de l’accès à une épicerie sociale ou encore de la fourniture de repas ou de collations servis dans des
centres d’accueil ou dans la rue. Sur la campagne d’hiver 2008-2009, les Restos du Cœur ont ainsi
accueilli 800 000 personnes. Les Banques alimentaires en ont aidé près de 700 000 sur l’année 2008,
en distribuant l’équivalent de 160 millions de repas. Mais ces chiffres, déjà très élevés, ne tiennent pas
compte des individus qui, pour des raisons diverses (isolement géographique et/ou social, volonté de
préserver un minimum de dignité) demeurent en dehors des dispositifs et structures d’aide
alimentaire.
Dans la période récente, la hausse du prix des denrées alimentaires (en 2007) puis la survenue (à
l’automne 2008) de la crise financière et économique mondiale ont frappé de plein fouet les plus
démunis. Depuis deux ans, les associations d’aide alimentaire ne cessent de lancer des cris d’alarme.
Le nombre des personnes qu’elles doivent soutenir connaît en effet une progression rapide. En 2008,
les Banques alimentaires ont dû aider 100 000 personnes de plus que l’année précédente. Lors de
l’hiver 2009, le nombre de personnes accueillies par les Restos du Cœur s’est accru de 12,5 % par
rapport à la campagne 2008. L’augmentation a même atteint 20 % dans une vingtaine de départements
ruraux ou semi-ruraux !
Ces bénéficiaires de l’aide alimentaire constituent un public extrêmement diversifié qui ne se limite
pas, loin s’en faut, aux seules personnes sans domicile fixe. On y trouve des mères de famille élevant
seules leurs enfants, des ménages surendettés, des chômeurs, des gens du voyage, des « sans
papiers », des réfugiés politiques et des demandeurs d’asile… Et aussi des retraités, des étudiants et
des travailleurs pauvres. Ces derniers, souvent des salariés à temps partiel ou des travailleurs
saisonniers, sont de plus en plus nombreux et représentent au moins 15 % des personnes accueillies
dans les associations. Au total, dans 1 cas sur 3, l’aide alimentaire est aujourd’hui apportée à des
personnes bien insérées dans la société mais qui disposent de revenus trop faibles pour se nourrir de
façon adéquate, en quantité comme en qualité.
Alimentation et état nutritionnel des personnes en situation de précarité
Une étude de grande ampleur (étude ABENA) a été réalisée en 2004-2005 auprès de personnes ayant
recours à l’aide alimentaire. La moitié d’entre elles déclarait « ne pas avoir assez à manger, souvent ou
parfois ». Le complément de nourriture fourni par les structures sociales ou caritatives ne parvenait
donc pas à assurer des apports alimentaires suffisants en quantité. Sur le plan qualitatif, la ration
apparaissait fortement déséquilibrée, aggravant le risque de maladies cardio-vasculaires, de diabète,
de cancers, d’obésité… (cf encadré ci-dessous). Si le surpoids et l’obésité touchent plus fortement les
personnes démunies, il ne faut pas oublier que la maigreur pathologique se rencontre également au
sein de ces populations défavorisées dont beaucoup de membres ne mangent pas tous les jours à leur
faim (et pour qui le tabac joue parfois un rôle de « coupe-faim »). A ce tableau sanitaire sombre, il faut
encore ajouter les problèmes de la sphère bucco-dentaire. L’insuffisance d’hygiène et de soins aboutit
à des difficultés de mastication de certains aliments (crudités par exemple) ou à des sensations
désagréables (douleurs en bouche occasionnées par les fruits acides), qui détournent les individus de
ces aliments pourtant bénéfiques à la santé.
L’étude ABENA a montré par ailleurs que les dépenses alimentaires des personnes enquêtées se
situaient à un niveau très faible : en moyenne 2,60 euros par jour et par personne. Dans les ménages
défavorisés, l’alimentation joue en effet le rôle d’une « variable d’ajustement » : le paiement des