La corticothérapie locale - Efficace et parfois

publicité
42
Soins Libéraux
La corticothérapie locale
Efficace et parfois indispensable...
Les corticoïdes locaux sont des médicaments topiques très efficaces et
indispensables en dermatologie de par leur activité anti-inflammatoire
permettant de diminuer l’érythème et l’œdème de nombreuses dermatoses. Leur bonne utilisation nécessite toutefois de les bien connaître.
L
Infos
...
Effets indésirables
est nécessaire
Des allergies de
contact aux
dermocorticoïdes,
dont la fréquence
est estimée selon les
études entre 1 et 5 %,
doivent être
suspectées lors
de la résistance
au traitement
d’une dermatose
classiquement
corticosensible.
Des mesures visant
à prévenir
les complications :
l’information
des malades
sur la nécessité d’une
pratique quotidienne
de l’exercice physique,
une supplémentation
potassique, protidique,
calcique et
vitaminique D
et un régime désodé
adapté à l’âge et
à l’état cardiovasculaire
du patient.
es dermocorticoïdes sont utilisés dans de nombreuses
pathologies dermatologiques
inflammatoires telles que l’eczéma
atopique, l’eczéma de contact, le psoriasis, le lichen plan et le lichen scléreux, le prurigo (secondaire ou non à
des piqûres d’insectes), les cicatrices
hyperthrophiques, les maladies bulleuses auto-immunes ou le phimosis
du petit garçon. Néanmoins, la prudence s’impose, et il est important
d’apprendre au malade à évaluer la
quantité administrée de dermocorticoïdes. La prescription doit être explicite pour une durée limitée (pour calmer les poussées), en précisant la
posologie, le nombre d’applications et
la décroissance. Afin d’éviter le phénomène de rebond après un traitement
prolongé, l’arrêt doit être progressif
dans les dermatoses chroniques, le
relais étant pris par les crèmes hydratantes. Rappelons également le respect des contre-indications, en particulier les maladies infectieuses (herpès,
mycoses), la rosacée et l’érythème
fessier du nourrisson (les couches forment un pansement occlusif).
L’occlusion favorise la pénétration
cutanée des dermocorticoïdes et elle
n’est utilisée comme une aide thérapeutique que pour des dermatoses
résistantes, telles que les atteintes palmoplantaires et du cuir chevelu.
Il existe un phénomène d’échappement dit tachyphylaxie, lié à l’accumulation des corticoïdes dans la couche
cornée, qui sont ensuite relargués
vers les couches plus profondes de la
peau ; ce phénomène peut être à
l’origine de la diminution de l’efficacité d’un dermocorticoïde, notamment après des applications fréquentes ou ininterrompues.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005
de contact aux dermocorticoïdes incriminés, en sachant que les réactions
croisées entre corticoïdes sont fréquentes lorsqu’ils appartiennent au
même groupe.
Effets secondaires
Surveillance au long cours
Les effets secondaires apparaissent
d’autant plus vite et sont d’autant plus
marqués que le dermocorticoïde est
puissant, surtout en cas d’utilisation
prolongée. 0n dispose de quatre
classes de puissance de l’activité antiinflammatoire (niveau modéré, assez
fort, fort, très fort), et le choix dépend
du type de l’affection, de la sensibilité
de la dermatose, de son étendue et
de sa localisation. Dans les dermatoses chroniques, il convient de choisir
en première intention le dermocorticoïde d’activité faible, notamment chez
l’enfant. Les effets secondaires systémiques des dermocorticoïdes, observés après une utilisation importante
sur des lésions suintantes et étendues,
sont les mêmes que ceux de la corticothérapie générale : effet suppresseur sur la glande surrénale, ostéoporose, ulcère gastrique, rétention
hydrosodée, hypertension artérielle.
Parmi les effets secondaires locaux,
citons l’atrophie cutanée, l’hypopigmentation, la dermite péri-orale, l’acnée induite, l’aggravation d’une rosacée
et des allergies de contact, lesquelles
sont dues non seulement aux excipients mais aussi aux corticoïdes euxmêmes. Bref, les corticoïdes locaux
sont aussi des allergènes, bien qu’il
s’agisse de médicaments censés traiter
des eczémas de contact : à préciser
que le tableau clinique ne donne pas
de réaction allergique aiguë étant
donné que la sensibilité se développe
plutôt sur plusieurs mois. Aussi la persistance ou l’aggravation d’un eczéma
traité par dermocorticoïdes impose-telle la recherche d’un eczéma de
contact à ce traitement. L’exploration
passe par la réalisation de tests épicutanés, qui apporte la preuve de l’allergie
Les corticoïdes administrés par voie
systémique ont leur place dans le traitement de manifestations allergiques.
Cependant, ils peuvent être responsables d’une réaction allergique
immédiate telle que l’urticaire, l’angioœdème, le bronchospasme, voire le
choc anaphylactique après l’injection
de corticoïdes. D’une manière générale, le mode d’administration par
injection est plus souvent mis en
cause que la voie orale.
La corticothérapie a transformé le
pronostic de nombreuses maladies
comme le lupus ou des vascularites.
De l’avis du Dr P. Roblot (Poitiers), il
faut toujours rechercher la posologie
minimale efficace et garder en
mémoire les effets secondaires,
notamment les complications infectieuses. En effet, certaines infections
sont particulièrement graves chez le
malade traité par corticoïdes, comme
la pneumocystose ou les sigmoïdites
diverticulaires.
La surveillance d’une corticothérapie
prolongée repose sur les paramètres
de l’inflammation : VS et les protéines
augmentées au cours de l’inflammation (protéine C réactive, orosomucoïde, fibrinogène...) ; lorsque ces
paramètres sont normalisés, une
décroissance de la corticothérapie est
habituellement proposée. En sachant
qu’il peut survenir un syndrome de
sevrage des corticoïdes (associant
une fièvre, des algies diffuses, une
asthénie et une anxiété), qui peut
être pris à tort pour une reprise évolutive de la maladie et conduire à une
augmentation injustifiée de la corticothérapie (des paramètres de l’inflammation restent normaux).
LC
Téléchargement