DÉCEMBRE 2016 - N° 331 - L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE MAGAZINE 41
voire inexistant. Les effets indésirables
généraux tels que prise de poids, dia-
bète, retard de croissance… ne sont
qu’exceptionnellement observés.
■« Ce traitement conduit
à des risques d’accoutumance
et de rebond »
Contrairement aux corticoïdes sys-
témiques qui doivent être manipulés
avec précaution et faire l’objet d’une
décroissance progressive en cas de
traitement au long cours, les dermo-
corticoïdes peuvent être utilisés de
façon plus binaire: appliquer dès
l’apparition des plaques, arrêter dès
leur disparition. En revanche, un
épuisement de l’effet est parfois
observé après un nombre plus ou
moins grand d’applications – c’est la
tachyphylaxie. Lorsque cette tolé-
rance s’accompagne d’une augmen-
tation des doses, le risque d’effets
secondaires cutanés peut être majoré.
Le phénomène est réversible à l’arrêt
ou à l’espacement des applications.
Enfin, la survenue d’un asthme chez
un patient qui a souffert d’une der-
matite dans son enfance peut être
liée à l’évolution naturelle de l’atopie,
mais pas aux dermocorticoïdes.
LE BON USAGE
DES DERMOCORTICOÏDES
Quand les appliquer?
Une application par jour le soir sur
une peau encore un peu humide,
jusqu’à disparition totale des lésions.
Reprendre le traitement quotidien
dès les premiers signes d’eczéma.
Où les appliquer?
Les dermocorticoïdes ne s’appli-
quent que sur les plaques d’eczéma;
un émollient est appliqué partout
ailleurs sur la peau saine pour lutter
contre la sécheresse cutanée. Appli-
quer sur les lésions inflammatoires
actives en dépassant un peu en
couche ni trop fine, ni trop épaisse,
puis masser légèrement.
Quelle quantité utiliser?
La quantité à passer est très variable
d’un patient à l’autre et d’une pous-
sée à l’autre. La “bonne” quantité
est celle qui permet de traiter effi-
cacement le patient à un moment
donné. Si possible, il faut compter
le nombre de tubes consommés
entre deux consultations et établir
un calendrier des poussées, afin
que le médecin puisse se faire une
idée de la façon dont les dermocor-
ticoïdes sont utilisés et apporter
son aide le cas échéant. <
CONTRER
LA CORTICOPHOBIE
La marche à suivre consiste à traiter
les doutes de la personne les uns
après les autres en reprenant ses
termes pour ne pas donner l’impres-
sion de les passer sous silence ou
de les minimiser. Bien entendu, le
soignant ne doit pas être cortico-
phobe lui-même… (lire l’encadré en
bas de la page ci-contre).
Entendre la peur
La corticophobie n’est pas un simple
caprice à balayer d’un revers de main,
mais une vraie peur qu’il faut entendre
sans la juger ni la minimiser. Il ne faut
pas accabler les patients ou les
parents, mais plutôt les rassurer. Dans
tous les cas, il ne faut pas rompre
avec la vision des patients ou des
parents, mais écouter leurs angoisses.
Démonter
les idées reçues
■« Ce n’est pas efficace »
Les dermocorticoïdes constituent un
traitement purement symptomatique
de la dermatite atopique. Si celle-ci se
manifeste de nouveau, ce n’est pas à
cause d’un manque d’efficacité du pro-
duit, mais bien en raison du caractère
chronique et cyclique de la maladie.
Une sous-consommation au moment
de la crise conduit à sa non-résolution
tandis qu’une utilisation optimale per-
met de soulager rapidement.
■« C’est très dangereux
pour ma peau et
pour mon organisme »
La survenue d’effets secondaires cuta-
nés résulte des propriétés métaboliques
et immunosuppressives des molécules
prescrites. Mais ces réactions locales
sont rares, souvent réversibles. De
plus, l’action locale se concentre au
niveau épidermique, là où siègent les
plaques d’eczéma. Se souvenir que
l’épiderme n’étant pas vascularisé, le
passage dans le sang est très faible,
La dermatite atopique
Les dermocorticoïdes favorisent
les infections.
Faux. Leur utilisation conforme
aux recommandations et
de façon suffisamment précoce
permet de lutter efficacement
contre l’inflammation,
de restaurer la fonction barrière
de la peau et donc de prévenir
les phénomènes de surinfection.
En revanche, en cas d’infection
cutanée constituée, suspendre
transitoirement l’application car
il s’agit d’une contre-indication
à leur usage.
Ils sont incompatibles avec
l’exposition solaire.
Faux. Les dermocorticoïdes
ne sont pas photosensibilisants.
Certains patients développent
une allergie aux dermocorticoïdes.
Vrai. Cela se traduit par
une résistance au traitement
bien conduit d’une dermatose
classiquement “corticosensible”
ou par l’apparition de nouvelles
lésions sur des zones
inhabituelles, sur les mains
ou autour des lésions
préexistantes. Cet eczéma
de contact reste néanmoins
très rare.
VRAI-FAUX ?
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