Les politiques structurelles ESH ECE 2 Camille Vernet 2016-2017 Nicolas Danglade Rappel conclusion du cours sur l’intervention de l’Etat dans le domaine de l’allocation des ressources « La régulation intelligente des marchés par l’Etat permet de réduire au mieux leurs inefficacités tout en limitant l’impact négatif de cet interventionnisme sur l’innovation et la créativité » Jean Tirole (Economie du bien commun, 2016) 1. Les sources de la croissance économique Comment augmenter le potentiel de croissance d’une économie ? Politiques de l’emploi 2. La mise en œuvre des politiques industrielles • 2.1 Distinguer politique verticale et politique horizontale • 2.2 Les politiques industrielles « verticales » (ou volontaristes) : une stratégie adoptée par les pays en rattrapage • 2.3 Les limites des politiques « verticales » • 2.4 Les politiques industrielles « horizontales » : une place plus grande laissée à la régulation marchande • 2.5 Les limites des politiques horizontales • 2.6 Repenser la politique industrielle : vers une « social-démocratie » de l’innovation (P.Aghion) 2.1 Distinguer politiques verticales et politiques horizontales La politique industrielle agit sur l’allocation des ressources obtenues par le marché pour renforcer la croissance potentielle et la compétitivité d’une économie Action volontariste d’un Etat en faveur d’un secteur ou d’une entreprise (champions nationaux) Favoriser l’allocation marchande : « laisser faire le marché » Politique industrielle verticale : l’Etat agit de manière dirigiste sur l’activité Politique industrielle horizontale : l’Etat fournit un environnement propice à la concurrence 2.2 Les politiques industrielles verticales : un stratégie adoptée par les pays en rattrapage • Le cas de la France après 1945 • Les pays émergents 2.2.1 Le cas de la France après la seconde guerre mondiale • Constat : la France se situe loin de la frontière technologique = donc, économie en rattrapage • Stratégie de rattrapage ? - L’imitation des technologies des pays les plus avancés (à la frontière): les Etats-Unis; la France envoie aux USA des « missions de productivité » - Orienter de manière volontariste l’effort d’investissement (FBCF) vers les secteurs « stratégiques » • Comment ? a) La planification « une ardente obligation » (De Gaulle) premier plan 1947-1952 = répartir les investissements publics dans les secteurs stratégiques et définir des objectifs productifs (industrie lourde, énergie, nucléaire, aéronautique …) + présence d’entreprises privées « l’impératif industriel » Le plan est « un réducteur d’incertitude » a) Nationalisation des grandes entreprises stratégiques pour agir sur les filières/secteurs b) Le soutien direct aux champions nationaux (stimuler les exportations) / permettre la reconversion des secteurs en crise/en déclin à cause de la concurrence internationale • La planification à la française : l’influence de Jean Monnet Rationalisation de l’activité / rôle des experts et des ingénieurs (vs la centralisation des décisions chez les soviétiques) Le Commissariat général au plan ne dépend d’aucun ministère (vs la planification politique chez les soviétiques) Tradition « positiviste » : A.Comte « savoir pour prévoir, prévoir pour pouvoir » Tradition colbertiste, mais un colbertisme « high tech » : la Caravelle, le Concorde, le nucléaire, … 2.2.2 D’autres exemples de politiques verticales dans les pays en rattrapage • Les stratégies visant à développer l’offre intérieure : URSS, Inde, Chine, Algérie Brésil : Kubitschek « 50 ans d’industrialisation en 5 ans » Asie du sud-est : substitution et remontée de filière (Japon, Corée) • Des stratégies visant à développer les exportations Produits primaires agricoles ou miniers (OPEP, Côte d’Ivoire) Remplacés les primaires agricoles ou miniers par des biens manufacturés Brésil, Argentine, Mexique, pays d’Asie du Sud est (Corée, …) • Le cas du Japon et des autres pays asiatiques • Le rôle de l’Etat chez les « late comers » : A.Gerschenkron L’Etat joue un rôle important dans les pays en retard car il permet une accumulation du capital plus importante que ne le feraient les initiatives privées, et il protège les industries naissantes ; Le rattrapage de ces économies vient donc de l’impulsion fournie par la puissance publique, mais aussi par les conditions d’imitation à moindre coût des technologies développées par les pays leaders ; 2.3 Les limites des politiques industrielles verticales • Les nombreuses défaillances de l’Etat • Exemple : deux échecs de la politique industrielle française - Le Plan calcul (lancé en 1966) : son objectif est d’assurer l’indépendance de la France en matière de gros ordinateurs et de soutenir l’industrie électronique française ; - Le Plan informatique pour tous (lancé en 1985) pour initié tous les élèves à l’informatique ; l’Etat choisit d’acheter des ordinateurs Thomson – qui est alors en situation financière difficile - plutôt qu’Apple ; Les difficultés à franchir la dernière étape qui séparent les économies de la frontière technologique • Lorsque le rattrapage est réalisé, les sources de compétitivité ne sont plus les mêmes • Ce qui donne un avantage lors du rattrapage : les entreprises sont protégées et elles s’appuient sur des avantages en compétitivité prix / coût de production • Devient un handicap : l’absence de concurrence et la logique de coût pousse à la faiblesse de la R&D, de l’innovation = absence de compétitivité hors prix • Conclusion: des institutions efficaces pour stimuler l’imitation ne le sont plus pour stimuler l’innovation radicale Un pays en rattrapage se développe et est rattrapé à son tour • Le rattrapage conduit à une hausse des coûts de production (hausse de la productivité, hausse des salaires réels, effet BalassaSamuelson) • Apparition de nouveaux émergents plus compétitifs en termes de coût de production Conclusion : le rôle de la concurrence n’est pas le même en fonction de la distance à la frontière technologique • En situation de rattrapage : degré de concurrence faible = poids des grandes entreprises protégées capables de réaliser des productions de grandes tailles (éco d’échelle) en imitant les technologies des pays avancés • À la frontière technologique: degré de concurrence élevé = poids des « new comers » qui viennent conquérir des marchés (monopole temporaire, sans cesse remis en cause) (ce n’est pas IBM qui a créé le premier ordinateur portable) • 50% des innovations aux Etats-Unis émanent d’entreprises qui ont moins de 10 ans d’âge, en Europe, 90% des innovations proviennent d’entreprises établies depuis plus de 10 ans. Source : P.Aghion, G.Cette et E.Cohen « Changer de modèle », 2014 2.4 Les politiques industrielles « horizontales » : une place plus grande laissée à la régulation marchande 2.4.1 L’exemple de la politique « industrielle » de l’UE 2.4.2 Des réformes structurelles pour un environnement « favorable » aux entreprises 2.4.1 L’exemple de la politique « industrielle » de l’UE • Le passage au marché unique, objectif = stimuler les gains liés à la libre circulation et à la hausse de la taille des marchés • Conséquence : faire reculer les barrières entre économies européennes = notamment celles que les Etats ont « construits » pour protéger leurs industries et soutenir leurs champions nationaux • La promotion de la libre circulation des biens = promouvoir une concurrence libre et non faussée = créer un environnement propice aux entreprises = la politique industrielle est assimilée à la politique de la concurrence • Un des objectifs de la politique de la concurrence en Europe « L’objectif même de la politique industrielle est de permettre à la concurrence de jouer. Tout cela est absolument étranger à une politique industrielle interventionniste. » Commission européenne, 1990 Conséquences : • Suppression monopoles publics et découpage des industries de réseau (privatisation et mise en concurrence des services aux consommateurs) • Interdiction des aides aux champions nationaux L’évolution des politiques industrielles en Europe après 1945 2.3.2 D’autres réformes structurelles qui s’intègrent dans la logique horizontale pour créer un « environnement » favorable aux entreprises 2.5 Les limites des politiques horizontales 2.5.1 La chasse aux ententes peut-être contreproductive 2.5.2 Les défaillances de marché freinent l’accumulation du capital physique et technologique • Frictions de crédits liés aux asymétries d’information et à l’incertitude, en particulier pour les plus petites, plus jeunes et plus innovantes (start up) • L’accumulation de capital humain et de capital technologique génèrent des externalités positives • Conséquence : sans intervention publique = sous financement et sous accumulation capitaux 2.5.3 Le passage à la transition énergétique Dans le cas de la transition énergétique, les défaillances de marché sont très nombreuses: Asymétrie d’info + Incertitude + incohérence temporelle + absence prix carbone incitatif = chemin de dépendance (les industries carbonées sont mieux financées que les industries décarbonées) = le financement reste majoritairement orienté vers les industries « carbonées » 2.5.4 Quand les réformes structurelles deviennent des freins à la croissance de LT • La faiblesse de la régulation/supervision du système financier = les cycles financiers ont une amplitude plus importante = les crises des impacts plus forts; l’absence de régulation pénalise la croissance • La dérégulation du marché du travail = davantage de précarité et de pauvreté chez les actifs (exemple réformes Hartz en RFA) = impact négatif sur l’accès à l’éducation et au financement des projets d’entrepreneurs; les inégalités pénalisent la croissance • La dévaluation « fiscale » = la course au moins disant fiscal; la baisse des recettes fiscales pénalisent l’intervention publique 2.6 Repenser la politique industrielle Objectif : réduire à la fois les défaillances de marché et les défaillances de l’Etat 2.6.1 Réduire les défaillances de marché pour soutenir les entreprises innovantes 2.6.2 Mais soutenir les entreprises innovantes sans défaillances de l’Etat • Subventionner des secteurs et non pas des firmes : soutenir un secteur « stratégique » mais ne pas privilégier certaines firmes et stimuler la concurrence entre les firmes présentes • Co-financement des projets : public/privé • Absence de corruption • Absence de capture du régulateur • Transparence de l’information • Évaluation des politiques publiques Le lien démocratie / innovation / croissance : P.Aghion & A.Roulet Repenser l’Etat. Pour une socialdémocratie de l’innovation », 2011 2.6.3 Une fiscalité incitative mais qui en produit pas des inégalités : l’exemple des pays scandinaves • Un système fiscal qui combine: - Équité (réduction des inégalités) - Efficacité (incitation à innover et performances économiques) - Une réforme fiscale qui date du début des années 1990 + réforme flexicurité Objectif : Stimuler l’innovation pour mieux s’adapter à l’économie mondialisée, tout en préservant une distribution équitable des revenus en maintenant un niveau d’investissement publics conséquent, en particulier dans l’éducation et la santé. • le poids des prélèvements obligatoires n’est pas en soi un frein à l’innovation, puisque, par exemple, la Suède se distingue de la France à la fois par une pression fiscale plus importante et par davantage de brevets par habitant. Cela donne tort à ceux qui prônent une fiscalité minimale au nom de la croissance ou de la compétitivité. • il existe un écart entre la Suède et le Danemark en termes de brevets, alors même que ces deux pays semblent avoir un rendement de l’impôt globalement similaire. L’une des différences entre la fiscalité danoise et celle des autres pays scandinaves concerne la taxation des revenus du capital : ainsi, le Danemark est le seul à taxer encore ces revenus de façon progressive, tandis que la Suède, la Norvège et la Finlande leur appliquent un taux forfaitaire d’environ 30%. • l’analyse de la relation entre fiscalité et croissance ne peut s’abstraire de celle de l’utilisation qui est faite des revenus fiscaux. En particulier, si les revenus fiscaux sont affectés en priorité aux investissements de croissance (éducation, santé, flexicurité, politique industrielle) plutôt qu’à la satisfaction d’objectifs clientélistes, alors des hausses de taux d’imposition peuvent avoir un effet positif sur l’innovation et la croissance. 2.7 Politique industrielle et territoires (espace géographique) • Constat : développement des activités et effets d’agglomération / la concentration des activités produit des inégalités de richesses territoriales • Quels objectifs pour les politiques publiques ? • Des politiques industrielles pour favoriser le rattrapage des régions en retard ? • Des politiques de redistribution pour réduire les inégalités de revenus ? • Stimuler la concentration des activités sur des espaces géographiques pour bénéficier des avantages de l’agglomération ? La création des pôles de compétitivité en 2005 3. La transition énergétique et les politiques environnementales: un nouveau cadre pour les politiques structurelles et industrielles • 3.1 Rappel: distinguer croissance, bien-être et développement • 3.2 Le développement durable et les défaillances de marché • 3.3 Répondre au défi climatique 3.1 Rappel: distinguer croissance, bien-être et développement un PIB, trois limites Première limite du PIB : Le PIB ne mesure que la conséquence des incitations et des préférences des AE sur les activités productives Seconde limite du PIB La mesure du développement humain ne se limite pas à la croissance des revenus (à celle de l’activité productive) Troisième limite du PIB : Zhou Shengxian, Ministre de l’Environnement chinois en 2011 : « Si notre terre est dévastée et que notre santé est anéantie, quel bienfait nous procure notre développement ? » Le développement économique peut s’opposer aux autres formes de développement • Le développement : augmentation du bienêtre humain (élargir les choix qui s’offrent aux individus de mener la vie qu’ils souhaitent) • Le développement durable : l’augmentation du bien-être de génération en génération (Brundtland; rapport Nations Unies 1987) 3.1 La croissance économique n’est pas toujours synonyme d’une hausse du bien-être économique • Cas des Etats-Unis depuis 2008 Emmanuel Saez = la reprise de la croissance du PIB en 2010, 90% des gains de revenu ont été captés par le 1% supérieur de la distribution des revenus. Autrement dit, la « reprise » économique est un mirage pour 99% des citoyens américains, qui n’ont vu leur revenu augmenter que de 0,8% entre 2009 et 2012 tandis que les revenus du 1% les plus riches augmentaient d’environ 35% dans le même temps (soit 45 fois plus). • Cas français : entre 2010 et 2013 le niveau de vie des ménages recule de 2,3% en 2012, tandis que le PIB lui augmente de 0,4%. Mesurer le bien-être économique: du PIB au niveau de vie Conclusion de E.Laurent et J.Le Cacheux • Source : « Un nouveau monde économique. Mesurer le bien être et la soutenabilité au 21ième siècle » 2015 « Utiliser de mauvais indicateurs économiques, c’est courir le risque de parler à ses concitoyens dans une langue étrangère. » 3.2 Le bien-être ne se résume pas à sa dimension « économique » • Mahbub ul Haq, co-concepteur avec Sen du premier Rapport mondial sur le développement humain de 1990 : • « Les gens attachent de la valeur aux réussites qui ne transparaissent pas du tout, ou immédiatement, dans les chiffres relatifs aux revenus ou à la croissance économique : un meilleur accès aux connaissances, une meilleure nutrition, de meilleurs services de santé, des moyens d’existence plus sûrs, une certaine sécurité contre la criminalité et la violence physique, du temps libre bien rempli, des libertés politiques et culturelles et un sentiment de participation aux activités de la communauté. » Confiance : À la fois cause et résultat du bien-être Elle est la clé de la coopération sociale = « capital social » Elle favorise la réciprocité, accélère les transactions Institutions : Incarnations concrètes des règles et des principes qu’une société se donne à ellemême (DC.North); Elles structurent les interactions politiques, économiques, sociales = produisent des incitations = aboutissent résultats par rapport aux objectifs que se donnent les sociétés (évolution des objectifs dans l’histoire des démocraties) 3.3 Le développement durable: répondre au défi climatique • E.Laurent et J.Le Cacheux « La Chine a ravi en 2014 aux Etats-Unis la place de première puissance économique mondiale mesurée par le PIB. (…) Mais la Chine est l’illustration parfaite des raisons pour lesquelles le PIB doit être dépassé en ce début de 21ième siècle. (…) Les dégradations environnementales massives dont la Chine est le théâtre depuis les années 1990 font douter que la première puissance économique du monde puisse le demeurer longtemps. Apprécié sous l’angle non plus seulement du niveau de vie statique mais du développement soutenable, le modèle de croissance chinois de ces dernières années s’apparente à une véritable autodestruction » 3.3.1 Conséquences des activités humaines sur l’environnement • Émission de gaz à effet de serre Conséquence : changement climat • Réchauffement, pollution et sur-exploitation: Recul de la biodiversité et destruction des écosystèmes 3.3.2 Expliquer pourquoi les activités « décarbonées » ne se développent pas assez • Présence d’externalités négatives : les participants aux échanges qui concernent des productions « carbonées » ne sont pas incités à tenir compte des conséquences négatives de ces échanges sur environnement • Utilisation limitée de la réglementation concernant les émissions de CO2: il n’est pas possible d’interdire ces émissions puisqu’elles sont directement liées à la production humaine d’énergie (à la différence des gaz CFC interdit après le protocole de Montréal de 1987 ou même l’amiante) = il faut donc inciter les AE à adopter d’autres comportements • Or, Absence de prix du carbone désincitatif (Tirole; Aglietta) : sous forme de taxe ou sur le marché des DP • Chemin de dépendance « technologique » - Forte incertitude sur le rendement des investissements « verts » : frein au financement (« mauvaise allocation flagrante des capitaux » selon le programme des Nations unies pour l’environnement) - Le coût marginal de l’investissement est moindre dans les secteurs où la connaissance et l’innovation sont déjà développés : renforce les investissements là où ils sont déjà nombreux, donc dans le domaine « carbonés » (Aghion, Cette, Cohen) • Préférence des agents pour le présent : le coût de la transition est supporté par une génération, les gains sont perçus par une autre = cette situation n’est pas incitative (Nordhaus); la dimension temporelle de l’analyse coût/avantage pose problème • À côté de ces défaillances de marché : des défaillances de l’Etat - Poids des lobbies (automobile) qui maintien les aides publiques aux industries polluantes J.Mistral mesure par an à 600 milliards les aides publiques fournies aux industries polluantes contre 100 milliards « Le climat va-t-il changer le capitalisme ? », 2015 - Mauvaise détermination des quotas distribués sur le marché des droits à polluer (UE) - Comportements de passagers clandestins de certains Etats : attendent de bénéficier des efforts entrepris par les autres, sans réaliser d’efforts soi-même (problème de gouvernance mondiale d’un « bien public » : la qualité de l’environnement) • Conséquence : plus les AE tardent à développer la transition énergétique plus les dégâts environnementaux progressent et plus le coût de cette transition sera élevé (N.Stern) • Comment sortir de cette impasse ? Comment combattre les défaillances de marché ? • Comment modifier les préférences des AE pour réduire les externalités négatives et augmenter les investissements « verts » ? • Comment réduire la préférence des agents pour le présent ? 3.4 Répondre au défi climatique 3.4.1 Fabriquer de nouveaux indicateurs de développement soutenable Objectif : construire un indicateur « synthétique »: en un chiffre connaître l’état du développement soutenable • Le capital « total » est composé de l’’ensemble des capitaux nécessaire au bien-être • Analyse par l’évolution des flux d’accumulation : mesurer l’évolution des flux des actifs qui forment le « capital total » = le Pib « vert », l’épargne nette ajustée (Banque mondiale) • Analyse par l’évolution des stocks de capitaux accumulés: mesurer l’évolution des stocks des actifs qui forment le « capital total » = la richesse véritable des nations (Banque mondiale), la richesse totale des nations (Nations unies) • Limites de ces indicateurs - Quelles valeurs données aux actifs manquants, c’est-à-dire des éléments valorisés dans le capital naturel mais pour lesquels il n’existe pas de marché - Comment articuler les différents capitaux les uns avec les autres dans l’indicateur : sont-ils totalement substituables ? Au contraire, doivent-ils être complémentaires ? Le débat démocratique doit trancher la question de la construction de l’indicateur Soit les capitaux sont parfaitement substituables (hypothèse de soutenabilité faible) : la baisse du stock de capital naturel peut être compensée par la hausse du stock de capital technologique = disparition capital naturel ? Soit les capitaux sont complémentaires et le stock de capital naturel ne doit pas baisser (hypothèse de soutenabilité forte) : la stabilité du stock de capital naturel impose la baisse de l’accumulation des autres capitaux = disparition de la croissance économique ? Le débat démocratique : où doit-on placer le curseur ? Conséquence: fabriquer un indicateur qui mesure l’évolution du développement en fonction des options de soutenabilité choisies … en tranchant la question de la soutenabilité • Débat démocratique : faire émerger une préférence collective de la société concernant l’évolution du stock de capital naturel et son articulation avec les autres formes de capitaux • Rôle des scientifiques, des experts … nécessité transparence de l’information; rôle de la démocratie délibérative et participative • définir les choix sociaux en matière de soutenabilité: expression de valeurs / préférences • Ces choix sociaux conduisent à adopter certains types d’indicateurs • Ces indicateurs permettent de mesurer l’évolution de la « soutenabilité de la croissance » • Ils Informent sur les objectifs quantitatifs à atteindre pour maintenir la durabilité du développement • La définition de ces objectifs permet alors de définir les instruments utilisés (les politiques « environnementales ») • L’évaluation des politiques publiques permet alors de définir les instruments les plus efficaces pour mener ces politiques Sphère du débat politique Préférences / choix sociaux = valeurs Définir les dimensions du bien-être et de sa durabilité Construire indicateurs de bien-être : mesurer l’évolution du bien-être Mettre en œuvre des politiques publiques Éducation, santé, liberté, sécurité … Croissance économique et environnement : a) Nouvelle politique industrielle permettant la transition énergétique b) Protection contre les risques environnementaux: transformation de l’Etat-Providence ? 3.4.2 Politique industrielle et transition énergétique : le départ d’un nouveau cycle long d’innovations « L’investissement dans la maîtrise du changement climatique a le potentiel de renouveler profondément le régime de croissance dans le sens du développement durable. (…) La transition énergétique (…) c’est une transformation d’ensemble de la production dans le sens de l’efficacité énergétique » Michel Aglietta « Sortir de la crise et inventer l’avenir », 2014 Le problème essentiel : une mauvaise allocation du capital « Même si de plus en plus d’acteurs économiques et de gouvernements sont convaincus de la réalité du changement climatique et de son origine humaine, le lien financier qui déclenche les investissements massifs de l’entrée en phase de diffusion n’a pas encore été noué » M.Aglietta Pour une nouvelle politique industrielle : quelles solutions ? Des solutions ? • l’initiative européenne • L’exemple allemand/suédois • La proposition de M.Aglietta • Au niveau européen Le paquet climat-énergie, une décision européenne de 2009 qui impose la règle des « 3x20 pour 2020 » : améliorer de 20% l’efficacité énergétique, monter la part des énergies renouvelables à 20% du bilan énergétique et réduire de 20% nos émissions de GES par rapport au niveau atteint en 1990. En 2014-2015, la réduction des émissions de GES a été réaffirmée en fixant un nouvel objectif de réduction à hauteur de 40% à l’horizon 2030 • L’exemple allemand - Création d’un groupe bancaire public dédié aux investissements verts - En // avec fermeture des centrales nucléaires = hausse du prix de l’énergie pour inciter au changement • L’exemple suédois - Taxe carbone à 130 euros la tonne • La proposition de Michel Aglietta : financement de la transition énergétique et création monétaire 3.4.3 Définir le niveau de l’intervention publique • Elinor Ostrom (PN 2009): chaque niveau/échellon de gouvernement peut s’emparer de la question environnementale = « transition polycentrique » • Politiques territoriales • Politiques nationales • Gouvernance mondiale • L’enjeu des politiques territoriales et de la redistribution nationale : l’exemple français La stabilité du climat : un bien public mondial La production de ce BPM se heurte à : - une difficulté spécifique aux relations internationales : les comportements de passage clandestin ; chaque Etat attend des autres qu’ils prennent les mesures nécessaires pour assurer la qualité de l’environnement ; - des difficultés classiques aux problèmes environnementaux : défaillance de marché (externalités négatives) et préférence pour le présent La stabilité du climat : un bien public mondial • Comment éliminer les comportements de passager clandestin et comment modifier les comportements des agents économiques ? • Qu’est-ce qu’un « bon accord » climatique international? Quelle solution ? • Pour l’Europe: un accord où les pays les plus riches se « lient les mains » autour d’un accord contraignant (éliminer PC) et montrent l’exemple aux autres • Pour les Etats-Unis : un accord qui maintienne la souveraineté nationale = rejet de tout accord contraignant La stratégie utilisée à partir du sommet de la Terre (1992) • Signature de la Convention cadre des Nations Unies • Reconnaissance de trois principes : - Principe de reconnaissance : c’est bien l’activité humaine qui produit des GES responsables du changement climatique - Principe de stabilisation : définir un objectif de croissance max de la température et d’une trajectoire d’évolution des émissions de GES pour l’atteindre - Principe de responsabilité commune mais différencié : en fonction du niveau de développement La Cop de Kyoto (1997) • La COP réunie à Kyoto (1997) introduit deux éléments clés : - Pour chasser les passagers clandestins = un engagement contraignant de réduction de 5% des émissions de GES ; - Pour faire apparaître un prix du carbone = la mise en place d’un système de cape and trade permettant aux pays d’échanger des droits d’émission pour faire émerger un prix international du carbone. Un « bon accord » selon J.Tirole Un « bon accord » pour C. de Perthuis Un « bon accord » pour P.Aghion L’échec des méthodes contraignantes et uniformes • COP Paris 2015 : « Jamais l’ambition n’a été aussi forte mais que jamais la contrainte n’a été aussi faible » E.Laurent D’une politique climatique top-down vers une politique bottom-up Conclusion : la conception du bienêtre a évolué = modification de l’intervention publique • Protection contre l’insécurité civile : Etat de droit • Protection contre l’insécurité sociale : Etat social (Etat providence) • Protection contre l’insécurité écologique : Etat social-écologique (E.Laurent « Le bel avenir de l’Etat providence »)