(Chanoine E. J. Mahoney, Priests’ Problems, éd. par le Rév. L. L. McReavy [New
York, NY: Benziger Brothers, Inc., 1958], p. 440)
Enfin, la notoriété, qui exprime non seulement le caractère public du délit, mais aussi
la culpabilité de l’intéressé, découle très logiquement de ce qui précède, dans la mesure où il
est clair qu’une fois que l’on sait (qu’il est « public ») qu’une hérésie a été commise par
quelqu’un connaissant manifestement la Foi en long et en large, en particulier du fait des
fonctions que cet individu est réputé exercer, il est tout aussi certain que la culpabilité de cet
individu est réelle, car elle est inexcusable (c’est pourquoi, selon saint Robert Bellarmin, on a
pu légitimement penser que le Pape Libère avait perdu son office), et les « contre-exemples »
risibles que Salza donne ensuite à cet égard ne font que le souligner avec plus de force encore.
Mais Salza commence par recycler l’ancienne citation – souvent faite à contresens –
de saint Robert Bellarmin concernant la légitimité d’une résistance à un Pape qui « essaye de
détruire l’Église ». Cette fois, pourtant, l’argument est présenté sous un jour nouveau, puisque
Salza écrit ceci :
« … même si un Pape « essaye de détruire l’Église », la notoriété n’en est pas
présumée, mais le Pape est reconnu comme occupant validement son poste […] Saint
Robert reconnaît qu’un vrai Pape peut attaquer volontairement le Corps Mystique,
nuire aux âmes et même tenter de détruire l’Église sans que l’on puisse présumer qu’il
est un hérétique public ayant déchu de son poste. »
(Salza, « Présomption », p. 1 ; soulignement de l’auteur.)
Il est facile de répondre à cet argument : attaquer le Corps Mystique, nuire aux âmes
ou essayer de détruire l’Église, ce n’est pas en soi un signe de dépravation hérétique, car on
peut le faire par haine et non pas incroyance. Ces péchés sont assurément très graves, mais
non pas incompatibles par nature avec l’appartenance à l’Église comme le sont l’apostasie,
l’hérésie et le schisme.
Si M. Salza voulait donner l’impression d’exposer et de suivre fidèlement les
enseignements de saint Robert Bellarmin, pourquoi n’a-t-il pas extrait du même ouvrage la
citation que voici :
« Puis, deux ans après, [le Pape] Libère devint lapse, ce dont nous avons parlé ci-
avant. Alors, en effet, les membres du clergé romain, dépouillant Libère de sa dignité
pontificale, se tournèrent vers Félix, qu’ils savaient [à ce moment-là] être un
catholique. Félix devint donc le vrai Pape. Car bien que Libère ne fût pas un hérétique,
on le considérait néanmoins comme tel à cause de la paix qu’il avait conclue avec les
ariens, et du fait de cette présomption [Aïe ! – Gregorius], le pontificat put
légitimement lui être retiré, car nul n’est tenu ni capable de lire dans les cœurs, et
lorsqu’on voit – aux œuvres extérieures d’un homme – qu’il est un hérétique, on le
juge et le condamne comme tel, purement et simplement. »
(Saint Robert Bellarmin, De Romano Pontifice, lib. IV, c. 9, n° 15)
Cela est tout à fait conforme au simple bon sens. Les gens se comportent d’ordinaire
selon leurs croyances, et ce qu’ils ont en tête se manifeste extérieurement par leurs actes. Sauf
preuve du contraire, ils sont présumés n’avoir aucune circonstance atténuante.