30 DOSSIER Calcium et ostéoporose >> DOSSIER Un rôle important dans la prévention Infos ... À propos du THS Aujourd’hui les prescriptions de l’hormonothérapie substitutive étant limitées, l’intérêt se porte vers d’autres stratégies préventives, dont tout un ensemble de nutriments qui affectent ou interagissent avec le squelette et sont susceptibles de contribuer à la réduction du risque de fractures ostéoporotiques. Certains nutriments favorisent de façon spécifique l’acquisition et le maintien du capital osseux depuis l’enfance jusqu’à un âge avancé. Les apports en calcium et en vitamine D influencent la production d’hormones contrôlant les flux intestinaux et rénaux du calcium et du phosphate inorganique, les deux constituants essentiels du minéral osseux. L e calcium intervient dans de nombreuses fonctions de l’organisme tels que la coagulation sanguine ou la contraction musculaire et joue un rôle particulièrement important dans la minéralisation de l’os par les dépôts de sels de phosphate de calcium sur la trame protéique (d’autres sels de calcium sont également présents dans la matière minérale). La formation osseuse L’accrétion osseuse (dépôt du calcium) se fait à vitesse constante jusqu’à deux ans avant la puberté puis elle s’accélère à l’adolescence, le pic maximal osseux étant atteint entre 20 et 25 ans. Ensuite, le bilan se négativise, la résorption osseuse devient supérieure à l’accrétion osseuse, bref la perte osseuse est inéluctable. Toutefois, on peut limiter l’importance de cette perte osseuse et cela dès l’adolescence par les apports calciques suffisants combinés à l’exercice physique. Dans les cinq ans suivant la ménopause, la perte osseuse est dix fois plus importante, soit 3 % par an contre à 0,3 % auparavant. En effet, la carence estrogénique est responsable des modifications microarchitecturales et d’une forte accélération du remodelage osseux, ce qui conduit à une plus grande fragilité osseuse. Si la relation entre consommation de calcium et gain de masse osseuse dans tous les groupes d’âge est admise et soulignée, encore faut-il que les rations calciques consommées soient suffisantes, c’est-à-dire de 900 à 1 000 mg/jour chez l’adolescent et l’adulte et de 1 200 mg/ jour en période de ménopause. Les produits laitiers sont les sources essentielles du calcium (par exemple Professions Santé Infirmier Infirmière N° 63 • mai 2005 un verre du lait ou un yaourt apporte environ 150 mg) ; les légumes verts et secs, les fruits et les eaux minérales apportent un bon complément. En cas d’intolérance au lactose (diarrhée, ballonnements, borborygmes), qui est la conséquence d’un déficit en lactase intestinale congénital ou secondaire de diverses affections, il est conseillé de ne pas consommer de lait à jeun ou de choisir le lait délactosé et de privilégier les laitages avec les repas. Il convient aussi de rappeler qu’un grand nombre de facteurs influencent la biodisponibilité du calcium consommé, à savoir la quantité de calcium retenue dans l’organisme après excrétion fécale et urinaire. En sachant que l’équilibre calcique dans l’organisme est régulé par trois hormones : le 1-25 dihydroxycalciférol, dérivé de la vitamine D qui augmente l’absorption calcique au niveau intestinal, la parathormone (hormone hypercalcémiante) et la thyrocalcitonine (hormone hypocalcémiante). Modifications du calcium En outre, l’absorption digestive du calcium peut être modifiée par les altérations pathologiques du tube digestif, par les éventuelles prises médicamenteuses et par l’alimentation : à titre d’exemple, le lactose et les glucides simples sont facteurs facilitant l’absorption, tandis que les fibres alimentaires ou le soja sont des facteurs limitants. A noter, à propos des calculs rénaux oxalocalciques (75 % des cas des calculs), une alimentation riche en calcium diminue justement l’absorption des oxalates et leur excrétion, et par là, la formation de lithiase. De nombreuses études ont fait apparaître l’effet positif des apports en calcium et en vitamine D sur la santé osseuse tout au long de la vie, sur la croissance osseuse de l’enfant et de l’adolescent comme dans la prévention de perte de la masse minérale osseuse chez l’adulte et la personne âgée. Les protéines alimentaires Plus récemment, les protéines alimentaires sont considérées comme un troisième aliment ayant un impact osseux spécifique. Comme l’explique le Pr J.P. Bonjour (Genève), « d’une part les protéines exercent une influence stimulatrice sur la production et l’action du facteur de croissance IGF1 (un facteur clé dans la régulation du métabolisme phosphocalcique et osseux, et d’autre part, ils freinent la résorption osseuse en ayant une action inhibitrice des cytokines TNF alpha ». En d’autres termes, l’insuffisance d’apport en protéines a des conséquences extrêmement très délétères sur la santé osseuse, même en présence d’apports normaux en calcium et en vitamine D. LC Le Dr L. Mardon (Groupe ostéoporose, INRA) cite des polyphénols, les vitamines C, E et A, la vitamine K (les concentrations sériques sont réduites chez les personnes atteintes de fractures ostéoporotiques), les acides gras essentiels, le magnésium (une déficience sévère perturbe l’homéostasie squelettique et conduit à une hypocalcémie), le potassium (il rétablit l’équilibre Na/K en épargnant le squelette) et les oligoéléments tels que le strontium, le zinc, le cuivre et le manganèse.