
DÉCEMBRE 2016 - N° 331 - L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE MAGAZINE 33
COMMENT TRAITER UNE
DERMATITE ATOPIQUE
Stratégie thérapeutique
Il n’existe pas encore de traitement
étiologique et définitif de cette mala-
die. Le traitement de la dermatite ato-
pique est purement symptomatique.
nTraitement de base
Il est local et comprend deux volets,
un peu comme dans la prise en
charge de l’asthme : le traitement
des poussées ainsi que le traitement
de fond.
◗Le traitement des poussées
➲En première intention, les dermo-
corticoïdes sont choisis parmi dif-
férents niveaux de puissance, à appli-
quer une fois par jour jusqu’à
disparition des lésions. Ces médi-
caments agissent localement et rapi-
dement mais souffrent d’une mau-
vaise réputation limitant leur bon
usage (lire Savoir faire p.39).
➲En seconde intention, en cas
d’échec ou d’intolérance vis-à-vis
des dermocorticoïdes, le dermato-
logue ou le pédiatre peut prescrire
un traitement immunosupresseur
local à base de tacrolimus (Protopic)
aux adultes et aux enfants de plus
de 2 ans. Le tacrolimus est une alter-
native intéressante notamment sur
le visage, mais n’est plus recom-
mandé chez l’enfant, et remboursé
uniquement dans la dermatite ato-
pique sévère des plus de 16 ans.
➲En parallèle de ces soins locaux,
des antihistaminiques sont parfois
prescrits pour lutter contre les
démangeaisons et apaiser le patient,
notamment la nuit.
◗Le traitement de fond
➲Il correspond à l’application quo-
tidienne, ou pluriquotidienne en
fonction des besoins, d’un émollient.
Celui-ci va renforcer la fonction bar-
rière pour limiter la fréquence et l’in-
tensité des poussées de la maladie.
➲Un traitement d’entretien à base
de dermocorticoïdes et/ou de tacro-
limus est parfois proposé, à appli-
quer deux fois par semaine sur les
zones habituellement touchées par
l’eczéma.
nEn cas d’échec
Des alternatives existent pour traiter
les poussées de la maladie, tandis
que le traitement de fond reste
inchangé, à base d’émollients.
◗La photothérapie
Réalisée le plus souvent en milieu
hospitalier, elle reproduit les effets
bénéfiques du soleil sur la peau
inflammatoire. La photothérapie
est efficace chez certains patients
mais peut s’avérer délétère chez
d’autres, avec une recrudescence
des poussées. Sont à prendre en
compte les effets indésirables pos-
sibles tels les coups de soleil, le pru-
rit, voire les complications ophtal-
mologiques ou encore les cancers
cutanés, ainsi que les contraintes
horaires avec la nécessité de plu-
sieurs séances par semaine.
◗Les immunosuppresseurs per os
Ils sont parfois utilisés, notamment
la ciclosporine qui possède une auto-
➲antécédents de peau sèche géné-
ralisée au cours de la dernière année;
➲eczéma visible des grands plis (ou
eczéma des joues, du front et des
convexités des membres chez l’en-
fant au-dessous de 4 ans);
➲début des signes cutanés avant
l’âge de 2 ans (critère utilisable chez
les plus de 4 ans uniquement).
nCompléter
le diagnostic
➲Des échelles peuvent compléter
le diagnostic et permettent d’évaluer
la gravité de l’atteinte et/ou l’impact
sur la qualité de vie.
➲Un bilan allergologique n’est indi-
qué que dans certains cas bien pré-
cis, par exemple en cas de résistance
au traitement bien conduit ou chez
un enfant avec stagnation ou cassure
de la courbe staturo-pondérale.
nDiagnostics
différentiels
➲Il existe un certain nombre de
diagnostics différentiels: dermatite
séborrhéique, gale chez le bébé ;
lymphome cutané chez l’adulte;
psoriasis à tout âge... D’où le
recours à des examens complé-
mentaires si besoin. Exemples : exa-
men au dermatoscope à la
recherche du sarcopte de la gale,
biopsie pour éliminer un diagnostic
de lymphome...
➲Ne pas confondre la dermatite ato-
pique avec d’autres types d’eczéma,
en général rencontrés chez l’ado-
lescent et l’adulte : c’est le cas par
exemple de l’eczéma de contact (la
peau réagit localement en présence
de l’agent allergisant: nickel, par-
fum...), de l’eczéma dyshidrosique
(atteinte surtout palmo-plantaire
avec des vésicules pouvant confluer
entre elles, se rompre et former des
croûtes) ou du prurit sénile (lire
Savoir faire p.42). Mais les différentes
formes d’eczéma peuvent se cumuler
chez un même patient. nnn
La dermatite atopique
La maladie est-elle héréditaire?
Un enfant a entre 50 et 70% de risque de développer une
dermatite atopique si un parent est déjà atteint, et 80% si les deux
parents sont touchés par la maladie. L’atopie est constitutionnelle
et met en jeu des gènes, mais l’environnement a aussi un rôle très
important. Il est plus juste de parler de prédisposition génétique.
Question de patient
© Espaceinfirmier.fr, Initiatives Santé 2016