sociale d’une limitation de la croissance et d’une remise en cause de nos modes de vie et de consommation dépend de
la manière de mettre en œuvre les politiques environnementales vis-à-vis des populations. Par ailleurs, l’acceptabilité
de ces politiques peut être mise en doute en cas de non ratification des accords par les Etats-Unis. A l’inverse, la
pression collective peut jouer si un petit nombre de pays s’allie autour de la même stratégie (EU, Europe…).
2. Les différents points et notions à aborder avec les élèves
- Les différents types de capitaux et leur contribution au bien-être :
Le concept de capital social fait partie des pré-requis (notion au programme de première). La notion de capital
institutionnel est à mieux expliciter : c’est l’ensemble des règles et mécanismes (cadre légal…) qui régulent les
comportements et les interactions entre les agents économiques. Il résulte des "investissements de forme" (voir plus
bas). La notion de capital humain a déjà été introduite (partie 1.1 sur les sources de la croissance), de même que celle
de capital physique qui comprend les biens matériels, les équipements, les stocks, ainsi que les ressources naturelles
.
Les ressources naturelles ont une composante renouvelable et une composante non renouvelable qui représente donc
un stock qui se réduit. L’idée que le capital est un stock qui génère un revenu peut s’appliquer au stock que constitue la
nature. Il convient alors de montrer, après les avoir présentés, que ces quatre sortes de capitaux contribuent au bien-
être. Comment accroître le bien être en puisant dans ces quatre espèces de capitaux ?
- Les indicateurs de bien-être :
En amont, il est utile de rappeler aux élèves que le développement et le bien être ne se résument pas à la croissance
économique, en s’appuyant sur ce qui a été vu sur les limites du PIB (question 1.1). On pourra souligner que, même si
économistes ont longtemps centré leur analyse du bien être sur l’accroissement des niveaux de vie, d’autres visions
existent aussi de longue date. Aujourd’hui, la multiplication des indicateurs permet de mieux saisir le bien être des
populations. Par exemple, on a commencé par prendre en compte l’espérance de vie à la naissance (IDH) et maintenant
on mesure l’espérance de vie en bonne santé qui tient compte des résultats de la politique de santé (cf. indicateurs clés
du DD de l’UE). Il n’est pas nécessaire de consacrer trop de temps à cette partie en présentant tous les indicateurs
alternatifs. Le message important est que le bien-être ne se résume pas au PIB, ce que tend à prouver l’existence de
nombreux autres indicateurs. Il faut souligner que le PIB n’est pas une mesure de la soutenabilité (cf. dernier point) : le
prélèvement sur les ressources naturelles n’est pas mesuré comme une imputation et les externalités négatives de
l’activité productive ne sont pas prises en compte. Le PIB mesure l’accroissement de la VA en fonction d’un certain
nombre de conventions. Avec les autres indicateurs, on peut mesurer d’autres choses comme le bilan carbone de
l’activité productive.
- Biens collectifs et biens communs :
En première les élèves ont abordé la notion de "bien collectif". En terminale est ajouté celle de "bien commun".
Remarque sur le terme "bien collectif" utilisé dans le programme : il a été préféré au terme de "bien public" utilisé
habituellement par les économistes (dans les rapports de l’OCDE…) et qui est la traduction littérale de "public good". En
anglais public signifie qui est dans le public, alors qu’en français il désigne ce qui relève du droit public (critère juridique).
L’usage de l’adjectif "public" risque donc de susciter une confusion chez les élèves : penser qu’un bien public relève de
la sphère de l’intervention publique par opposition à un bien privé. Par exemple l’éducation est un "bien public" mais
elle n’est pas forcément publique au sens où elle peut être dispensée par le secteur privé. Ce qui est collectif n’est pas
forcément public, et inversement. Beaucoup de radios, les associations relèvent du droit privé et produisent des biens
collectifs. Il est donc préférable de traduire "public good" par "bien collectif"
.
Un bien collectif est un bien non exclusif et non rival, un bien commun n’est pas excluable mais il est rival. Le climat est
un bien commun. La "tragédie des biens communs" s’applique donc au climat. Il n’y a aucune incitation à limiter la
consommation de ce bien, au contraire puisque le bien-être de la population s’accroît avec la production. Sans
intervention extérieure, l’agrégation des utilités individuelles conduit à un équilibre social sous-optimal. En revanche, les
politiques climatiques sont des biens collectifs : tous les agents économiques en bénéficient (non exclusion) et le
bénéfice qu’en tire un agent ne réduit pas celui des autres (non rivalité). Il faut bien distinguer ici la production du
politique et le champ du réel auquel ces politiques s’appliquent (le climat).
Pour Elinor Ostrom, la tragédie des biens communs n’est pas fatale comme l’ont montré les économistes, mais elle
refuse l’alternative unique entre marché et privatisation d’un côté et organisation par l’Etat de l’autre. Plusieurs formes
de réponses collectives sont possibles. Lors du débat sur les enclosures en Angleterre, c’est le modèle de la propriété
Le capital social, le capital humain et le capital institutionnel sont des capitaux dits "intangibles" (non physiques et non monétaires) :
connaissances, éducation, santé, information, tissu de relations sociales… Le capital naturel et le capital physique sont à l’inverse des
ressources "tangibles".
Pour plus de détails sur l’usage des termes bien public et bien commun, voir l’article en ligne d’A. Beitone dans la Revue du Mauss :
"Biens publics, biens collectifs. Pour tenter d’en finir avec une confusion de vocabulaire".