« A toi, Jean Vallet, le meilleur d’entre-nous, je fais
don des terres au pied de mon château dont le fier
donjon décourage les brigands. Sa citerne nous est
précieuse, car elle permet de résister longtemps aux
assaillants sans souffrir de la soif.
A toi Guillaume, le plus pieux de nous tous, je cède les
champs autour de l’église. Elle est éloignée du château,
aussi te faudra-t-il veiller sur la stèle discoïdale qui
marque la tombe de notre ancien prieur. Tu construiras
également un calvaire en hommage à tous ceux qui
se sont sacrifiés durant la croisade.
A toi, Saudadier, qui fut un soldat courageux, je lègue
les prés au bas du village. Les chemins y sont boueux
et très pentus aussi faudra-t-il les recouvrir de galets
pour les transformer en calades et y circuler plus
facilement.
Pour toi, Cabanon, je réserve les champs autour de
la fontaine où les paysans viennent puiser l’eau à la
pompe et se réunissent pour organiser les travaux
agricoles. Près du porche, tu feras installer une
girouette qui donnera à tous la direction du vent.
A toi, Bouscarel, le discret homme des bois, voici les
terres qui dominent les jardins et la vallée de la Peyne.
Tu bâtiras un abreuvoir en contrebas de la source
pour y faire boire les bestiaux, et un lavoir couvert
où les commères pourront nettoyer leur linge à l’abri
de la pluie.
A toi, Trignan, vigneron si efficace, j’attribue les terres
sous la combe de Perdut. Tu y construiras une cave
pour y loger foudres et tonneaux et y installeras un
cadran solaire pour rappeler le temps qui passe.
Enfin, pour toi, Fabier, l’adroit forgeron, voici la grande
terre dont l’eau du puits est si renommée pour tremper
le fer rougeoyant que tu martèles avec adresse. Tu
pourras y forger clous, fers à chevaux et poulies, si
utiles pour hisser les sacs de blé jusqu’aux greniers.
Sur ces terres, mes sept vaillants, mes valeureux
compagnons de croisade, vous allez construire notre
nouveau village et, ainsi, l’avenir ne nous oubliera
pas. »
De retour en son château, Guilhem souhaite
montrer sa reconnaissance aux sept vaillants
soldats qui l’ont accompagné et défendu.