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Fondateur : Serge Benattar Zal
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ISSN 0291 1159
EREZ LICHTFELD
N° 1407 - JEUDI 6 OCTOBRE 2016
www.actuj.com
Ptit Déj’ avec le grand rabbin de France Haïm Korsia
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Ptit Déj’ exclusif avec
Propos recueillis par Laëtitia Enriquez et Catherine Garson
Reportage photos d’Erez Lichtfeld, dans le cadre agréable
du restaurant « Le Charkoal », 164 rue de Paris, 94220 Charenton-le-Pont.
Tél. : 01 56 29 18 18.
Pour la troisième année consécutive, le grand rabbin
de France Haïm Korsia s’est prêté au rituel d’Actualité
Juive, celui du P’tit déj organisé en sa compagnie. Un
rituel que notre journal avait instauré du temps du grand
rabbin Joseph Sitruk, z’l, et auquel nous ne pouvons
que rendre hommage encore. Le P’tit déj d’Actualité Juive
représente ainsi ce moment convivial qui permet,
comme tout un chacun avant les fêtes de Tichri, de faire
un bilan de l’action de l’année écoulée et d’esquisser
les engagements souhaités pour l’année à venir.
Haïm Korsia
Le grand rabbin de France
Faisons ce que
nous savons le mieux
faire, à savoir servir
l’Éternel dans la joie
et l’allégresse
Exclu
Actu.J
EREZ LICHTFELD
: Le grand rabbin Sitruk nous
a quittés, il y a deux semaines. Vous
avez été sans doute son plus proche col-
laborateur pendant de nombreuses an-
nées et vous avez su trouver les mots
pour lui rendre hommage. Que garde-
rez-vous de ses enseignements ?
Haïm Korsia : Sans aucun doute, son
amour incommensurable pour chacune et
chacun, comme son désir d’aller à la ren-
contre de tous. Le grand Rabbin Sitruk z’l,
qui fut comme un père pour moi, a su, avec
le talent oratoire qui était le sien, placer la
Torah au centre de nos vies et guider les fi-
dèles dans l’accomplissement des mitsvot.
Je voudrais aussi saluer sa famille et ses
proches, auxquels je redis toute mon affec-
tion et mon attachement.
: Comment, dans vos fonc-
tions de grand rabbin de France, pen-
sez-vous vous inspirer du modèle que
laisse le grand rabbin Sitruk ?
HK : J’inscris mon engagement d’au-
jourd’hui dans le prolongement de ce que
j’avais entrepris quand je portais modeste-
ment une part de l’action du grand rabbin Si-
truk z’l lorsqu’il était grand rabbin de France.
L’essentiel étant que lui se reconnaissait dans
les positions et les actions que je défendais.
J’essaie d’occuper la fonction avec la même
humilité et la grande accessibilité qu’a tou-
jours su conserver le grand rabbin Sitruk z’l,
lui qui a donné tant d’élan. Je continue sur
cette voie, car même si les chemins sont dif-
férents, le souffle est toujours là. Au-delà de
simplement le consulter, j’ai toujours associé
le grand rabbin Sitruk z’l aux grandes déci-
sions que j’ai eues à prendre.
: L’année qui s’achève a en-
core été marquée par des attentats qui
ont touché de manière aveugle toute la
société. Comment dans ce contexte, peut-
on, doit-on, expliquer que la communauté
juive représente une cible spécifique ?
HK : Il a pourtant hélas fallu le redire. Ré-
cemment encore, après l’appel de responsa-
bles musulmans publié dans le JDD, qui a
tragiquement – de manière consciente ou non
– occulté les Juifs, les policiers et les militai-
res, tous victimes du même terrorisme.
Depuis les attentats de novembre dernier,
le dispositif de sécurité a été étendu à l’en-
semble de la société, sans oublier pour au-
tant les lieux communautaires. Il faut au-
jourd’hui s’atteler aux préoccupations poli-
tiques globales, sans jamais oublier l’indi-
vidu. Il s’agit de penser pour la Nation, tout
en prenant en compte les besoins spécifi-
ques de chacun. Cette problématique s’était
d’ailleurs déjà posée, dans la Bible, au mo-
ment de la sortie d’Égypte, société dans la-
quelle le collectif écrasait l’individu. Moïse
a alors voulu conduire le peuple, en respec-
tant chaque personne au prix de l’occulta-
tion du concept de peuple. Il a fallu qu’in-
tervienne Yitro pour le convaincre d’allier
les deux logiques, que l’une n’allait pas
sans l’autre. Aussi, l’évolution du dispositif
aujourd’hui ne signifie-t-elle pas un aban-
don ou une baisse du niveau de protection,
mais bien une intégration de la protection à
l’ensemble de l’espace public. C’est d’ail-
leurs la démarche que j’avais prônée, au-
près des pouvoirs publics, dès le début de
la mise en place de l’opération Sentinelle.
Une récente étude de l’IFRI (ndlr : « La
sentinelle égarée ? L’armée de Terre face
« C’est un enjeu majeur pour la société de
faire vivre à la fois le collectif et l’individuel »
N° 1407 - JEUDI 6 OCTOBRE 2016
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Ptit Déj’ avec le grand rabbin de France Haïm Korsia
Exclusivité Actuj.com
Visionnez les Vœux de
Roch Hachana 5777
du grand rabbin de France
sur
www.actuj.com
Le grand rabbin
de France Haïm Korsia
en compagnie
de nos journalistes
Laëtitia Enriquez
et Catherine Garson.
EREZ LICHTFELD
au terrorisme » d’Elie Tenenbaum – juin
2016) a rappelé la nécessité de prendre en
compte la perception de ce dispositif par
nos concitoyens, afin de construire durable-
ment le sentiment d’unité dans la sécurité.
C’est donc un enjeu majeur pour la so-
ciété de faire vivre à la fois le collectif et
l’individuel. Je l’ai constaté récemment
encore lorsque je suis allé rendre visite
aux représentants de la communauté chi-
noise de France, meurtrie par le terrible
assassinat de l’un des leurs – ou plutôt de-
vrais-je dire, de l’un des nôtres – à Auber-
villiers. J’ai été stupéfait de l’importance
que revêtait pour eux ce geste d’amitié et
de solidarité. Nous avons connu ce senti-
ment d’isolement et d’indifférence que
nous avons trop longtemps subi et dé-
noncé ; nous savons plus que quiconque
qu’il faut tendre la main à ces concitoyens
qui se sentent particulièrement attaqués
dans leur identité.
: La présence militaire, ultra-
rassurante pour la communauté, tend
pourtant à disparaître des abords des
écoles juives…
H.K. : Elle ne disparaît pas, elle est plus glo-
bale. Les écoles juives furent les premières à
intégrer dans les coûts et dans le fonctionne-
ment une garde, un dispositif de sécurité et
une vigilance collective. Toutes les écoles y
sont aujourd’hui confrontées et organisent
des journées de formation à la sécurité.
Étant donnée la situation, il est aussi nor-
mal que la sécurité soit prise en compte par
tous les opérateurs, comme le font déjà le
Consistoire, le Crif, le FSJU, le SPCJ et
tant d’autres acteurs locaux.
: Vous avez cette année dé-
noncé le vote de la France à l’UNESCO
sur les Lieux Saints de Jérusalem. C’était
la première fois semble-t-il qu’en tant
que grand rabbin de France, vous êtes
sorti de votre réserve…
H.K. : Mon mode de fonctionnement n’est
pas un mode comminatoire. Le Talmud dit
« Maï de ava, ava » qui signifie « ce qu’il y
a eu, est ». J’ai contacté le ministère des
Affaires étrangères, en me plaçant dans une
démarche non pas politique, mais théologi-
que, qui d’ailleurs engage également les
Chrétiens ; car ce vote de la France d’un
texte qui nie l’existence du Temple à Jéru-
salem pourrait également renvoyer les
Évangiles au néant.
Après m’être assuré auprès du Quai
d’Orsay que ce vote serait ultérieurement
désavoué, il était de mon devoir d’inter-
venir pour défendre une vérité historique
et disons-le simplement, le bon sens.
C’est la raison pour laquelle j’ai publié
une tribune dans Le Figaro, dans laquelle
j’ai donné l’écho des Textes et repris ce
verset d’Isaïe: « Pour Jérusalem, je ne
me tairai point » (LXII, 1). Dans cette
affaire, je ne suis donc pas sorti de ma
méthode, mais je suis allé au bout de
celle-ci. Il s’agit de défendre le judaïsme
chaque fois qu’il est mal compris et de
défendre la France chaque fois que l’on
oublie ce qu’elle est. La France ne peut
pas, en notre nom à tous, signer des dé-
clarations insultantes.
: Revenons sur l’appel des
quarante-et-une personnalités musul-
manes publié par le JDD, qui n’a pas
mentionné les victimes juives parmi cel-
les victimes des attentats. Vous êtes in-
tervenu auprès d’eux. Ils ont cherché à
faire amende honorable sans pour au-
tant modifier leur texte.
Comment comprendre le fait qu’ils ne
parviennent pas à citer nommément les
victimes juives ?
H.K. : Inconsciemment ou non, les si-
gnataires ont dû estimer qu’ils allaient
faire un geste compréhensible par le plus
grand nombre, ce qui a finalement abouti
à une cote mal taillée. Comme dit le Tal-
mud, « s’il y a deux personnes pour
touiller une soupe, elle n’est ni chaude ni
froide, elle est tiède ».
Ces responsables musulmans avaient
pourtant une idée magnifique : celle de
l’engagement des citoyens portant des va-
leurs républicaines avec un prisme reli-
gieux et la volonté de défendre ce que l’on
essaie de construire tous ensemble. Mais, à
vouloir ne pas s’engager, ils ont en fait,
d’une façon presque psychanalytique, com-
mis un acte manqué incompréhensible. Je
voudrais toutefois retenir que l’initiative
aurait pu être belle et forme le vœu que
l’élan soit conservé.
: Au cours de l’année, on a
souvent eu le sentiment que certains ont
cherché à opposer le judaïsme ortho-
doxe qui serait rétrograde, au judaïsme
libéral autrement plus progressiste…
H.K. : Le judaïsme du Consistoire n’est
pas un judaïsme « light ». Il doit être le
judaïsme de l’accueil, ouvert à tous. Le
judaïsme libéral se vit quant à lui comme
il l’entend. Je n’ai pas à valoriser ou à mi-
norer le travail qui est fait par les uns et
les autres. Je respecte chacun dans son
engagement et espère amener tout le
monde à une pratique qui corresponde à
ce que défend le Consistoire, un judaïsme
respectueux de la Halakha et en confor-
mité avec les lois de la République.
En outre, s’agissant de conversions ou de
divorces par exemple, ce n’est pas parce
que l’on dit non à quelqu’un que l’on n’est
pas aussi là pour l’aider. Il faut trouver le
moyen d’élever les gens, c’est-à-dire leur
donner encore à espérer et garantir un ac-
cueil, respectueux, digne et bienveillant.
Nous suivons les dossiers et les étudions
au cas par cas, tout en suivant des règles
qui ont, par essence, une portée générale.
Nous ne sommes pas là pour répondre fa-
vorablement à toutes les demandes sans les
peser et les mesurer. Le cas par cas est jus-
tement la force du judaïsme. Cela rejoint
encore la notion que j’évoquais tout à
l’heure, celle du collectif et de l’individu.
Ainsi sommes-nous toujours dans la
construction du respect de chacun. C’est ce
que je m’efforce de faire modestement de-
puis que je suis grand rabbin de France :
continuer à faire en sorte que chacun, par
l’intermédiaire des deux médiateurs que
j’ai nommés (Charles Sulman et Dolly
Touitou) puisse avoir un recours. Cela me
permet alors d’être en position d’arbitrer
dans un sens ou dans l’autre. Je tiens d’ail-
leurs ici à saluer les rabbins et les prési-
dents de communautés, qui font eux aussi
un travail remarquable dans ce domaine.
: Après cette affaire, la candi-
dature d’Evelyne Gougenheim à la pré-
sidence du Consistoire central a provo-
qué une polémique où l’on a eu l’im-
pression que l’on vous guettait sur le
côté libéral, cherchant visiblement à
vous prendre en défaut sur ces sujets…
H.K. : Je n’ai jamais eu comme ambition
d’être reconnu ou aimé de tous. Je fais
confiance aux maîtres qui m’ont formé et qui
ont contribué à faire de moi l’homme que je
suis aujourd’hui. J’ai l’ambition de conduire
la communauté juive française dans une dy-
namique d’action, de progrès et d’engage-
N° 1407 - JEUDI 6 OCTOBRE 2016
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Ptit Déj’ avec le grand rabbin de France Haïm Korsia
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« J’essaie d’occuper la fonction
avec la même humilité et
la grande accessibilité qu’a
toujours su conserver le
grand rabbin Sitruk z’l, lui
qui a donné tant d’élan »
« Je ne veux pas
que le judaïsme
passe en France
par pertes et
profits »
EREZ LICHTFELD
ment, afin qu’elle soit respectée dans le
monde. Emeric Deutsch, disait : « L’image
de quelqu’un, c’est la somme de toutes les
fausses idées que l’on se fait sur lui ».
Quant à la polémique autour de la can-
didature d’Evelyne Gougenheim, j’estime
qu’avec la commission juridique du
Consistoire, nous avons préservé l’institu-
tion et son honneur. Il eut été parfaite-
ment inconcevable de s’opposer à cette
candidature, au risque d’aller à l’encontre
du droit associatif français. Il n’est pas
pour autant question d’abdiquer la règle
de Halakha, mais la Halakha – faut-il le
rappeler – s’inscrit dans ce que l’on ap-
pelle la Hanaga, c’est-à-dire la conduite.
Mon travail consiste aussi à arbitrer entre
les avis, parfois nombreux et contradictoi-
res, des décisionnaires.
: Au-delà de cette affaire,
comment expliquez-vous la crispation
d’une partie du Consistoire sur des
attitudes de femmes que la Halakha
n’interdit pas ?
H.K : Il y a une différence entre vouloir
quelque chose et en faire un symbole. Si
une femme veut réciter le Kaddish pour
elle, pourquoi le lui interdire ? Pour autant,
on ne va pas chercher à ce que tout le
monde y réponde. Il en va de même pour la
lecture de la Torah. Il n’y a aucun mal à ce
qu’une femme lise, bien au contraire, mais
pourquoi aller ensuite demander la pré-
sence d’hommes derrière une Me’hitsa ? Et
pourquoi ne pas participer tout simplement
à nos offices qui sont accueillants et portent
la tradition d’un judaïsme authentique ?
: Cela fait deux ans et demi
que vous êtes grand rabbin de France.
Comment esquissez-vous les contours de
votre fonction et votre relation avec les
autres responsables communautaires ?
H.K. : J’essaie de poser des gestes et de
dire les choses quand il me semble utile de
le faire. Pour autant, je m’inscris dans une
dynamique collective. Avec le président du
Consistoire, Joël Mergui, nous travaillons
en bonne intelligence. Avec le grand rabbin
de Paris, Michel Gugenheim, qui assume
également, avec la sagesse que nous lui re-
connaissons tous, la présidence du Tribunal
rabbinique de Paris, nous échangeons très
régulièrement et je prête toujours la plus
grande attention à ses avis. Sur d’autres su-
jets, j’envoie au-devant d’autres rabbins qui
connaissent bien les dossiers. C’est le cas
notamment du grand rabbin Claude Maman
s’agissant de la Hevra Kadicha, du rabbin
Michaël Azoulay pour les affaires sociéta-
les, du rabbin Moshé Sebbag pour les rela-
tions avec Israël ou du grand rabbin Bruno
Fizson pour la Chehita. Comme dit Sun Tzu
dans l’Art de la Guerre, « quand un général
est sur le champ de bataille, c’est lui qui dé-
cide ». Je n’ai donc pas vocation à m’attri-
buer tous les mérites, mais à synthétiser
l’expression de tout ce que font les rabbins
et tout ce qui émane du judaïsme. Je tra-
vaille dans un réel partenariat avec le Crif,
le FSJU, l’OSE, le Casip, les écoles et l’en-
semble des institutions qui, sur le terrain,
portent un dévouement qui force au quoti-
dien mon admiration et mes bénédictions.
: Une question revient de
manière récurrente chaque année et sur
laquelle vous êtes très impliqué. Où en
est le problème des examens universi-
taires qui tombent un jour de chabbat
ou de fête ?
H.K. : Nous avons réalisé un travail consi-
dérable avec le soutien appuyé du minis-
tère. Il n’en demeure pas moins que nous
avons essuyé des échecs. J’assume de
n’avoir pas toujours su trouver les mots
avec les uns et les autres, dans un climat de
laïcisme dur qui n’a plus rien à voir avec la
laïcité mais avec le rejet de tout ce qui est
religieux. Nous sommes donc trop souvent
devenus des dégâts collatéraux et je ne
veux pas que le judaïsme passe en France
par pertes et profits.
Nos étudiants concernés par ce problème
des examens sont des héros de la Républi-
que. Ils défendent une laïcité intelligente,
celle de la liberté de pratique religieuse. Ils
sont aussi des héros du judaïsme. Et c’est un
enjeu majeur. Il en va de la garantie pour nos
jeunes de pouvoir continuer leurs études en
France. C’est un enjeu qui dépasse la ques-
tion du judaïsme et qui touche à ce qu’est la
France. Peut-on oui ou non respecter sa foi et
poursuivre un enseignement supérieur dans
notre pays ? Ma réponse est clairement posi-
tive et je peux vous annoncer que dans la loi
université, le zéro éliminatoire va disparaître,
ce qui est une avancée fondamentale.
: Autre domaine problémati-
que, celui de l’abattage rituel. Doit-on
craindre, au-delà des bonnes conclusions
du récent rapport parlementaire, que sa
pratique soit menacée en France ?
H.K. : Il faut dire et redire les choses. Le
gouvernement, quel qu’il soit, a toujours
été d’une aide sans aucune ombre sur ce
sujet. Améliorer le traitement des animaux
dans leur mise à mort est une nécessité, au
regard des scandaleuses vidéos de souf-
france animale qui ont circulé, et qui rappe-
lons-le, ne concernaient pas les bêtes abat-
tues rituellement.
Rendons aussi hommage à la qualité du
travail du grand rabbin Fiszon qui est dans
la recherche permanente d’une solution sa-
tisfaisante pour tous.
Dans son rapport, la commission parle-
mentaire a rappelé sa préoccupation de
garantir le bien-être animal et préconisé
que les responsables religieux soient par-
ties prenantes aux comités d’éthique des
abattoirs. Elle n’a pas rendu obligatoire
l’étourdissement réversible ou post-jugu-
lation, ce qui nous satisfait pleinement.
Ainsi, les députés ont réaffirmé leur atta-
chement intangible à la laïcité, en préser-
vant l’abattage rituel et le libre exercice
de culte. Pour autant, il nous faut demeu-
rer particulièrement vigilants, car d’autres
propositions de loi visant à interdire
l’abattage rituel sans étourdissement sont
actuellement à l’étude.
: Certains grands chevillards
de la communauté seraient aujourd’hui
tentés d’aller vers d’autres certifications
cachères que le Consistoire. Ce qui re-
présenterait un manque à gagner gigan-
tesque pour l’institution…
H.K. : Ce n’est pas au moment où le pou-
voir politique va fortement conseiller, pour
ne pas dire obliger, à canaliser les ressour-
ces de l’abattage rituel musulman vers des
besoins communautaires, que nous allons
agir en sens contraire. Il faut intégrer les
opérateurs qui ont toujours porté une
préoccupation du bien commun. Le Consis-
toire a, en la matière, un rôle central qui
doit être équilibré. Il a toujours considéré
les besoins de chaque obédience, dans la
mesure où celles-ci respectent les règles.
La situation et la fragilité de notre sys-
tème globalisé vont nous obliger à trouver
des chemins intelligents. Cela devra
conduire à une meilleure péréquation, sa-
chant que ce circuit de consommation de la
viande cachère doit produire du bien pour
l’ensemble de la communauté.
: les 11 et 12 novembre
se déroulera le Chabbat mondial.
En quoi cet événement est-il important ?
H.K. : Ce projet que porte mon conseiller
spécial, le rabbin Moché Lewin, avec beau-
coup de bénévoles, est une façon de mon-
trer à ceux qui pensent que le Chabbat est
N° 1407 - JEUDI 6 OCTOBRE 2016
www.actuj.com
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Ptit Déj’ avec le grand rabbin de France Haïm Korsia
« Le circuit de consommation de
la viande cachère doit produire
du bien pour l’ensemble
de la communauté »
« Le judaïsme
sest toujours
engagé dans la
construction
de la Nation »
EREZ LICHTFELD
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