assumer leurs demandes, et ne pas capituler face aux discriminations.
De la compassion pour les femmes, mais pas pour leurs questions
Vient alors la question de la place des femmes dans la communauté juive en
France, et notamment le sort des femmes agunot, dans l’attente du divorce
religieux. Le Grand Rabbin confirme que c’est un sujet grave, qui demande
toute notre attention et notre compassion. Il rappelle qu’il s’investit
beaucoup pour régler discrètement autant de cas que possible. Il est
actuellement en discussion avec le ministère de la Justice pour insérer la
remise du Guet, divorce religieux, au sein du divorce civil. C’est une
proposition qui se travaille afin d’en vérifier la faisabilité.
On n’est pas surpris lorsqu’il rappelle que le judaïsme libéral accepte des
transformations, comme des femmes en position de rabbins, qui ne sont pas
celles du Consistoire, qui représente le courant orthodoxe.
Néanmoins, ça ne remet pas en cause l’appartenance des institutions juives
libérales à la communauté, comme le prouve les relations étroites
qu’entretient Haïm Korsia avec celles-ci. En revanche, on est davantage
surpris lorsqu’il affirme qu’il y a suffisamment de lieux d’études mixtes en
France, et puis, encore plus, lorsqu’il conclut la conférence sans répondre à
la question sur la lecture de la Torah par les femmes, pourtant posée à la
tribune.
Au moment des questions de la salle, le temps imparti est très court, et nous
sommes plusieurs à ne pas avoir le temps de poser notre question. Au final,
seuls des hommes de plus de 40 ans ont eu la parole, alors qu’il y avait
notamment des jeunes femmes qui la demandaient. On nous conseille d’écrire
nos questions sur un papier qui sera transmis au Grand Rabbin. Cette mauvaise
répartition restera néanmoins comme une grande frustration à la fin d’une
conférence contre les discriminations.
Seul dans l’immobilisme institutionnel
Au cours de la conférence, on fait remarquer qu’en Angleterre et en Israël,
des rabbins orthodoxes prennent position et s’organisent pour l’inclusion des
juifs homosexuels, et qu’il n’y a pas d’équivalent dans le monde orthodoxe en
France.
Haïm Korsia s’en est défendu, rappelant les extraits de son livre “A corps et
à toi” (2006), rappelant les articles qu’il a écrit pour la revue Tenoua
consacrée à l’homosexualité dans le judaïsme. Il est vrai que notre Grand
Rabbin porte une parole pleine de sens qu’on entend peu dans le monde
orthodoxe français, et pourtant, c’est dommage qu’il ne la porte pas plus
fort.