 13 est une enzyme multi-domaine difficile à cristalliser. La stratégie mise en place par les travaux de thèse de S. Cabantous a pour objectif de solubiliser chaque domaine afin de pouvoir les cristalliser. Pour cela, elle a mis au point un test de criblage de solubilité des protéines par la technique du Split-GFP. Génération des domaines de Pks13 Après avoir amplifié le gène codant pour Pks13 (Rv3800) inséré dans le plasmide pWM35 une digestion à la DNase I a été réalisée. Cette enzyme coupe généralement après des bases pyrimidiques et ainsi, trois librairies de fragments ont été obtenus (librairie I contenant les plus petits fragments 300-1500 pb, librairie II avec des fragments de 1000-3000 pb et la librairie III comprenant les plus longs fragments 1500-400 pb). Ces trois librairies ont été ensuite clonées dans des plasmides chez E. Coli afin de sélectionner les clones en phase. Test de solubilité par la méthode du Split-GFP La méthode du Split-GFP utilise la propriété de complémentation de fluorescence de la Green Fluorescent Protein (GFP). Cette protéine a un poids moléculaire de 30 kDa et comporte 11 feuillets β et une hélice α qui forme le chromophore. La GFP peut être clivée en deux fragments, un qui contient les feuillets β 1 à 10 qui va pouvoir venir complémenter le 11ème feuillet β fusionné à une protéine (Figure 6). X Aggrégation Figure 6 : Principe du Split-GFP La protéine recombinante X est liée au petit fragment de la GFP (s11 : feuillet β 11) par un linker L. Si X est soluble alors s11 va se complémenter avec le grand fragment de la GFP (1-10 : feuillet β 1 à 10) co-exprimée, ainsi une émission de la fluorescence est visualisée. Si la protéine est agrégée (insoluble), la complémentation ne se fera pas et donc il n’y aura pas émission de fluorescence. 7 Cette méthode permet donc de tester la solubilité des protéines in vivo. Dans sa thèse, S. Cabantous utilise cette méthode pour cribler les clones qui expriment les fragments de Pks13 solubles. Figure 7 : Criblage de solubilité utilisant le Split-GFP des trois librairies. Images de colonies cellulaires fluorescentes après complémentation des fragments de GFP pour les 3 librairies. D’après la Figure 7, peu de fragments de la troisième librairie apparaissent fluorescents. Ceci s’explique en partie par le fait que cette librairie contient les fragments les plus longs et donc peu solubles. Caractérisation des fragments Après le criblage, les fragments solubles sont récupérés par PCR sur colonies et séquencés puis alignés sur la séquence de Pks13 par bio-informatique (Figure 8). Figure 8 : Carte des domaines solubles de Pks13 obtenus après la méthode du domaine trapping. Alignement des fragments solubles criblés par Split-GFP et séquencés sur la protéine Pks13. 8 La carte des domaines solubles révèle une hétérogénéité, en effet, la plupart des fragments sont alignés avec la partie C-terminale et plus particulièrement au niveau des domaines ACP2 et TE. Peu de fragments solubles correspondant au domaine KS ont été trouvés. Dans la partie N-terminale, quelques fragments s’alignent avec la séquence du domaine ACP1. L’approche de l’étude par domaine de Pks13 par Split-GFP a permis de montrer d’une part que les domaines structuraux de Pks13 ayant une taille de plus de 100 acides aminés sont peu solubles. D’ou la difficulté de cristalliser cette dernière. Des 2 domaines ACP, il en résulte que celui situé dans la partie C-terminale présente une solubilité supérieure à celui situé en N-terminal. Cette différence s’expliquerait par leur différence de taille : ACP2 (49 acides aminés) est plus petit que ACP1 (76 acides aminés). Dans notre projet, nous nous intéresserons aux domaines ACP pouvant être produits chez E. Coli sous forme solubles et plus particulièrement le domaine ACP2. 2) Rôles non redondants de deux 4’-phosphopantetheinyl transferases chez Mycobacteria [Chalut et al., 2006] La 4’-phosphopantéthéinylation est catalysée par l’enzyme PPTase (cf introduction). Dans le génome de la souche M. tuberculosis H37Rv (Cole et al, 1998) deux gènes codant pour des enzymes de ce type ont été identifiés : acpS et pptT. Cependant aucune étude sur le rôle de chacune de ces enzymes n’a été entreprise chez Mycobacteria. Dans des travaux publiés par Chalut et al. en 2006, les auteurs ont rapporté que des orthologues de ces deux PPTases ont été trouvés dans le génome des espèces Corynebacterinea. Ils ont démontré qu’elles sont essentielles pour la viabilité des mycobactéries et qu’elles présentent des fonctions identiques chez les mycobacteries et les corynebacteries : AcpS est responsable de la modification post-traductionnelle de Fas-I, alors que PptT active l’enzyme Pks13 ainsi que des polykétides synthases de type I. AcpS et PptT sont impliquées dans la biosynthèse des acides gras et des acides mycoliques respectivement, chez C. glutamicum Des expériences de chromatographie en phase gazeuse (GC) et de chromatographie en couche mince (CCM) ont démontré que des mutations de acpS par knockout (KO) chez C. glutamicum entraînait l’absence de synthèse d’acides gras en C16-C18 et de l’activation de Fas-I alors que la synthèse d’acides mycoliques et l’activation de Pks13 n’étaient pas 9 affectées. Par contre, la délétion de pptT abolissait la synthèse d’acides mycoliques et l’activation de Pks13, mais n’avait aucun effet sur la production d’acides gras et sur l’activation de Fas-I. Ces résultats démontrent que Pks13 est un substrat de PptT et que AcpS est responsable de l’activation de Fas-I. PptT catalyse la 4’-Phosphopantethéinylation des Pks de type I chez M. tuberculosis Les auteurs ont coproduit les protéines recombinantes de M. tuberculosis Pks13 et PptT à partir des plasmides pMW35 et pLSfp respectivement sous le contrôle du promoteur T7. La souche transformée est une souche bactérienne de E.Coli BL21ΔentD, mutée en PPTase endogène susceptible d’activer Pks13. Afin de visualiser le transfert du groupement prosthétique, un pool de coenzymeA a été radiomarqué avec du β−[β−14C]alanine. Un plasmide pWM35γ, porte le gène qui code pour une protéine Pks13 dont les 2 résidus sérines (S55 et S1266) responsables de l’attachement du groupement P-pant du coenzymeA, ont été mutés par des résidus alanine. Lorsque ce mutant est co-exprimé avec PptT, Pks13 ne porte pas le groupement P-pant radioactif (Figure 9). Ce résultat indique que les 2 résidus sérines sont essentiels à l’attachement du groupement prosthétique. Figure 9 : Marquage de la 4’-Phosphopantetheinylation utilisant β-[β-14 C]alanine. Des extraits cellulaires de E .Coli ont été séparés par SDSPAGE puis colorés au Bleu de Coomassie (gel du bas). Les flèches indiquent la présence de Pks13 à 186 kDa. Une autoradiographie a été réalisé afin de visualiser la radioactivité du bras P-pant au niveau de Pks13 (partie du haut). Pks13* : enzyme recombinante portant la mutation au niveau des 2 sérines S55 et S1266. Des expériences similaires sur d’autres Pks de type-I (Mas et PpsA-D) impliquées dans la biosynthèse des lipides nécessaires à la virulence de M. tuberculosis ont permis de démontrer qu’elles sont également activées par PptT. Les auteurs démontrent qu’ils arrivent à produire la PptT et Pks13. De plus, ces expériences permettent de mettre en évidence que Pks13 est un substrat de PpT chez M.tuberculosis. PptT ne catalyse donc pas seulement l’activation de Pks13 mais de d’autres enzymes Pks de type-I. 10 PptT est essentiel pour la viabilité de Mycobacterium Bovis A présent, les auteurs ont voulu savoir si PptT serait essentielle à la survie d’une des souches de M. tuberculosis. Pour cela, ils ont généré des mutants conditionnels ΔpptT d’une souche du bacille M. bovis par knockout en utilisant le système d’expression TetR (Ehrt.S et al ; 2005). Cette souche recombinante PMM99 (ΔpptT : pC-pptTmb) contient un plasmide de complémentation pC-pptTmb codant pour le gène fonctionnel pptT de M. bovis sous le contrôle du promoteur pmyc1tetO inductible à l’anhydrotetracycline (ATc). Les souches sauvages WT et mutées PMM99 poussent normalement quand pptT est exprimé (+ATc) (Figure 10) mais une inhibition de la croissance de PMM99 est observée en absence de pptT (-ATc). Ces résultats démontrent l’importance de pptT sur la viabilité des souches de M. tuberculosis et que l’absence de pptT ne peut pas être complémentée par l’AcpS endogène. Figure 10 : Effet de la déplétion de PptT sur la croissance de M. Bovis CalmetteGuérin. Les souches sauvages WT et mutées PMM99 (ΔpptT : pC-pptTmb) ont été cultivées dans un milieu de croissance à 37°C pendant 20 jours supplémenté en anhydrotetracycline (+ATc) ou non (-ATc). Les auteurs proposent un modèle du métabolisme lipidique chez les mycobactéries et les corynebactéries dans lequel AcpS est responsable des modifications post-traductionnelles de Fas-I et de la sous-unité AcpM de FAS-II alors que PptT active de nombreuses polykétides synthase de type-I impliquées dans la biosynthèse des lipides nécessaires à la virulence de M. tuberculosis dont Pks13 (Figure 11). Les enzymes MbtB et MbtD-F, activées par PptT, sont impliquées dans l’assemblement de mycobactines qui représentent des facteurs de virulence. Ces résultats démontrent que les 2 PPTases ne sont pas redondantes et agissent sur des répertoires de substrats différents. L’intérêt d’inhiber la protéine PptT, dans ce projet de recherche, réside dans l’importance du nombre de protéines qu’elle régule. De plus les mycobactéries ayant développé des phénomènes de résistance aux antibiotiques (cf. introduction), il est judicieux de cibler des modifications post-traductionnelles. 11 Figure 11 Figure 11 : Diagramme schématique du rôle de AcpS et PptT dans les voies de biosynthèses des acides gras, des acides mycoliques, des lipides contenant des méthyls branchés et des siderophores chez M. tuberculosis. Seules les protéines nécessitant une 4’-phosphopantethéinylation sont indiquées. Les protéines activées par PptT sont encadrées dans des rectangles et celles modifiées par AcpS sont encerclées. p-HBA : acide para-hydroxybenzoique ; SL-1 : sulfolipide ; PAT : polyacyltréhaloses. 12 III) PROJET DE RECHERCHE Ce projet de recherche a pour objectif le développement d’une stratégie afin d’inhiber l’activité post-traductionnelle de la 4’-Phosphopantétheinyl transférase (PPTase) impliquée dans la synthèse d’acides mycoliques chez Mycobacterium tuberculosis à deux niveaux (FAS I et Pks 13). Tout d’abord, la protéine devra être produite dans un hôte où elle sera soluble et active. La stratégie envisagée consistera à produire la protéine chez E. Coli. Chalut et al. ont montré que la protéine recombinante produite chez E. Coli est fonctionnelle. Ensuite, un test d’activité in vitro de la PPTase (PptT) sera mis en place en vue d’un criblage haut débit d’inhibiteurs, en utilisant la réaction catalysée par cette enzyme, à savoir le transfert du motif 4’-p-pant du Coenzyme A, sur le domaine ACP de la polykétide synthase. STRATEGIE EXPERIMENTALE Production chez E.coli - domaines Acp-6His - PptT-GST avec site de clivage à la thrombine Purification des domaines ACP sur colonne Nickel NTA de la PptT sur billes glutathion (achat sur catalogues) Etapes de concentration ? (précipitation au sulfate d’ammonium, …) Mise en place du test d’activité enzymatique avec le coenzymeA fluorescent Miniaturisation du protocole du test d’activité sur plaques greffées avec NTA 96 puits Criblage haut-débit plaques noires greffées avec NTA 384 puits avec chimiothèque du CNRS (3000 molécules) Confirmation des inhibiteurs potentiels sur la protéine Pks13 en entière Test de perméabilité de la paroi de M. tuberculosis Détermination des paramètres biochimiques d’interactions 13 1) Production et purification de PptT et du domaine ACP2 de Pks13 Production et purification de PptT Afin de produire l’enzyme d’intérêt, nous utiliserons le matériel et les conditions utilisés par Chalut et al. en 2006. La séquence du gène d’intérêt pptT (Rv2794c) est récupérée par PCR à partir de l’ADN génomique de la souche M. tuberculosis H37Rv. Le gène est inséré dans un vecteur d’expression procaryote pET26b en aval d’un promoteur T7 inductible à l’IPTG. Afin de purifier la protéine recombinante PptT, une séquence codant pour la GST (Glutathion S-transferase) sera clonée dans le vecteur de façon à se retrouver en Cterminale de la PptT. Une séquence de coupure à la thrombine sera également insérée entre le gène d’intérêt et le tag. La production s’effectuera dans une souche bactérienne d’expression de E.Coli BL21. Après croissance bactérienne, induction et récupération du lysat cellulaire, une étape de purification sera réalisée sur colonne glutathion. Production et purification des domaines ACP de Pks13 De même que précédemment, les conditions de production des domaines ACP seront identiques à celles utilisées par les travaux de Chalut. La séquence du domaine ACP2 sont récupérées à partir du gène pks13 (Rv3800) par PCR à partir de l’ADN génomique de M. tuberculosis H37Rv. Les fragments sont insérés dans un vecteur d’expression procaryote pET26b en aval d’un promoteur T7. Ce vecteur contiendra une séquence codant pour un tag 6-His. La production s’effectuera dans une souche d’expression E.Coli BL21ΔentD dont la PptTase endogène est mutée, évitant ainsi l’activation des domaines ACP produits. La purification sera réalisée par colonne de Nickel-NTA. De même, que précédemment, nous nous attendrons à obtenir une production de l’ordre de 20mg/L. Afin de s’assurer que les protéines récupérées correspondent bien à celles attendues, nous allons réaliser un gel SDS-PAGE où nous déposerons dans un puits les marqueurs de poids moléculaire (PM), dans un autre puits le domaine ACP2 que nous détecterons à un PM de 5,4 kDa et dans un dernier puits la PPTase attendue à un PM de 25 kDa. 14 2) Mise en place d’un test d’activité enzymatique de PptT PptT catalyse le transfert du bras P-pant du CoA sur la Sérine du domaine ACP de Pks13. Les études réalisées jusqu’à présent pour détecter le transfert de ce groupement prosthétique repose sur l’utilisation de techniques basées sur la radioactivité et sur la HPLC [Liu Q. et al.]. Cependant, en vue d’un criblage à haut-débit, il est difficile voire impossible de les miniaturiser. A présent, il est nécessaire de mettre en place un test d’activité enzymatique permettant de visualiser ce transfert. La littérature rapporte que seule une équipe, Meier J.L. et Burkart M.D., ont développé un test basé sur la synthèse d’analogues du CoA à partir d’analogues de groupements pantethéines fluorescents. Ils ont ainsi visualisé in vitro la phosphopantethéinylation du domaine VibB de Vibriobacter cholerea par l’enzyme Sfp (PPTase) de Bacillus subtilis. Nous allons appliquer cette technique à notre projet de recherche, afin de détecter l’activité enzymatique de PptT. Synthèse de l’analogue du Coenzyme A L ’analogue du CoA fluorescent est produit suivant la voie de biosynthèse du CoA chez E.Coli selon le modèle suivant (Figure 12) : un analogue de la pantethéine contenant un groupement fluorescent est synthétisé chimiquement et incorporé dans la cellule bactérienne qui va l’intégrer dans la voie de biosynthèse du Coenzyme A. Tout d’abord, l’enzyme CoaA réalise la phosphorylation de la pantethéine, ensuite le CoaD greffe un AMP au niveau du groupement phosphate, enfin le CoaE va phosphoryler l’extrémité 3’ de l’AMP greffé pour obtenir un analogue du CoA fluorescent. Figure 12 : Voie de biosynthèse du Coenzyme A chez E. Coli. L’enzyme CoaA va phosphoryler l’analogue du bras P-pant fluorescent incorporée dans la cellule bactérienne à partir de l’ATP endogène. Le CoaD va rajouter un ADP au niveau du groupement phosphate. Le CoaE va phosphorylé l’ADP précedemment greffé grâce à de l’ATP pour obtenir l’analogue du coenzyme A fluorescent. fluorophore. 15 Cette voie de synthèse va être appliquée in vitro en apportant les enzymes nécessaires (CoaA, CoaD, CoaE) et l’analogue de pantethéine. Ce dernier va être synthétisé par voie chimique en utilisant comme groupement fluorescent l’acide 7-diméthylaminocoumarin-4-acétique (DMACA) (Figure 13). Il a la particularité d’absorber la lumière à une longueur d’onde de 370 nm (UV) et d’émettre une fluorescence bleue à un longueur d’onde de 459 nm. Son coefficient d’extinction molaire a une valeur d’environ 22000 cm-1.M-1. Figure 13 : Analogue de la pantethéine fluorescente utilisé contenant un groupement Coumarine fluorescent et un linker PEG2. PEG2 Linked DMACA Pantoic. Les enzymes CoaA, E recombinantes (données par Suzanne Jackowski) et CoaD (donnée par D. Drueckhammer) ainsi que de l’ATP vont être rajoutées à l’analogue de la pantethéine fluorescente pour former l’analogue du CoA (Figure 14) que nous allons utiliser par la suite. Figure 14 : Analogue du CoA fluorescent utilisé. PEG2 Linked DMACA Pantoic. Meier et al. en 2006 ont testé la fluorescence de nombreux composés et l’analogue ci-dessus PEG2 Linked DMACA Pantoic semble présenter une intensité de fluorescence plus importante que les autres après quantification. 16 Test enzymatique La réaction enzymatique va être réalisée in vitro en incubant 1µM de domaines ACP, 25nM de PPTase, analogue du CoA, 10mM de MgCl2 dans du Tris/HCl 50mM pH 7,5 pendant 30 min à 37°C selon le protocole de Mofid et al. en 2002. Afin de déterminer la concentration nécessaire en Coenzyme A, nous allons tester une gamme de concentrations entre 25 et 100µM. La détection du transfert du bras P-pant sur le domaine ACP va être réalisée sous UV. 3) Criblage à haut débit d’inhibiteurs de PptT Pour réaliser le criblage haut débit des inhibiteurs potentiels de la PPTase, il faut tout d’abord passer par une étape de miniaturisation pour pouvoir ensuite cribler la chimiothèque choisie. Miniaturisation de l’essai Nous allons faire des essais de miniaturisation du test d’activité enzymatique décrit cidessus. En effet, nous allons vérifier avec des volumes finaux de 25 µL que le fluorophore présente la même sensibilité sur des plaques 384 puits (Invitrogen). Criblage haut débit Les plaques utilisées sont de couleur noire pour éviter une interférence de fluorescence avec les puits voisins, elles seront greffées avec du nickel afin de pouvoir retenir le domaine ACP2. Ensuite, après plusieurs lavages pour éliminer les protéines non attachées, l’analogue du Coenzyme A fluorescent sera rajouté avec l’inhibiteur. Enfin, l’enzyme (PPTase) sera incorporée au mélange. La réaction se fera durant 30 minutes. Les puits des plaques seront lavés afin de retirer tous les fluorophores non fixés sur le domaines ACP, nous visualiserons ainsi le transfert du bras P-pant sous UV à 370nm. Les concentrations (quantités) utilisées seront déterminées lors de la miniaturisation. Les contrôles de ce test se feront en mettant dans différents puits de chacune des plaques 384 puits : le domaine ACP2 avec l’analogue CoA seul et du Mg2+ ; le domaine ACP2 avec l’enzyme seule et du Mg2+ ; le domaine ACP2, l’analogue du CoA, l’enzyme et le Mg2+. L’inhibiteur provient de la chimiothèque que nous avons choisi à savoir celle du CNRS. Elle est composée de plus de 3000 molécules (extraits naturels et produits de synthèse). 17 4) Validation de la cible Une fois le criblage réalisé, les inhibiteurs « positifs » devront être validé c'est-à-dire vérifier que se sont bien des inhibiteurs et non des faux-positifs. Vérification de l’inhibiteur Tout d’abord, il est nécessaire de vérifier si l’inhibiteur potentiels n’interfère pas dans la mesure de fluorescence en faisant un spectre d’absorption et d’émission. Le spectre ne doit pas se chevaucher avec celui de notre analogue fluorescent. Confirmation des inhibiteurs potentiels sur la protéine Pks13 entière Afin de s’assurer que les « hits » inhibent bien la phosphopantethéinylation, des tests vont être réalisés in vitro. Tout d’abord, les conditions du criblage vont être reproduites afin d’être confirmée. Ensuite, le(s) inhibieur(s) sera (seront) testés sur la protéine Pks13. La polykétide sera produite chez E. Coli. Le gène de Pks13 (Rv3800) sera amplifié par PCR à partir de l’ADN total de Mtb et inséré dans un vecteur d’expression pET26b de E. Coli sous le contrôle du promoteur T7 pour obtenir le plasmide pWM35 ; la souche E. Coli transfectée sera délétée de la PPTase endogène pour ne pas interférer dans notre expérience (souche BL21ΔentD) . La protéine sera fusionnée avec un tag poly-His qui permettra ensuite sa purification. L’apoenzyme et l’holoenzyme ont une différence de taille de 340 uma ; cette différence est détectable en HPLC. En effet, la polykétide synthase non activée a un volume d’élution plus important que celui de l’holoenzyme. Ainsi, une expérience avec la polykétide synthase, la PPTase, le Coenzyme A et l’inhibiteur potentiel pourra être menée pour vérifier si le transfert du bras P-pant a eu lieu ou pas [Liu et al.]. Toutes ces expériences vont permettre de vérifier que la molécule criblée agit en tant qu’inhibiteur de la phosphopantethéinylation de la Pks13. Test de perméabilité de la paroi de Mycobacterium tuberculosis L’inhibiteur potentiel devra être capable de franchir la paroi de la bactérie afin de pouvoir agir sur la synthèse des acides mycoliques. Afin de tester la perméabilité de la mycobactérie, des cellules de Mtb vont être cultivées pendant 21 jours (temps nécessaire d’apparition des colonies) dans un milieu de culture liquide enrichie (milieu à l’œuf) Si 18 l’inhibiteur criblé est une molécule synthétique alors on pourra le marqué par un élément radioactif 3H. Une étape de filtration est nécessaire afin d’éliminer le milieu de culture et de récupérer les mycobactéries. Une analyse par scintillation liquide permettra de détecter la radioactivité sur les bactéries lysées. Si l’inhibiteur est une molécule naturelle on pourra le marquer par fluorescence. Détermination des paramètres biochimiques d’interactions A présent, il faut déterminer les paramètres biochimiques d’interactions de l’inhibiteur avec les substrats. En effet, la réaction fait intervenir deux substrats : le domaine ACP et le coenzyme A. Nous allons déterminer le type d’inhibition mis en jeu. Pour cela, nous utiliserons la stratégie expérimentale suivante : dans une solution contenant une concentration saturante en ACP, nous ferons varier la concentration en coenzymeA à une concentration d’inhibiteur donnée. Une autre série d’expériences sera réalisée à une autre concentration d’inhibiteur et ainsi de suite. L’allure du tracé de Lineweaver-Burk ((1/vi)=f(1/CoA)) permettra de déterminer le type d’inhibition avec une vitesse maximale d’inhibition (vmax). La représentation en double inverse ((1/Kapp)=f(Inhibiteur)) nous informera sur la constante d’inhibition. De même, nous allons nous placer en condition saturante en Coenzyme A et faire varier la concentration en ACP à une concentration donnée en inhibiteur et déterminer le type d’inhibition et la constante (Ki). 19 IV) PERSPECTIVES ET CONCLUSION Ce projet de recherche a pour objectif de rechercher des inhibiteurs de la modification post-traductionnelle de Pks13, la 4’-phosphopantethéinylation (transfert du bras P-pant), par la PPTase. Pks13 est une protéine clé dans la voie de synthèse des acides mycoliques [Portevin et al., 2004]. L’équipe de Mofid a démontré que cette enzyme devait être modifiée posttraductionnellement pour être active. Chalut et al., en 2006, ont confirmé que la PptT est responsable de l’activation des domaines ACP de Pks13 de Mtb. Il a également démontré que Pks13 inactive ne permet pas la synthèse d’acides mycoliques et entraîne la mort la bactérie. De nos jours, il n’existe aucune donnée structurale sur Pks13, nous avons donc voulu inhiber la modification post-traductionnelle responsable de son activation. Nous avons donc dû mettre en place un test d’activité enzymatique pour visualiser le transfert du bras P-pant réalisé par la PptT qui devait être optimiser pour être miniaturiser en vue d’un criblage haut débit d’inhibiteurs potentiels. De nos jours les traitements anti-tuberculeux sont lourds car nécessitent la prise quotidienne pendant six mois voire plus de plusieurs antibiotiques. De plus, des formes résistantes de Mtb apparaissent à cause de mutations des gènes codant pour les cibles pharmacologiques. C’est pour cela que nous avons voulu cibler cette enzyme (PptT). En vue d’un développement d’un médicament anti-tuberculeux, il est nécessaire de vérifier que l’inhibiteur de la PptT n’est pas toxique pour les cellules humaines. Pour cela, un comptage de la mortalité de plusieurs types cellulaires (cellules endothéliales, fibroblastes, cellules épithéliales) pourra être réalisée après culture de ces dernières en présence d’inhibiteur(s). Des études sont menées afin de cristalliser la PptT. Une fois sa structure cristallographique déterminée, il serait intéressant d’optimiser l’action de l’inhibiteur par « Drug Design » en modifiant la composition chimique de la molécule inhibitrice lui permettant une reconnaissance plus spécifique. 20 BIBLIOGRAPHIE Barry C.E 3rd., Lee R.E., Mdluli K., Sampson A.E., Schroeder B.G, Slayden R.A., and Yuan Y. “Mycolic acids: structure, biosynthesis and physiological functions.” Progress in Lipid Research, 1998. 37(2-3): 143-179. Cabantous S. “Développement de rapporteurs de repliement et de solubilité des protéines basées sur la GFP. 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