P H A R M A C O L O G I E Apoptose et maladies neurodégénératives ! M. Pelletier*, F. M. Vallette* RÉSUMÉ. L’apoptose est un processus de mort cellulaire physiologique dont la dérégulation semble être impliquée dans de nombreuses pathologies, notamment dans les maladies neurodégénératives (MND). La transduction du message apoptotique est complexe et requiert plusieurs molécules à des niveaux divers de la cellule. Dans les MND, l'apoptose semble être l’aboutissement de dérèglements spécifiques à chacune de ces maladies. Dans le cas de la maladie d’Alzheimer, le peptide β-A1-42 ou les protéines préséniline-1 et -2 sont des acteurs potentiellement importants de l’apoptose. Dans le syndrome de Parkinson, ce sont plutôt le stress oxydatif et l'exocytotoxicité et, pour l’Huntington, une mutation sur le premier gène de la protéine huntingtine qui sont impliqués. Dans cette revue, nous traiterons des différents acteurs de l’apoptose et de leur implication dans ces différentes maladies. Mots-clés : Apoptose - Alzheimer - Parkinson - Huntington - Ischémie cérébrale. est un processus indispensable à l’homéo’ apoptose stasie tissulaire des métazoaires. Elle intervient dans la L suppression de cellules en surplus, endommagées ou âgées, dans les tissus sains tout comme lors de la maturation des organes, au cours de l’embryogenèse, notamment lors de la neurogenèse et de la fabrication de la mémoire immunitaire (1). Au cours du développement du système nerveux, l’apoptose s’observe dès la formation du tube neural et persiste jusqu’à la différenciation du réseau neuronal final. Plus de 50 % des neurones seraient perdus par ce processus, au cours du développement. Lors du vieillissement d’un individu, il arrive parfois que l’on observe des dérégulations de l’apoptose au niveau du système nerveux central (SNC), comme lors des maladies neurodégénératives (MND), où elle intervient de façon excessive. C’est cet aspect de l’apoptose que nous allons traiter dans cette brève revue. APOPTOSE ET NÉCROSE : LES DEUX FACES D’UNE MÊME MÉDAILLE ? L’apoptose et la nécrose sont deux modes de mort cellulaire classiquement décrits au cours de la perte neuronale pathologique (i.e. ischémie...). Malgré les différences que l’on peut observer entre ces deux processus, il semble de plus en plus probable qu’ils empruntent des voies moléculaires communes (2). L’apoptose est un processus de mort cellulaire, provoquée dans des conditions physiologiques. Elle implique, en fin de processus, une phagocytose par des macrophages ou par d’autres cellules adjacentes, sans pour autant provoquer une réponse inflammatoire. Les changements morphologiques et biochimiques des cellules apoptotiques se caractérisent par un rétrécissement cellulaire, un bourgeonnement de la membrane, une condensation de la chromatine, une fragmentation “en échelle” inter- et intra- * Unité INSERM 419, 44035 Nantes Cedex 01. La Lettre du Pharmacologue - Volume 15 - n° 9 - novembre 2001 nucléosomale de l’ADN, ainsi que par la formation de petites vésicules nommées corps apoptotiques. Lors d’une mort non physiologique causée par des substances toxiques ou d’autres traumatismes, on observe plutôt la nécrose, et cela généralement dans un groupe de cellules. L’altération des membranes cellulaires, l’absence d’utilisation d’ATP, la perte de l’homéostasie ionique et, enfin, le gonflement et la lyse cellulaires sont des caractéristiques de la mort nécrotique. Malgré l’ancienneté du processus, il n’existe pas de détails moléculaires sur le processus nécrotique, alors que l’apoptose a fait l’objet d’une intense recherche depuis sa découverte en 1972 (3). APOPTOSE : VOIES SIGNALÉTIQUES ET CASCADES DESTRUCTRICES L’induction du signal apoptotique Plusieurs causes peuvent initier le processus apoptotique. L’une des premières voies mises en évidence lors de l’étude du système immunitaire est l’activation par différents récepteurs de surface membranaire de la superfamille des gènes appartenant au Tumor Necrosis Factor, tels que Fas/APO-1/CD95R ou TNFR (figure 1). À cette famille de récepteurs correspond une famille de ligands (fasL, TNF...) qui activent, après fixation sur leurs récepteurs homologues, un processus apoptotique. Dans le cas du récepteur Fas, par exemple, l’association du ligand induit une trimérisation du récepteur permettant ainsi le recrutement des protéines cytoplasmiques FADD (Fas Associated Death Domain), qui se lient aux domaines intracellulaires ou domaines de mort du récepteur. FADD s’associe ensuite à une proenzyme appelée procaspase-8, permettant ainsi son oligomérisation et, par le fait même, son autoactivation (4). Les caspases sont les protéases impliquées dans le processus apoptotique ; elles sont classiquement divisées en caspases initiatrices, dont le rôle essentiel est d’activer des procaspases exécutrices (figure 2), responsables en majeure partie de la dégradation cellulaire observée au cours de l’apoptose. La caspase-8 correspond à une des quatre caspases initiatrices identifiées à l’heure actuelle (caspases-8, -9, -10 et -12) (5). D’autres types de récepteurs, comme les récepteurs à dépendance (p75NTR, 159 P H A R M A C O L O G I E Stress extracellulaires (privation de sérum, flux calcique infection virale, irradiation, etc.) Stimulus (FasL) Caspases initiatrices Récepteur de mort (Fas) Caspases Stimulus apoptotiques intrinsèques p53 ? Substrats Caspase-8 IETD Caspase-9 LEHD Caspase-10 ? Caspase-12 ? ? Bax Caspases Substrats Caspase-1 YVAD Caspase-4 (W/L) EHD Caspase-5 (W/L) EHD Caspase-13 ? FADD Bid Caspases inflammatoires Bci-2 caspase-8 (caspase initiatrice) ? caspase-9 activée (caspase initiatrice) Caspases exécutrices (caspase-3) Caspases exécutrices ? ? Ca2+ Procaspase-9 Apoptosome Calpaïnes Clivage de DFF-45, lamine ATP Caspases Substrats Caspase-2 Caspase-3 Caspase-6 Caspase-7 DEVD DEVD VEID DEVD APOPTOSE Figure 1. Représentation schématique des différentes voies de signalisation apoptotiques. Différents types de stress extracellulaire peuvent provoquer des stimulus apoptotiques intrinsèques. Ces derniers transitent par des effecteurs comme Bax, via p53, qui induisent l’éjection du cytochrome c de la mitochondrie. Il y a ensuite formation d’un apoptosome, puis l’activation des caspases exécutrices et la destruction cellulaire. Il existe en plus des voies alternes, comme celles passant par Bid ou encore par le calcium libre et les calpaïnes. L’activation des différents récepteurs provoque une autoactivation des caspases-8, qui activent à leur tour des caspases exécutrices. DCC, RET…) peuvent induire l’apoptose. Leur mode d’action n’est pas encore très bien connu, mais il semblerait qu’ils activent les caspases d’un façon différente des récepteurs de la famille TNF et de l’apoptosome (6). L’apoptose peut également être induite par des inhibiteurs de protéines kinases ou phosphatases, par un stress oxydatif (ROS, NO), par une irradiation ou d’autres causes pouvant affecter l’ADN et, ainsi, impliquer la p53, ou encore par un changement dans l’homéostasie calcique, en provenance d’organites (mitochondries, réticulum endoplasmique [RE]) et/ou de l’espace extracellulaire (après exposition à certains neurotransmetteurs). Dans tous ces cas, la mitochondrie joue le rôle d’organite central dans l’apoptose conduisant à l’activation d’une autre caspase initiatrice, la caspase-9 (figure 1). De plus, il faut noter que certaines voies d’induction impliquant des flux calciques au niveau du RE mettraient en jeu la caspase-12 (7). La mitochondrie La mitochondrie a un rôle central dans la transduction du message apoptotique : dans la majorité des cas, elle constitue un passage obligé, mais parfois, seulement un lieu de potentialisation de l’apoptose (figure 1). Au cours de ce type de mort 160 Figure 2. Représentation schématique des trois grands groupes de caspases. Les caspases initiatrices les plus connues sont les caspases8 et -9. Elles sont spécifiques par la séquence de leur substrat. Les caspases inflammatoires sont moins importantes dans l’apoptose que dans les réactions inflammatoires. Le troisième groupe, les caspases exécutrices, est responsable de l’amplification de la cascade apoptotique et de la destruction de la cellule. cellulaire, on observe une perturbation dans la chaîne de transport d’électrons, dans la phosphorylation oxydative et aussi dans la production d’ATP. Certaines molécules activatrices des protéases de la famille des caspases, comme le cytochrome c, les protéines Smac/Diablo et même certaines procaspases (caspases-2, 3 et 9), ou indépendantes des caspases, l’AIF (Apoptosis-Inducing Factor), sont libérées de la mitochondrie après l’induction d’apoptose et amplifient la transduction du signal de mort. La quantité de cytochrome c contenue dans la cellule pourrait déterminer s’il y a apoptose ou nécrose ; avec assez de cytochrome c pour maintenir le transport d’électrons, la consommation d’oxygène et la production d’ATP à un niveau assez élevé, la cascade apoptotique peut avoir lieu. En revanche, s’il existe une chute trop importante de la production énergétique, un processus de type nécrotique sera favorisé (2). Lors de l’apoptose, on remarque souvent un effondrement du potentiel de membrane mitochondrial (∆Ψm), où serait impliqué le pore mitochondrial de transition de perméabilité (PTP). Il se composerait d’un ensemble de protéines réparties dans les deux membranes de la mitochondrie. On retrouve dans la membrane externe le VDAC (Voltage-Dependent Anion Channel) ainsi que le PBR (Peripheral Benzodiazepin Receptor) et, dans La Lettre du Pharmacologue - Volume 15 - n° 9 - novembre 2001 P la membrane interne, l’ANT (Adenine Nucleotide Translocator) (8). Cependant, seules des molécules ≤ 1,5 kD peuvent passer par ce canal. Le cytochrome c (14 kD) et l’AIF (57 kD) ne pouvant pas transiter par ce canal, deux hypothèses peuvent être émises concernant leur éjection de la mitochondrie. La première considère que le cytochrome c passerait par un canal ouvert, la membrane externe restant donc intacte. La deuxième hypothèse impliquerait le gonflement de la matrice et donc, la rupture transitoire de la membrane externe (3). Les oncoprotéines de la famille Bcl-2 Il existe une famille de gènes codant pour des protéines impliquées dans la régulation de l’apoptose, de par la formation d’homo- et d’hétérodimères, qui agiraient sur la mitochondrie. Ces protéines constituent un premier moyen de contrôle de l’apoptose. Leur famille, d’une vingtaine de membres, se divise en deux grandes classes : les protéines antiapoptotiques comme Bcl-2, Bcl-XL, Mcl-1, CED-9, etc., et celles proapoptotiques, telles que Bax, Bak, Bid, Bad, Bcl-XS, etc. (figure 3). C’est l’équilibre entre les protéines antiapoptotiques et les protéines proapoptotiques qui pourrait déterminer le sort de la cellule. Toutes les protéines de cette famille possèdent des motifs consensus qui sont, en fait, des domaines d’homologie de Bcl2, BH1 à BH4 (Bcl-2 homology domain). Une très grande majorité des protéines favorisant la survie cellulaire compor- α1 α2 BH4 ***BH3 a b c α3 α4 α5 α6 BH1 α7 BH2 d Bcl-2 Bcl-XL Bax Bak Bad Bax Bcl-Xs Bik Bim Bid a : docking ; b : phosphorylation ; c : ligand ; d : pore. Figure 3. Protéines de la famille Bcl-2. Les protéines Bcl-2, Bcl-XL et Mcl-1 sont antiapoptotiques. Elles comportent les domaines d’homologie BH1 à BH3 dans la majorité des cas, ainsi qu’une extrémité C-terminale transmembranaire (TM). Les protéines proapoptotiques se divisent en deux sous-classes : Bax, Bak et Bad possèdent les domaines d’homologie BH1 à BH3. En revanche, Bid, Bim et Bik font partie de la sous-classe BH3 et ne comportent que ce domaine d’homologie. La Lettre du Pharmacologue - Volume 15 - n° 9 - novembre 2001 H A R M A C O L O G I E tent les domaines BH1 et BH2. En revanche, parmi les protéines incitant à la mort cellulaire, on trouve deux types de protéines. La sous-classe Bax comprend des éléments comme Bax, Bak et Bok, qui comportent les domaines BH1, BH2 et BH3. Une dernière sous-classe est composée de protéines comme Bik, Bad, Bid, qui ne contiennent que le domaine BH3 (9). Bcl-2 est exclusivement une protéine membranaire ; elle se fixe sur la face cytoplasmique de la membrane externe mitochondriale (en majorité), du réticulum endoplasmique (RE) et du noyau, grâce à son domaine d’ancrage situé à l’extrémité C-terminale, caractéristique de la majorité des protéines antiapoptotiques. Cette protéine peut inhiber la libération du cytochrome c (10) et contrôler également les flux calciques. Bcl-XL se répartit différemment dans la cellule : une portion significative est présente dans le cytosol, mais on en retrouve également sur les membranes. Sa structure ressemble au domaine d’insertion membranaire de toxines bactériennes, en particulier les hélices α5 et α6, situées à cheval sur les domaines BH1 et BH2. Les protéines possédant ces deux domaines seraient susceptibles de former des pores dans les membranes. Bax est une protéine cytosolique, mais elle devient membranaire suite à un signal apoptotique. Contrairement à Bcl-2, l’extrémité C-terminale de Bax ne semble pas être un signal d’adressage ou d’ancrage (11). Dans le cas de Bid, il s’agit d’une protéine cytosolique lorsqu’elle est non clivée, en conditions non apoptotiques. Après une activation de type Fas/FasL, Bid est clivée directement par la caspase-8. Cette forme tronquée (tBid) se translocalise et semble se fixer solidement sur la mitochondrie. L’apoptosome La présence du cytochrome c dans le cytosol revêt une grande importance dans la suite des événements conduisant à la mort cellulaire programmée (figure 1). Il participe à l’élaboration de l’apoptosome (l’association transitoire de molécules) en un agrégat, résultant en l’activation de protéases exécutrices de l’apoptose. À nouveau, plusieurs hypothèses sur sa composition ont été émises. D’après l’équipe de Dixit, sous forme inactive, il se composerait d’une protéine antiapoptotique de la famille Bcl-2, Bcl-XL, liée à son extrémité C-terminale à la mitochondrie et, en N-terminale, à une molécule activatrice, l’Apaf-1. La procaspase-9 se lierait sur l’extrémité N-terminale d’Apaf-1 pour former un complexe ternaire (12). Lors de l’activation de molécules proapoptotiques, comme Bax ou Bak, le détachement de Bcl-XL de l’apoptosome semble favoriser la libération du cytochrome c de l’espace intermembranaire de la mitochondrie vers le cytosol. S’ensuit la mobilisation du cytochrome c sur l’apoptosome. Ainsi, l’apoptosome actif est constitué d’un regroupement d’au moins quatre molécules : l’Apaf-1, l’ATP ou le dATP, le cytochrome c et la procaspase-9. Une deuxième hypothèse avance que l’Apaf-1 hydrolyserait tout d’abord l’ATP et favoriserait son oligomérisation avec le cytochrome c en un complexe multimérique. La caspase-9 serait ensuite recrutée sur cet amas dans un ratio de un pour un avec 161 P H A R M A C O L O G I E l’Apaf-1 (13). Une fois recrutée sur l’Apaf-1, la caspase-9 est activée et transduit la cascade apoptotique. Contrairement aux caspases exécutrices, elle n’aurait aucun besoin de se cliver en plusieurs parties pour être effective. Les caspases exécutrices L’activation des caspases initiatrices (caspases-8 et -9) permet l’initiation de la cascade de destruction cellulaire. Les acteurs principaux de cette phase sont les caspases exécutrices. Elles sont formées de trois sous-unités, mais sont présentes dans le cytosol des cellules non apoptotiques sous forme de zymogènes (figure 4). La plus grande sous-unité contient le site actif de la caspase, QACXG, et la petite sert à la réorganisation de la caspase en une enzyme active. Il existe également un prodomaine, souvent plus court chez les caspases exécutrices que chez les initiatrices, éliminé lors de l’activation. Lorsqu’il y a induction d’apoptose, la grande et la petite sous-unité se réorganisent en hétérotétramères. Dans le cas de la caspase-3, il a été montré que ces deux clivages étaient successifs. Le premier se ferait à un site spécifique pour les caspases-8, IETD, soit entre la petite et la grande sous-unité. L’élimination du prodomaine viendrait en deuxième lieu, au site ESMD, spécifique pour les caspases-3, ce qui indiquerait un autoclivage (14). Quatorze caspases ont été identifiées à l’heure actuelle. On les divise en trois groupes : quelques-unes d’entre elles sont impliquées dans les réactions inflammatoires (1, 4, 5, 13), les autres, dans la transduction de l’apoptose (figure 2). Les caspases-8, -9, -10 et -12 (initiatrices) se situent en amont des caspases-2, -3, -6 et -7 (exécutrices), mais souvent, on les classe par spécificité pour leurs substrats (tableau I [seules les caspases les plus connues sont représentées dans ce tableau]) (4). Il existe, au niveau de cette phase d’exécution, un autre moyen de contrôle de l’apoptose que celui de la famille de protéines Bcl-2. En fait, il s’agit d’une autre famille de protéines inhibitrices de caspases, les IAP (Inhibitor of Apoptosis Protein) (15). Elles possèdent un domaine répété et hautement conservé, d’environ 70 acides aminés : BIR (Baculoviral Inhibitory Repeat). Six membres des IAP humaines ont été identifiés, soit NAIP, c-IAP1/HIAP-2, c-IAP2/HIAP-1, XIAP/hILP, Survivin et BRUCE. Elles n’agissent que sur les caspases-3 et -9. La liaison et l’inhibition des caspases-3 et -7 par XIAP, c-IAP1, c-IAP2 et Survivin nécessitent leur transformation en une forme active. Dans le cas de la caspase-9, puisqu’elle ne nécessite pas de clivage pour être active (16), les IAP fixent aussi bien la proforme que celle activée. Les caspases exécutrices possèdent plusieurs substrats, comme d’autres caspases, mais également des composants cellulaires tels que la lamine, certaines DNAses, SREBP, PARP, etc. Procaspase-3 32 kD Site actif QACXG ESMD28 N-terminal IETD175 S p3 p17 p12 ProGrande domaine sousunité p3 Petite sousunité p20 p17 + C-terminal (277 a.a.) p12 p17 p12 p12 p17 Figure 4. Mode d’activation de la procaspase-3. Le zymogène de 32 kD est clivé entre la petite (p12) et la grande (p17) sous-unité, au site IETD. La caspase-3 s’autoactive ensuite en se clivant au site ESMD, pour éliminer le prodomaine de la grande sousunité. Sa forme active finale est un hétérotétramère contenant deux sites actifs QACXG dans chacune des p17 et deux p12 régulatrices. 162 Les calpaïnes dans l’apoptose Les voies classiques de l’apoptose impliquent pratiquement toujours les caspases. Cependant, il existe des voies comprenant également des calpaïnes. Ce sont des protéases de la famille des cystéinyl/thiol activées par le calcium, qui comportent six isoformes tissus-spécifiques (n-calpaïnes) et deux isoformes ubiquistes (µ-calpaïne et m-calpaïne). La µ-calpaïne (ou calpaïne I, ou encore CANP-I) possède une affinité relativement élevée pour le calcium et se situe d’une façon prédominante dans les neurones, plus précisément dans les dendrites et les corps cellulaires. La m-calpaïne (ou calpaïne II, ou encore CANP-II) lie le calcium avec une affinité plutôt faible et se situe, pour sa part, dans les axones et les cellules gliales. La proenzyme de la calpaïne est constituée en hétérodimères : une sous-unité catalytique de 80 kD, spécifique à chaque isomère, et une sous-unité régulatrice de 30 kD commune à tous les isomères. Le site catalytique contient des résidus cystéine et histidine. Leur activation se fait à la suite d’une augmentation de calcium libre intracellulaire et leur inhibition par une protéine inhibitrice (la calpastatine) ou par une diminution du niveau de calcium. Une fois activées, la sous-unité de 80 kD est clivée en 78 kD puis 76 kD, et celle de 30 kD, en 18 kD. Malgré le fait que leur mode d’activation soit en partie connu et qu’elles intègrent la famille des protéases à cystéine active, tout comme les caspases, il n’est pas évident de savoir si ces dernières travaillent de concert ou indépendamment au cours de l’apoptose. La Lettre du Pharmacologue - Volume 15 - n° 9 - novembre 2001 P H A R M A C O L O G I E Tableau I. Spécificité des sites de clivage interne des caspases les plus connues ainsi que ceux correspondant à leurs substrats. Caspases Autres noms X du site actif (QACXG) Site de clivage entre la grande et la petite sous-unité Motifs de clivage de différents substrats Substrats correspondants YVHD-A Pro-IL-1ß DEVD-(G/N) ; DGPD-G ; DMQD-N ; DELD-S ; DEPD-S ; DEAD-G DXXD PARP/DNA-PK U1-70 kD Protéine kinase C D4-GDP DI SREBP-1 et 2 Rb Huntingtine Caspase-1 ICE R WFKD-S ; FEDD-A Caspase-2 Nedd2, ICH-1 R DQQD-G ; EESD-A Caspase-3 CPP32, Yama, apopaïne R IETD-S Caspase-4 ICErel II, TX, ICH-2 R WRVD-S ; LEED-A Caspase-5 ICErel III, TY R WRVD-S ; LEAD-S Caspase-6 Mch2 R DVVD-N ; TEVD-A VEID-N Lamine A Caspase-7 Mch3, ICE-LAP3, CMH-1 R IQAD-S DEVD-G ; DEPD-S PARP SREBP-1 et 2 Caspase-8 MACH, FLICE, Mch5 Q VETD-S ; LEMD-L (I/L) ETD- ? Caspase-9 ICE-LAP6, Mch6 G DQLD-A LEHD- ? Caspase-10 Mch4 Q SQTD-V ; IEAD-A APOPTOSE ET MALADIES NEURODÉGÉNÉRATIVES Maladie d’Alzheimer La maladie d’Alzheimer (MA) touche 50 à 60 % des personnes atteintes de maladies neurodégénératives. Il existe des formes héréditaires (génétiques) et sporadiques de cette maladie. Elle se caractérise par une perte progressive de la mémoire à court terme puis à long terme, par une diminution des capacités intellectuelles et, parfois, par des troubles moteurs. Les régions du cerveau les plus touchées sont le cortex rhinal et l’hippocampe, impliqués dans les processus de mémorisation, au sein desquels les neurones cholinergiques sont particulièrement sensibles à l’apoptose. Les caractéristiques majeures retrouvées dans ces zones de mort sont un dépôt important de peptides β-amyloïde (βA), composant des plaques séniles, ainsi qu’une dégénérescence neurofibrillaire. Dans les formes héréditaires de la MA, on retrouve une mutation de cette protéine sur le chromosome 21 (mutation de type Swedish) (17). Plusieurs protéines ont été identifiées comme faisant partie du mécanisme de mort, mais on ne connaît pas encore complètement leur rôle. Un des composants principaux des plaques séniles, le βA, résulte du clivage de l’APP (Amyloid Precursor Protein). La majorité de l’APP est clivée par l’α-sécrétase, ce qui génère un grand fragment se libérant de la membrane. L’APP peut également être clivée sur deux autres sites, β et γ, à l’intérieur d’un domaine intramembranaire. Le βA1-40 ainsi formé et sécrété dans l’espace extracellulaire est présent dans le cerveau dans des conditions normales. En revanche, le βA1-42 tend à polymériser en fibrilles et se retrouve en grande quantité dans la MA. Au cours de l’apoptose, l’APP peut être clivée par la caspase-3 à trois endroits possibles : deux sur le domaine La Lettre du Pharmacologue - Volume 15 - n° 9 - novembre 2001 extracellulaire et un (VEVD) dans la queue intracellulaire. Après un clivage au site VEVD, l’APP obtenue semble plus sensible à la production de βA. De plus, lors de l’induction de l’apoptose, par ajout de peptides βA1-42 au sein de cultures neuronales primaires, on constate une diminution de la protéine antiapoptotique Bcl-2, ainsi qu’une augmentation de la protéine proapoptotique Bax (18). Le βA est également impliqué dans d’autres phénomènes conduisant à la mort neuronale, comme une augmentation substantielle de calcium dans le cytosol. La caspase-3 et la calpaïne étant toutes deux activées par le calcium, et l’APP étant elle-même un substrat de ces protéases, on peut en déduire que le calcium est éventuellement un amplificateur de la voie apoptotique. Les présénilines 1 et 2 sont également impliquées dans les formes sporadiques et génétiques de cette maladie. Dans cette dernière forme, on retrouve une mutation de la préséniline-1 (PS1) sur le chromosome 14 et de la préséniline-2 (PS2) sur le chromosome 1. Ordinairement, les protéines PS1 et PS2, de 5254 kD, sont localisées dans les membranes du noyau, du RE, de l’appareil de Golgi et très peu dans les membranes plasmiques des neurones, puis elles sont clivées en protéines matures de 25-28 kD et 16-19 kD. Cependant, au cours de l’apoptose, la caspase-3 reconnaît d’autres sites qui lui sont spécifiques et donne lieu, pour la PS2, à des protéines de 34 kD en N-terminale et de 20 kD en C-terminale. Ces nouveaux peptides sont retrouvés en très grand nombre dans les formes familiales de la MA (FMA). De plus, on constate que la quantité de peptide βA1-42 est augmentée dans la FMA, grâce aux PS mutées (19). 163 P H A R M A C O L O G I E Des thérapies utilisant des inhibiteurs de caspases sont envisagées chez l’homme pour aider à réduire les dommages causés au cerveau lors de la MA. Maladie de Parkinson La maladie de Parkinson (MP) se caractérise par la dégénérescence des neurones dopaminergiques de la substance noire pars compacta couplée à des inclusions intracytoplasmiques nommées “corps de Lewy”. Cette mort cellulaire provoque une déficience en dopamine (DA) dans les régions innervées par ces cellules, soit le putamen et le noyau caudé (dans le corps strié). Quelques-uns des symptômes de cette maladie sont des tremblements, une lenteur des mouvements (bradykinésie) et une rigidité du corps. Cette pathologie neurodégénérative est la deuxième en importance après la MA. Il existe plusieurs facteurs pouvant influencer le développement de la MP, comme des herbicides, des produits chimiques industriels ou encore de la pâte à papier émanant d’usines, mais aucune toxine spécifique n’a été retrouvée dans le cerveau de parkinsonien. Il faut cependant considérer que 5 à 10 % de ces patients ont une forme familiale, autosomique dominante. Il a été observé qu’une drogue chimique appelée 1,2,3,6-méthyl-phényl-tétrahydropyridine (MPTP) provoquait des syndromes semblables à ceux de la MP, aussi bien cliniques que pathologiques. C’est la conversion du MPTP en ion pyridinium (MPP+), dans les astrocytes, qui le rend toxique. Le MPP+ est d’ailleurs très employé dans l’étude de l’apoptose au sein de la MP. Cette drogue agit en fait en inhibant le complexe I de la chaîne respiratoire de la mitochondrie. Il faut mentionner qu’une diminution d’activité de 30 à 40% de ce complexe a été observée chez les patients atteints de MP (20). Des expériences réalisées sur différentes cellules neuronales ou lignées cellulaires, soumises à des concentrations variées de MPP+, ont révélé que la mort cellulaire pouvait aussi bien être due à l’apoptose qu’à la nécrose. Cependant, la neurotoxicité de nature apoptotique conduit à une activation de protéase de type caspase-3 qui, par conséquent, pourrait être bloquée par différents inhibiteurs de caspases (21). De plus, il a été montré que des souris déplétées en Bax étaient plus résistantes à la neurotoxicité provoquée par le MPTP que les souris témoins. Étant donné que Bax semble jouer un rôle important dans ce processus de mort, il pourrait éventuellement servir comme cible thérapeutique (22). Un autre type de toxicité peut être envisagé dans la neurodégénérescence de la MP. Il implique, en fait, une trop forte excitation (“exocytotoxicité”) des récepteurs à glutamate, nombreux sur les neurones dopaminergiques, ce qui a pour effet de générer un influx de calcium dans la cellule, induisant donc la mort cellulaire (20). Pour déterminer si la mort cellulaire dans la MP était plutôt apoptotique ou nécrotique, des analyses du clivage de l’ADN ont été effectuées sur des cerveaux de parkinsoniens postmortem. Un profil de coupure en échelle de l’ADN, spécifique à l’apoptose, a été obtenu. En outre, il a été observé que le 164 niveau d’expression de Bcl-2 est altéré dans les neurones survivants de cerveaux de personnes atteintes de la MP. Des études encore plus récentes démontrent l’implication éventuelle du calcium dans l’apoptose de cellules dopaminergiques. En effet, les différentes zones de mort cellulaire massive dans des cerveaux de parkinsoniens ont été caractérisées à partir de marquages immunohistologiques avec des anticorps contre la calbindine D28K. Cette dernière est une protéine soluble intracellulaire, constituant de la superfamille des protéines liant le calcium avec une grande affinité. Il a été montré que ces différentes zones de mort n’avaient pratiquement pas de calbindine D28K, mais qu’elles contenaient de petites poches de cellules intactes qui, elles, en recèlent plus que la normale (23). La calbindine D28K aurait-elle un rôle protecteur contre l’apoptose causée par le calcium ? Maladie de Huntington Une autre des maladies neurodégénératives encore peu connues à l’heure actuelle est la maladie de Huntington (MH). Il s’agit d’une pathologie héréditaire à caractère dominant, causée par une mutation sur le petit bras du chromosome 4. Elle se caractérise par un changement progressif du comportement, des déficiences cognitives, un manque de coordination dans la motricité et des mouvements involontaires choréiques. Le site majeur de cette pathologie est le corps strié (striatum), où 90 % des neurones sont perdus. La mutation observée dans la MH correspond au prolongement de la répétition des trinucléotides CAG sur l’exon 1 du gène codant pour la protéine huntingtine. Les individus qui ne sont pas atteints de la MH ne possèdent que 6 à 34 répétitions CAG, alors que les patients atteints de cette pathologie ont entre 36 et 120 répétitions. Cette élongation se traduit par une expansion de polyglutamine dans la région N-terminale de la protéine. Les mutants de la huntingtine s’agrègent par leur extrémité N-terminale modifiée et forment des inclusions nucléaires dans les neurones striés et corticaux. Le mécanisme à travers lequel les mutants de la huntingtine provoquent la neurotoxicité est encore inconnu. Néanmoins, des hypothèses sur la participation des récepteurs au glutamate, de type NMDA (N-méthyl-D-aspartate), induisant une exocytotoxicité, ont été émises (24). Bien qu’on ne connaisse pas exactement les voies apoptotiques impliquées dans la MH, les caractéristiques propres à l’apoptose ont été observées dans les cellules contenant la protéine huntingtine, sauvage ou mutée. Des inhibiteurs de caspases ont été testés sur ces mêmes cellules. Le Z-VAD-fmk, inhibiteur irréversible de la majorité des caspases, semble augmenter la survie, mais pas diminuer les inclusions nucléaires et cytoplasmiques. En revanche, le Z-DEVD-fmk, inhibiteur des caspases exécutrices -2, -3 et -7 (tableau I), n’augmente pas la survie des cellules, mais réduit les inclusions nucléaires et cytoplasmiques (25). Saudou et al. ont également mis en évidence le fait que la perte sélective des neurones du corps strié est de nature apoptotique (26). D’autre part, on a observé que le modèle de souris transgéniques pour la MH, comprenant en La Lettre du Pharmacologue - Volume 15 - n° 9 - novembre 2001 P outre une mutation dominante négative pour la caspase-1, augmentait considérablement leur survie et diminuait les inclusions neuronales (27). Ischémie cérébrale Il est assez difficile de caractériser ainsi que de localiser la mort des cellules dans l’ischémie. Leur vulnérabilité dépend des récepteurs membranaires et des connexions intrinsèques qu’elles possèdent. Dans l’hippocampe, ce sont les régions CA1, CA2 puis CA3 qui sont les plus touchées (en ordre décroissant), tandis que dans le cerveau entier, les parties les plus vulnérables à l’ischémie sont les couches 2, 3 et 5 du néocortex, le corps strié et la substance noire pars rediculata. La profondeur et la durée de l’ischémie déterminent la rapidité et le type de mort neuronale. Si l’ischémie est transitoire ou moins sévère, des changements morphologiques de type apoptotique sont observés. Dans la forme globale, la mort neuronale paraît souvent en différé. Dans les cas d’ischémie focale, le traumatisme se localise dans une seule région du cerveau. On observe, cependant, une zone centrale où la mort cellulaire est dense, et autour de celle-ci, une “zone de pénombre” où les cellules sont vivantes, mais fonctionnellement silencieuses. Leur sort dépend alors beaucoup de la gravité de l’ischémie et des variations ultérieures du débit sanguin. Dans l’ischémie globale transitoire, l’activation de caspases ou l’inhibition de la mort cellulaire par l’ajout d’inhibiteurs de caspases ont pu être observées à maintes reprises. Des neurones CA1 de gerbille ont presque entièrement été protégés de la mort à l’aide d’un inhibiteur de caspases, autre que la caspase-1. Une expérience semblable faite chez le rat a démontré 40 % de survie des neurones CA1 3 jours après l’ischémie, et 20 % 7 jours après (28). De plus, l’équipe de J.C. Reed a observé une libération de caspase-9 de la mitochondrie lors d’une apoptose neuronale in vitro et de l’ischémie cérébrale. D’autres changements biochimiques peuvent démontrer la présence de l’apoptose dans l’ischémie globale : les protéines proapoptotiques Bax et Bcl-XS sont exprimées dans les cellules CA1, vulnérables à la mort. En plus de ces caractéristiques biochimiques, dans plusieurs cas d’ischémie, la coupure en échelle de l’ADN a été observée. Lors d’une ischémie focale, les neurones apoptotiques apparaissent de préférence tôt après le choc ischémique et semblent prédominer sur la nécrose dans les régions où l’agression est la moins sévère (pénombre). Le ratio de cellules apoptotiques/nécrotiques dans la zone de pénombre est de 9/1 en comparaison avec la zone d’ischémie dense, où il est de 1/1 (28). Toutes ces évidences nous amènent à reconnaître l’existence de l’apoptose dans l’ischémie. Cependant, il est difficile de déterminer les cellules qui meurent de cette façon plutôt que par nécrose ; peut-être parce que ces deux processus sont intimement liés ? Un des mécanismes importants de l’ischémie est l’arrivée massive de calcium de l’espace extracellulaire, par canaux calciques voltage ou récepteurs (glutamate)-dépendants. Il n’y a pas si longtemps, la “calcitotoxicité” était seulement considéLa Lettre du Pharmacologue - Volume 15 - n° 9 - novembre 2001 H A R M A C O L O G I E rée comme inductrice de nécrose. Toutefois, depuis quelques années, on considère qu’elle participe également à l’activation de DNAses et de caspases au cours de l’apoptose. Ainsi, des activités de type caspase-3 ont été observées dans des cytosols de cellules additionnés de 0,5 mM de CaCl2 (29). Après une ischémie globale, un traitement préventif avec des inhibiteurs de caspases et/ou de calpaïnes démontre une inhibition de l’apoptose dans les cellules CA1 de l’hippocampe. La synergie des effets d’inhibiteurs de caspases et de calpaïnes dans la protection des neurones contre la mort dans l’ischémie suggère une interaction entre ces deux protéases au cours de l’apoptose. CONCLUSION Dans toutes ces maladies neurodégénératives et dans bien d’autres encore, les causes et les processus biochimiques de la mort neuronale ne sont pas très bien connus. L’apoptose et la nécrose sont probablement toutes deux impliquées dans ces différentes maladies, mais il est difficile de déterminer le rôle et la place de chacune d’elles. Ainsi, le contrôle de l’apoptose par inhibiteurs de caspases, par exemple, peut s’avérer une solution certes, mais seulement partielle. Cependant, en bloquant la mort et en stimulant la repousse des neurones, il faut faire attention à ne pas favoriser la nécrose et provoquer ainsi une inflammation trop importante, ou tomber dans l’autre extrême, soit la génération de tumeurs. C’est pourquoi la compréhension des mécanismes régissant l’apoptose nécessite des études approfondies, que ce soit pour comprendre des phénomènes normaux ou pathologiques de mort cellulaire. De ce fait, il serait probablement plus efficace de trouver la cause de ces dégénérescences, c’est-à-dire ce qui déclenche la mort neuronale, afin d’agir directement sur leur survie. Pour cela, il faudrait trouver des moyens pour détecter le plus précocement possible ces différentes maladies. " R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Jacobson MD, Weil M, Raff MC. Programmed cell death in animal development. Cell 1997 ; 88 : 347-54. 2. Green DR, Reed JC. Mitochondrial and apoptosis. Science 1998 ; 281 : 130912. 3. Kerr JF, Wyllie AH, Currie AR. 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