CINQUIÈME SUJET
L’AUGUSTINISME, UN CHRISTIANISME NÉOPLATONICIEN
Première philosophie de l'occident chrétien
Crois et tu comprendras ; la foi précède, l’intelligence suit.
Saint Augustin
Sermons
I D’AUGUSTIN À L’AUGUSTINISME
1 - L’augustinisme, une particularité dans l’histoire de la philosophie
2 - Le plus important philosophe médiéval alors qu’il n’appartient pourtant pas au Moyen-Âge
3 - Augustin d’Hippone, le plus philosophant des pères de l’église
4 - La pensée d’Augustin, construite par la pensée philosophique avant le christianisme
5 - Une pensée platonicienne mais sans avoir lu directement Platon
6 - L’illustration de cette évolution par l’iconographie augustinienne
II L’AUGUSTINISME, PREMIÈRE PHILOSOPHIE DE L'OCCIDENT CHRÉTIEN
1 - D’Augustin à l’augustinisme, la pensée d’Augustin façonnera le monde médiéval
2 - Un néoplatonicisme mais pas selon une orientation plotinienne
3 - Un christianisme interprété platoniciennement
4 - L’absence de distinction entre philosophie et théologie
5 - Platon comme autorité pour les choses relevant de la raison
6 - Un idéalisme platonicien qui servira de doctrine pour la théologie jusqu’au 12ème siècle
7 - Les principaux représentants de l’augustinisme
III L’AUGUSTINISME, QUELQUES PRINCIPES
1 - Un théisme trinitaire orthodoxe
2 - Le principe des deux mondes, l’un terrestre et l’autre céleste
3 - Un monde hiérarchisé, en hypostases de Dieu à l'homme
4 - Dieu est l'unique lumière dans les ténèbres
5 - La foi, le primat de la foi sur la raison - il faut croire pour comprendre
6 - La raison est l’œil de l’âme, Les soliloques
7 - La raison comme preuve de l’existence de l’âme
8 - La suprématie de la foi, la faiblesse de la raison, soumise à l’autorité de la révélation
9 - Il n'y a pas de place spécifique pour la raison philosophique, seul existe la lumière divine
10 - L’homme, marqué par le péché originel
11 - Une histoire axialisée, une théologie de l’histoire
12 - La dissociation de la chrétienté et de la romanité, La cité de Dieu
13 - Le modèle de la vie monastique, dans les Confessions
14 - L’idéal religieux terrestre, une béatitude platonicienne (le traité de La vie bienheureuse)
15 - La philosophie comme annonciatrice de la révélation, accomplie et dépassée par la révélation
IV LES RAISONS DU DÉVELOPPEMENT DE L’AUGUSTINISME DANS LE MONDE MÉDIÉVAL
1 - Peut-on donner une explication rationnelle de ce succès, au-delà de la factualité historique ?
2 - Une christianisme philosophisant, adapté à la situation post-antique du monde médiéval
3 - La possibilité de récupérer une partie de la philosophie antique
4 - La possibilité d’intégrer la “raison” de manière subordonnée dans la religion
5 - Un outillage théologique pour penser les éléments du dogme
6 - La possibilité d’une explication rationalisée sur le monde, ce que n’a pas le christianisme
7 - L’interprétation chutiste des hypostases néoplatoniciennes
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V CONCLUSION
1 - L’augustinisme, une doctrine chrétienne néoplatonisante
2 - Mais l’augustinisme n’est pas une philosophie, c’est un dogme chrétien contenant
des philosophismes néoplatoniciens
ORA ET LABORA
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Document 1 : La plus ancienne représentation connue de Saint Augustin au Latran, remontant au VIème
siècle.
Saint Augustin par Vittore Carpaccio (1460-1526).
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Document 2 : La pensée d’Augustin sur bien des points s’avère être une synthèse de platonisme et de
christianisme. Cette affirmation se trouve dès ces premiers écrits, notamment dans Contre les académiciens,
il affirme que c’est en fin de compte Dieu qui nous permet, dans notre quête de la vérité, de contempler
les réalités célestes, car la raison humaine est trop faible. On y perçoit aussi le rôle du platonisme, une
autorité pour la raison.
De quelque manière que je possède la sagesse, je vois que je ne la connais pas encore.
Cependant, n’étant encore qu’à ma trente-troisième année, je ne dois pas désespérer de
l’acquérir un jour ; aussi suis-je résolu de m’appliquer à la chercher par un mépris général
de tout ce que les hommes regardent ici-bas comme des biens. J’avoue que les raisons
des Académiciens m’effrayaient beaucoup dans cette entreprise; mais je me suis, ce me
semble, assez armé contre elles par cette discussion. Il n’est douteux pour personne que
deux motifs nous déterminent dans nos connaissances : l’autorité et la raison. Pour moi,
je suis persuadé qu’on ne doit, en aucune manière, s’écarter de l’autorité de Jésus-
Christ, car je n’en trouve pas de plus puissante. Quant aux choses qu’on peut examiner
par la subtilité de la raison (car, du caractère dont je suis, je désire avec impatience ne
pas croire seulement la vérité, mais l’apercevoir par l’intelligence), j’espère trouver chez
les platoniciens beaucoup d’idées qui ne seront point opposées à nos saints mystères.
Contre les académiciens
Saint Augustin
Document 3 : Dans le chapitre XII du livre VIII des Confessions, il relate les circonstances qui l'ont poussé à
abandonner l'enseignement pour une vie religieuse quasi-monastique. Selon ce qu’il raconte dans ce livre
d’édification de la foi, une voix l'aurait incité à prendre le livre de l'Apôtre Paul, l'ouvrir au hasard et lire le
premier passage venu, faisant ainsi de la bibliomancie. Il aurai lut alors : Point de ripailles ni de beuveries ;
point de stupre ni de débauches ; point de querelles ni de jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-
Christ et ne vous faites pas les pourvoyeurs de la chair dans ses convoitises.
Ainsi, disais-je, et je pleurais dans l'extrême amertume de mon cœur broyé. Et voici que
j’entends une voix venue de la maison voisine, celle d'un garçon ou d'une fille, je ne sais
qui, sur un air de chanson disait et répétait à plusieurs reprises : «Prends, lis ! Prends,
lis Et aussitôt, changeant de visage, je me mis à réfléchir intensément, en me
demandant si dans un jeu une telle ritournelle était habituellement en usage chez les
enfants. Mais, il ne me revenait pas de l’avoir entendue quelque part. Et, refoulant
l’assaut de mes larmes, je me levai, ne voyant d’autre interprétation à cet ordre divin que
l’injonction d’ouvrir le livre et de lire le premier chapitre sur lequel je tomberais. Je venais,
en effet, d'apprendre qu'Antoine avait tiré de la lecture de l'Évangile pendant laquelle il
était survenu par hasard un avertissement personnel comme si c'était pour lui qu’était dit
ce qu’on lisait : «Va, vends tout ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un
trésor dans les cieux. Viens, suis-moi», et qu’un tel oracle l'avait aussitôt converti à Toi.
Je me hâtai donc de revenir à l'endroit où Alypius était assis ; car c’est que j’avais posé
le livre de l'Apôtre quand je m'étais levé. Je le saisis, je l'ouvris, et je lus en silence le
premier chapitre sur lequel tombèrent mes yeux : «Point de ripailles ni de beuveries ;
point de coucheries ni de débauches ; point de querelles ni de jalousies. Mais revêtez-
vous du Seigneur Jésus-Christ et ne vous faites pas les pourvoyeurs de la chair dans ses
convoitises. Je ne voulus pas en lire davantage : je n’en avais plus besoin. Ce verset à
peine achevé, à l’instant même se répandit dans mon cœur une lumière apaisante et
toutes les ténèbres du doute se dissipèrent. Saint Augustin
Confessions
chapitre XII du livre VIII
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Document 4 : Les principaux représentants de l’augustinisme médiéval.
1 - Paul Orose (Vème siècle)
2 - Cassiodore
3 - Bede le vénérable (672-735)
4 - Alcuin d’York
5 - Jean Scot Erigene (800-876)
6 - Anselme de Cantorbery (1034-1109)
7 - Roscelin de Compiègne (1050 env.-apr. 1120)
8 - Guillaume de Champeaux (1070-1121)
9 - Gilbert de la Porée (1075?-1154)
10 - Bernard et Thierry de Chartres (12ème siècle, acmè vers 1130)
11 - Guillaume de Conches (1080-1150?)
12 - Roland de Crémone (1178-1259), dominicain
13 - Robert Kilwardby (1200-1279), dominicain
14 - Alexandre de Hales (1180-1245), franciscain
15 - Jean de la Rochelle (1200-1245), franciscain
16 - Saint Bonaventure (1217-1274)
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