Fiabilité médiocre des tests de décentrages de l - chu

Fiabilité
médiocre
des
tests
de
décentrages
de
l'articulation
scapulo-humérale
Poor
reproducibility
of
shoulder-joint
decentering
assessment
Sylvain
Peterlongo
1,
avenue
de
Corbera,
75012
Paris,
France
Reçu
le
30
avril
2016
;
accepté
le
22
mai
2016
INTRODUCTION
Les
pathologies
musculo-squelettiques
de
la
région
de
l'épaule
sont
les
plus
fréquentes
après
celle
de
la
région
lombaire
et
du
genou.
Entre
14
et
21
%
de
la
population
souffre
de
l'épaule.
Les
pathologies
de
l'épaule
repré-
sentent
à
elles
seules
25
%
des
maladies
MOTS
CLÉS
Décentrage
Épaule
Évaluation
Reproductibilité
Test
KEYWORDS
Decentering
Shoulder
Assessment
Reproductibility
Test
Adresse
e-mail
:
RÉSUMÉ
Contexte.
Le
concept
de
décentrage
de
l'articulation
scapulo-humérale
est
largement
utilisé
pour
la
kinésithérapie
de
l'épaule.
Objectif.
Évaluer
la
reproductibilité
inter-évaluateur
des
tests
de
décentrage.
Méthode.
Au
total,
29
patients
consécutifs
ont
été
inclus.
Ils
étaient
adressés
en
cabinet
de
kinésithérapie
pour
une
plainte
de
l'épaule.
Six
kinésithérapeutes
ont
formés
des
pairs
spon-
tanés
d'évaluateurs
en
insu.
Deux
évaluations
espacées
de
5
minutes
des
tests
de
décentrage
antéro-supérieur
et
en
rotation
médiale
et
ont
été
effectuées.
Résultats.
La
reproductibilité
est
médiocre.
Le
coefcient
kappa
est
de
0,37
0,34
(p
<
0,05)
pour
le
test
de
décentrage
antéro-supérieur
et
de
0,23
0,36
(p
>
0,05)
pour
le
test
de
décen-
trage
en
rotation
médiale.
Conclusion.
La
reproductibilité
inter-évaluateur
des
tests
de
décentrage
est
trop
faible
pour
permettre
de
recommander
leur
usage
dans
la
pratique
clinique.
La
principale
source
de
variation
est
la
perception
tactile
de
la
fermeté.
Niveau
de
preuve.
4.
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2016
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droits
réservés.
SUMMARY
Context.
The
concept
of
scapulohumeral
joint
decentering
is
widely
used
in
shoulder
physio-
therapy
in
France.
Objective.
To
determine
the
interrater
reproducibility
of
decentering
assessment.
Method.
In
total,
29
consecutive
patients
referred
to
our
physiotherapy
clinic
for
shoulder
complaints
were
included.
Six
physiotherapists
formed
blinded
pairs
of
raters,
on
spontaneous
criteria.
Anterosuperior
and
medial
rotation
decentering
was
assessed
twice
at
5-minutes'
interval.
Results.
Reproducibility
was
poor.
Kappa
coefcient
was
0.37
0.34
(P
<
0.05)
for
antero-
superior
decentering
and
0.23
0.36
(P
>
0.05)
for
medial
rotation.
Conclusions.
Interrater
reproducibility
was
insufcient
for
recommendation
in
clinical
practice.
The
principal
source
of
variation
was
tactile
perception
of
stiffness.
Level
of
evidence.
4.
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2016
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rights
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Kinesither
Rev
2016;16(176177):1623
Savoirs
/
Contribution
originale
16
http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2016.05.019
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2016
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droits
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professionnelles
[1].
La
rééducation
de
l'épaule
demande
un
investissement
important
du
patient.
La
Haute
Autorité
de
Santé
(HAS)
recommande
25
séances
de
kinésithérapie
et
jusqu'à
50
séances
après
chirurgie
[2].
Dans
le
cadre
de
douleurs
de
la
région
de
l'épaule,
le
diag-
nostic
du
kinésithérapeute
amène
à
différentes
hypothèses.
L'une
d'elles
est
un
positionnement
pathologique
de
l'articula-
tion
scapulo-humérale
;
autrement
dit
«
quelque
chose
n'est
pas
à
sa
place
dans
cette
articulation
».
Ce
positionnement
articulaire
pathologique
se
situe
dans
les
amplitudes
physiologiques,
sans
perte
de
continuité
articu-
laire,
ce
n'est
donc
pas
une
luxation
ou
subluxation.
Selon
les
concepts,
il
est
évoqué
une
malposition,
une
translation,
un
dérangement,
ou
un
décentrage.
La
notion
de
décentrage
est
largement
utilisée
et
enseignée
en
France.
Cette
notion
est
notamment
diffusée
par
la
Société
Française
de
Rééducation
de
l'Épaule
(SFRE)
et
évoquée
dans
les
recommandations
de
la
Haute
Autorité
de
Santé
(HAS,
2001)
[2].
Le
terme
de
décentrage
de
l'épaule
est
utilisé
pour
la
première
fois
par
Sohier
en
1959
[3].
Trois
types
de
décentrage
sont
alors
décrits
:
supérieur,
antérieur
et
en
rétroversion.
Il
s'agit
conceptuellement
d'un
trouble
positionnel
qui
mène
à
la
patho-
logie
en
altérant
la
cinétique
articulaire.
Cette
approche
est
actuellement
enseignée
en
formation
initiale
et
continue
de
kinésithérapie
et
repose
sur
des
avis
d'expert
et
quelques
études
de
cas
cliniques
[410].
À
partir
de
cette
approche
Marc
et
al.
[5]
puis
Srour
et
al.
[6]
ont
décrit
différentes
formes
de
décentrages,
n'en
retenant
que
deux
types
:
antéro-supé-
rieur
et
en
rotation
médiale.
Une
articulation
scapulo-humérale
décentrée
présenterait
un
positionnement
articulaire
de
repos
pathologique
perturbant
son
schéma
biomécanique
physiolo-
gique
(Fig.
1).
Un
déplacement
anormal
du
centre
instantané
de
rotation
lors
de
la
mobilisation
de
l'articulation
serait
res-
ponsable
de
douleur
et
de
lésion
des
tissus
péri-articulaires.
Des
études
de
modélisation
informatique
et
des
études
cada-
vériques
montrent
qu'un
décentrage
est
possible
d'un
point
de
vue
biomécanique
sans
qu'il
n'en
soit
fait
directement
allusion
[1113].
Plusieurs
techniques
de
recentrage
sont
décrites
[7].
Ce
sont
des
techniques
de
mobilisation
de
thérapie
manuelle
ou
des
exercices
actifs.
L'intérêt
d'un
recentrage
de
l'articulation
sca-
pulo-humérale
est
d'améliorer
la
fonction
de
l'épaule
doulou-
reuse,
notamment
par
l'augmentation
des
amplitudes
et
une
diminution
des
douleurs.
Une
large
revue
de
littérature
a
été
effectuée
sur
la
base
de
données
Medline
avec
les
mots
clés
«
decentering
and
shoul-
der
»,
«
centering
and
shoulder
».
Sur
les
37
réponses
de
la
base
de
données,
5
sont
des
études
biomécaniques
in
vivo
ou
informatiques
[1113],
3
concernent
un
essai
clinique
contrôlé
randomisé
[14,15]
les
autres
ne
sont
pas
pertinentes
(article
de
chirurgie,
de
traumatologie
ou
de
psychologie).
Une
recherche
sur
la
base
de
données
PEDro
donne
3
résultats
dont
1
non
pertinent
et
2
des
essais
référencés
sur
Medline.
Une
recherche
sur
la
base
de
données
Kinédoc
avec
les
mots
clés
«
décentrage
»
et
«
épaule
»
donne
10
résultats
dont
1
non
pertinent,
3
études
de
cas
après
chirurgie,
2
avis
d'expert,
3
séries
de
cas
[8,9],
et
1
essai
non
randomisé
[10].
Un
seul
essai
contrôlé
randomisé
est
disponible
(Beaudreuil,
2011)
[14].
Cette
étude
compare
un
protocole
de
traitement
par
centrage
dynamique
avec
un
groupe
traité
par
des
exercices
non
spéciques.
Au
suivi
à
3
mois,
les
patients
ayant
suivi
le
traitement
par
centrage
dynamique
ont
rapporté
moins
de
douleur
et
un
moindre
recourt
à
la
médication
antalgique,
par
rapport
à
ceux
ayant
eu
des
exercices
non
spéciques.
Il
n'y
a
pas
d'autres
différences
entre
les
groupes.
Lors
du
suivi
à
12
mois,
aucune
différence
n'est
constatée,
tous
critères
confondus.
Une
analyse
stratiée
postérieure
des
résultats
de
cette
même
étude
montre
une
tendance,
pour
les
patients
ayant
un
test
de
Neer
positif,
à
une
meilleure
efcacité
du
protocole
de
centrage
dynamique
comparé
au
protocole
de
mobilisation
non
spécique
sur
les
critères
de
douleur
et
de
fonction
du
score
de
Constant
(Beaudreuil
et
al.
et
Charles
et
Neer)
[15,16].
Cette
analyse
révèle
l'existence
d'un
sous-
groupe
de
patients
répondeurs
au
protocole
de
recentrage.
Si
les
tests
de
décentrage
permettent
d'identier
ce
sous-
groupe
de
patients
répondeurs,
leur
importance
clinique
est
déterminante.
Suivant
les
résultats,
le
diagnostic
mécanique
sera
différent,
de
même
que
le
pronostic
et
le
traitement
pré-
conisé.
La
pertinence
de
l'intervention
thérapeutique
dépend
de
la
justesse
de
ces
tests
diagnostiques.
Or,
la
abilité
de
cette
classe
de
test
clinique
est
mise
en
question
par
la
revue
de
littérature
de
May
et
al.
(2010)
[17].
Aucun
test
clinique
comparable
n'a
un
niveau
de
concordance
inter-évaluateur
très
bon
(kappa
0,81).
Les
tests
de
décentrage
n'ont
pas
fait
l'objet
d'étude
spécique
de
leurs
qualités
métrologiques.
L'objectif
de
cette
étude
est
d'évaluer
la
reproductibilité
inter-
examinateur
de
la
procédure
de
test
de
décentrage.
MÉTHODE
Schéma
d'étude
L'étude
effectuée
est
transversale
et
monocentrique.
C'est
une
étude
de
abilité
diagnostique,
d'évaluation
de
la
reproducti-
bilité
inter-examinateur.
Le
schéma
d'étude
transversale
est
la
méthode
de
choix
pour
une
étude
de
reproductibilité
inter-
examinateur
an
de
minimiser
le
temps
entre
deux
évaluations
et
d'éviter
le
biais
d'évolution
spontanée
de
la
présentation
clinique
du
patient.
Cette
étude
suit
les
recommandations
disponibles
pour
la
conduite
d'étude
de
reproductibilité
[18].
Population
Les
sujets
éligibles
étaient
les
patients
consécutifs
de
plus
de
18
ans
se
présentant
avec
une
prescription
médicale
à
notre
cabinet
pour
des
soins
de
kinésithérapie.
Ce
cabinet
situé
à
Paris
regroupe
huit
kinésithérapeutes
dont
environ
un
quart
à
un
tiers
de
la
patientèle
consulte
pour
une
pathologie
d'épaule.
Figure
1.
Représentation
schématique
des
décentrages.
Épaule
gauche
;
vue
supérieure.
Fiabilité
médiocre
des
tests
de
décentrages
de
l'articulation
scapulo-humérale Savoirs
/
Contribution
originale
17
L'évaluation
d'inclusion
avait
lieu
lors
de
la
première
consul-
tation
de
kinésithérapie.
Le
critère
d'inclusion
était
une
plainte
de
la
région
deltoïdienne
(douleur
et/ou
difculté
fonction-
nelle).
Les
critères
de
non-inclusion
étaient
une
pathologie
neurologique
centrale
ou
périphérique
concernant
la
région
scapulaire
et
deltoïdienne,
des
antécédents
chirurgicaux,
de
fracture,
de
luxation,
une
pathologie
rhumatologique
chro-
nique,
un
syndrome
douloureux
régional
complexe,
des
lésions
cutanées
de
la
région
deltoïdienne,
un
tableau
hyper-
algique
(douleur
instantanée
8/10)
et
un
refus
de
participa-
tion.
Ces
présentations
cliniques
ont
été
écartées,
car
dans
ces
conditions
les
résultats
des
tests
de
décentrage
présen-
tent
peu
d'intérêt
dans
l'établissement
du
diagnostic
méca-
nique.
Ces
éléments
peuvent
aussi
perturber
ou
interdire
la
bonne
réalisation
des
tests.
La
taille
de
l'échantillon
nécessaire
est
de
25
doubles
évalua-
tions.
Le
nombre
de
patients
à
inclure
a
été
ni
grâce
à
la
table
de
Sim
et
Wright
[19].
L'objectif
est
d'écarter
l'hypothèse
nulle
(kappa
=
0,0)
avec
un
risque
alpha
de
0,05,
une
puis-
sance
de
80
%,
un
coefcient
kappa
attendu
de
0,50
et
une
prévalence
attendue
de
70
%
(58
à
75
%
selon
Gerardi
et
Vittori)
[8,9].
Procédure
La
procédure
consiste
en
deux
évaluations
consécutives
du
même
patient
par
deux
kinésithérapeutes
différents.
Les
pai-
res
d'évaluateurs
sont
formées
de
façon
spontanée
et
l'ordre
de
passage
est
aléatoire.
Lors
de
la
première
consultation,
le
kinésithérapeute
traitant
propose
à
son
patient
de
participer
à
l'étude,
explique
l'objectif
et
le
déroulement
de
l'étude,
recueille
son
consentement
écrit,
vérie
les
critères
d'inclusion
et
de
non-inclusion,
puis
consi-
gne
les
données
du
patient.
Le
recueil
de
données
des
patients
comprend
:
l'âge
du
patient,
le
sexe,
la
durée
de
l'épisode
(moins
de
6
semaines,
612
semaines,
plus
de
12
semaines),
les
douleurs
instantanées
et
maximum
sur
l'épisode
évaluées
à
l'aide
d'une
échelle
numérique
verbale
cotée
sur
10,
le
diagnostic
médical.
Ces
données
sont
recueil-
lies
avant
l'évaluation.
Les
deux
évaluateurs
y
ont
accès
avant
de
pratiquer
leur
test
an
qu'ils
aient
chacun
les
mêmes
a
priori
sur
la
présence
possible
d'un
décentrage.
Le
kinésithérapeute
traitant
effectue
une
première
évaluation
et
note
ses
résultats.
Il
transmet
à
son
collègue
préalablement
absent
les
données
initiales
du
patient
puis
quitte
la
pièce.
Le
second
kinésithérapeute
prend
connaissance
des
données
du
patient
puis
effectue
à
son
tour
son
évaluation
et
note
les
résultats.
Le
patient
sort
de
l'étude
et
le
kinésithérapeute
traitant
reprend
le
soin
habituel.
Les
événements
indésirables,
comme
la
levée
d'insu
ou
autres
difcultés
rencontrées
lors
de
l'évaluation
sont
consignés.
An
de
limiter
un
éventuel
biais
à
l'échauffement
induit
par
la
première
évaluation,
la
seconde
évaluation
est
faite
après
cinq
minutes
de
repos.
Lors
d'études
de
reproductibilité
de
tests
palpatoires
comparables
[2022],
il
est
parfois
prévu
des
exercices
d'échauffement
avant
chacune
des
évaluations.
Pour
cette
étude,
il
a
été
préféré
un
temps
de
latence
de
5
minutes
de
repos
assis.
Une
évaluation
«
à
froid
»
est
conforme
aux
recommandations
disponibles
pour
la
procé-
dure
évaluée.
De
même,
cela
se
rapproche
plus
de
la
pratique
réelle
des
kinésithérapeutes.
Il
est
en
effet
rare
de
proposer
des
exercices
«
à
l'aveugle
»
avant
d'avoir
établi
un
diagnostic.
Évaluateurs
Six
kinésithérapeutes
ont
été
disponibles
pour
l'étude
dont
4
juniors
(3
à
5
ans
d'expérience)
et
2
seniors
(10
et
16
ans
d'expérience).
Tous
avaient
été
formés
avant
l'étude
à
la
pra-
tique
des
tests
de
décentrages
en
formation
initiale
de
kinési-
thérapie
et
durant
au
minimum
deux
stages
de
formation
continue.
Une
session
de
remise
à
jour
spécique
a
été
conduite
pour
l'étude.
Le
nombre
de
patients
similaires
traités
par
an
est
d'environ
60
à
200
selon
les
kinésithérapeutes.
Les
tests
évalués
font
partie
de
leur
pratique
courante.
Les
éva-
luateurs
sont
donc
habitués
à
ces
conditions
d'évaluations
(au
minimum
une
évaluation
initiale
par
semaine,
hors
suivi
des
patients).
Procédure
de
test
Le
patient
est
assis
adossé
sur
une
chaise,
détendu,
épaule
nue.
Le
kinésithérapeute
est
debout
du
côté
à
évaluer,
en
fente
avant,
le
buste
parallèle
à
celui
du
patient
pour
le
test
en
exion,
de
trois-quarts
pour
le
test
en
abduction
(Fig.
2
et
3).
La
main
postérieure
du
kinésithérapeute
est
posée
sur
l'épaule
du
patient,
le
pouce
le
long
et
en
avant
de
la
clavicule,
les
autres
doigts
sur
l'épine
de
la
scapula,
l'éminence
thénar
en
avant
de
l'articulation
acromio-claviculaire.
Cette
main
stabi-
lise
la
scapula
avec
une
pression
d'environ
5
kilogrammes.
L'autre
main
effectue
une
prise
en
berceau
au
niveau
du
coude.
La
main
antérieure
effectue
successivement
des
mouvements
passifs
de
exion
puis
d'abduction
frontale
avec
un
retour
en
position
neutre
avec
le
bras
le
long
du
corps
entre
les
deux
tests.
Les
tests
sont
effectués
en
rotation
nulle.
L'avant-bras
du
patient
reste
dans
un
plan
sagittal
lors
de
la
exion,
et
parallèle
à
un
axe
dorso-ventrale
lors
de
l'abduction.
Deux
ou
trois
allers-retours
d'une
trentaine
de
degrés
sont
effectués
jusqu'à
la
n
de
la
course
articulaire,
c'est-à-dire
jusqu'à
ce
que
la
poursuite
du
mouvement
soit
impossible
sans
une
partici-
pation
de
la
scapula.
L'évaluation
repose
sur
la
sensation
de
fermeté
de
la
n
de
course
articulaire
ressentie
par
le
thérapeute
au
niveau
de
l'éminence
thénar
de
sa
main
postérieure.
On
entend
par
fermeté
la
vitesse
de
progression
de
la
résistance
lors
de
la
n
de
course
articulaire.
La
sensation
est
ferme
lorsque
la
résistance
au
mouvement
passif
est
rapidement
importante.
On
note
sur
une
barre
de
100
millimètres,
allant
de
très
souple
à
très
ferme,
la
sensation
de
fermeté
lors
de
la
n
de
course.
Une
fermeté
anormalement
élevée
en
exion
associée
à
une
perte
d'amplitude
passive
signe
un
décentrage
antéro-supé-
rieur.
Une
fermeté
anormalement
élevée
en
abduction
frontale
indique
un
décentrage
en
rotation
médiale.
Lors
de
l'évalua-
tion,
le
kinésithérapeute
coche
une
des
deux
cases
de
décen-
trage
«
présent
»
ou
«
absent
».
La
procédure
a
été
revue
et
conrmée
entre
praticiens,
et
les
points
litigieux
ont
été
éclaircis
par
observation
mutuelle
et
concertation.
Lorsque
cela
était
possible,
les
évaluations
ont
été
faites
devant
un
étudiant
en
kinésithérapie
en
stage
dans
le
cabinet
an
qu'il
puisse
attester
du
respect
du
protocole.
Analyses
statistiques
Le
coefcient
Kappa
de
Cohen
est
calculé
an
de
représenter
l'accord
inter-évaluateur
en
dehors
de
l'accord
attribuable
au
hasard.
C'est
le
critère
de
jugement
principal
[23,24].
S.
Peterlongo
Savoirs
/
Contribution
originale
18
Figure
3.
Test
du
décentrage
antéro-supérieur.
Figure
2.
Test
du
décentrage
antéro-supérieur.
Fiabilité
médiocre
des
tests
de
décentrages
de
l'articulation
scapulo-humérale Savoirs
/
Contribution
originale
19
Une
analyse
secondaire
en
sous-groupes
du
coefcient
kappa
permet
d'établir
si
la
concordance
est
inuencée
par
le
diag-
nostic
médical,
la
durée
des
symptômes
ou
l'intensité
des
douleurs.
Les
résultats
issus
de
la
sensation
de
fermeté
recueillie
sur
les
barres
de
100
mm
sont
analysés
par
le
test
des
rangs
signés
de
Wilcoxon.
Un
diagramme
de
type
Bland-
Altmann
permet
d'illustrer
la
concordance
entre
évaluateurs
en
fonction
de
l'importance
de
la
fermeté
ressentie.
Ce
dia-
gramme
permet
d'objectiver
si
le
diagnostic
de
décentrage
est
plus
évident
lorsque
que
la
sensation
de
fermeté
est
extrême
(très
ferme
ou
très
souple).
La
corrélation
pour
un
même
évaluateur
entre
les
résultats
numériques
issus
de
la
barre
de
100
mm
et
le
diagnostic
de
décentrage
est
calculée
par
une
courbe
receiver
operating
characteristics
(ROC)
et
l'aire
sous
la
courbe
(AUC).
RÉSULTATS
Un
total
de
29
patients
(soit
58
évaluations)
ont
été
évalués
du
28/02
au
12/07/15.
Le
nombre
médian
de
patients
évalués
pour
l'étude
par
praticien
a
été
de
8.
Sur
les
58
évaluations,
il
a
été
diagnostiqué
25
décentrages
antéro-supérieurs
(43
%)
et
35
décentrages
en
rotation
médiale
(60
%).
Quatre
écarts
au
protocole
ont
été
rapportés
:
3
évaluations
ont
été
faites
alors
que
le
patient
était
assis
sur
la
table
sans
dossier
et
une
rupture
d'insu
entre
évaluateurs
a
été
constatée.
Les
autres
évaluations
ont
eu
lieu
conformément
au
protocole.
Les
don-
nées
descriptives
de
la
population
étudiée
sont
présentées
dans
le
Tableau
I
et
Fig.
4.
Pour
le
test
de
décentrage
antéro-supérieur,
la
concordance
brute
entre
évaluateurs
est
de
69
%
(20
accords
sur
29)
et
le
coefcient
kappa
de
0,37
0,34
(p
<
0,05).
Pour
le
test
de
décentrage
en
rotation
médiale,
la
concordance
brute
est
de
62
%
(18
accords
sur
29)
et
le
coefcient
kappa
de
0,23
0,36
(p
>
0,05).
Pour
le
critère
de
jugement
secondaire,
c'est-à-dire
l'évalua-
tion
de
la
sensation
de
fermeté
notée
sur
une
barre
de
100
millimètres,
le
test
des
rangs
signés
de
Wilcoxon
est
signicatif
pour
la
fermeté
en
exion
(p
<
0,02),
mais
pas
en
abduction
(p
=
0,28).
Le
calcul
a
été
effectué
avec
le
logiciel
stat
R.
Sur
les
diagrammes
de
Bland-Altman
(Fig.
5
et
6)
il
n'apparaît
pas
de
variation
signicative
de
l'accord
entre
éva-
luateurs
en
fonction
de
l'importance
de
la
fermeté
ressentie.
La
sensation
de
n
de
course
a
été
jugée
plus
ferme
lors
de
la
seconde
évaluation
comparativement
à
la
première
dans
26
cas
sur
58
(45
%).
Pour
un
même
évaluateur,
la
corrélation
entre
les
sensations
de
fermeté
et
la
conclusion
sur
la
pré-
sence
d'un
décentrage
est
très
signicative
(AUC
=
0,93).
DISCUSSION
Les
résultats
de
cette
étude
peuvent
être
généralisés
à
l'en-
semble
de
la
pratique
libérale
par
des
kinésithérapeutes
for-
més
à
cette
technique.
La
population
de
patient
inclus
est
représentative
de
celle
rencontrée
en
pratique
ambulatoire,
et
le
recrutement
a
été
fait
de
façon
aléatoire
(patients
consé-
cutifs).
Le
recueil
de
données
a
aussi
été
fait
dans
des
condi-
tions
réelles
de
soin
courant.
L'évaluation
a
été
réalisée
en
double
insu
et
l'ordre
de
passage
des
évaluateurs
était
aléa-
toire.
Le
protocole
d'évaluation
suivi
était
détaillé
et
conforme
aux
recommandations
et
avis
d'experts
disponibles
dans
la
littérature.
Le
niveau
de
concordance
des
tests
de
décentrage
corres-
pondent
à
un
niveau
médiocre
(Tableau
II).
Les
données
de
cette
étude
font
état
d'une
reproductibilité
inter-évaluateur
des
tests
de
décentrage
trop
faible
pour
permettre
de
recomman-
der
leur
usage
dans
la
pratique
clinique.
D'autres
études
de
plus
grande
puissance
pourraient
corroborer
ces
résultats.
La
validité
d'un
test
étant
bornée
par
sa
abilité,
la
validité
des
tests
de
décentrage
ne
peut
pas
être
supérieure
à
la
abilité
observée
ici.
Cette
faible
abilité
n'encourage
donc
pas
à
entreprendre
une
étude
de
validité
(une
confrontation
des
tests
de
décentrage
avec
un
test
de
référence).
En
ce
qui
concerne
le
test
de
décentrage
en
rotation
médiale,
l'intervalle
de
conance
à
95
%
du
coefcient
kappa
inclut
la
valeur
zéro
et
p
>
0,05.
De
même,
le
critère
de
jugement
secondaire
de
la
sensation
tactile
de
fermeté
n'est
pas
signi-
catif
(p
=
0,28).
Il
n'est
donc
pas
exclu
que
la
faible
concor-
dance
observée
soit
uniquement
attribuable
au
hasard.
La
concordance
inter-évaluateur
ne
semble
pas
inuencée
par
les
tiers
facteurs
identiés
(durée
des
symptômes,
diagnostic
médical
ou
douleur
à
l'examen).
Les
concordances
dans
ces
sous-groupes
sont
comprises
dans
l'intervalle
de
conance
quel
que
soit
le
sous-groupe
(Tableau
III).
Un
diagnostic
Tableau
I.
Données
descriptives
de
la
population
de
l'étude.
Catégories
Moyenne
W
écart-type
Sexe 19
femmes
10
hommes
Âge
(années) 53,3
15,0
Côté
atteint
19
droites
9
gauches
Douleur
à
l'examen/10 1,5
2,1
Douleur
maximum/10
7,0
1,4
Épisode 8
aigus
7
sub-aigus
14
chroniques
Diagnostic
médical
13
tendinites
2
bursites
2
ruptures
de
coiffe
1
bec
acromial
0
omarthrose
4
calcications
Tableau
II.
Qualité
de
la
concordance
entre
observa-
teurs
mesurée
à
partir
coefcient
Kappa.
Niveau
de
concordance
Kappa
Très
bon >
0,81
Bon 0,800,61
Modéré
0,600,41
Médiocre 0,400,21
Mauvais
0,210,00
Très
mauvais <
0,00
S.
Peterlongo
Savoirs
/
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