Les Matrices Dermiques Acellulaires en reconstruction mammaire

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UNIVERSITE PARIS-EST CRETEIL VAL DE MARNE
FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL
******************
ANNEE
2016
N°
Conformément aux dispositions de
l’Arrêté du 10 septembre 1990,
tient lieu de :
THESE
POUR LE DIPLOME D’ETAT DE
DOCTEUR EN MEDECINE
Discipline : Chirurgie Générale
-----------Présentée et soutenue devant le Jury Interrégional publiquement le 11 avril 2016
à la
Faculté de Médecine PARIS - DIDEROT
-----------Par
VIDALI Nelly
Née le 13 avril 1984 à Vitry-Sur-Seine
-------------
Les Matrices Dermiques Acellulaires en reconstruction
mammaire. Mise au point et Retour d'expérience de l'utilisation
du Strattice® : A propos de cinquante-deux cas
PRESIDENT DE THESE :
Mr le Pr REVOL Marc
LE CONSERVATEUR DE LA
BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE
DIRECTEUR DE THESE :
Mr le Dr ATLAN Michaël
Signature du
Président de thèse
Cachet de la bibliothèque
universitaire
REMERCIEMENTS
A mon Président de thèse, Monsieur le Professeur Marc REVOL.
Je tiens à vous remercier de m'avoir fait l'honneur de présider ce jury. Je n'ai pas eu
la chance d'être interne dans votre service et de bénéficier de votre enseignement.
Sans me connaître, vous acceptez de juger mon travail et soyez assuré pour cela de
ma profonde gratitude.
A mon Directeur de thèse, Monsieur le Docteur Michaël ATLAN.
Comme tu le sais, toute jeune interne, tu as suscité ma vocation pour la chirurgie
plastique. Je te suis reconnaissante pour m'avoir suivie et soutenue tout au long de
mon internat. Tes conseils et ton compagnonnage furent précieux et tu as su me
donner confiance en moi en me tirer vers le haut. Encore merci.
A Monsieur le Professeur Marc CHAOUAT.
Je souhaite vous témoigner toute ma reconnaissance pour ce semestre passé à vos
côtés. Vous êtes un exemple de rigueur, de patience, de gentillesse et d'humilité qui
sont les qualités primordiales d'un chirurgien et dont je m'inspirerai pour ma carrière
future. Ce fût une grande chance de bénéficier de votre enseignement.
A Monsieur le Docteur Jonathan RAUSKY.
Tu m'as fait l'honneur d'accepter de juger ce travail sans hésiter et je te prie de croire
en l'expression de ma gratitude. Je regrette de ne pas avoir eu la chance d'opérer
avec toi. J'espère que nous aurons un jour l'opportunité de nous croiser dans de
lointaines contrées, en Afrique ou ailleurs...
2
A mes maîtres d'internat :
Au docteur Patrick LEYDER, tout simplement merci pour votre soutien. Ce fût une
chance d'apprendre à vos côtés
Au docteur Julien QUILICHINI, qui m'a initiée à la chirurgie plastique avec beaucoup
de bienveillance. Tu aimes transmettre ton savoir et ça se ressent.
Au docteur Bruno Burin des Roziers et à ma Jojo (Johanna Zeitoun).
Aux docteurs Thierry GUIHARD et Périg LEMASURIER, "Pipo et Mario" font un site
internet, d'ailleurs l'avez vous enfin changé??!! Quel immense plaisir de vous avoir
connus, vous avez marqué une génération d'internes passée à Huguenin!
Aux docteurs Romain BOSC et Barbara HERSANT, merci pour ce super semestre,
et à toute la "Boloss team" Mondorienne :
A Diane LABROUSSE, alias Dianus , à très vite pour des randos alsaciennes!
A Ralph ABBOU, alias l'Erasmus, "mais tout ça c'est que des rumeurs " Merci pour
les tuyaux (Mulhouse!), pour tes conseils avisés, et j'espère que tu remettras malgré
tout un jour les pieds en Alsace pour venir me voir!
A Frederic PICARD, alias Picouz , le cointerne en or, toujours serviable, souriant et
droit. Tu as su me réconforter dans les périodes de "craquages" et je t'en remercie.
A Warren NOEL, alias "j'ai fait ci, j'ai fait ça", en mémoire de nos rigolades, tu as su
être là dans mes moments de doutes, merci.
A Simone LAPADULA, alias "Salmone", la main sur le coeur tout simplement, le mec
le plus souriant qui soit.
A Kim TRAN, une nouvelle vie commence pour toi, je suis heureuse de t'avoir
connue .
A Sofiane BENDIFALLAH, alias "publicator" merci pour les Stat! à bientôt j'espère
entre 2 gardes/congrès/articles/mémoires...!
3
A Chanth BALIAN, mes premiers pas au bloc furent avec toi, ton exemple a été mon
moteur pour réussir les ECN et faire chirurgie.
A mes amies de longue date et aux autres :
A Laura KELLER, rencontrée il y a plus de 10 ans sur les bancs de la fac, tu fais à
présent partie de ma vie . Ta famille s'agrandit, je te souhaite d'être heureuse.
A Ana BENTO DA COSTA, à nos années collège et lycée, à nos années médecine,
à nos voyages, à ton soutien sans faille.
A ma famille :
A mes frères et soeurs : Remy, Isabelle (qui a énormément contribué à la rédaction
de cette thèse), Agnès, Mathilde, Armel. A Aurélie Vidali.
A Papa et Maman, que je vais (enfin) bientôt quitter, il était temps!
J'espère que vous êtes fiers de moi car c'est le plus important à mes yeux.
4
TABLE DES MATIERES
1. INTRODUCTION .................................................................................................. 10
1.1. Généralités ................................................................................................... 10
1.1.1. Cancer du sein ........................................................................................ 10
1.1.2. Rappels anatomiques .............................................................................. 11
1.2. La reconstruction prothétique .................................................................... 15
1.2.1. Prérequis ................................................................................................. 15
1.2.2. La reconstruction mammaire par prothèse .............................................. 15
1.2.3. Prothèse d'expansion tissulaire ............................................................... 16
1.2.4. Lambeau d'Avancement Abdominal ........................................................ 18
1.3. Les substituts dermiques ............................................................................ 19
1.3.1. Généralités sur les Matrices Dermiques Acellulaires ............................... 19
1.3.2. MDA disponibles en chirurgie mammaire ................................................ 24
1.4. Interdiction du Strattice® en chirurgie mammaire par l'ANSM ................ 29
2. MATERIEL ET METHODES ................................................................................ 31
2.1. Objectifs de l'étude ...................................................................................... 31
2.2. Population .................................................................................................... 31
2.3. Méthodologie ................................................................................................ 32
2.3.1. Type de mastectomie et indications ........................................................ 32
2.3.2. Technique chirurgicale ............................................................................ 33
2.3.3. Complications post-opératoires ............................................................... 37
2.3.4. Suivi post-opératoire................................................................................ 40
2.3.5. Questionnaire de satisfaction Breast-Q ................................................... 41
2.3.6. Analyse statistique................................................................................... 41
3. RESULTATS ........................................................................................................ 43
3.1. Description de la population ....................................................................... 43
3.1.1. Caractéristiques générales de la population étudiée ............................... 43
3.1.2. Types de cancers .................................................................................... 45
3.2. Analyse des complications ......................................................................... 46
3.3. Satisfaction des patientes / Analyse du questionnaires Breast-Q : ........ 50
5
4. DISCUSSION ....................................................................................................... 52
4.1. Analyse de nos résultats ............................................................................. 52
4.1.1. Reconstruction mammaire en deux temps et MDA ................................ 55
4.1.2. MDA et augmentation mammaire ............................................................ 57
4.1.3. Facteurs de risque de complications ....................................................... 58
4.1.4. Sérome et infection .................................................................................. 60
4.1.5. Le Red Breast Syndrome ........................................................................ 63
4.1.6. Cancer infiltrant ....................................................................................... 64
4.1.7. Radiothérapie .......................................................................................... 64
4.1.8. Comment optimiser les résultats en minimisant les complications? ........ 65
4.1.9. Coques péri-prothétiques ........................................................................ 67
4.2. Arguments en faveur d'implants anatomiques ......................................... 69
4.3. Utilisation des MDA en chirurgie mammaire esthétique de rattrapage ... 70
4.3.1. Coque péri-prothétique ............................................................................ 71
4.3.2. Synmastie ................................................................................................ 72
4.3.3. Visibilité ou palpabilité de la prothèse : .................................................... 74
4.3.4. Animation de la prothese ......................................................................... 74
5. CONCLUSION ..................................................................................................... 76
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................... 78
ANNEXE 1 : Questionnaire Breast-Q d'auto-évaluation de la RM............................ 88
ANNEXE 2 : Classification des coques péri-prothétiques selon Baker .................... 95
ANNEXE 3 : Reconstruction mammaire prophylactique par Strattice® réussie ....... 96
ANNEXE 4 : Reconstructions mammaire curative par Strattice® réussie ................ 97
6
LISTE DES FIGURES
Figure 1. Insertions du muscle grand pectoral et rapports avec le muscle serratus
antérieur …………………………………………………………………………………….13
Figure 2. Anatomie du sein……………………..……………………………………....14
Figure 3 : Mise en place de la matrice dermique acellulaire………………...…….….23
Figure 4 : Strattice®…………………………………………………………………….…27
Figure 5 : Procédures de rinçage du Strattice®…………………………………….….35
Figure 6 : Mise en place du Strattice®…………………………………………………..36
Figure 7 : Exemples d'intégration du Strattice® dans les tissus receveurs lors de la
mise en place de la prothèse définitive…………………………………………………..37
Figure 8 : Cas n°4 = nécrose de PAM…………………………………………………..49
Figure 9 : Deux exemples de nécroses cutanées avec Strattice®……………..….…53
Figure 10 : Nécrose aréolaire bilatérale (échec n°2)……………………………….….54
Figure 11 : Patiente de 30 ans avec une mutation BRCA 2…………………………..58
Figure 12 : Patiente de 52 ans, CCI du sein droit……………………………………...59
Figure 13 : Patiente de 57 ans, CCI du sein droit……………………………………...60
Figure 14 : Red Breast Syndrome du sein gauche………………………………….....63
Figure15 : Correction de synmastie : Capsulotomie interne et fixation médiane de la
matrice (pointillés = malposition initiale des prothèses)………………………………..73
Figure 16 : Fixation de la matrice………………………………………………………..73
7
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Classification des complications en fonction d'un seuil………………….39
Tableau 2 : caractéristiques de la population étudiée………………………………....44
Tableau 3 : Analyse de complications …………………………………………………..47
Tableau 4 : Echecs de la reconstruction : résumé des caractéristiques des
patientes……………………………………………………………………………………..48
Tableau 5 : Analyse statistique de facteurs de risque d'échecs……………………...50
Tableau 6 : Satisfaction des patientes en cas de reconstruction mammaire
immédiate…………………………………………………………………………………...51
Tableau 7 : Caractéristiques des patientes ayant eu un échec de la RM…………...53
Tableau 8 : Complications des MDA dans notre série comparée à la littérature
(Alloderm® et Strattice® en reconstruction mammaire)………………………………..55
Tableau 9 : "Guideline" d'utilisation des MDA selon les facteurs de risque…………66
Tableau 10 : MDA et coques : données de la littérature……...……………………….69
Tableau 11 : Modèles de prothèses anatomiques……………………………………..70
8
ABREVIATIONS
AP-HP : Assistance Publique-Hôpitaux de Paris
HAS : Haute Autorité de Santé
LAA : Lambeau d'Avancement Abdominal
MCEC : Mastectomie Conservatrice de l'Etui Cutané
MCPAM : Mastectomie Conservatrice de la Plaque Aréolo-Mamelonnaire
MDA : Matrice Dermique Acellulaire
PAM : Plaque Aréolo-Mamelonnaire
RM : Reconstruction Mammaire
RMD : Reconstruction Mammaire Différée
RMI : Reconstruction Mammaire Immédiate
SSM : Sillon Sous Mammaire
9
1. INTRODUCTION
1.1. Généralités
1.1.1. Cancer du sein
Le cancer du sein est le premier cancer en termes de fréquence et de mortalité chez
la femme dans les pays développés et plus de 12.000 femmes décèdent chaque
année en France (1). Il représente ainsi un enjeu de santé publique avec 50.000
nouveaux cas diagnostiqués en France en 2012 (2). L'intérêt de sa prise en charge
précoce a justifié la mise en place en 1994 d'un programme national de dépistage
systématique par la Direction Générale de la Santé (DGS), programme étendu à toute
la France dès 2004 et ciblant les femmes âgées de 50 à 74 ans (3),(4).
En effet, détecté et traité précocement, le taux de survie à cinq ans est supérieur à
90%. La Haute Autorité de Santé (HAS) a également publié des recommandations
pour le dépistage des femmes à haut risque génétique familial de développer un
cancer du sein (5).
En cas de cancer avéré, lorsque le traitement conservateur n'est pas possible, la
mastectomie s'impose. L'avènement des lambeaux autologues puis des prothèses
depuis les années 1980 a permis d'apporter aux patientes un plus large choix sur la
technique de reconstruction mammaire laquelle fait partie intégrante du traitement du
cancer du sein.
Les avancées sur la prise en charge de cette pathologie ont permis d'élargir les
indications de mastectomies avec conservation de l'étui cutané (MCEC) voire du
complexe aréolo-mamelonnaire (MCPAM) tout en respectant les impératifs
oncologiques (6). Ainsi, les indications de reconstructions mammaires immédiates
(RMI) se sont étendues, avec de nombreux bénéfices psychologiques (acceptation de
la maladie, image de soi, épanouissement sexuel ...) (7),(8),(9) mais évidemment aussi
esthétiques (10),(11). Ces techniques conservatrices ont en effet l'avantage de
conserver le volume mammaire et les contours du sein.
Alors que les reconstructions autologues étaient les premières utilisées, les
reconstructions prothétiques ont progressivement pris le dessus en terme de
10
fréquence avec pour avantage non négligeable d'épargner les rançons cicatricielles.
La sécurité d'emploi des prothèses en silicone ayant été démontrée ces dernières
décennies, leur utilisation s'est démocratisée et a contribué au développement de
nouveaux dispositifs dont
les
Matrices Dermiques
Acellulaires
(MDA)
en
reconstruction mammaire.
Les premières matrices furent disponibles sur le marché au milieu des années 1990.
Elles ont progressivement gagné en popularité en chirurgie sénologique, notamment
aux Etats-Unis où elles sont actuellement d'utilisation courante avec, comme nous le
verrons, de bons résultats esthétiques et un faible taux de complications.
La première MDA utilisée était d'origine humaine (Alloderm®). Par la suite se
développèrent les MDA animales dont le Strattice® (à base de derme porcin) est le
sujet de ce travail. Il a déjà fait la preuve de son efficacité en chirurgie pariétale (12).
Son utilisation en chirurgie mammaire s'est généralisée en Europe et aux Etats-Unis
et nous tenterons de démontrer dans ce travail ses avantages ainsi que sa sécurité
d'emploi dans les reconstructions mammaires avec pose de prothèse.
1.1.2. Rappels anatomiques
L'anatomie chirurgicale du sein est importante à préciser avant d'entreprendre une
reconstruction la plus naturelle possible en conservant ou en recréant artificiellement
(le sillon sous mammaire notamment) ce qui fait la beauté d'un sein.
1.1.2.1. Sillon sous mammaire et sillon latéral du sein
Ces entités anatomiques sont indispensables à connaître et à analyser lors de toute
chirurgie du sein qu'elle soit esthétique ou reconstructrice.
Le sillon sous mammaire (SSM) est une structure anatomique complexe décrite depuis
longtemps dans la littérature (13) et dont le respect après reconstruction mammaire
est primordial pour conserver l'harmonie du sein. Son origine histologique reste
controversée. Certains auteurs montrent l'existence d'un ligament sous mammaire
suspenseur (14) alors que d'autres la réfutent (13). Il est aussi décrit comme une zone
11
d'adhérence entre le fascia pré-pectoral, le fascia superficialis et la face profonde du
derme en regard du sillon (15).
Il reste indétectable chez la petite fille et son apparition permet de visualiser le sein
naissant à partir de la puberté. Sa forme est concave vers le haut, il naît médialement
en regard de la quatrième ou cinquième côte et sa partie la plus basse se situe
habituellement en regard du sixième espace intercostal (16).
Il détermine la longueur du segment III compris entre le bord inférieur de l'aréole et le
SMM (idéalement entre 4 et 6 cm). Sa position reste fixe par rapport à la peau sus et
sous-jacente (peau mammaire et peau thoracique) mais mobile par rapport au thorax
osseux.
Si sa conservation n'est pas envisageable (comme en reconstruction secondaire), il
est possible de créer un néo-sillon en se basant sur la position du SSM controlatéral.
Pour ce faire, on utilise la technique du lambeau d'avancement abdominal (LAA) qui
sera décrite par la suite, mais qui selon nous donnera un résultat plus aléatoire et
évidemment moins satisfaisant que le sillon natif.
Le sillon latéral est également important à délimiter pour que la prothèse ne se luxe
pas au-delà du pilier axillaire antérieur source de gêne pour la patiente lors du
ballotement du bras (frottements).
Pour éviter cela, il suffirait de ne pas sectionner le muscle grand pectoral en externe
(qui est en continuité avec le fascia du muscle serratus antérieur) mais les contraintes
anatomiques ne le permettent pas toujours (volume important de l'implant, muscle peu
étendu). Nous verrons que l'utilisation des MDA permet de résoudre ce problème en
cloisonnant le bord latéral de la loge prothétique.
1.1.2.2. Muscle grand pectoral
Selon Rouvière (17), il s'insère sur les deux tiers internes de la clavicule, la moitié
supérieure du sternum, les cartilages costaux de la deuxième à la sixième côte et
l'aponévrose du muscle grand droit. Les faisceaux musculaires convergent en externe
pour s'insérer sur la lèvre antérieure de la gouttière bicipitale de l'humérus (figure 1).
12
Il a donc une forme triangulaire à base interne et à bord inférieur oblique qui se
verticalise lorsque le thorax est haut, ce qui pose le problème de la couverture
musculaire en regard des pôles inférieurs de l'implant. La prothèse se retrouvera alors
directement sous la peau.
Il en va de même pour le SSM dont l'emplacement est bas sur les thorax allongés.
Cela implique une augmentation de la distance entre le bord inférieur du muscle et le
SSM et donc un défaut de couverture musculaire de la prothèse (18).
Toutes ces considérations anatomiques sont à anticiper car le risque est d'avoir la
prothèse sous des téguments fins et parfois de mauvaise qualité (après radiothérapie
ou chimiothérapie) dans les quadrants inférieurs.
Lorsque le thorax est court avec un bord inférieur horizontalisé, la prothèse sera
totalement rétropectorale et contrainte par le muscle qui la refoulera vers le haut lors
de chaque contraction. Ce phénomène bien connu appelé "animation de la prothèse"
(19) peut être très invalidant notamment pour les patientes sportives (20).
Nous verrons par la suite comment les matrices dermiques comme le Strattice®
apportent une solution à ces différents problèmes.
Figure 1. Insertions du muscle grand pectoral et rapports avec le muscle serratus
antérieur1
1 Tiré de Cornette de Saint Cyr B, Delmar H, Aharoni C. [Approach to augmentation mammaplasty].
Ann Chir Plast Esthét. oct 2005
13
1.1.2.3. Mensurations idéales : problèmes du segment III
Le sein est divisé en quatre segments : le segment I (clavicule au sillon sus
mammaire), le segment II (sillon sus mammaire au bord supérieur de la PAM), la PAM,
le segment III (bord inférieur de la PAM au SSM) et le segment IV (sous le SSM en
peau thoracique). La PAM doit être centrée sur le point de projection maximal du sein
(figure 2). Le segment I ne doit pas être trop rempli ce qui est permis grâce à l'utilisation
des prothèses de forme anatomique (plutôt que ronde) qui avaient notre préférence.
Idéalement, le segment III mesure entre 4 et 6 cm. Il est important lors d'une chirurgie
mammaire (esthétique ou reconstructrice) de conserver la longueur de ce segment et
de permettre son déploiement lors de la mise en place de l'implant. En l'absence de
section des fibres musculaires, l'expansion du segment III sera contrainte entraînant
une migration de la prothèse vers le haut, laissant alors les quadrants inférieurs
inhabités par l’implant. Cependant, en libérant ces fibres, le muscle se rétractera
inévitablement vers le haut, laissant ainsi le pôle inférieur de la prothèse en position
sous cutanée stricte. L'utilisation d'une MDA pour apporter cette interface manquante
trouve alors toute sa place pour palier à ce problème de couverture du segment III.
Figure 2. Anatomie du sein2
2
Tiré du livre Chirurgie oncoplastique et reconstruction dans le cancer du sein: Techniques et
indications. Fitoussi A, Couturaud B, Salmon R. L’expérience de l’Institut Curie. 2008
14
1.2. La reconstruction prothétique
Il existe deux techniques pour reconstruire un sein : soit autologue avec utilisation
des tissus de la patiente soit prothétique avec laquelle le Strattice® sera utilisé.
1.2.1. Prérequis
La reconstruction mammaire est loin d'être évidente ou intuitive et nécessite une
analyse approfondie de la morphologie de la patiente. En effet, le squelette (largeur
du thorax), les muscles (implantation du grand pectoral visualisé par contraction) et la
position du SSM sont importants à étudier. Ces éléments sont souvent négligés par
des yeux peu aguerris qui ne visualisent que l'aspect superficiel du sein sans analyser
la base sur laquelle il repose.
Pour rappel, les prothèses mammaires disponibles sont de deux types : soit gonflées
au sérum physiologique, soit pré-remplies de gel de silicone (utilisées dans notre
série). Après une interdiction en France en 1994, ces dernières furent réintroduites en
2001 après avoir fait preuve de leur innocuité concernant le risque de cancer du sein
ou de maladie auto-immune liés au silicone (21). Il existe un large choix de prothèses
concernant la forme (ronde ou anatomique) ainsi que les dimensions (volume, largeur,
hauteur ou projection).
1.2.2. La reconstruction mammaire par prothèse
L'utilisation du Strattice® ne peut se faire que dans le cadre de la reconstruction
mammaire prothétique.
La reconstruction autologue est particulièrement adaptée aux patientes manquant à la
fois de volume et de peau comme en reconstruction secondaire, ainsi qu'en cas
d'obésité où le risque d'échec après pose d'implant est trop important. Les lambeaux,
libres ou pédiculés, ont l'inconvénient d'être techniquement difficiles, d'augmenter la
durée opératoire et de convalescence (temps d'hospitalisation et arrêt de travail
prolongés...), d'ajouter des cicatrices sur le site donneur et de laisser un effet patch
lorsqu'ils ne sont pas enfouis.
La reconstruction prothétique est adaptée aux patientes n'ayant pas de réserves
cutanéo-graisseuses et permettent habituellement de surseoir aux contraintes des
15
reconstructions autologues sus-citées. Elle est très utilisée et demandée à travers le
monde (22) et représente 70% des cas de reconstructions mammaires aux Etats-Unis
(23).
Cela s'explique par une courbe d'apprentissage plus rapide, moins de cicatrices, moins
de retouches itératives et une diminution du temps opératoire (particulièrement adapté
aux patientes fragiles sur le plan médical).
Cependant, les risques de complications ne sont pas négligeables et la moindre erreur
technique ou d'asepsie entraînera un échec de la reconstruction avec bien souvent
pour seule alternative la mise en place d'un lambeau autologue. La prothèse donne
également un effet moins naturel que les lambeaux et impose d'être changée au moins
une fois dans la vie.
1.2.3. Prothèse d'expansion tissulaire
L'expansion de longue durée préalable à la mise en place d'une prothèse en
reconstruction mammaire a été décrite par Maxwell et Falcone (24). Ses avantages
sont à présent bien connus et son utilisation est répandue aux Etats-Unis notamment
en reconstruction immédiate (23). Cette technique apporte un tissu d'aspect et de
texture similaire à celle du thorax en étant rapide et simple techniquement. Elle permet
de diminuer le taux complications et de ré-interventions comparé à la reconstruction
en un temps (25). Ses inconvénients sont ceux des prothèses.
En France, nous ne disposons pas de données sur la fréquence des types de
reconstructions (en deux temps avec expandeur versus en un temps). Selon les
données de l'HAS, les habitudes varient selon les "écoles" : alors que certains
chirurgiens n'utilisent jamais d'expandeurs, d'autres y ont recours dans la majorité des
cas (26).
L'expandeur est formé d'une enveloppe siliconée qui peut être lisse ou texturée et dont
la valve est externe ou intégrée. Il est posé de façon transitoire (la durée d'implantation
étant inférieure à six mois) ou définitive (type Becker). Il est de forme ronde ou
anatomique.
16
Pour tolérer l'expansion, les tissus doivent être de bonne qualité afin de résister aux
contraintes mécaniques inhérentes à ce processus. Ainsi, la radiothérapie est en
théorie une contre-indication à la pose d'un expandeur (un travail est en cours à
l'hôpital Tenon pour les cas de reconstruction mammaire différée (RMD) après
radiothérapie comprenant un lipofilling pré-implantatoire suivi de la pose d'un
expandeur couplé à une matrice puis d'une prothèse définitive).
L'expansion permet d'obtenir une distension cutanée progressive que la prothèse
seule n'apportera pas. Elle autorise également l'aspect de ptôse plus naturel lors de
l'insertion de la prothèse définitive en utilisant un plus petit volume évitant ainsi de
symétriser l'autre sein s'il est peu ptôsé (27).
Certaines équipes n'utilisent pas d'expandeurs. En effet, l'absence de phase
d'expansion a le principal avantage de raccourcir la durée de la reconstruction et
d'améliorer la qualité de vie des patientes en évitant des consultations itératives et une
seconde opération. De plus, les manipulations nécessaires aux gonflages répétés
peuvent être sources de contamination iatrogène. Malgré cela, une méta-analyse
menée par Basta datant de 2015 (13 études, 5216 seins) retrouve un taux de
complications plus important dans les reconstructions en un temps : nécrose cutanée
et aréolaire, augmentation du taux de réinterventions et de déposes de prothèses (28).
En effet, sans expandeur et en cas de prothèse volumineuse, la tension excessive
imposée à l'étui cutané peut entraîner sa souffrance par hypoperfusion (moindre
vascularisation liée à la mastectomie). Celle-ci sera aggravée si un traitement adjuvant
est instauré (radiothérapie ou chimiothérapie). Dans cette configuration, l'expandeur
présente l'avantage de pouvoir être dégonflé temporairement pour soulager cette
tension. L'utilisation per-opératoire du vert d'indocyanine peut aider à l'appréciation de
la vascularisation cutanée.
En cas de malposition, de rotation ou de déplacement secondaire de l'expandeur
(luxation externe, malposition du SSM...), le deuxième temps opératoire pour mise en
place de la prothèse définitive permettra de corriger ces défauts, lesquels seraient
considérés comme des complications dans les procédures en un temps. Eriksen et al,
dans une étude prospective comparant les deux méthodes, retrouvent 70% de reprises
sans expandeur (versus 10% avec) pour cause d'insuffisance de résultat esthétique.
17
Le défaut habituel était un volume trop important dans les pôles supérieurs et par
conséquent un segment III peu projeté avec un manque de ptôse du sein (25).
L'idée principale de la méta-analyse est que le premier facteur de réussite des
reconstructions en un temps est une sélection stricte des patientes : aucune
comorbidité, pas de traitement adjuvant, tissus de bonne qualité après mastectomie
(épaisseur et vascularisation). Cela implique de récuser de nombreuses patientes
désireuses de ce type de reconstruction et de proposer d'emblée une reconstruction
autologue. Les expandeurs semblent être une bonne alternative permettant au
chirurgien d'être moins restrictf sur les indications
1.2.4. Lambeau d'Avancement Abdominal
Il s'agit d'une technique décrite dans les années 80 permettant de recruter de la peau
abdominale afin d'augmenter la surface cutanée de la zone mammaire et de couvrir
l'implant
sans
rançon
cicatricielle
supplémentaire
(29),(30).
Le
Lambeau
d'Avancement Abdominal (LAA) est particulièrement indiqué en reconstruction différée
avec un manque de peau lié à la rétraction cutanée (notamment après radiothérapie).
Ses indications s'étaient restreintes avec l'essor des lambeaux musculo-cutanés. Il a
été remis au goût du jour avec l'utilisation des prothèses ou encore pour enfouir les
lambeaux et éviter l'effet "patch" comme l'a décrit Delay (31). Le LAA permet de créer
un nouveau SSM dont l'emplacement a été déterminé par le sein controlatéral. La
technique chirurgicale consiste à lever le grand pectoral et de poursuivre le
décollement inférieur au-dessus de l'aponévrose du muscle grand droit homolatéral.
La peau abdominale ainsi recrutée est avancée est fixée à la paroi thoracique après
incision du fascia superficialis (29). C'est la suture des deux berges du fascia incisé
qui permettra de définir le SSM. La prothèse est ainsi bloquée par la suspension du
SSM. Les complications les plus graves sont la nécrose cutanée en regard du néosillon entraînant l'exposition et la dépose de l'implant. Les autres inconvénients sont
les douleurs importantes, un affaissement secondaire (excès de tension par la
prothèse) ou une asymétrie de niveau.
18
En cas de reconstruction mammaire immédiate conservant l'étui cutané et le SSM, le
LAA a peu d'indication et serait au contraire délétère selon nous. En effet, il obligerait
à "sacrifier" le SSM natif, en créant un néo-sillon moins naturel que celui d'origine.
C'est pourquoi, nous considérions que l'expansion mammaire seule était suffisante
lorsqu'elle était associée à une matrice. En effet, l'avantage du LAA est d'apporter une
épaisseur tissulaire supplémentaire en regard du pôle inférieur de la prothèse car
même après expansion du muscle pectoral, ce dernier reste souvent insuffisant pour
couvrir entièrement l'implant (trop fin ou fragilisé lors de sa levée, pas assez étendu,
implantation trop haute...). Ainsi, l'expansion du muscle mais également de la peau
abdominale était justifiée pour avoir un tissu de soutien de qualité. L'avènement des
MDA a permis de se passer du LAA et des inconvénients qui en découlent.
1.3. Les substituts dermiques
1.3.1. Généralités sur les Matrices Dermiques Acellulaires
Les MDA font partie de l'arsenal thérapeutique du chirurgien plasticien, et certains
auteurs les décrivent comme une avancée majeure en reconstruction mammaire
prothétique. Elles sont actuellement d'utilisation courante outre atlantique, au
Royaume-Uni et dans de nombreux pays d'Europe. En France, où seules les MDA
d'origine porcine ou bovine sont autorisées, leur utilisation est plus récente et leur
introduction se fait lentement.
Elles ont déjà fait preuve de leur efficacité en chirurgie pariétale : traitement des
hernies de la paroi abdominale (32) avec de bons résultats notamment dans un
contexte septique, prise en charge des brûlés (33), en neurochirurgie (prothèse de
substitution de dure-mère) (34) ou en chirurgie parodontale (35).
1.3.1.1. Description
Les MDA sont des matrices à base de collagène dont les avantages sont connus
depuis longtemps (36). Les collagènes possèdent une forte résistance mécanique et
19
s'intègrent bien dans les tissus receveurs (grâce à leur faible antigénicité) par
colonisation cellulaire. Ils sont également stables dans le temps (37).
La chirurgie moderne a vu apparaitre un nombre important de dispositifs implantables
synthétiques ou biologiques comme le péricarde, la muqueuse digestive ou le derme.
Certaines études semblent montrer la supériorité des matrices d'origines biologiques
sur les matrices synthétiques en reconstruction mammaire.
Les substituts cutanés peuvent être des dermes d'origine humaine (allogreffe) ou
animale (xénogreffe), Ils sont cellularisés ou acellularisés, ne possédant dans ce cas
aucune cellule cutanée humaine ou animale.
Ces matériaux visent à "guider" et accélérer la régénération tissulaire. Ils reproduisent
la matrice extra-cellulaire du derme humain, autrement dit son architecture ("scaffold")
afin d'être colonisés par les cellules (kératinocytes, fibroblastes) et les vaisseaux
(cellules endothéliales) de l'hôte créant ainsi un néo-tissu (38).
Le processus de fabrication comporte trois étapes : décellularisation (élimine les
épitopes responsables du rejet immunitaire), déshydratation (lyophilisation) puis
stérilisation.
1.3.1.2. Historique
Le concept de greffe cutanée (dermo-épidermique) est ancien et fût initié par des
chirurgiens français, Reverdin et Ollier, à la fin du XIXème siècle.
Les allogreffes dermiques sont utilisées en chirurgie plastique (traitement des grands
brûlés) depuis les années 1990 (39). Les bons résultats obtenus ont permis leur essor
et leur utilisation est à ce jour courante aux Etats-Unis. Les indications sont larges
comme la réparation pariétale, les défects cutanés (lésions traumatiques, plaies
chroniques...), la chirurgie parodontale et la chirurgie du sein.
Les premières utilisations de MDA en chirurgie mammaire remontent à 2001 pour
corriger les ondulations visibles de la prothèse sous la peau (40). Elles concernaient
alors les reconstructions mammaires immédiates. Elles ont progressivement gagné en
20
popularité menant à élargir les indications aux reconstructions secondaires et aux
corrections des malformations mammaires (traitement des capsules rétractiles périprothétiques, des malpositions d'implants...) (41). Aux Etats-Unis, elles font à présent
partie de l'arsenal thérapeutique du chirurgien plasticien et concernent plus de 60%
des reconstructions mammaires.
A ce jour, nous disposons d'un recul suffisant concernant l'utilisation de ces
biomatériaux, comme l'Alloderm®, prouvant leur biocompatibilié et leur stabilité dans
le temps une fois la phase d'intégration tissulaire dépassée (42).
1.3.1.3. Bénéfices attendus en reconstruction mammaire prothétique
Le but principal des MDA est d'assurer une couverture supplémentaire du pôle
inférieur de l'implant dans un contexte de fragilité tissulaire post-mastectomie (le
lambeau cutané mammaire a été fragilisé par le dissection sous-cutanée et doit subir
en plus les contraintes mécaniques liées à la prothèse) (43).
Comme nous l'avons déjà expliqué, bien que la prothèse soit en position rétromusculaire, le muscle grand pectoral est régulièrement déficient en inférieur
(implantation haute ne permettant pas de l'étirer jusqu'au sillon sous mammaire,
insuffisance de laxité avec déchirure lorsqu'il est mis sous tension par l'implant). Les
conséquences sont évidemment esthétiques (visualisation des contours de l'implant
avec aspect de sein "prothétique", palpabilité, relâchement cutané...), mais surtout
fonctionnelles avec, dans le cas extrême, un échec de la reconstruction mammaire par
dépose de l'implant exposé.
Pour pallier à cela et éviter que la prothèse ne soit sous cutanée dans le segment III,
différentes "astuces" sont employées :
-
levée d'un lambeau d'avancement abdominal : il nécessite une courbe
d'apprentissage. On perd alors, comme nous l'avons vu, le bénéfice de la RMI
ayant conservé le SSM natif (44)
-
une réduction de l'étui cutané peut-être associée à la mastectomie, la peau
excédentaire est alors désépidermisée pour être placée comme interface en
21
regard de la prothèse. Mais le risque vasculaire est important par interruption
du réseau dermique (45)
-
levée d'un lambeau fascial ou musculaire : muscle grand dentelé (couverture
latérale de l'implant) ou muscle petit pectoral (46)
Ces techniques, délabrantes, sont sources de saignements et de douleurs postopératoires.
Les MDA permettent de palier à ces problème en apportant une couverture complète
et sécurisée de l'implant sans utilisation des techniques vues plus haut (LAA, larges
décollements musculaires...) (figure 3).
Les objectifs des matrices sont multiples :
- permettre la création d'une loge rétromusculaire plus large afin d'éviter une
inadéquation entre le contenant ( enveloppe cutanée en cas de MCEC ou
MCPAM ) et le contenu ( prothèse et sa loge).
- redéfinir les contours de la loge prothétique à savoir le sillon sous mammaire
(figure 3 : infra-mammary fold) et inféro-latéral.
- apporter une souplesse théorique au segment III lui permettant de se projeter
et de s'expandre. Cela évite ainsi à l'implant de migrer dans les pôles supérieurs
(donnant alors un aspect très disgracieux de sein "prothétique").
- diminuer la visibilité de l'implant et de ses ondulations ("rippling")
- elles permettent de diminuer la durée d'expansion post-opératoire voire de
surseoir à l'utilisation d'un expandeur (47). Le volume de la loge prothétique est
en effet augmenté par les MDA, ce qui permet un remplissage per-opératoire
plus important de l'expandeur et ainsi de réduire le nombre de séances de
gonflages nécessaires pour atteindre le volume souhaité par la patiente (48).
Les autres intérêts théoriques sont un meilleur résultat cosmétique avec un taux de
réinterventions diminué.
22
Figure 3 : Mise en place de la matrice dermique acellulaire
23
1.3.2. MDA disponibles en chirurgie mammaire
Nous ferons une description succincte des principales MDA biologiques disponibles
sur le marché. Les MDA idéales doivent être composées de collagène et de cellules
constitutives de la matrice extra-cellulaire servant de "charpente" à la colonisation
cellulaire.
1.3.2.1. MDA d'origine humaine
1.3.2.1.1. ALLODERM® (Lifecell Corp, Branchburg) (49)
Il s'agit de la MDA dont le recul est le plus important et les publications sont les plus
nombreuses. Elle a été créée en 1994 et sa première pose, effectuée par Salzberg en
reconstruction mammaire, date de 2001.
i. Description
Il s'agit d'une matrice dermique désépidermisée irradiée et traitée chimiquement. Elle
est composée de collagène, d'élastine, d'acide hyaluronique, de fibronectine, de
protéoglycanes et de cellules endothéliales issus d'un cadavre humain. Elle a été
conçue par Régnier et Prunieras (50). Cette matrice est acellularisée dans le but de
limiter les réactions immunologiques de rejet (51). Sa conservation (jusqu'à deux ans)
se fait sous forme lyophilisée permettant une bonne stabilité de ses composants
biologiques. Afin de prévenir les altérations physiques et chimiques liées à la
stérilisation, l'Alloderm® n'est pas stérilisé mais traité par antibiothérapie puis
conditionné de façon stérile (32).
Elle est commercialisée par la société LifeCell Corporation (fondée en 1986). Son
utilisation a été approuvée aux Etats-Unis par le Food and Drug Administration (FDA)
en reconstruction mammaire, mais n'est pas autorisée par la législation française dans
la chirurgie mammaire.
Après sa pose, l'Allloderm® est colonisé par les cellules du tissu receveur permettant
son intégration en quatre étapes (52) :
(1) "stress" tissulaire entraînant une (2) stimulation et colonisation par le système
immunitaire de l'hôte vers le dixième jour puis (3) différenciation cellulaire et enfin (4)
24
formation d'une nouvelle matrice extra-cellulaire par les cellules différenciées
permettant ainsi la régénération tissulaire.
Les études ont montré que l'Alloderm® était partiellement intégré au bout du septième
jour pour l'être complètement au bout de deux mois avec une structure identique au
derme et à la matrice extra-cellulaire du tissu receveur (53) et (54).
ii. Indications (55)
Les indications aux Etats-Unis sont nombreuses : reconstruction mammaire,
déformation nasale, fente palatine, brûlure, augmentation du volume des lèvres,
renforcement de la paroi abdominale (après lambeaux types "TRAM", hernies...), prise
en charge des ulcères du pied diabétique....
Les premières indications en chirurgie mammaire étaient les "second look" pour
corriger une déformation secondaire du sein, une malposition ou une palpabilité de la
prothèse. Elles se sont progressivement étendues aux reconstructions mammaires
primaires afin d'améliorer l'aspect esthétique du sein et de limiter les déplacements
secondaires ou l'aspect de "bottoming out" fréquemment rapporté dans la littérature
(affaissement du SSM avec positionnement sous celui-ci de la prothèse en peau
abdominale).
Une autre indication intéressante est le traitement des synmasties : la MDA permet de
délimiter le bord médial du sein, recréant ainsi deux loges mammaires bien distinctes
(56).
iii. Données de la littérature
Une méta-analyse de 2012 montre des taux de complications très disparates (57).
D'après Liu et al, le pourcentage de complications majeures à types de séromes, de
nécroses cutanées ou d'infections n'est pas statistiquement significatif. Elles
concernent essentiellement les patientes présentant des facteurs de risque tels que
l'obésité (IMC > 30), un volume mammaire pré-opératoire important ou un tabagisme
25
actif (58). En effet, on sait que le tabagisme entraîne des micro-thrombi vasculaires
et une vasoconstriction distale diminuant la colonisation cellulaire de la matrice et donc
son intégration. En cas de seins volumineux, les lambeaux cutanés sont en excès
après la mastectomie, diminuant ainsi la surface de contact entre le derme profond et
la matrice (notamment dans les quadrants externes). Cet "espace mort", en plus de
compromettre l'intégration tissulaire, favoriserait les séromes et par conséquent les
infections. Il ne semble pas recommandé pour autant de surgonfler l'expandeur qui
mettra sous tension les lambeaux cutanés dont la perfusion est déjà précaire par
interruption de la vascularisation glandulaire. D'après leur expérience, les auteurs
incitent essentiellement à une sélection rigoureuse des patientes bénéficiant de
l'Alloderm® (58). Cependant, on manque encore d'études évaluant les résultats au
long cours de ces patientes à haut risque de complications.
Lanier et al montrent une augmentation du taux d'infections, de séromes, de nécroses
cutanées et d'explantations dans sa série comparative de 75 poses d'Alloderm® (59).
L'hypothèse évoquée est que l'Alloderm® prédispose à la formation d'un sérome
source de surinfection bactérienne.
1.3.2.1.2. Flex-HD® (Ethicon, Somerville,N.J)
Cette matrice est également d'origine humaine. Rawlani et al.rapportent leur série de
121 reconstructions utilisant cette matrice couplée à un expandeur. Le taux de
complications retrouvé était de 16,5% comprenant des infections (7,4%), nécroses
cutanées partielles (6,6%), séromes (1,7%) et explantations d'implants (9,1%) (60).
Ces complications concernaient essentiellement les patientes irradiées et étaient
comparables selon les auteurs à ceux observés avec l'Alloderm®.
1.3.2.2. MDA d'origine animale
1.3.2.2.1. Strattice® (Lifecell Corp) (61), (62),
Il fût introduit aux Etats-Unis par la société Lifecell (fondée en 1986 et rachetée par
KCI en 2008) ayant débuté son activité par le marché des greffes de peau. Il s'agit de
26
l'une des plus importantes sociétés internationales de technologie médicale axée sur
la découverte et l'innovation. Le siège est basé au Texas et la société, qui emploie
prés de 7000 personnes, commercialise ses produits dans une vingtaine de pays. La
société s'oriente vers la fabrication des matrices de régénération des tissus mous en
commençant par l'Alloderm®, actuellement très utilisée aux Etats-Unis. En juin 2007,
Lifecell reçoit l'autorisation de mise sur le marché du Strattice® par la Food and Drug
Administration (FDA).
A la différence de l'Alloderm® qui est d'origine humaine, le Strattice® est issu de derme
de porc de moins de six semaines d'âge et prélevé sur l'abdomen.
Figure 4 : Strattice®
Sa grande résistance biomécanique est intéressante en chirurgie pariétale en
remplacement des prothèses synthétiques et permettrait une réparation des hernies
ventrales en un temps dans un contexte non favorable (infection).
En chirurgie mammaire, son intégration tissulaire débute dans les deux semaines
après implantation pour être totale autour du sixième mois.
27
Plusieurs formes et dimensions sont disponibles sur le marché. Une même pièce peut
être découpée pour servir aux deux seins dans les cas bilatéraux. Le plus couramment
utilisé est de contour 2 (9x18,5 cm), suivi par le contour 1 (8x16 cm) utilisé dans notre
étude. Le prix moyen d'une plaque est de 1800 euros. Son coût est moins élevé que
celui de l'Alloderm® justifiant son utilisation préférentielle par certains chirurgiens
américains. Son origine animale et non humaine est également appréciée notamment
en chirurgie esthétique.
1.3.2.2.2. PERMACOL - PELVICOL® (Covidien)
Il est composé de collagène porcin d'origine dermique décellularisé. Utilisé depuis les
années 1980 (chirurgie urogénitale et pariétale), il possède une résistance mécanique
in vitro semblable à celle de l'Alloderrm®, est bien toléré et intégré par néovascularisation. Ses indications en chirurgie plastique sont nombreuses (face et
silhouette). Sa tolérance à long terme reste à démontrer.
1.3.2.2.3. SURGIMEND® (TEI Biosciences Inc, Boston) (63)
Nous ne disposons que de huit publications concernant cette matrice. Il s'agit d'un
derme de foetus bovin qui est composé de collagène de type III.
C'est la seule matrice fenêtrée, permettant théoriquement le drainage des liquides hors
de la loge prothétique (liquides se drainant alors par infiltration cutanée).
Butterfield (64), Ohkuma et al.(65) et Eichler et al.(66) sont trois études rétrospectives
disponibles en reconstruction mammaire. Les taux de complications retrouvés sont
relativement faibles (inférieurs à 10%), comparables à l'Alloderrm® et correspondent
à des séromes, infections ou red breast syndrome.
28
1.4. Interdiction du Strattice® en chirurgie mammaire par l'ANSM
(67),(68),(69)
Le 25 juin 2015, une décision de police sanitaire de l'Agence Nationale de Sécurité du
Médicament et de Produits de Santé (ANSM) "interdit la mise sur le marché, la
distribution, l'importation et l'utilisation du dispositif médical Strattice® dans l'indication
de la reconstruction mammaire". Cette mesure a été prise à la suite de signalements
provenant de certains centres français ayant rencontré des complications graves suite
à la pose de ce dispositif. Les complications rapportées étaient : des douleurs, signes
inflammatoires (oedèmes, séromes péri-prothétiques, "red breast syndrome"),
hématomes, signes infectieux locaux ou généraux, nécroses cutanées, déplacements
secondaires de l'implant. Ces complications ont conduit à des reprises chirurgicales
voire des déposes de prothèses et/ou du Strattice®.
Ces complications se manifestaient dans les trois mois post opératoires.
Après contact de la société Lifecell, celle-ci nous rapporte la pose de 23000 Strattices®
à travers le monde en reconstruction mammaire entre le 1er janvier 2008 et le 29 mai
2015. 17447 ont été posées aux Etats-Unis et 326 en France.
Huit centres en France n'ont pas rencontré de difficultés avec le Strattices®. Parmi les
cinq centres de l'AP-HP l'ayant utilisée, l'un d'eux a été confronté à un taux élevé de
complications (11/22 patientes) : infections, défauts de cicatrisations, nécroses
cutanées ou de PAM impliquant reprises chirurgicales et explantations de matériel.
Le retrait de la matrice est également lié à des erreurs réglementaires (sous-estimation
d'évènements indésirables graves, mêmes procédures d'utilisations pour le matériel
abdominal et mammaire alors que le premier est rigide et l'autre souple...)
Alors qu'en Belgique aucun incident n'a été signalé auprès de l'Agence Fédérale des
Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS), une suspension temporaire
d'utilisation a été prononcée le 13 juillet 2015. Il s'agissait plus d'une mesure de
précaution suite à la décision française que d'une véritable suspicion de dangerosité.
La Belgique a d'ailleurs levé cette suspension le 22 décembre 2015 après analyse du
dossier par des experts mandatés par l'AFMPS devant l'absence d'arguments sur le
manque de sécurité du produit.
29
Après contact avec l'ANSM, nous n'avons pu obtenir de chiffres officiels concernant
les taux de complications rapportés et ayant conduits à cette décision. Il existe peu de
données publiques disponibles, les seules dont nous disposions étant le nombre de
Strattice® posés.
Nous n'avons pas obtenu non plus ces chiffres après contact direct des centres ayant
été confrontés à ces complications.
Notre étude ne rapportera donc que les données concernant nos patientes.
30
2. MATERIEL ET METHODES
2.1. Objectifs de l'étude
L'objectif principal de notre étude était l'évaluation à court et moyen terme des taux de
complications liés au Strattice® ainsi que l'identification des facteurs de risque de
complications. L'objectif secondaire était l'auto-évaluation de la satisfaction de la
reconstruction à l'aide du questionnaire Breast-Q.
2.2. Population
Nous rapportons une étude rétrospective, unicentrique et consécutive d'une série de
35 patientes opérées par deux chirurgiens séniors qualifiés en chirurgie sénologique
et en reconstruction mammaire. La majorité des patientes ont bénéficié d'une
reconstruction en deux temps (expandeur puis prothèse définitive) avec pose d'une
matrice dermique type Strattice® (lifecell) entre septembre 2013 et juin 2015.
Les critères d'inclusion étaient ceux de la RM par prothèse :
- patientes ne souhaitant pas de RM autologue ou chez lesquelles elle n'est pas
possible
- mastectomie à but oncologique ou prophylactique
- RM immédiate ou différée
- uni ou bilatérale
- en un temps ou en deux temps (expandeur)
Les critères d'exclusions étaient un suivi inférieur à 6 mois et le refus de la patiente à
utiliser ce nouveau dispositif.
Les données démographiques, les comorbidités, les antécédents de chirurgie
mammaires, la latéralité et stadification du cancer, les traitements adjuvants, le volume
mammaire initial, la taille des implants (expandeur et prothèse), le volume et la durée
de l'expansion ont été rapportés.
En cas de tabagisme actif, l'absence de sevrage total n'était pas une contre-indication
absolue à la chirurgie. La radiothérapie pré et/ou post-opératoires n'étaient pas non
plus une contre-indication.
31
Les complications ont été collectées rétrospectivement par étude des dossiers
médicaux et des photographies puis affinées par interrogatoire des patientes ayant
donné suite aux convocations (70%).
Chaque patiente a reçu un questionnaire à remplir avec deux versions (pré et post
opératoire), le Breast-Q (détaillé par la suite), évalué sur la phase finale de la RM avec
prothèse définitive. Il s'agissait d'un questionnaire de satisfaction portant sur plusieurs
domaines : type de la reconstruction mammaire, évaluation du résultat esthétique, bien
être sexuel et social et satisfaction de la prise en charge médicale et paramédicale
(Annexe 1).
2.3. Méthodologie
Nous proposions à chaque patiente candidate à une reconstruction mammaire
immédiate ou secondaire de bénéficier du Strattice®. Elles étaient informées de façon
claire et loyale de la nouveauté de ce dispositif, des avantages esthétiques et
fonctionnels escomptés mais également du faible recul sur les complications
(séromes, infections, déposes de matériel...). Nous informions toutefois du faible
niveau de preuve des études en cours les concernant.
En cas de refus, la procédure chirurgicale était habituelle : pose d'expandeur seul
(avec couverture musculaire plus ou moins suffisante) puis de la prothèse définitive.
2.3.1. Type de mastectomie et indications
Chaque cas était validé en réunion de concertation pluridisciplinaire. La reconstruction
mammaire était dans la majorité des cas immédiate. Il s'agissait d'une Mastectomie
Conservatrice de la Plaque Aréolo-Mamelonnaire (MCPAM) ou Conservatrice de l'Etui
Cutané (MCEC).
Dans notre série, les indications de MCPAM étaient les mastectomies prophylactiques
en cas de :
- réduction de risques pour les patientes porteuses des mutations génétiques
BRCA 1, BRCA 2 ou PTEN (syndrome de Cowden)
- risque familial avéré sans mutation retrouvée
32
Nos indications de MCEC étaient :
- les carcinomes canalaires ou lobulaires in situ étendus
- les carcinomes canalaires infiltrants associés ou non à du carcinome
intracanalaire et ne nécessitant pas de radiothérapie adjuvante
- les tumeurs phyllodes de haut grade
- les récidives après traitement conservateur sous formes in situ, micro-invasive
ou invasive.
Dans tous les cas, les lésions devaient être à distance de la peau (plus de 20 mm)
permettant une exérèse en marges saines (référentiel de l'hôpital Tenon).
2.3.2. Technique chirurgicale
Les patientes étaient opérées par deux chirurgiens séniors dans le même centre selon
un protocole chirurgical identique.
Les repères cutanés étaient faits le jour de l'intervention sur une patiente debout. Une
analyse attentionnée des contours du sein était primordiale. Premièrement, ils
permettaient de délimiter l'aire mammaire (notamment le prolongement axillaire) afin
de guider la mastectomie. Ces repères indiquaient également les décollements
nécessaires à la mise en place de la prothèse et du Strattice® (risque de déplacement
secondaire en cas de décollements excessifs) : ligne médiane et limite interne du SSM
(pour ne pas créer de synmastie), sillon sus-mammaire (délimite le décollement
supérieur), SSM (à respecter et en regard duquel sera fixé le bord inférieur de la
matrice) et limite latérale du sein (pour éviter une luxation externe de la prothèse).
Au moment de l'induction, on administrait une antibioprophylaxie par voie
intraveineuse comprenant de la céfazoline (2g) ou de la clindamycine (600mg) en cas
d'allergie.
L'incision de mastectomie tenait compte du désir de la patiente, d'une cicatrice de
tumorectomie, des mensurations du sein ainsi que du degré de ptôse à corriger.
Les limites de la mastectomie étaient celles de la glande mammaire.
33
Afin de préserver la vascularisation des lambeaux cutanés, la dissection dans le plan
des crêtes de Duret était faite aux ciseaux de mayo, le bistouri électrique étant utilisé
uniquement dans le plan pré-pectoral. En effet, les conséquences en cas de dissection
trop superficielle ou d'effraction cutanée seraient moins "dramatiques".
1)
Choix des incisions
Dans le cadre d'une MCEC, l'incision était un fuseau centré sur la PAM tenant compte
d'une éventuelle cicatrice de tumorectomie.
En cas de conservation de la PAM, celle-ci pouvait être :
-
sous mammaire, voie d'abord privilégiée car très discrète. Il faut pour cela que le
volume et la hauteur du sein soient limités afin de pouvoir accéder aux pôles
supérieurs ainsi qu'au prolongement axillaire de la glande mammaire plus à risque de
récidive. Cette voie d'abord, difficile techniquement, nécessite une courbe
d'apprentissage mais avait notre préférence car très discrète. Nous préférions fixer la
cicatrice sous mammaire au plan costal afin d'éviter sa migration ultérieure sur le
segment III.
Dans ce cas, la PAM était isolée du champ opératoire par un "opsite" pour éviter
l'inoculation bactérienne provenant des canaux galactophoriques (70). Il a été
démontré l'existence d'une forte corrélation entre la contamination prothétique par
biofilm à streptococcus epidermidis et staphylococcus aureus (d'origine intracanalaire)
et la formation de coques péri-prothétiques (71).
-
hémiaéolaire externe ou inférieure avec trait de refend radiaire externe
- en "oméga supérieur" voire une mastopexie verticale ou un "T inversé" pour corriger
une ptôse mais avec un risque vasculaire plus important.
La procédure du ganglion sentinelle était réalisée par la même voie d'abord ou par
incision axillaire.
2)
Choix de l'expandeur
Les dimensions étaient choisies selon la morphologie des patientes (volume et base
mammaire). Ils étaient texturés, à valve intégrée. Une fois en place, ils étaient gonflés
34
au sérum physiologique à 50% en moyenne de leur capacité totale. Cela pouvait être
plus ou moins en fonction de la tolérance cutanée et du volume de la loge à combler.
3)
Confection de la loge prothétique
Le muscle grand pectoral est abordé en inféro-latéral et désinséré sur toute sa
longueur. Une attention toute particulière de l'hémostase était de rigueur (hémostase
préventive des branches perforantes de l'artère mammaire interne notamment) pour
prévenir tout risque d'hématome source d'infection et de coques à distance.
Le décollement musculaire était limité au muscle grand pectoral : décollement
rétropectoral total en latéral et en inférieur. Ainsi, contrairement aux RM sans matrices,
il n'était pas nécessaire de décoller les muscles petit pectoral, serratus et le fascia
recouvrant le muscle grand droit de l'abdomen (lambeau d'avancement abdominal)
afin d'assurer la couverture des pôles inférieurs de la prothèse.
On a privilégié les expandeurs à valve intégrée de type 133 MV car l'expansion devait
se faire essentiellement dans les quadrants inférieurs.
4)
Mise en place du Strattice ®
La matrice a été rincée (Sérum Physiologique ou Ringer Lactate) dans trois bains
successifs de deux minutes chacun puis frottée entre les doigts afin d'éliminer les
conservateurs responsables du Red Breast Syndrome (RBS) qui sera détaillé par la
suite.
Figure 5 : Procédures de rinçage du Strattice® .
35
La loge de mastectomie a été irriguée abondamment au sérum bétadiné afin d'éliminer
les caillots de sang ainsi que les résidus graisseux sources d'inflammation et
d'infection.
Le Strattice® était suturé prothèse en place. Son bord inférieur était fixé par trois points
de PDS 2.0 au SSM (en médial, central et latéral). Ces points sont primordiaux car ils
empêchent une migration secondaire de la prothèse dans le segment IV. En
reconstruction différée, l'emplacement de ces points déterminait le futur SSM. Puis la
matrice était rabattue sur l'implant et son bord supérieur était fixé au bord inférieur du
grand pectoral préalablement désinséré (surjet de PDS 2.0). Il est important que la
matrice adhère uniformément à la prothèse sans espaces morts ni faux plis (sources
de séromes) pour une intégration optimale.
Figure 6 : Mise en place du Strattice® .
Le Strattice ® nous permettait de cloisonner le bord latéral de la loge pour éviter la
luxation externe de la prothèse : nous faisions un lambeau cutané externe
d'avancement pour mieux définir le sillon latéral puis la matrice était fixée en regard
de ce sillon. Un double drainage du site opératoire était systématique : un drain de
redon était placé dans le plan de décollement sous cutané (entre le Strattice® et la
peau), l'autre étant placé dans la loge prothétique. La fermeture cutanée devait être
hermétique (colle et stéri-strips).
Les expandeurs étaient de forme anatomique (comme les prothèses définitives qui
étaient pré-remplies de gel de silicone cohésif). Ils étaient suffisamment gonflés afin
de redraper la peau conservée et créer un contact entre les tissus.
36
En cas de RMD, un lipofilling pré-implantatoire était réalisé trois mois avant la pose du
Strattice ®.
La première expansion post-opératoire était faite en consultation par le chirurgien dès
le quinzième jour en l'absence de complications.
Les implants définitifs étaient mis en place après une période de gonflage de 10 à 14
semaines une fois le volume désiré obtenu (léger surgonflage). Le port d'un soutiengorge médical avec contenseur maintenant la prothèse vers le bas était systématique
durant 6 semaines jour et nuit.
Figure 7 : Exemples d'intégration du Strattice® dans les tissus receveurs lors de la
mise en place de la prothèse définitive.
2.3.3. Complications post-opératoires
Toutes les complications à court, moyen et long terme notées dans le dossier médical
étaient relevées ainsi que leur prise en charge : traitement médical simple avec
surveillance rapprochée ou reprise chirurgicale.
Dans ce dernier cas, la procédure chirurgicale était détaillée (nécessité ou non de
changement voire de dépose de l'implant).
37
2.3.3.1. Classification des complications
Les complications ont été classées en trois catégories :
- Absentes ou mineures sans augmentation de la durée de séjour : grade 0
- Modérées : grades 1,2,3
- Sévères : grades 4 et 5
Les complications mineures ou modérées (grades 0 à 3) nécessitaient une prise en
charge médicale ou chirurgicale :
- Hématome : drainage au bloc opératoire avec changement systématique de la
prothèse et antibiothérapie prophylactique
- Sérome précoce ou tardif : drainage par ponction sous anesthésie locale (AL)
lors de la consultation de contrôle ou au bloc opératoire sous anesthésie
générale (AG) si volume trop important.
- Infection précoce ou tardive : traitement médical par antibiothérapie
intraveineuse (IV) ou drainage au bloc opératoire en cas d'abcès.
- Désunion, souffrance ou nécrose cutanée : parage chirurgical sous AL ou AG.
- Expostion de prothèse : changement de la prothèse.
- Red Breast Syndrome : considéré comme une complication mineure et
transitoire nécessitant une antibiothérapie IV : il s'agissait d'un principe de
précaution car le diagnostic différentiel avec une infection était souvent
incertain.
2.3.3.2. Définition d'un seuil
A la différence des autres spécialités chirurgicales, nous ne disposons pas en chirurgie
plastique de classification objective des complications post-opératoires. En nous
inspirant de la classification "Clavien-Dindo" (72), nous avons classé nos
complications en fonction des conséquences qu'elles engendraient sur la prise en
charge des patientes. "Clavien-Dindo" est une classification permettant d'évaluer les
nouvelles techniques chirurgicales en les comparant aux techniques de référence mais
38
qui est peu adaptée à la chirurgie plastique (ne tient pas compte des complications
locales (cicatrisation...) à court et long termes).
Dans notre étude, le premier groupe incluait les grades 0 à III correspondant aux
complications résolutives après une prise en charge adaptée sans conséquences sur
le résultat esthétique final.
Le deuxième groupe incluait les grades IV et V. Le grade IV correspondait aux résultats
esthétiques insuffisants (exemples : coque péri-prothétique ou rotation de prothèse) et
le grade V aux échecs de la reconstruction avec nécessité d'explantation de l'implant.
Ces deux grades correspondaient aux complications sévères.
Le choix de notre seuil, sur lequel nous nous sommes basés pour l'analyse statistique
finale, se situait entre ces deux groupes.
GRADES
TYPES DE COMPLICATIONS
Complications absentes ou mineures
0
Aucune complication ou complications mineures
augmentation de la durée de séjour
sans
I
Augmentation de la durée de séjour quelle que soit l’étiologie
II
Nécessité d’un acte ou traitement supplémentaire pendant
l’hospitalisation ou à distance
2a : gestes locaux / cicatrisation dirigée
2b : traitement médical prolongé
III
Reprise chirurgicale
Complications sévères
IV
Séquelle fonctionnelle à distance / insuffisance de résultat
esthétique
V
Dépose de l’implant
Tableau 1 : Classification des complications en fonction d'un seuil
39
2.3.4. Suivi post-opératoire
A court terme, les informations concernant la durée moyenne d'hospitalisation, le
délai avant l'ablation des drains, l'administration éventuelle d'une antibiothérapie,
l'évaluation de la douleur à l'aide de l'Echelle Visuelle Analogique (EVA) étaient
consignées dans le dossier médical et infirmier.
A distance, le résultat cosmétique et la satisfaction des patientes étaient évalués à
l'aide du questionnaire Breast-Q.
Les drains étaient retirés en dessous de 30 ml par 24h (les patientes pouvaient quitter
l'hôpital avec leurs redons au-delà du troisième jour d'hospitalisation et revenaient
consulter pour l'ablation).
Notre protocole de suivi consistait en une consultation de contrôle systématique le
septième jour et la troisième semaine post-opératoires pour débuter le gonflage de
l'expandeur (fait par le chirurgien) en l'absence de complications.
En cas de sérome, une ponction évacuatrice était faite dans des conditions stériles en
consultation et au moindre doute sur une infection, le liquide prélevé était envoyé pour
analyse bactériologique (peau inflammatoire, liquide trouble, écoulement cicatriciel).
Après avis systématique de l'infectiologue, une antibioprophylaxie probabiliste était
instaurée dans l'attente des résultats.
En cas de souffrance cutanée superficielle sans exposition de matériel, l'expandeur
était dégonflé pour soulager la cicatrice (favorisant la vascularisation cutanée). Un
délai minimum de quinze jours après cicatrisation était respecté avant de reprendre le
gonflage. En cas d'exposition de la prothèse, une reprise rapide au bloc opératoire
s'imposait (changement systématique, nous disposions en permanence d'une réserve
de prothèses).
Le volume de gonflage de l'expandeur dépendait de sa capacité de remplissage mais
également du désir éventuel d'augmentation mammaire. Un surgonflage était fréquent
afin de disposer de suffisamment de peau pour le remodelage lors de l'étape finale de
reconstruction (aspect plus naturel de ptôse).
40
2.3.5. Questionnaire de satisfaction Breast-Q
Il s'agit d'un auto-questionnaire développé par Pusic et al. (73),(74) et validé destiné
à évaluer la satisfaction et la qualité de vie après chirurgie mammaire qu'elle soit
esthétique ou reconstructrice.
Les critères de satisfaction évaluent le résultat esthétique (symétrie, forme, image de
soi ...) et la prise en charge globale (médicale, paramédicale et administrative). Quant
au bien être, il est évalué sur les plans physique, psychique, social et sexuel (75).
Le module reconstruction de ce questionnaire comporte une version pré-opératoire et
post-opératoire, comportant chacun plusieurs items. La version post-opératoire intègre
tous les items de la version pré-operatoire augmentés d’items dédiés à la situation
post-opératoire. Les items sont ensuite analysés par un algorithme qui détermine des
résultats par modules. Il n’en ressort pas de score Breast-Q total, mais des scores
indépendants pour chaque module. Il y a une relation psychométrique entre les
différents modules de façon à mesurer des changements entre les temps pré et postopératoires.
Après information et consentement, le questionnaire était proposé en version papier à
chaque patiente lors de la consultation à deux moments : lors de la visite préopératoire
et à six mois et un an post-opératoires (délai moyen de rédaction d'une vingtaine de
minutes). Elles étaient informées que les résultats recueillis pourraient faire l'objet
d'une publication scientifique. Les réponses aux questionnaires restaient anonymes
(Cf. Annexe 1).
2.3.6. Analyse statistique
La population a été décrite par des effectifs et pourcentages associés pour les
variables qualitatives et catégorielles et par des moyennes écart-type associés et/ou
médianes et étendus pour les variables quantitatives. L'analyse des complications
avec des paramètres qualitatifs a été réalisée via le test Chi2 (ou le test exact de Fisher
le cas échéant). L'analyse des complications avec des paramètres quantitatifs a été
réalisée par le test de Student (ou par le test de Kruskal-Wallis si conditions de
41
normalité non vérifiées par le test de Shapiro-Wilk). Une valeur de p inférieure ou égale
à 0,05 était considérée comme statistiquement significative.
L'analyse multivariée a été réalisée par une analyse de régression logistique. Toutes
les analyses ont été réalisées à l'aide du logiciel R 2.11
42
3. RESULTATS
3.1. Description de la population
3.1.1. Caractéristiques générales de la population étudiée
Notre étude rétrospective a été menée de septembre 2013 à juin 2015, soit pendant
21 mois. Les interventions ont été pratiquées par deux chirurgiens séniors de l'unité
de chirurgie plastique du centre hospitalo-universitaire (CHU) de l'hôpital Tenon. Le
tableau 1 présente les données démographiques.
Trente-cinq patientes (52 implantations) ont bénéficié d'une reconstruction mammaire
immédiate (c'est-à-dire dans le même temps opératoire que la mastectomie) ou
différée avec pose de Strattice®. Les mastectomies étaient à visée prophylactique ou
curative dans des proportions presque identiques (respectivement 24/52 et 28/52
seins). L'âge moyen des patientes au moment de l'intervention était de 45 ans avec
des extrêmes allant de 26 à 63 ans.
L'Indice de Masse Corporel (IMC) moyen était de 24 kg/m2 et 14% des patientes
étaient obèses (IMC ≥ 30). Un tabagisme actif était présent chez 20% des patientes.
Nous n'avions aucun cas de diabète et 20% des patientes étaient traitées pour une
hypertension artérielle.
Le volume mammaire initial était classé de façon arbitraire en petit et moyen (bonnets
A et B) ou important (bonnets C et plus). Treize patientes (37%) présentaient une
hypertrophie mammaire.
Le taux d'irradiations pré et post-opératoires était de 51,4%. Nous n'avions qu'un seul
cas d'irradiation post-opératoire avec prothèse en place.
43
Caractéristiques :
Patientes, n
Seins, n
- dont cas bilatéraux
Age moyen à la reconstruction (années), [écart-type]
IMC moyen (kg/m2), [écart-type]
Procédures associées (n=nombre de seins)
antécédent de chirurgie mammaire, n (%)
(tumorectomie)
curage ganglionnaire, n (%)
35
52
34/52
45 (26-63), [10,1]
24 (19-32), [3,5]
6 (11,5 %)
7 ( 13,5 %)
Facteurs de risque (n=nombre de patientes)
obésité (IMC ≥ 30), n (%)
HTA, n (%)
diabète, n (%)
Tabagisme actif, n (%)
hypertrophie mammaire (bonnet ≥ C), n (%)
5 (14,3 %)
7 (20%)
0
7 (20%)
13 (37%)
Traitements associés (n=nombre de patientes)
radiothérapie néo-adjuvante, n (%)
radiothérapie adjuvante, n (%)
chimiothérapie, n (%)
Hormonothérapie, n (%)
17 (48,6%)
1 (2,9%)
25 (71,4%)
16 (45,7%)
Type de reconstruction (n=nombre de seins)
immédiate, n (%)
- MCPAM, n (%)
- MCEC, n (%)
différée, n (%)
en un temps, n (%)
en deux temps avec expandeur, n (%)
prophylactique, n (%)
curative, n (%)
- in situ
- invasif
- mixte (in situ+invasif)
exérèse secondaire de PAM envahie, n
43 ( 83%)
29 (56%)
14 (27%)
9 (17%)
6 (11,5%)
46 (88,5%)
24 (46%)
28 (54%)
10 (19,2%)
9 (17,4%)
9 (17,4%)
3 ( 5,8%)
Augmentation du volume mammaire initial, n (nb de seins)
Poids moyen de la mastectomie (grammes), rang
Durée moyenne opératoire (minutes)
Durée moyenne d'hospitalisation (jours)
28
70-1395, [304,8]
200,1
3,5
Tableau 2 : caractéristiques de la population étudiée
44
3.1.2. Types de cancers
Sur les 52 mastectomies, 28 étaient à visée curative (54%). Les taux de cancers in
situ (n = 10), invasifs (n = 9) et avec une composante mixte (in situ et invasive, n=9)
étaient dans des proportions équivalentes. Les types histologiques identifiés étaient
des carcinomes canalaires ou lobulaires (in situ ou invasifs), une hyperplasie
épithéliale atypique, un papillome intracanalaire et un sarcome phyllode de bas grade.
L'âge moyen des mastectomies pour cancer était de 48,1 ans (28-63 ans).
Nous avons procédé à trois exérèses secondaires de PAM pour des raisons
carcinologiques (envahissement tumoral).
Les mastectomies prophylactiques pour mutation génétique concernaient 24 seins
avec un âge moyen de 35,5 ans (26-51 ans).
Les types de mutations retrouvés étaient majoritairement BRCA 1 et BRCA 2. Un cas
de syndrôme de Cowden a été observé (mutation PTEN).
Implant prothétique :
Les expandeurs étaient de type 133 MV. Les prothèses définitives (Allergan Natrelle®
de type 410) avaient une forme anatomique (ainsi que les expandeurs) et étaient préremplies de gel de silicone.
Mastectomie et reconstruction mammaire : Procédures
Quarante-trois seins (83%) ont été traités dans le cadre d'une reconstruction
mammaire immédiate :
- En cas de MCEC, l'incision était un fuseau centré sur la PAM.
- En cas de MCPAM, les incisions étaient : soit hémi-aréolaire avec un trait de
refend externe, soit sous mammaire (lorsque le sein était de petit volume), soit
avec résection de peau lorsqu'il était nécessaire de réduire l'étui cutané. Dans
ce dernier cas, il s'agissait d'une plastie mammaire en "oméga" ou en "T"
45
inversé selon le patron de Wise. La PAM a pu être conservée pour 29 seins
opérés. (56%).
La majorité des reconstructions (immédiate ou différée) était effectuée en deux temps
avec pose d'expandeur au préalable (n = 46). La durée moyenne d'expansion était de
5,4 mois avec une fréquence de gonflage hebdomadaire. Le délai entre deux
gonflages pouvait être allongé en cas de complications. En effet, le facteur limitant
pouvait être une gêne ressentie par la patiente ou une mauvaise tolérance de la peau
lors de sa mise sous tension par l'expandeur avec hypoperfusion des lambeaux
cutanés. Le volume moyen de gonflage par séance était de 70 ml (20-110 ml).
Quatorze patientes reconstruites en deux temps avec expandeur ont opté pour une
augmentation du volume mammaire initial.
3.2. Analyse des complications
Le tableau 3 présente les complications retrouvées en deux groupes : non graves /
graves, séparées par le seuil que nous avons défini. (Chapitre Méthode : "Définition
d'un seuil").
Pour 48% des patientes (soit 25 seins sur 52), aucune complication n'a été retrouvée.
La majorité des complications étaient précoces, survenant dans les six semaines postopératoires.
Les complications "non graves" (nommées "mineures ou modérées"), étaient
résolutives après un traitement médical ou chirurgical approprié.
En cas de sérome, des ponctions, parfois itératives, étaient effectuées en consultation
et une couverture antibiotique était systématique (Augmentin® ou Dalacine® en cas
d'allergie). En l'absence de souffrance cutanée, l'expandeur était gonflé après la
ponction évacuatrice afin de diminuer l'espace mort. En cas de doute sur la nature de
l'épanchement, une échographie était effectuée au préalable.
Certaines patientes ont nécessité une reprise chirurgicale. Il s'agissait de drainer un
hématome, un abcès ou d'effectuer un parage cutané après désunion cicatricielle. La
46
moindre désunion cicatricielle était colligée et prise en compte pour l'analyse
statistique finale bien que la majorité d'entre-elles était peu étendue (< 2cm2 ). Lorsque
seul le Strattice® était exposé, nous ne changions pas la prothèse. En revanche, son
changement était systématique lorsqu'elle était exposée ou après drainage d'un
hématome ou d'un abcès.
Parmi les infections retrouvées, 11,5% étaient précoces et 5,7% étaient tardives.
Plusieurs germes ont été identifiés. Ils étaient d'origine cutanée pour la majorité d'entre
eux ou d'origine digestive : staphylocoques (epidermidis ou aureus sensibles à la
Méticilline), streptocoques, entérobactéries (Proteus Mirabilis, Escherichia Coli),
Pseudomonas Aeruginosa et anaérobies.
Aucune complication
48% des patientes
Complications :
52% des patientes
Complications mineures ou modérées
% (n=nbre de seins)
- Red Breast Symdrome
15,4 (8)
- Hématome
5,7 (3)
- Désunion cicatricielle
o diamètre < 2cm²
o diamètre ≥ 2cm²
17,2 (9)
13,4 (7)
3,8 (2)
- Infection
o précoce
o tardive
17,2 (9)
11,5 (6)
5,7 (3)
- Sérome
o précoce
o tardif
34,6 (18)
19,2 (10)
15,4 (8)
- Nécrose
o cutanée
o aréolaire
25 (13)
15,4 (8)
9,6 (5)
- Exposition de l’implant
15,4 (8)
Complications majeures (tardives)
9,6 (5)
- Coque péri-prothétique
- Dépose de l’implant
- Rotation de l'implant
1,9 (1)
7,7 (4)
0
Tableau 3 : Analyse de complications (chaque complication calculée sur 52 seins)
47
La somme des complications est supérieure à 100% car une même patiente pouvait
avoir plusieurs complications (exemple : un RBS et un sérome précoce).
Les complications "graves" (nommées "majeures") correspondaient aux complications
tardives survenant jusqu'à deux ans après la reconstruction. Pour une patiente, il
s'agissait d'une rétraction capsulaire de grade IV selon Baker. (Annexe 2 :
Classification des coques péri-prothétiques selon Baker). Pour quatre patientes, il
s'agissait d'une explantation de la prothèse. (tableau 4). Aucun cas de rotation ou de
malposition de prothèse n'a été retrouvé.
Age
IMC
Tabac
RXT
pré-op
Type de Type de Poids pièce Complications
mastecto cancer
mastectomie
mie
(grammes)
Cas n°1
59
31,8
non
oui
MCEC
CCI
813
-désunion
-sérome précoce
-nécrose cutanée
-exposition
Cas n°2
26
20,2
non
non
MCPAM
prophylac 245
tique
-RBS
-infection précoce
(SAMS)
-nécrose cutanée
-exposition
prophylac 255
tique
-nécrose cutanée
-exposition
CCIS
grade
intermédi
aire
-RBS
-désunion
-infection précoce
(SAMS)
-nécrose de PAM
(sous
mammaire)
Cas n°3
26
20,2
non
non
MCPAM
(sous
mammaire)
Cas n°4
56
30,5
non
oui
MCPAM
1395
Tableau 4 : Echecs de la reconstruction : résumé des caractéristiques des patientes3
3
RXT = Radiothérapie, CCIS = Carcinome Canalaire In Situ, CCI = Carcinome Canalaire Infiltrant, RBS = Red
Breast Syndrome, SAMS = Staphylococcus Aureus Méthicilline Sensible
48
Cas n°1 : la patiente a bénéficié d'un lambeau autologue (muscle grand dorsal).
Cas n°2 et 3 : il s'agissait de la même patiente ayant bénéficié d'une RMI sans pose
d'expandeur au préalable. Il s'agissait d'un cas exceptionnel d'explantation prothétique
bilatérale dont les causes sont énumérées dans le tableau. La chirurgie de rattrapage
, pour le côté infecté dont les tissus étaient rétractés, comprenait un lipofilling préimplantatoire (afin d'assouplir les tissus) suivi de la pose d'un expandeur . Pour l'autre
côté, dont l'enveloppe cutanée était de bonne qualité, la reconstruction a été faite par
un lambeau musculaire pur enfoui de grand dorsal associé également à la pose d'un
expandeur.
Cas n°4 : la patiente ne souhaitait pas de nouvelle reconstruction mammaire (départ
pour l'étranger).
Figure 8 : Cas n°4 = nécrose de PAM
49
En se basant sur le seuil que nous avons déterminé pour classer les complications en
deux catégories, le taux de complications majeures était faible, avec un total de 9,6 %
(correspondant à 5 seins sur 52).
L'analyse statistique multivariée des résultats à l'aide d'un test de régression logistique
permettait d'identifier les facteurs de risque significatifs (p < 0,005) de complications
graves (grades IV et V), (tableau 5).
Les facteurs de risque retrouvés étaient l'âge élevé, l'obésité (IMC ≥ 30), un cancer de
type invasif et une radiothérapie de l'aire mammaire.
En revanche, le tabac, l'hypertrophie mammaire initiale, le curage ganglionnaire
axillaire et la chimiothérapie n'étaient pas des facteurs de risque statistiquement
significatifs de complications graves.
OR (95% CI)
P
AGE
0.843 (0.706,1.006)
0.0178
IMC
1.408 (0.989,2.003)
0.0234
CANCER INVASIF
0 (0,Inf)
0.0484
RADIOTHERAPIE
23.725 (0.723,778.164)
0.0326
Tableau 5 : Analyse statistique de facteurs de risque d'échecs
3.3. Satisfaction des patientes / Analyse du questionnaires Breast-Q :
Le taux de réponses au questionnaire a été de 67%.
Un interrogatoire systématique a été fait lors de la consultation post-opératoire à 6
mois de la reconstruction afin d'évaluer la satisfaction des patientes sur une échelle
allant de 0 (insatisfaite) à 10 (très satisfaite). La moyenne de satisfaction était de 7 sur
10 (3-10).
La satisfaction ressentie par chaque patiente a également était évaluée à l'aide du
questionnaire Breast-Q. (annexe 1). Ce questionnaire a été remis en période pré50
opératoire et à six mois de la reconstruction mammaire. L'analyse de la satisfaction
des patientes a montré une amélioration du bien-être global significativement corrélée
à l'augmentation du volume mammaire comparé au volume mammaire initial avant
mastectomie (concernant 14 patientes).
BREAST-Q à six mois de la fin de la reconstruction mammaire en situation de RMI
(pour les patientes ayant un suivi supérieur à six mois)
Pre-operatoire
Post-operative
moyenne (déviation
moyenne (déviation
standard)
standard)
“Satisfaction seins”
60 (17.9)
75 (12.9)
<0.001
“bien-être psychosocial”
46 (21.7)
69 (12.6)
0.0001
“bien-être sexuel”
44 (22.7)
67 (18.1)
0.005
“bien-êre
p
physique
: 69 (19.1)
73 (23)
0.5
“bien-être physique
: 69 (25.8)
71 (25.8)
0.045
tronc”
abdomen”
Tableau 6 : Satisfaction des patientes en cas de reconstruction mammaire immédiate.
51
4. DISCUSSION
4.1. Analyse de nos résultats
Depuis son introduction dans les années 1960, la reconstruction mammaire par
prothèse représente la technique de choix à travers le monde (76) et concerne plus de
70% des RM aux Etats-Unis qui sont dans la majorité des cas immédiates après
mastectomie. Comme le montre Handel avec un recul de 25 ans (77), les résultats
esthétiques sont globalement satisfaisants et encouragent ce type de reconstruction.
Elle représente un challenge pour le chirurgien plasticien car l'utilisation des prothèses
est loin d'être dénuée de risques qu'il faut savoir évaluer et de complications qui sont
souvent difficiles à gérer impliquant une courbe d'apprentissage.
Les MDA associées aux prothèses sont d'utilisation courante aux Etats-Unis. Leur
principal avantage en RM, qui a motivé notre choix de les utiliser, est la diminution du
nombre de chirurgies secondaires pour défauts cosmétiques ou coques avec pour
conséquence une diminution à long terme du coût total de la RM (78). Le NHS
(National Health Service) britannique a d'ailleurs, contrairement à la France et à
d'autres pays européens, décidé du remboursement des matrices dans cette
indication.
La plupart des articles disponibles concernent l'Alloderm® mais cette matrice n'est pas
autorisée en Europe en RM. Les premières études portant sur l'Alloderm® retrouvaient
des taux élevés de complications à types de séromes, d'infections ou de souffrances
cutanées (79). Les données récentes de la littérature sont cependant encourageantes
avec une diminution des complications expliquée par l'amélioration des techniques
chirurgicales et la sélection plus rigoureuse des patientes opérées (80).
Concernant le Strattice®, les publications restent limitées. Elles semblent
prometteuses, comme le montrent Hille-Betz et Fharadi (81) et (82) rapportant un
faible taux de complications, justifiant notre intérêt pour ce dispositif innovant.
En effet, Le pourcentage de complications majeures, impliquant une hospitalisation
et/ou une reprise chirurgicale était de 7,1% et comparable aux taux retrouvés dans
notre étude (9,6%) ainsi que dans la littérature concernant l'Alloderm® (3,9-10,9%)
(83).
52
Dans notre série, les échecs de la RM correspondaient à l'explantation de la prothèse.
Ils concernaient nos premières utilisations de Strattice®. Parmi les quatre échecs, les
causes étaient :
- deux cas de nécroses cutanées
- une infection (probablement d'origine iatrogène par inoculation bactérienne lors
des ponctions du sérome, confortée par l'origine cutanée des germes identifiés)
- une nécrose cutanée surinfectée
Figure 9 : Deux exemples de nécroses cutanées avec Strattice® (photos du Docteur
Kere, Reims)
3 patientes
/4 échecs
Tabac
Antecedent
de
radiotherapie
Lateralite
IMC
ASA
VOLUME
mastectomie/
Bonnet
Ptose
grade
III
ECHEC 1
0
1
1/2
31.8
2
813g, D
+
ECHEC 2
0
0
2/2
20.2
1
245g-255g, B
+
ECHEC 3
0
1
1/1
30.5
2
1395 g, E
+
Tableau 7 : Caractéristiques des patientes ayant eu un échec de la RM
53
Deux échecs sur quatre concernaient des patientes de plus de 55 ans, obèses, avec
un antécédent de radiothérapie et un sein ptotique et volumineux. L'échec n°2 est
consécutif à une erreur technique (mastectomie bilatérale trop superficielle).
Figure 10 : Nécrose aréolaire bilatérale (échec n°2)
Ces éléments nous conduisent à mettre en avant une courbe d’apprentissage
obligatoire avec une limitation des indications au début pour les élargir
progressivement avec l'expérience. En effet, la majorité de nos complications (tous
grades de sévérité confondus) concernait les dix-huit premières patientes de l'étude.
Les dix-sept patientes suivantes (sur un total de 35) n’ont présenté que des
complications mineures (séromes et petites désunions essentiellement).
D'après nos résultats et les données de la littérature, une grande prudence est de
rigueur pour les IMC élevés (diminution de l'intégration tissulaire des MDA,
augmentation des séromes (84)) et les seins volumineux et ptôsés qui sont déjà à
risques de complications pour les reconstructions par implants/expandeurs non
assistées par matrices (85). La radiothérapie en particulier est un facteur de risque
d’échec de la reconstruction surtout lors des mastectomies conservatrices de l’étui
cutané (86).
54
Breuing
(2007)
(87)
Salzberg
(2011) (88)
Salzberg
(2013)
(89)
Glasberg
(2012)
(90)
Notre étude
Alloderm®
Nombre de
seins
Infections
Nécroses
cutanées
Séromes
Déposes de
l'mplant
Taux global
de
complications
majeures
Alloderm®
67
466
Srattice®
105
Srattice®
144
Srattice®
52
1,3%
0,2%
3,8%
2,1%
17,2%
?
1,3%
2,9%
1,4%
25%
?
?
1,9%
1,4%
34,6%
0,6%
1,3%
3,8%
1,4%
7,7%
4%
3,9%
8,6%
6,3%
9,6%
Tableau 8 : Complications des MDA dans notre série comparées à la littérature
(Alloderm® et Strattice® en reconstruction mammaire)
4.1.1. Reconstruction mammaire en deux temps et MDA
Deux types de reconstructions prothétiques peuvent être proposées : en un temps ou
en deux temps avec une phase d'expansion préalable, cette dernière option étant la
plus utilisée (91). Malgré les bénéfices théoriques de la reconstruction en un temps
(raccourcissement du délai de la reconstruction, moindre coût par suppression des
gonflages itératifs, meilleur confort pour la patiente....), les résultats esthétiques sont
plus aléatoires et le taux de complications plus élevé (25) notamment après incisions
hémiaréolaires ou en "T" inversés (92).
L'expansion mammaire est une technique de routine en RM (22). Elle a l'avantage de
recruter du tissu mammaire en évitant l'effet "patch" des lambeaux autologues ainsi
que les séquelles d'un site donneur. Ses indications sont larges : RMI ou RMD et plus
rarement en complément d'un lambeau autologue.
Notre décision d'utiliser un expandeur pour la majorité de nos patientes a été guidée
par :
55
- la possibilité pour la patiente de bénéficier d'une augmentation du volume mammaire
lors du processus de reconstruction : cela a concerné 14 patientes (28/52 seins) qui
avaient un IMC < 27 (bonnets A ou B).
En reconstruction immédiate, Hubert et al. montraient une augmentation de la
satisfaction ressentie (bien être sexuel essentiellement) en cas d'augmentation du
volume mammaire initial (93). Comme pour nos patientes,ce bénéfice ne concernait
pas les patientes avec un IMC elevé (ayant un poids de mastectomie important). En
effet, l'utilisation de prothèses larges et volumineuses seules ne suffisait pas à
restaurer ou augmenter la taille des seins.
-
la possibilité d'effectuer une exérèse secondaire de la PAM en cas de nécrose
aréolaire ou de découverte fortuite d'un envahissement tumoral, comme cela a été le
cas pour trois patientes. L'expandeur était alors dégonflé pour une suture cutanée sans
tension et l'expansion reprise après cicatrisation
-
une diminution du recrutement musculaire ou cutané source de douleurs, de
distorsions et de saignements (LAA, muscle serratus, petit pectoral, fascia du grand
droit).
En théorie, l'expansion mammaire est réservée aux seins non irradiés (94).
Cependant, grâce aux MDA, les indications peuvent être étendues aux patientes ayant
subit une radiothérapie. Les MDA agissent comme tissu de soutien dans ce contexte
de fragilité tissulaire. Une fois intégrée et l'expansion terminée, les tissus mammaires
sont dans des conditions de trophicité optimale pour recevoir la prothèse définitive
(95).
Les MDA permettent également un gonflage plus important des expandeurs, nous
constations aussi qu'elles apportaient une plus grande souplesse aux tissus (étude par
élastométrie en cours au CHU Tenon).
Nous avons eu six cas de reconstructions en un temps. Parmi eux, un cas de nécrose
cutanée bilatérale (MCPAM à but prophylactique) due à une erreur technique
(mastectomie trop agressive) et deux cas de complications mineures (une infection
traitée et un RBS, les deux sans conséquences à distance). L'absence d'expansion a
56
été justifiée par la présence de plusieurs opérateurs (habitudes chirurgicales) et
concernait les premières poses de Strattice®.
Notre attitude est confortée par la littérature montrant plus de complications et
d'échecs des reconstructions en un temps (hormis les cas de MCPAM) (96) et certains
auteurs retrouvent prés de 60% de révisions chirurgicales à court terme avec MDA
sans expandeurs (97). Les reconstructions en deux temps ont l'avantage de permettre
des réajustements lors du deuxième temps souvent nécessaires.
4.1.2. MDA et augmentation mammaire
Sans matrice, l'expansion de la loge peut être limitée par les attaches musculaires
inférieures (ou par le fascia du muscle grand droit lorsqu'il est recruté) pouvant
entraîner une migration prothétique dans les pôles supérieurs du sein. L’utilisation du
Strattice® nous permettait de désinsérer ces attaches (mises en continuité avec la
matrice elle-même fixée au SSM), d'augmenter le volume de la loge et par conséquent
le volume de remplissage per-opératoire. L'espace sous cutané vidé par la
mastectomie (compris entre le muscle / Strattice® et l'étui cutané) pouvait être comblé
par l'implant qui n'était plus contraint par le grand pectoral (limitant l'espace mort). Des
auteurs ont montré une diminution du nombre de séances de gonflages postopératoires nécessaires pour atteindre le volume souhaité en comparaison aux RM
sans matrices (98). Cela concernait les volumes supérieurs à 350 ml, ce qui a été le
cas pour 45/52 RM dans notre étude. Cependant, d'autres auteurs ne retrouvent pas
de différence significative concernant le nombre de séances de gonflages (99), mais
cela serait lié aux habitudes des chirurgiens (remplissage initial par de petits volumes
puis croissance progressive...).
Nous avons vu que 14 patientes ont pu bénéficier dans notre série d'une augmentation
mammaire. L'analyse de la satisfaction (Breast-Q) montre une corrélation entre cette
augmentation et le bien-être ressenti. Cependant, l'absence de groupe contrôle (sans
matrice) ne permet pas de porter de conclusions objectives relatifs à ce bénéfice
secondaire d'augmentation mammaire après RM. La figure 11 montre un exemple
d'augmentation mammaire bilatérale.
57
Les MDA protègeraient également l'enveloppe cutanée mammaire de la pression
directe exercée par ces prothèses plus volumineuses.
Figure 11 : Patiente de 30 ans avec une mutation BRCA 2.
CCIS du sein droit : MCEC / Mastectomie prophylactique gauche : MCPAM.
Reconstruction par expandeur + Strattice® bilatéral
4.1.3. Facteurs de risque de complications
Il est établi que le tabac, l'obésité, l'âge et les traitements complémentaires
(radiothérapie surtout) sont des facteurs de risque indépendants d'échec de la
reconstruction prothétique.
Les meilleurs résultats sont obtenus en RMI sans traitement néo-adjuvant et/ou
adjuvant comme c'est le cas pour les cancers in situ diffus ou multifocaux et les
mastectomies prophylactiques (avec une peau jeune, élastique et de bonne qualité).
Contrairement aux principales études, dans notre série le tabac n'augmentait pas le
taux de complications graves. Cela est probablement lié au faible pourcentage de
patientes fumeuses et à la taille de notre échantillon. Nous recommandons quand
même un arrêt strict du tabagisme au minimum un mois avant la chirurgie car
l'intégration tissulaire des MDA repose sur une néo-vascularisation permettant sa
colonisation cellulaire. En revanche, nous avons montré que l'âge élevé, le surpoids,
la radiothérapie pré-opératoire et les cancers invasifs augmentaient de façon
significative le taux de complications majeures (grades IV et V).
58
Nous avons eu 9 cas de RM secondaires (toutes avec expandeurs). Ces patientes
bénéficiaient systématiquement d'un lipofilling pré-implantatoire afin d'apporter une
souplesse aux tissus rétractés (la graisse était injectée en sous cutané et dans le
muscle grand pectoral). Alors que classiquement les RM secondaires sont une contreindication aux expandeurs (les patientes étant radiothérapées) nous n'avons eu aucun
cas d'explantation pour ces patientes. L'équipe de Fabre utilise également l'expansion
mammaire après radiothérapie avec de bons résultats. Ils insistent sur la nécessité
d'avoir un étui cutané de bonne qualité (absence de radiosclérose par exemple) et de
privilégier un lambeau autologue dans le cas contraire (100). Cependant, Fabre et al.
n'utilisaient pas de MDA, ce qui ne permet pas de comparaison avec nos résultats.
L'absence de bras contrôle (sans matrice) est donc la limite majeure de notre étude.
Figure 12 : Patiente de 52 ans, CCI du sein droit
59
Reconstruction secondaire en 3 temps :
- Lipofilling pré-implantatoire
- 3 mois après : Expandeur et Strattice®
- 3 mois après : Prothèse définitive
Figure 13 : Patiente de 57 ans, CCI du sein droit
Lipofilling pré-implantatoire, expandeur+Strattice® et prothèse définitive
4.1.4. Sérome et infection
Le sérome post-opératoire est la complication la plus fréquente après chirurgie
mammaire, encore plus avec utilisation des MDA (64). S'il n'est pas traité, en plus
d'être douloureux, il peut conduire à une surinfection bactérienne et une nécrose
cutanée par mise en tension des tissus. Plusieurs facteurs ont été incriminés dans leur
formation : larges décollements inhérents à la mastectomie (par extension des
indications de mastectomies conservant l'étui cutané), obésité, hypertension artérielle,
âge élevé, utilisation du bistouri électrique ou encore exérèse dans le même temps
opératoire du ganglion sentinelle ou curage ganglionnaire sans isolement de la loge
axillaire (101), (102).
60
Pour nos patientes, la dissection lors de la mastectomie était systématiquement
effectuée aux ciseaux de mayo pour limiter ce risque mais également pour conserver
la vascularisation artérielle sous dermique. Le drainage est également important pour
empêcher à la fois la stagnation du sérome (risque de surinfection) et l'interposition du
liquide entre le lambeau cutané et le muscle / Strattice® gênant l'adhérence des tissus.
Notre préférence, qui est celle de nombreux auteurs, était de placer deux drains, l'un
entre l'implant et le Strattice® et l'autre entre ce dernier et le décollement sous cutané.
Lorsque les redons restaient productifs (plus de 30 ml par 24 heures), nous les
gardions jusqu'à deux ou trois semaines dans certains cas. Bien sûr, cela augmentait
le risque infectieux, d'autant plus que les patientes n'étaient plus hospitalisées. Pour
minimiser ces risques, des prélèvements bactériologiques étaient faits au moindre
doute suivis d'une antibioprophylaxie. Une échographie per-cutanée pouvait, en cas
de doute, confirmer un épanchement, orienter sur sa nature et apprécier son
abondance avant de décider de ponctionner.
Malgré un taux de séromes élevé (34,6%), la majorité d'entre eux était résolutif par
ponction évacuatrice simple en consultation. Comme Dickmans (qui rapporte 20,9%
de séromes), nous les considérions comme des complications mineures car
n'augmentant pas la durée globale de la RM et sans conséquences à long terme (103).
Nous prenions soin de créer un long tunnel sous cutané lors de l'introduction du redon
afin de placer l'orifice de sortie à distance du Strattice® et de la prothèse. Plusieurs
études suggèrent l'instauration systématique d'une antibiothérapie jusqu'à l'ablation
des redons, non effectuée dans notre série mais qui semble intéressante à envisager.
Certains auteurs utilisent des pansements antimicrobiens comme le Biopatch ® sur
l'orifice de sortie.
Mladick, quant à lui, pratique la technique du "no touch" (104) afin de diminuer le risque
de contamination per-opératoire. Elle consiste à introduire la prothèse dans sa loge à
l'aide d'un entonnoir avec un minimum de manipulations.
Les infections de prothèses sont relativement rares mais plus fréquentes après RM.
Les causes sont multifactorielles et peuvent être expliquées par une plus grande
fragilité cutanée, une augmentation de la durée opératoire, un antécédent de
radiothérapie ou un geste ganglionnaire axillaire associé.
Elles peuvent être
61
secondaires à une souffrance cutanée avec inoculation bactérienne secondaire
(staphylocoques aureus essentiellement). La contamination peut également être
endogène via les canaux galactophoriques en cas de MCPAM (staphylocoque
epidermidis, anaérobies) ou par voie hématogène en cas de foyer infectieux à
distance.
Les voies d'abord axillaires (geste ganglionnaire) et péri-aréolaires augmentent
également le risque infectieux. Pour cette raison et dès que possible (petits seins),
nous privilégions la voie sous mammaire qui est aussi plus esthétique et moins risquée
pour la vascularisation de la PAM. Elle augmenterait théoriquement le risque de
souffrance cutanée et de désunion par pression de l'implant (aucun cas dans notre
étude). Cependant, elle est plus difficile techniquement surtout pour les seins
volumineux et nécessite une courbe d'apprentissage.
La prise en charge des infections n'est pas consensuelle et nous avons opté pour une
reprise chirurgicale précoce au bloc opératoire en cas d'infection fortement suspectée
ou prouvée. En effet, cette attitude augmentait selon nous les chances de sauvetage
de la prothèse, laquelle était systématique changée. Cette attitude est justifiée par la
présence d'un biofilm bactérien entourant la prothèse et isolant les bactéries du
traitement antibiotique (105).
Après deux prélèvements bactériologiques per-
opératoires, la loge de l'implant était abondamment lavée au sérum bétadiné® et
draînée par un redon. Une bi-antibiothérapie probabiliste IV (ciblant entre autres les
staphylocoques) était instaurée en per-opératoire et poursuivie dans l'attente des
résultats bactériologiques.
Devant l'absence de consensus sur la durée du traitement, nous poursuivions les
antibiotiques 48 à 72 heures en IV avec un relai per os pour une durée moyenne de
15 jours, tout en s'adaptant bien sûr à l'examen clinique.
Pour une patiente, une collection avérée n'a pas permis le sauvetage de la prothèse
et une reconstruction secondaire à 8 mois par lipofilling pré-implantatoire et nouvel
expandeur a été nécessaire suite à la rétraction des tissus infectés.
Nos taux d'infections étaient proches de ceux de Farhadi et al. (11,5%) (82). La plupart
d'entre elles survenaient dans les 15 jours après la chirurgie et étaient résolutives par
traitement médical simple sans nécessité de reprise au bloc opératoire.
62
4.1.5. Le Red Breast Syndrome
Le « Red Breast Syndrome », retrouvé chez 5 patients (cas bilatéraux), serait une
réaction d’hypersensibilité (106), notamment au produit de conservation qui se
traduit par un érythème non infectieux diffus du sein survenant de façon retardée
dans les 15 jours à 3 semaines après l’implantation du Strattice®. (Figure 14)
Alors que les matrices sont souvent utilisées en chirurgie de renforcement de la paroi
abdominale, il n’a jamais été rapporté de « Red Abdomen Syndrome ». Il existe
probablement des spécificités du tissu mammaire expliquant ce syndrome qui est le
plus souvent spontanément résolutif. Pour certains, le RBS serait plus fréquent pour
des IMC > 30 (107), ce qui n'est pas vérifié dans notre étude. Le rinçage du matériel
est un élément très important, et l’incidence de ce syndrome diminue avec
l’expérience.
Notre prise en charge a consisté en l'administration systématique d'une antibiothérapie
IV devant toute réaction inflammatoire diffuse du sein car la plus grande difficulté est
de ne pas méconnaître une infection sous jacente (diagnostic différentiel du RBS).
Certains
auteurs recommandent
plutôt l'administration d'une corticothérapie
systémique pour traiter ce phénomène d'hypersensibilité (attitude non suivie pour nos
patientes).
Figure 14 : Red Breast Syndrome du sein gauche
63
4.1.6. Cancer infiltrant
Les complications ne sont pas seulement liées à l'utilisation des MDA mais également
à la procédure chirurgicale lors de la conservation de l'étui cutané.
Les impératifs oncologiques imposent parfois de laisser une fine épaisseur cutanée.
Dans les cancers invasifs, les traitements adjuvants provoquent des remaniements
tissulaires et le plan des crêtes de Duret peut être moins précis. La pression
mécanique de l'implant sur une peau fragilisée par la mastectomie peut causer une
ischémie tissulaire, allant de l'épidermolyse superficielle à la nécrose cutanée.
Salzberg et al. (88) retrouvent ainsi deux fois plus de complications après
mastectomies curatives (versus prophylactiques).
4.1.7. Radiothérapie
La radiothérapie a une part importante dans le traitement du cancer du sein.
Elle
augmente le risque d'échec de la reconstruction mammaire par prothèse
(augmentation du taux d'infections et de coques) (108). Son effet délétère peut être
comparé à celui du tabac : diminution de la perfusion des tissus ainsi que de
l'angiogénèse nécessaires à l'intégration des MDA et perte de l'élasticité cutanée par
la fibrose induite.
Une revue de la littérature (Kronowitz et al.) (109), montre dans les reconstructions
sans MDA, un taux de complications supérieur à 40% (dont 15% de déposes de
prothèses) en cas de radiothérapie adjuvante, incitant à proposer une reconstruction
autologue pour les patientes devant être irradiées.
Avec utilisation du Strattice®, Hille-Betz et al. rapportent un taux global de
complications après radiothérapie de 24,5% essentiellement à types de séromes (81).
Dans la série de Salzberg et al. utilisant l'Alloderm®, les complications rapportées sont
quatre fois plus élevées en cas d'irradiation. L'auteur insiste sur la nécessité de
conserver la vascularisation dermique lors de la mastectomie (pas trop agressive) et
d'utiliser un expandeur lorsque celle-ci semble compromise pour diminuer la tension
cutanée source de nécroses (88).
64
Concernant 51 cas de reconstructions prothétiques associant radiothérapie et
Alloderm®, Colwell montre que celle-ci est un facteur de risque de complications
statistiquement significatf (83).
Dans notre étude, nous n'avons eu qu'un seul cas de radiothérapie adjuvante
(prothèse en place) qui n'a pas présenté de complications, mais la taille de notre
échantillon ne permet pas de porter de conclusions.
Peu d'études sont actuellement disponibles afin d'expliquer l'action des matrices et
leur physiopathologie dans ce contexte de radiothérapie et seraient nécessaires dans
l'avenir. Une récente étude associant Strattice® et irradiation rapporte un taux élevé
de complications (32%) non imputables aux infections (95). Bien que la taille de
l'échantillon et le recul soient limités, les auteurs font l'hypothèse que la radiothérapie
n'est pas une contre-indication absolue à l'utilisation des MDA si la prise en charge
des complications, en premier lieu des séromes, est optimale : drainage systématique
minimisant les risques de translocation bactérienne, positionnement de la MDA sans
espaces morts (absence de "faux-plis", gonflage suffisant de l'expandeur) et irrigation
par une solution antibiotique de la loge et de la prothèse.
4.1.8. Comment optimiser les résultats en minimisant les complications?
Nous proposons une gradation des indications en fonction des antécédents et des
facteurs de risque de la patiente. (Tableau 9)
De la même façon, Citron et al. proposent un "guideline" pour l'amélioration des suites
post-opératoires (l'étude portait sur le Strattice®) (110) :
Premièrement,
une
sélection
rigoureuse
des
patientes
candidates
à
une
reconstruction est primordiale. En effet, l'obésité (IMC>30), le tabac et l'hypertrophie
mammaire (>600 grammes) sont des facteurs de risque péjoratifs déjà démontrés.
(111). Cependant, dans notre série, seuls l'âge, l'IMC, le caractère invasif du cancer
et la radiothérapie étaient statistiquement significatifs.
Deuxièmement, la reconstruction en deux temps avec expandeur semble préférable,
procédure que nous avons appliquée à nos patientes (88,5% des cas).
65
Il existe en effet une inadéquation de volume entre la loge rétromusculaire et la loge
sous cutanée avec formation d'un espace mort source de séromes. Pour combler cet
espace, il est nécessaire d'effectuer un bon redrapage de la MDA comme nous l'avons
vu précédemment et de gonfler suffisamment l'expandeur, procédure permise par la
matrice (pas de limitation de la loge musculaire par désinsertion du grand pectoral).
L'expansion doit être prudente et une vérification de la vascularisation des lambeaux
cutanés systématique après fermeture. Au moindre doute, on dégonflera l'expandeur
par voie per-cutanée (ou possibilité d'utiliser le vert d'indocyanine)
Le gonflage permet aussi de créer un contact entre la face profonde du derme et le
Strattice® indispensable à sa colonisation cellulaire et donc à son intégration dans les
tissus de la patiente.
L'autre alternative serait de réduire systématiquement l'étui cutané dés que les seins
dépassent un bonnet B ou sont ptôsés mais au prix de cicatrices supplémentaires ce
qui n'est évidemment pas une solution.
Vert :
AUTORISE
Orange :
Rouge :
CONTRE
INDICATION CONTRE INDICATION
RELATIVE
->opérateur expérimenté
-> Prudence
Pas de comorbidités
Petit volume mammaire
Pas de ptôse
Pas d'antécédent de
radiothérapie
Non fumeuse
IMC < 30
Pas de malformation
thoracique
Bonne vitalité des
lambeaux cutanés en peropératoire
Comorbidités
Antécédent de
radiothérapie
Tabagisme actif
IMC ≥ 30
Malformation thoracique
Ptôse > grade II
Réduction étui cutané
("oméga")
volume à reconstruire >
400 cc
Bonne vitalité des
lambeaux cutanés
Radiodermite
Cancer du sein
inflammatoire
Antécédent d'infection
chronique
Tabagisme actif
Infection active
Faible vascularisation des
lambeaux cutanés
(clinique/vert indocyanine)
Gros bonnets : D/E
Ptôse importante
Réduction étui cutané
(patron de "Wise")
Tableau 9 : "Guideline" d'utilisation des MDA selon les facteurs de risque
66
4.1.9. Coques péri-prothétiques
Les coques sont des complications fréquentes en chirurgie rmammaire par implants.
L'incidence est difficile à évaluer car les critères sont uniquement cliniques et donc
subjectifs (Classification de Baker, 1976).
Sa fréquence est estimée, après reconstruction mammaire, entre 15 et 30% des cas
et représente donc un vrai challenge pour le chirurgien plasticien. Elle augmente après
radiothérapie, notamment lorsqu'elle est administrée prothèse en place. Les causes
sont multifactorielles et les théories nombreuses comme l'apparition d'un phénomène
inflammatoire chronique causé par le biofilm microbien autour de la prothèse, une
contamination per-opératoire, une dissection traumatique avec saignement résiduel
lui-même source d'inflammation chronique...
Leur survenue est variable dans le temps et trois périodes post-opéraoires ont été
définies : précoce (2ème à 12ème semaine, 20% des cas), standard (3ème au 24ème
mois, 50% des cas), et tardive (après la 2ème année, 30% des cas) (112).
Secondaires à une réaction inflammatoire pathologique, elles provoquent une
déformation du sein (4 stades selon Baker) et des douleurs invalidantes. Elles sont
sources d'insatisfaction pour le chirurgien et pour les patientes justifiant que l'on trouve
les moyens thérapeutiques pour les prévenir. Alors qu'aucun traitement médical ou
chirurgical préventif ou curatif n'a encore fait preuve de son efficacité, les MDA seraient
un outil supplémentaire.
Les articles publiés sur les coques concernent essentiellement l'Alloderm®. Basu et
al. évoquent une diminution de la réaction inflammatoire et immunologique par
l'Alloderm® au contact de la prothèse (113). Salzberg et al, dans une série de 466 RM
avec Alloderm® , rapportent un taux de coques inférieur à 0,5% (88). Par ailleurs, une
étude récente sur 127 patientes ayant bénéficié d'une RM avec Strattice® retrouve un
faible taux de coques (0,6%) avec un recul moyen de 19,6 mois (81). Les auteurs font
l'hypothèse d'une diminution du recrutement des myofibroblastes autour de l'implant
responsables de la formation des fibres de collagène (en cause dans la formation de
la capsule rétractile pathologique).
67
Le positionnement rétropectoral partiel (dans les pôles supérieurs) de la prothèse
grâce aux MDA diminuerait également l'inflammation chronique induite par les
contractions du muscle au contact de la prothèse.
Nous n'avons retrouvé qu'un seul cas de coque dans notre série (stade IV de Baker
(114)) survenu 11 mois après la reconstruction. Cette patiente a bénéficié d'une
mastectomie prophylactique type MCPAM (mutation BRCA 1) avec reconstruction
mammaire immédiate par prothèse et Strattice® mais sans expandeur. Elle présentait
un antécédent de tumorectomie pour CCIS de grade intermédiaire. Il s'agissait d'une
patiente de 56 ans, non fumeuse, hypertendue et obèse (IMC à 30,5). Elle présentait
une hypertrophie mammaire (poids de la mastectomie égal à 875 grammes) et un
antécédent de radiothérapie. Les suites ont été marquées par un Red Breast
Syndrome et une infection précoce à SAMS suivie de nécrose de l'aréole. Cet exemple
illustre la nécessité d'une sélection rigoureuse des patientes devant être reconstruites
par prothèse et de proposer en cas de risque d'échec (radiothérapie) une expansion
préalable en plus du Strattice®.
Certains auteurs recommandent l'irrigation par une solution antibiotique de la loge pour
prévenir la formation du biofilm bactérien péri-prothétique et diminuer ainsi le taux de
coques. Nous n'avons pas procédé ainsi pour nos patientes.
68
procédure
chirurgicale
nombre de
patientes
/seins
suivi moyen
(rang)
taux de
coques
(en %)
Maxwell 2014
(115)
révision
(augmentation
mammaire)
106 / 106
3,1 ans
(1-5,3 ans)
0
Spears 2013
(116)
chirurgie primaire
ou révision
39 / 75
17,5 mois
(6mois-4ans)
0
Pozner 2013
(117)
révision
(augmentation
mammaire)
93 / 179
12 mois
(1-39 mois)
1,1
Hester 2012
(118)
chirurgie primaire
ou révision
80 / 154
1,3 ans
(3mois-3,5 ans)
1,9
Glasberg 2012
(90)
reconstruction
mammaire
90 / 144
14,4 mois
(4,5-24,5 mois)
0
Himsl 2012
(119)
reconstruction
mammaire
23 / 27
19 mois
(8-36 mois)
0
Salzberg 2013
(85)
reconstruction
mammaire
54 / 105
41,3 mois
(35,5-48,4 mois)
0
Article
Tableau 10 : MDA et coques : données de la littérature
4.2. Arguments en faveur d'implants anatomiques
Nous avons opté pour des RM par implants texturés et anatomiques à la fois pour
l'expandeur et la prothèse définitive. Ce choix se justifiait par un panel plus large de
modèles s'adaptant à la morphologie de chaque patiente. Les objectifs étaient de
remplir modérément le pôle supérieur, d'avoir un segment III et un décolleté arrondis
ainsi qu'une PAM centrée sur le point de projection maximal du sein.
Le choix de l'implant reposait sur trois critères : la largueur (base mammaire), la
hauteur et le degré de projection du sein (faible-modéré-élevé). Le tableau 11 donne
l'ensemble des dimensions d'implants à la disposition du chirurgien.
69
Tableau 11 : Modèles de prothèses anatomiques
Les prothèses rondes ont l'inconvénient d'accentuer la convexité du segment II et ne
permettent de sélectionner qu'une seule dimension (largeur = hauteur). Ainsi, il est
parfois moins aisé de s'adapter à l'anatomie du sein controlatéral. Nous étions très
prudents lors de la confection de la loge, disséquée à minima puis complétée si besoin
une fois la prothèse en place afin qu'elle ne soit pas trop large. Nous n'avons eu aucun
cas de rotation d'implant dans notre série. (évalué dans la littérature à 2 ou 3 %).
4.3. Utilisation des MDA en chirurgie mammaire esthétique de rattrapage
Les MDA permettent :
- le renforcement des contours du sein en cas de malposition de la prothèse
(synmastie, déplacement externe et "bottoming out")
- le remplacement de la capsule péri-prothétique après capsulectomie pour
traiter une coque
- d'apporter un tissu de soutien en cas de couverture glandulaire insuffisante
Les chirurgies mammaires de rattrapage sont techniquement compliquées et à haut
risque de récidives. Elles nécessitent au préalable une bonne expérience en chirurgie
primaire et un "diagnostic" précis afin de cibler les corrections anatomiques à apporter.
70
Plusieurs articles ont démontré l'intérêt des MDA pour prévenir ou traiter les
complications après augmentation mammaire prothétique, montrant de bons résultats
:
4.3.1. Coque péri-prothétique
Il s'agit de la première cause de reprise chirurgicale à distance en chirurgie esthétique
ou en reconstruction.
Le traitement consensuel consiste en une capsulotomie et/ou capsulectomie selon le
grade avec ou sans changement de la loge de l'implant. En cas de malposition de la
prothèse, la coque elle-même peut être utilisée pour créer une nouvelle loge mais les
tissus sous cutanés restants sont souvent trop fins et l'épaisseur du lambeau de coque
insuffisant.
Ces procédures chirurgicales sont souvent décevantes et les taux de récidives élevés.
Pour les cas récidivants, certains auteurs proposent la pose de prothèses en
polyuréthane qui semblent être une bonne option.
Une autre alternative est l'utilisation des MDA. Elles peuvent être utilisées dans un but
préventif. En effet, plusieurs études rapportent une diminution du taux de coques lors
des
reconstructions
prothétiques
avec
MDA
(0
à
4%
de
coques).
(87),(120),(121),(122),(59),(88),(123), ce qui contraste fortement avec les taux
retrouvés dans les reconstructions standards sans MDA (allant de 10 à 25%).
A la lumière de ces résultats encourageants, l'utilisation des MDA s'est étendue au
traitement curatif des coques. Les études disponibles ayant le plus haut niveau de
preuve et le plus long recul concernent l'Alloderm® et le Strattice®.
Les premières utilisations du Strattice® dans cette indication remontent à 2008 et
concernaient les patientes aux antécédents de coques sévères et récidivantes,
présentant une faible épaisseur cutanée (Pinch Test < 1 cm). Spear utilise le Strattice®
comme nouvelle interface pour remplacer la coque pathologique retirée lors de la
capsulectomie (116). La matrice est alors redrapée sur la face antérieure de la
prothèse, idéalement sur toute sa surface.
71
Hester et al. (118) rapportent leur expérience du Strattice® (154 seins avec un recul
de 1,3 ans) dans plusieurs indications : curative pour le traitement des coques avérées
et préventive en chirurgie esthétique d'augmentation mammaire (avec ou sans pexie
cutanée).
4.3.2. Synmastie (56), (124)
Les principales causes de révisions chirurgicales après augmentation mammaire sont
les coques et les malpositions de prothèses. Le synmastie correspond à une absence
de délimitation de l'enveloppe cutanée de chaque sein par manque d'adhérence entre
le derme profond et le sternum. C'est l'une des complications les plus difficiles à
corriger et pour laquelle les MDA apporteraient une solution.
La technique du "neo-subpectoral pocket" a été décrite par Scott Spear pour traiter les
synmasties (125). Elle consiste à utiliser la capsule péri-prothétique pour créer une
nouvelle loge rétro-pectorale. Comme lors d'une capsulectomie, la capsule antérieure
est libérée de la face profonde du muscle (et de la glande en inférieur en cas de DualPlan). Cette dissection se prolonge en interne jusqu'à l'emplacement désiré du néosillon médial. Son repérage cutané pré-opératoire est donc primordial. Pour plus de
facilité, cette procédure est effectuée prothèse en place. Ensuite, une capsulotomie
permet d'extraire l'implant puis la face profonde de la capsule antérieure est suturée à
la capsule postérieure afin de fermer l'ancienne loge. Une prothèse est insérée dans
la nouvelle loge ("neopocket") puis la dissection interne est complétée si nécessaire.
Cette technique nécessite de disposer d'une capsule épaisse, résistante et d'une
solide adhérence entre le grand pectoral et la capsule en interne. Dans le cas contraire,
et pour éviter une récidive, les MDA sont intéressantes pour définir le néo-sillon interne
avec de bons résultats comme cela a été démontré avec l'Alloderm® (124).
72
Figure15 : Correction de synmastie : Capsulotomie interne et fixation médiane de la
matrice (pointillés = malposition initiale des prothèses)4
La matrice est introduite dans la nouvelle loge, fixée par des points transdermiques en
interne puis redrapée pour être suturée à la face profonde :
Figure 16 : Fixation de la matrice
L'autre alternative est de conserver l'ancienne loge, d'effectuer une capsulorraphie
interne dont l'action sera renforcée par la matrice.
4
Tiré de Macadam SA, Lennox PA. Acellular dermal matrices: Use in reconstructive and aesthetic
breast surgery. Can J Plast Surg J Can Chir Plast. 2012
73
4.3.3. Visibilité ou palpabilité de la prothèse :
Le lipofilling est une technique de camouflage envisageable mais pas toujours
adéquate en cas de tissus atrophiques ou de manque de réserves graisseuses. De
plus, la canule d'injection expose aux risques de percer la prothèse.
Les matrices peuvent être interposées sous la peau, notamment dans les pôles
supérieurs, pour atténuer les reliefs de l'implant.
4.3.4. Animation de la prothese
Lors de la confection de la loge, il est habituel de désinsérer les attaches inféroexternes du grand pectoral bien qu'il serait à l'inverse idéal de conserver la couverture
musculaire inférieure. En effet, en théorie, le risque de coque péri-prothétique est
diminué lorsque l'implant est en position rétro-pectorale pure (126). Malheureusement,
une "animation de la prothèse", décrite initialement par Hoffmann et Elliot en 1987
(127), liée à la contraction du muscle altère le résultat esthétique par ailleurs très
satisfaisant en position statique.
En RM, la dénervation musculaire (lors des mastectomies radicales selon Patey),
impliquait une atrophie du muscle pectoral. Celle-ci était bénéfique selon les auteurs
en entraînant une meilleure projection de la prothèse et en inhibant la contractilité
musculaire. L'évolution des techniques de mastectomies permet de préserver le
muscle petit pectoral ainsi que l'innervation. L'une des solutions pour limiter l'animation
de la prothèse serait alors de changer de loge en la positionnant au dessus du muscle.
Cela est décrit en chirurgie esthétique d'augmentation mammaire car la glande est
toujours présente pour assurer une couverture de l'implant (20),(19). L'autre alternative
est de libérer les attaches musculaires inférieures selon la technique du "Dual Plan"
décrite par Tebbetts (128), mais elle nécessite la présence de glande mammaire. On
ne peut évidemment pas appliquer ces techniques à la RM (risques de visibilité et
palpabilité de l'implant par manque de tissus, déplacements secondaires, expositions
dues à la fragilité de l'enveloppe cutanée ....)
74
Pour corriger l'animation de la prothèse, Hammond propose de mettre la prothèse sous
le lambeau cutané avec interposition d'une MDA. La couverture de l'implant est alors
renforcée par un lipofilling sous cutané (19) . Pour cela, le lambeau cutané doit être de
bonne qualité et avoir une épaisseur supérieure à 2 cm.
Nous avons eu un cas dans notre série d'animation de la prothèse que nous avons
corrigé par section de la branche inférieure du nerf latéral du grand pectoral, plus
simple techniquement et qui fût efficace (nerf impliqué dans la contraction du tiers
inférieur du muscle (129)).
.
75
5. CONCLUSION
Le Strattice® est un substitut tissulaire ayant comme objectif principal d'optimiser le
recouvrement de la prothèse en reconstruction mammaire. Son rôle est
complémentaire du muscle grand pectoral qui, selon les variations anatomiques, peut
être déficient. Il permet de mieux définir les contours du sein en se fixant au sillon sous
mammaire et au sillon latéral, épargnant le recrutement des tissus avoisinants ou
encore d'augmenter le volume de la loge de la prothèse.
Sa grande résistance, sa souplesse, sa capacité à être revascularisé et par
conséquent à favoriser la régénération tissulaire après mastectomie a justifié son
utilisation courante dans notre équipe.
Les indications peuvent être la reconstruction mammaire prothétique immédiate ou
différée mais également la chirurgie d'augmentation mammaire à but esthétique.
La sélection des patientes doit être très rigoureuse afin d'optimiser les résultats à
moyen et long terme. Ainsi, la candidate "idéale" est jeune, non fumeuse, non obèse,
en bon état général, avec des tissus souples et de bonne qualité, des seins non ptôsés,
avec un petit volume mammaire et sans irradiation de la zone opérée.
Bien entendu, tous ces critères sont rarement réunis, et l'expérience du chirurgien
permet d'adapter la technique opératoire aux facteurs péjoratifs sources de
complications et donc d'échecs de la reconstruction s'ils ne sont pas pris en compte.
Une courbe d'apprentissage est indispensable lors de l'utilisation de ce nouveau
dispositif. Celle-ci repose sur de bonnes indications opératoires et une procédure
chirurgicale méticuleuse. Elle permet également une prise en charge optimale de
chaque complication (même les plus minimes), cruciale au succès de la
reconstruction. En effet, laisser évoluer (ou méconnaître) un sérome par exemple
expose aux risques de surinfection ou de souffrance cutanée pouvant conduire à la
dépose de la prothèse.
Selon nous, Le Strattice® présente de nombreux avantages : une procédure
chirurgicale relativement courte et peu douloureuse, de bons résultats en terme de
76
qualité de vie (reprise précoce des activités) et des conditions de sécurité acceptables
sans rapport avec l'interdiction récente par l'ANSM.
Dans notre étude, le taux de morbidité reste acceptable car la majorité des
complications sont mineure et sont plus liées au terrain qu'au dispositif en lui-même. Il
semble donc plus prudent de débuter par des cas "faciles" et d'élargir les indications
avec l'expérience.
Le questionnaire Breast-Q remis à chaque patiente est encourageant avec un bon taux
de satisfaction du sein reconstruit (aspect visuel, bien être psycho-social et sexuel).
Le Strattice® présente cependant quelques limites à commencer par son coût : la plus
petite matrice coûte en effet 1800 euros. N'étant pas prise en charge par la sécurité
sociale, son utilisation restait limitée au cadre hospitalier.
Les études disponibles sont encourageantes mais la plupart ont un faible niveau de
preuve et la limite majeure de notre étude était l'absence de bras contrôle sans matrice
et d'hétérogénéité de la population étudiée. Il existe peu de travaux prospectifs sur les
différentes matrices disponibles sur le marché avec souvent des publications
contradictoires
Notre travail permet cependant d'apporter un début d'informations utiles sur la
tolérance et la sécurité du Strattice® mais il serait nécessaire de disposer dans l'avenir
d'études prospectives, randomisées, comparatives comprenant de grandes cohortes
et un haut niveau de preuve (1 ou 2).
Une étude multicentrique et comparative de différentes matrices (péritoine acellularisé
de porc...) est en cours dans notre service. Une autre étude permettra d'évaluer la
souplesse du sein reconstruit par élastométrie.
Notre étude permettra peut-être de lever l'interdiction d'utilisation du Strattice®
prononcée par l'ANSM, de redéfinir et d'améliorer la place des matrices en chirurgie
mammaire.
77
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87
ANNEXE 1 : Questionnaire Breast-Q d'auto-évaluation de la RM
NOM :
Prénom :
DDN :
Les questions ci-dessous portent sur vos seins et votre reconstruction mammaire. Lisez
chaque question puis entourez le chiffre qui correspond le mieux à votre situation. Si vous
hésitez entre plusieurs réponses, choisissez celle qui se rapproche le plus de ce que vous
ressentez. Veuillez répondre à toutes les questions.
1. Les questions ci-dessous portent sur vos seins. Au cours des 14 derniers jours, avez-vous
été satisfaite ou non :
a.
b.
c.
d.
e.
f.
g.
h.
i.
j.
k.
l.
m.
n.
o.
p.
De votre reflet dans le miroir lorsque vous
êtes habillée ?
De la forme de votre (vos) sein(s)
reconstruit(s) lorsque vous portez un
soutien-gorge ?
De votre capacité à vous sentir normale
lorsque vous êtes habillée ?
Du volume de votre (vos) sein(s)
reconstruit(s) ?
Du fait de pouvoir porter des vêtements plus
moulants ?
De l’alignement de vos seins ?
Du confort de votre soutien-gorge ?
De la souplesse de votre (vos) sein(s)
reconstruit(s) ?
De l’égalité de volume de vos deux seins ?
De l’aspect naturel de votre (vos) sein(s)
reconstruit(s) ?
Du maintien naturel de votre (vos) sein(s)
reconstruit(s) ?
De la sensation de votre (vos) sein(s)
reconstruit(s) au toucher ?
De la sensation que votre (vos) sein(s)
reconstruit(s) fait (font) naturellement partie
de votre corps ?
De la ressemblance de vos deux seins ?
De l’aspect actuel de votre (vos) sein(s)
reconstruit(s) par rapport à avant votre
opération ?
De votre reflet dans le miroir lorsque vous
êtes nue ?
Pas du tout
satisfaite
Plutôt pas
satisfaite
Plutôt
satisfaite
Très
satisfaite
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
1
2
2
3
3
4
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
Veuillez vérifier que vous avez bien répondu à toutes les questions avant de passer à la page suivante.
88
La question ci-dessous porte sur la reconstruction mammaire avec PROTHÈSES. Si vous
n’avez pas de prothèse, veuillez passer directement à la question 3. Si vous avez une ou deux
prothèses, veuillez répondre à la question 2.
2. Au cours des 14 derniers jours, avez-vous été satisfaite ou non :
a.
b.
De la quantité de vagues (plis) que vous
pouvez voir sur votre (vos) prothèse(s) ?
De la quantité de vagues (plis) que vous
pouvez sentir au toucher sur votre (vos)
prothèse(s) ?
Pas du tout
satisfaite
Plutôt pas
satisfaite
Plutôt
satisfaite
Très
satisfaite
1
2
3
4
1
2
3
4
3. Nous aimerions savoir ce que vous pensez du résultat de votre reconstruction mammaire.
Veuillez indiquer si vous êtes d’accord ou non avec les phrases suivantes :
a.
b.
Une reconstruction mammaire est nettement
mieux que l’absence de sein(s).
J’encourage toutes les femmes qui sont
dans ma situation à bénéficier d’une
reconstruction mammaire.
Pas
d’accord
Plutôt
d’accord
Tout à fait
d’accord
1
2
3
1
2
3
c.
Je le referais.
1
2
3
d.
Je ne regrette absolument pas l’opération.
1
2
3
e.
Cette opération a changé ma vie de manière
positive.
Le résultat correspond tout à fait à mes
attentes.
Tout s’est passé exactement comme je
l’avais prévu.
1
2
3
1
2
3
1
2
3
f.
g.
Veuillez vérifier que vous avez bien répondu à toutes les questions avant de passer à la page suivante.
89
4. Les questions ci-dessous portent sur vos seins. Au cours des 14 derniers jours, vous êtesvous sentie :
Jamais
Rarement
Parfois
Souvent
Tout le
temps
a.
Sûre de vous en société ?
1
2
3
4
5
b.
Suffisamment forte psychologiquement
pour faire ce que vous souhaitez ?
1
2
3
4
5
c.
Psychologiquement équilibrée ?
1
2
3
4
5
d.
Égale aux autres femmes ?
1
2
3
4
5
e.
Sûre de vous ?
1
2
3
4
5
f.
Féminine dans vos vêtements ?
1
2
3
4
5
g.
Bien dans votre corps ?
1
2
3
4
5
h.
Normale ?
1
2
3
4
5
i.
Comme les autres femmes ?
1
2
3
4
5
j.
Séduisante ?
1
2
3
4
5
5. Les questions ci-dessous portent sur votre sexualité. Depuis votre reconstruction
mammaire, vous sentez-vous généralement :
a.
Sexuellement désirable lorsque
vous êtes habillée ?
b.
Á l’aise pendant vos rapports
sexuels ?
Sûre de vous sur le plan
sexuel ?
Satisfaite de votre vie
sexuelle ?
Sûre de vous sur le plan sexuel
par rapport à l’apparence de
votre (vos) sein(s) lorsque vous
êtes nue ?
c.
d.
e.
f.
Sexuellement désirable lorsque
vous êtes nue ?
Jamais
Rarement
Parfois
Souvent
Tout le
temps
Non
concern
ée
1
2
3
4
5
NC
1
2
3
4
5
NC
1
2
3
4
5
NC
1
2
3
4
5
NC
1
2
3
4
5
NC
1
2
3
4
5
NC
Veuillez vérifier que vous avez bien répondu à toutes les questions avant de passer à la page suivante.
90
6. Au cours des 14 derniers jours, avez-vous eu :
Jamais
Raremen
t
Parfois
Souven
t
Tout le
temps
a.
Des douleurs dans le cou ?
1
2
3
4
5
b.
Des douleurs dans le haut du dos ?
1
2
3
4
5
c.
Des douleurs dans les épaules ?
1
2
3
4
5
d.
Des douleurs dans les bras ?
1
2
3
4
5
e.
Des douleurs dans les côtes ?
1
2
3
4
5
f.
Des douleurs dans les muscles de la
poitrine ?
1
2
3
4
5
g.
Du mal à lever ou à bouger les bras ?
1
2
3
4
5
h.
Du mal à dormir à cause d’une gêne au
niveau de la poitrine ?
1
2
3
4
5
i.
Une sensation de rigidité au niveau de la
poitrine ?
Une sensation de tiraillement au niveau de
la poitrine ?
Une gêne persistante au niveau de la
poitrine ?
Une forte sensibilité au niveau de la
poitrine ?
Des douleurs vives au niveau de la
poitrine ?
Des douleurs lancinantes au niveau de la
poitrine ?
Une douleur permanente au niveau de la
poitrine ?
1
2
3
4
5
1
2
3
4
5
1
2
3
4
5
1
2
3
4
5
1
2
3
4
5
1
2
3
4
5
1
2
3
4
5
1
2
3
4
5
j.
k.
l.
m.
n.
o.
p.
Des élancements au niveau de la poitrine ?
Veuillez vérifier que vous avez bien répondu à toutes les questions avant de passer à la page suivante.
La question ci-dessous porte sur la reconstruction du MAMELON.

Si vous n’avez pas eu de reconstruction du mamelon, veuillez passer directement à la
question 8.

Si vous avez eu une reconstruction du mamelon, veuillez répondre à la question 7 cidessous.
91
7. Au cours des 14 derniers jours, avez-vous été satisfaite ou non :
Pas du
tout
satisfaite
Plutôt pas
satisfaite
Plutôt
satisfaite
Très
satisfaite
a. De la forme de votre (vos) mamelon(s)
reconstruit(s) ?
1
2
3
4
b. De l’aspect de votre (vos) aréole(s) et
mamelon(s) reconstruit(s) ?
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
c. De l’aspect de votre (vos) mamelon(s)
reconstruit(s) ?
d. De la couleur de votre (vos)
mamelon(s)/aréole(s) reconstruit(s) ?
e. De la hauteur (projection) de votre
(vos) mamelon(s) reconstruit(s) ?
Veuillez vérifier que vous avez bien répondu à toutes les questions avant de passer à la page suivante.
8.
Avez-vous été satisfaite ou non des informations fournies par votre chirurgien
plasticien dans les domaines suivants :
a.
b.
c.
d.
e.
f.
g.
h.
i.
j.
k.
l.
m.
n.
o.
Pas du tout
satisfaite
Plutôt pas
satisfaite
Plutôt
satisfaite
Très
satisfaite
1
2
3
4
1
2
3
4
Les complications possibles ?
Les différents types de reconstruction
mammaire existants ?
La planification de votre reconstruction
mammaire (soit en même temps que la
mastectomie, soit après) ?
Les avantages et les inconvénients du
moment choisi pour votre reconstruction
mammaire ?
La durée du processus complet de
reconstruction mammaire ?
Le volume envisageable de vos seins
après l’opération ?
Les douleurs envisageables pendant votre
guérison ?
L’aspect envisageable de vos seins après
l’opération ?
Le temps nécessaire pour que vous vous
sentiez à nouveau vous-même/normale
après l’opération ?
L’impact éventuel de l’opération sur de
futurs examens de dépistage du cancer du
sein (mammographie, auto-palpation) ?
Le manque de sensations de votre (vos)
sein(s) et mamelon(s) reconstruit(s) ?
L’expérience vécue par d’autres femmes
ayant subi une reconstruction mammaire ?
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
1
2
3
4
L’aspect probable de vos cicatrices ?
1
2
3
4
Le déroulement de votre reconstruction
mammaire ?
Les délais de cicatrisation et de guérison ?
92
9.
Les questions ci-dessous concernent votre chirurgien plasticien. Avez-vous eu
l’impression qu’il/elle :
a.
b.
c.
d.
e.
f.
g.
h.
i.
j.
k.
l.
Était compétent(e) ?
Vous a mise en confiance ?
Vous a impliquée dans les prises de
décisions ?
Était rassurant(e) ?
A répondu à toutes vos questions ?
Vous a mise à l’aise ?
Était consciencieux(-se) ?
Était facile à aborder ?
A compris ce que vous vouliez ?
Était sensible ?
Prenait le temps d’écouter vos
inquiétudes ?
Était disponible lorsque vous étiez
inquiète ?
Pas du
tout
d’accord
1
1
Plutôt pas
d’accord
Plutôt
d’accord
Tout à fait
d’accord
2
2
3
3
4
4
1
2
3
4
1
1
1
1
1
1
1
2
2
2
2
2
2
2
3
3
3
3
3
3
3
4
4
4
4
4
4
4
1
2
3
4
1
2
3
4
Veuillez vérifier que vous avez bien répondu à toutes les questions avant de passer à la page suivante.
10. Les questions ci-dessous portent sur les membres du personnel médical autres que votre
chirurgien (infirmières et autres médecins qui se sont occupés de vous à l’hôpital lorsque
vous avez été opérée).
Avez-vous eu l’impression qu’ils :
Pas du tout
d’accord
Plutôt pas
d’accord
Plutôt
d’accord
Tout à fait
d’accord
a.
Étaient professionnels ?
1
2
3
4
b.
Vous ont traitée avec respect ?
1
2
3
4
c.
Étaient qualifiés ?
1
2
3
4
d.
Étaient sympathiques et gentils ?
1
2
3
4
e.
Vous ont mise à l’aise ?
1
2
3
4
f.
Étaient consciencieux ?
1
2
3
4
g.
Prenaient le temps d’écouter vos
inquiétudes ?
1
2
3
4
93
11. Les questions ci-dessous concernent les membres du personnel administratif (secrétaires
et infirmières des cabinets médicaux ou infirmières cliniciennes). Avez-vous eu
l’impression qu’ils :
Pas du
tout
d’accord
Plutôt pas
d’accord
Plutôt
d’accord
Tout à fait
d’accord
a.
Étaient professionnels ?
1
2
3
4
b.
Vous ont traitée avec respect ?
1
2
3
4
c.
Étaient qualifiés ?
1
2
3
4
d.
Étaient sympathiques et gentils ?
1
2
3
4
e.
Vous ont mise à l’aise ?
1
2
3
4
f.
Étaient consciencieux ?
1
2
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4
g.
Prenaient le temps d’écouter vos
inquiétudes ?
1
2
3
4
Veuillez vérifier que vous avez bien répondu à toutes les questions.
BREAST-Q™ © Memorial Sloan-Kettering Cancer Center and The University of British Columbia, 2006. Tous droits réservés.
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ANNEXE 2 : Classification des coques péri-prothétiques selon Baker
Stade I : Sein d'aspect normal, absence de modification visuelle ainsi qu'à la palpation
Stade II : Légère contracture non visible à l'inspection. Sein plus ferme que le sein
controlatéral à la palpation
Stade III : Modification du sein à l'inspection et à la palpation : sein dur et déformé
Stade IV : Rétraction capsulaire visible et douloureuse (sein figé)
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ANNEXE 3 : Reconstruction mammaire prophylactique par Strattice® réussie
Patiente de 34 ans, mutée BRCA 1 : RMI bilatérale en 2 temps
(Expandeur- Strattice® puis prothèse définitive)
a. : Préopératoire :
b : Résultat à 5 mois post-opératoire : aucun autre traitement chirurgical n’a été
réalisé
96
ANNEXE 4 : Reconstructions mammaire curative par Strattice® réussie
Patiente de 50ans
RMI gauche (en 2 temps) / Symétrisations droite par prothèse
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YEAR :2016
AUTHOR’S NAME AND SURNAME : VIDALI NELLY
THESIS’ SUPERVISOR : Docteur ATLAN Michaël
THESIS’ TITLE :
Acellular Dermal Matrices in breast reconstruction. Focus and return of experience of
use of Strattice® : Report of fifty-two cases
ABSTRACT :
Acellular dermal matrices are innovative devices which are more and more used in
prosthetic breast surgery.They enable a complete covering of the implant without any
muscular tension, they strengthen tissues and offer a better breast flexibility.
the objective of this study was to evaluate the frequency of post-operative complications
using Strattice®, a porcine-derived matrix, in implant-based breast reconstruction.
We conducted a retrospective study (from September 2013 to June 2015) on 35 patients
who underwent immediate or delayed implant-based breast reconstruction using
Strattice ®. Patient charts were reviewed for demographic data and breast cancer
adjuvant therapy. All complications have been recorded and statistically analyzed.
A total of 52 breasts were performed : 46% were prophylactic and 54% were
oncologic.Most of the surgeries were two-stage reconstructions with tissue expander at
first (88,5% of the cases). Total complication rate (calculated on 52 breasts) was 9,6% :
infection (17,2%), skin flap or nipple-areola complex necrosis (25%, all stages included),
implant exposure (15,4%), capsular contracture (1,9%) and implant loss (7,7%).
The high rate of complications pertained only our first uses of the Strattice® (18th first
cases), inducing an essential learning curve and a rigorous selection of patients able to
benefit this new device.Morbid post-operative was acceptable as the majority of the
complications were self-limited without the need of a new surgery.Mid-term aesthetic
results are encouraging as patients express a high-satisfaction rate (using Breast-Q
questionnaire).
A prospective and comparative comparative study is required to validate its use
ADRESS :
FACULTÉ DE MEDECINE DE CRÉTEIL : 8, Rue du Général Sarrail - 94010 CRETEIL
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ANNÉE :2016
NOM ET PRENOM DE L’AUTEUR : VIDALI NELLY
DIRECTEUR DE THESE : Docteur ATLAN Michaël
TITRE DE LA THESE :
Les Matrices Dermiques Acellulaires en reconstruction mammaire. Mise au point et
retour d'expérience de l'utilisation du Strattice® : A propos de cinquante-deux cas
RESUME :
Introduction
Les matrices dermiques acellulaires sont des dispositifs innovants d'utilisation
croissante en chirurgie mammaire prothétique. Elles permettent de couvrir la prothèse
sans tension musculaire, renforcent les tissus et augmentent la souplesse du sein.
L'objectif de l'étude était d'évaluer les complications après pose de Strattice®, matrice
d'origine porcine, en reconstruction mammaire.
Matériel et méthodes
Notre étude rétrospective (septembre 2013 à juin 2015) incluait 35 patientes ayant
bénéficié d'une reconstruction mammaire immédiate ou différée prothétique avec
Strattice®. Les données démographiques et les traitements adjuvants du cancer ont été
colligés. Les complications ont été rapportées et analysées statistiquement.
Résultats
Cinquante-deux seins ont été reconstruits : les mastectomies étaient prophylactiques
(46%) ou curatives (54%). Dans 88,5% des cas, la reconstruction se faisait en deux
temps par expandeur. Le taux de complications (calculé sur 52 seins) a été de 9,6%
:17,2% d'infections, 25% de nécroses cutanées ou aréolaires tous stades confondus,
15,4% d'expositions de matériel, 1,9% de coques et 7,7% d'explantations.
Conclusion
La majorité des complications concernait nos 18 premiers cas, impliquant une courbe
d'apprentissage et une sélection rigoureuse des patientes candidates à ce nouveau
dispositif. La morbidité était acceptable, la plupart des complications étant mineures et
résolutives sans réintervention chirurgicale. Les résultats cosmétiques à moyen terme
sont encourageants comme le montre la satisfaction des patientes (questionnaire
Breast-Q). Une étude prospective et comparative est cependant nécessaire pour valider
son utilisation.
MOTS-CLES :
- Mammoplastie
- Prothèses et implants
- Derme Acellulaire
- Tumeurs du sein
ADRESSE :
FACULTÉ DE MEDECINE DE CRÉTEIL : 8, Rue du Général Sarrail - 94010 CRETEIL
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