RMN : aspects théoriques et pratiques

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RMN : aspects théoriques et
pratiques
Plan
Introduction
1. Le phénomène de résonance
2. Le déplacement chimique
3. La notion de couplage
4. Le phénomène de relaxation
5. Développement de la RMN ?
6. Interprétation d’un spectre 1D
7. Interprétation d’un spectre 2D
7. Enregistrement d’un spectre RMN
8. Consignes de sécurité
9. Traitement du signal
10. Utilisation du logiciel NMRNotebook
Introduction
Quelle est l’essence même de la RMN ?
- placer un échantillon dans un champ magnétique
- appliquer un second champ magnétique
- collecter l’onde électromagnétique générée par l’échantillon
Il est inutile de :
- ioniser
- cristalliser
- brûler
- chauffer l’échantillon
 Il suffit simplement d’un composé en solution aqueuse ou sous
forme solide : identification et caractérisation
• Besoin d’un espion pour observer les molécules
– informations sur la structure
– informations sur les mouvements
– informations sur les réactions chimiques
– relativement polyvalent pour s’adapter à une large
gamme de molécules et une variété de situations

Noyau atomique et son magnétisme
Moment magnétique nucléaire est très sensible à son
environnement et interagit avec lui
1. Phénomène de résonance
Molécules = chœur de clochettes
 Le noyau de chaque atome résonne à sa propre fréquence en fonction
de sa taille, de sa forme et de ses voisins.
 Comme une clochette, les plus gros atomes résonnent à basse
fréquence et les petits atomes résonnent à haute fréquence
 1H = sopranos et 13C = basses
Différence entre les cloches dans un chœur et les atomes dans une
molécule est le type d’ondes produites…
Cloche
Création d’ondes sonores =
oscillations dans la densité de l’air
Fréquence de résonance dépend de
la taille de la cloche et du matériel
utilisé pour la fabriquer
Atome
Création d’ondes électromagnétiques =
oscillations dans le champ
électromagnétique
Fréquence de résonance dépend du
type d’atome et de la force du champ
magnétique autour de cet atome
2. Le déplacement chimique
Les essentiels de l’électromagnétisme
Les électrons créent une force qui attire positivement les particules
chargées, tq 1H
- si l’électron reste immobile, ce champ de force négatif est appelé
champ électrique
- si l’électron est en mouvement, cela crée un champ magnétique
perpendiculaire au mouvement des électrons
 La somme des 2 champs crée le
champ électromagnétique
Noyaux atomiques = micro capteurs
 Les grappes de raisin sont des capteurs microclimatiques donc
produisent des nuances et des saveurs différentes dans le vin.
 Les noyaux ressentent les micro variations dans leur environnement
électromagnétique et donc résonnent à des fréquences différentes
Comment une expérience RMN permet d’observer ce phénomène ?
Une expérience RMN peut se représenter comme un marteau qui fait
résonner les noyaux puis on écoute les ondes électromagnétiques créées.
Données RMN = collection de courbes
sinusoïdales empilées les unes sur les autres
Extraction des données en fréquence
 transformée de Fourier
Définition du déplacement chimique
L’unité de déplacement chimique est le ppm et est calculé selon l’équation
suivante :
( fréquence de résonance de l ' atome  fréquence de résonance du TMS ) 106

fréquence du spectromètre
Ex : le déplacement chimique de l’eau à 500 MHz :
(500.00212MHz  500.00000MHz ) 106

 4.24 ppm
500MHz
3. La notion de couplage
Le pendule à 5 billes :
 l’énergie cinétique de la 1ère bille est parfaitement transmise à travers les
billes centrales pour faire réagir la dernière bille.
 de la même manière, les atomes résonnant dans une molécule
transfèrent aussi leur énergie aux atomes voisins = transfert d’énergie
magnétique.
En RMN, on appelle ce transfert
d’énergie le couplage
Ce transfert d’énergie peut se faire si les atomes sont :
- connectés entre eux par une liaison covalente : couplage scalaire J
- proches dans l’espace (moins de 5 Å) : couplage dipôle-dipôle

Dans les 2 cas, l’énergie transférée est l’aimantation nucléaire.
Couplage scalaire J
2 atomes sont liés par
liaison covalente lorsqu’ils
partagent au moins 2
électrons
Quand N entre en
résonance, il transfère son
énergie au H voisin via les
électrons (= ressorts)
Couplage dipôle-dipôle
 permet d’obtenir des informations sur des noyaux proches dans
l’espace
 une caractéristique tridimensionnelle à cette information.
 Pas besoin de liaison covalente,
deux noyaux séparés par 5-6 Å
peuvent transférer leur aimantation
instantanément lorsque ces 2 noyaux
se percutent.
Transfert dépend de 1/r6 où r est la
distance entre les 2 atomes
4. Les phénomènes de relaxation
Une véritable expérience RMN présente l’allure suivante :
 Oscillations non infinies, décroissent avec le temps
 Décroissance = relaxation
 2 types de relaxation en RMN
Relaxation T1
Si vous tapez de plus en plus fort dans la balle, elle va finir par osciller
horizontalement autour du bâton.
Que se passe t-il lorsqu’on arrête de frapper la balle ?
 Moment angulaire permet de faire tourner la balle un certain temps
 Angle diminue en fonction de la force de gravité
 Retour à la position d’équilibre
Relaxation T1
-Relaxation spin-réseau : les noyaux redonnent leur énergie au réseau ou
aux noyaux environnants lorsqu’ils retournent à l’équilibre (selon z)
ou
- Relaxation longitudinale : c’est le temps qu’il faut pour que les noyaux
retournent sur l’axe longitudinal (axe z)
Mz
M0
Mz = M0(1-e-t/T1)
t
Relaxation T2
Si tous les noyaux résonnent en même temps et produisent exactement la
même onde, ils s’amplifient mutuellement pour créer une onde unique
puissante.
Que se passe t-il si le chœur ne reste pas en phase ?
 Apparition d’une désynchronisation
 Apparition d’un déphasage des
ondes
 Annulation du signal
 Relaxation T2
T2 = relaxation
transversale
Relaxation T2
- Ou relaxation spin-spin
- 1/T2 est la constante de vitesse du processus
Mx,y
Mx,y = M0e-t/T2
t
 Forme de raie lorentzienne.
Pour résumer

Le marteau utilisé en début d’expérience est en fait un champ
électromagnétique fluctuant dans le plan xy à une fréquence égale à la
fréquence naturelle du noyau, la fréquence de Larmor.

La résonance détectée à la fin de l’expérience est une onde
électromagnétique créée par tous les petits aimants à l’intérieur du
noyau en rotation autour de l’axe z.

Le point clé : un champ faible peut avoir un effet significatif
sur les noyaux lorsqu’il oscille à une fréquence proche de leurs
fréquences de résonance.
B0

2
Fréquence de Larmor
5. Développement de la RMN ?
Le plus gros handicap de la RMN est :
 la sensibilité !!!
Sami Jannin, Séminaire Lyon, 24/09/15
Sami Jannin, Séminaire Lyon, 24/09/15
Pourquoi une telle insensibilité ?
 limitation du matériel
 bruit de l’électronique
 imperfections du champ magnétique
Qui est responsable de cette insensibilité ?
Ludwig Boltzmann
(1844 – 1906)
Sami Jannin, Séminaire Lyon, 24/09/15
w (1H)
w (1H)
Loi de Boltzmann
Sami Jannin, Séminaire Lyon, 24/09/15
  E 
 exp 

N
 kT 
N
Augmenter B0  Méga
Tesla !!!
A température ambiante
et pour un champ de
7.05T, on a :
P (13C) = 6.10-6 !!
Diminuer T  milli
Kelvin !!!
Sami Jannin, Séminaire Lyon, 24/09/15
Dépend du rapport
gyromagnétique de l’électron
Question : est ce qu’on peut utiliser la polarisation de l’électron pour
augmenter la sensibilité de la RMN ?
Sami Jannin, Séminaire Lyon, 24/09/15
Sami Jannin, Séminaire Lyon, 24/09/15
Sami Jannin, Séminaire Lyon, 24/09/15
Micro-onde = baguette magique
Sami Jannin, Séminaire Lyon, 24/09/15
A quelle température raisonnable a-t-on une polarisation maximum des
électrons ?
 Utilisation d’un cryostat à T = 1K
 Champ magnétique B = 3.35 T
 Source micro-onde f = 94 GHz
 Radical libre source d’électrons: ex le trityl
Sami Jannin, Séminaire Lyon, 24/09/15
Comment s’y prend on ?
On a besoin de 4 composants :
- sonde RMN
- gyrotron (source de micro-onde)
- ligne de transmission
- agent polarisant
Préparation de l’échantillon :
Trityl + échantillon
Irradiation micro-onde
du système
Transfert de
polarisation effectué
200 000 scans = 65h
(µonde off)
1 scan = qques sec
(µonde on)
Spectres 13C de l’urée
en solution
Spectres 13C de proline en phase solide
(mélange glycérol / H2O)
Applications
Méthode
Prix
Gain e
Gain temps
400 MHz →
1000 MHz
15 M€
4
16
Sonde froide
250 k€
4
16
800 MHz DNP
1,5 M€
60
32400
Synthèse de
nouveaux
radicaux
?
85
65000
6. Interprétation d’un spectre 1D
1. Calcul du nombre d’insaturations :
nins 
2nC  2  nH  nX  nN
2
2. Interprétation des déplacements chimiques
 Chaque noyau doté d’un spin apparaîtra à une valeur de déplacement chimique en
fonction de son environnement
 En présence d’éléments électronégatifs, la valeur de déplacement chimique
augmente, on dit que le signal est déblindé.
 En cas d’éléments électropositifs, la valeur de déplacement chimique diminue, on
dit que le signal est blindé.
 Il existe des tables de déplacement chimique pour aider à l’interprétation.
✔ Règles simplifiées pour estimer les valeurs de déplacement chimique 1H en fonction
du groupement en position 
✔ Table simplifiée des valeurs de déplacement chimique 13C
R3-CH
C=O
CHO
200
ppm
C
C=C
COOR
150
R2-CH2
C
C-OH / C-O-C
100
50
R-CH3
0
3. Interprétation de la multiplicité des signaux due au couplage scalaire
 Si un noyau doté d’un spin est situé à 2 ou 3 liaisons covalentes d’un autre noyau
doté d’un spin, il y a couplage scalaire, noté nJ.
2J
3J
|
H-C-H
|
| |
H-C-C-H
| |
 Son signal apparaît alors sous la forme d’un multiplet rendant compte du nombre de
voisins selon la formule :
2nI + 1 raies avec n = nombre voisins
I = nombre de spin du voisin
| |
H1-C-CH
| |
H1 a un voisin =
signal avec 2 raies
|
H1-C-CH2|
H1 a 2 voisins
équivalents = signal
avec 3 raies
|
H1-C-CH3
|
H1 a 3 voisins
équivalents =
signal avec 4 raies
 L’intensité de chaque raie de ce multiplet suit le triangle de Pascal dans le cas spin ½
| |
H1-C-CH
| |
|
H1-C-CH2|
ppm
doublet (d)
J J
J J
J
ppm
|
H1-C-CH3
|
triplet (t)
ppm
quadruplet (q)
 Dans le cas de plusieurs voisins non équivalents (spin ½), le nombre de raies est égal à :
(n + 1) (m + 1) où n et m sont le nombre de voisins
H
O
M
C
H
A
Cl
CH3
C
HO
CH3
C*
M
C
H
X
H
H2C
A
CH3
H
X
7. Interprétation d’un spectre 2D
1H-1H
COSY = Correlation Spectroscopy
Cette séquence permet de faire apparaître sur une carte 2D des taches de corrélations
entre protons couplés par couplage scalaire direct séparés par 2 (2J) ou 3 (3J) liaisons
covalentes. Les taches de corrélation apparaissent de part et d’autre de la diagonale
d’autocorrélation.
1H-1H
TOCSY = Total Correlation Spectroscopy
Cette séquence permet de faire apparaître des couplages relayés entre protons couplés
par couplage scalaire direct jusqu’à 4 ou 5 liaisons covalentes. En plus des taches
observées en COSY (noir sur la figure), apparaissent de nouvelles taches dus au relai
entre protons (en orange sur la figure).
1H-1H
NOESY ou ROESY =
Nuclear Overhauser Spectroscopy ou Rotating frame
Overhauser Spectroscopy
Cette séquence permet de faire apparaître des taches de corrélation entre protons
couplés par couplage dipolaire à travers l’espace. Lorsque la distance augmente,
l’intensité de la tache diminue. Il est possible d’observer ce phénomène jusqu’à environ
5 Å.
1H-13C
HSQC = Heteronuclear Single Quantum Correlation
Cette séquence permet de faire apparaître des taches de corrélation entre un 1H et un 13C
couplés par couplage scalaire et séparés par une seule liaison scalaire.
1H-13C
HMBC = Heteronuclear Multiple Bond Correlation
Cette séquence permet de faire apparaître des taches de corrélation entre un 1H et un 13C
couplés par couplage scalaire et séparés par 2 (2J) ou 3 (3J) liaisons scalaires.
8. Enregistrement d’un spectre RMN
Interface TOPSPIN
Menus
Explorateur
dossier
Ligne de commande
Fenêtre d’acquisition
et de process
Barre d’état
Préparation de l’échantillon
1. Quantité de produit
Spectre 1H : 5 à 25 mg de produit suffisent
Spectre 13C : une quantité plus importante est souvent nécessaire
2. Solvant deutéré
 La solution doit être limpide et homogène
3. Bien remplir le tube : environ 600 µL de solution
4. Placer le tube dans un insert
5. Utiliser une jauge pour placer correctement le tube dans l’insert
6. Etiqueter votre tube
Mise en place de l’échantillon
1. Placer votre tube sur un emplacement du
passeur (position 10 par ex)
2. Pour mettre en place l’échantillon dans
l’aimant taper sx 10 dans la ligne de
commande. L’air comprimé va se mettre en
route et faire descendre progressivement
l’échantillon dans l’aimant au plus près de la
bobine et de la sonde.
3. Taper new dans la ligne de commande et
indiquer le nom du dossier (name) et le numéro
d’expérience (expno)
5. Choisir l’expérience RMN : rpar nom_exp
En TP, on utilisera les expériences suivantes :
- 1Hproton
- 13C_CPD
- APT
- COSYGPQF
- HSQCgp
6. Accorder la sonde : commande wobb
Bad tuning
Good matching
Bad tuning
Bad matching
Good tuning
Bad matching
Good tuning
Good matching
7. Locker le signal sur le signal du deutérium de votre solvant : commande lock
Table des solvants
Recherche du
signal 2H
Signal 2H
locké
8. Ajuster les bobines de shims pour limiter au maximum l’inhomogénéité du
champ : taper topshim gui et cliquer sur 1D puis Start
 signal le plus intense possible
Interface topshim
Optimisation
des shims
Shims
optimisés
9. Régler le gain = contrôle l’amplitude de l’interférogramme avant son entrée
dans le digitaliseur : commande rga
10. Lancer l’acquisition : commande zg
11. Faire le process de l’interférogramme (FID) : commande efp
- e = apodisation
- f = transformée de Fourier
- p = phasage du spectre
12. Si la phase n’est pas correcte, il faut taper la commande apk
13. Dans le cas d’un spectre 2D, il faut taper la commande xfb
9. Consignes de sécurité
10. Traitement du signal
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
Ouvrir le fichier fid
Appliquer une apodisation exponentielle
- de 0,1 à 0,3 Hz pour un spectre 1H
- de 1 à 3 Hz pour un spectre 13C
Appliquer une correction de ligne de base
Phaser le spectre si nécessaire
Référencer le spectre à l’aide du signal du TMS ou du solvant
Intégrer les signaux
Afficher les valeurs de déplacements chimiques et indiquer la multiplicité de
chaque signal dans le tableau ci-dessous
Mesurer les constantes de couplage
Déterminer la formule développée de la molécule ou attribuer les signaux sur la
formule de la molécule donnée
 (ppm)
Intégration
 (ppm)
Multiplicité
Type de carbone
Constante
couplage (Hz)
Attribution possible
Attribution
possible
11. Utilisation du logicel NMRNotebook
Interface NMRNotebook
1.
Ouvrir le fichier fid : menu File / Open
Process du FID
Clic sur 
Menu Fid preparation
2. Appliquer une apodisation exponentielle
- de 0,1 à 0,3 Hz pour un spectre 1H
- de 1 à 3 Hz pour un spectre 13C
Clic custom window puis clic ici
Choix apodisation
Menu Spectral analysis
3. Appliquer une correction de ligne de base
Menu Post processing
Menu Analysis
Appuyer sur Apply lorsque tous les paramètres ont été entrés
Le spectre en fréquence apparaît alors :
4. Phaser le spectre si nécessaire
Menu phase
La phase à l’ordre 0 permet de
phaser le pic le plus intense ainsi
que les pics à proximité.
La phase à l’ordre 1 permet de
phaser les pics les plus éloignés
du pic le plus intense.
Menu display
5. Référencer le spectre à l’aide du
signal du TMS ou du solvant
6. Intégrer les signaux
Menu
intégrale
Menu add integral
Clic droit sur la valeur de
l’intégrale pour indiquer le
nombre de 1H
Informations sur les
intégrales
7. Afficher les valeurs de déplacements chimiques
Menu peak
picking
8. Mesurer les constantes de couplage
Menu add J-coupling
Déplacer le curseur pour faire
apparaître la valeur du couplage
Le spectre est prêt à être interpréter !
Téléchargement