qui cessent de picorer ici et là en cherchant toujours ce qu’ils n’ont pas, et qui font
l’expérience de ce qu’est valoriser chaque personne et chaque chose, en apprenant à entrer
en contact et en sachant jouir des choses les plus simples. Ils ont ainsi moins de besoins
insatisfaits, et sont moins fatigués et moins tourmentés. On peut vivre intensément avec peu,
surtout quand on est capable d’apprécier d’autres plaisirs et qu’on trouve satisfaction dans
les rencontres fraternelles, dans le service, dans le déploiement de ses charismes, dans la
musique et l’art, dans le contact avec la nature, dans la prière. Le bonheur requiert de
savoir limiter certains besoins qui nous abrutissent, en nous rendant ainsi
disponibles aux multiples possibilités qu’offre la vie.“ (LS 223)
2. Le retentissement mondial de Laudato sí
L´encyclique Laudato si a suscitée à travers le monde de surprenantes réactions, bien au-
delà des cercles ecclésiaux. Des politiciens, des scientifiques et des représentants de divers
mouvements sociaux ont répondu à l'invitation du pape à dialoguer sur la conception que
nous avons de l'avenir de la planète. Le président des États-Unis, Barack Obama, encore
avant la COP 21, a salué le message fort de l'encyclique : "À quelques semaines de la
Conférence mondiale sur le changement climatique qui se déroulera à Paris en décembre
prochain, j’espère que tous les dirigeants de la planète – et tous les enfants de Dieu –
entendront l’appel du pape François à se rassembler pour prendre soin de notre maison
commune." Le Président français, François Hollande, a lui aussi formé le vœu que "la voix
particulière du pape François soit entendue sur tous les continents, au-delà des seuls
croyants". Achim Steiner, directeur exécutif du Programme pour l'environnement des Nations
Unies (PNUE), souligne que la science et l'Église se rejoignent sur un point : "Il faut agir
maintenant."
Mais la grande surprise vient des réactions de la communauté scientifique. Des magazines
scientifiques renommés comme "Nature" et "Science" ont en effet publié des éditoriaux
favorables au message du pape François, aussi bien avant qu'après la publication de
l'encyclique. La rédactrice en chef de Science, Marcia McNutt, a ainsi écrit : "Je salue le
positionnement clair du pape François sur le climat ; il est à l'heure actuelle le défenseur le
plus visible d'une politique de réduction du réchauffement climatique." Dans son édition
d'octobre, le magazine "Nature Climate Change" est même allé jusqu'à consacrer un dossier
spécial de onze pages à l'encyclique. Eu égard à la science du climat, les commentaires des
scientifiques ont largement rappelé que l'encyclique se réfère au Conseil mondial du climat
(GIEC), dont les rapports reflètent l'état des connaissances scientifiques.
L'encyclique a également suscité un vif intérêt à Bruxelles. Aussitôt après sa publication, la
COMECE a organisé une présentation du document portée par l'éco-théologien irlandais
Sean McDonagh et le député européen Philippe Lamberts (Les Verts, Belgique). Une
conférence œcuménique sur le thème du changement climatique et de l'encyclique sur
l´environnement s'est déroulée le 29 septembre au siège du Parlement Européen. Le
métropolite grec orthodoxe Athanasios d’Achaia a salué l'encyclique sur l´environnement du
pape François et son appel à une prise de conscience de l'humanité. L'évêque Luc van
Looy, président de Caritas Europe, a quant à lui rappelé le lien entre le changement
climatique et l'afflux des réfugiés qui se pressent "aux portes de l'Europe". Bernard Pinaud,
directeur CCFD-Terre Solidaire, a rapporté avec enthousiasme l'intérêt que l'encyclique a
suscité auprès de nombreuses organisations de la société civile. Un groupe informel
d'économistes de la Commission européenne s'est également réuni afin d'étudier le
document en détail.