DIAGNOSTICS DIFFICILES EN GERIATRIE 1 Dct Fissette AMPPU 01/2017 CAS CLINIQUE Mr A G 89 ans , marié sans enfant , épouse institutionnalisée en raison d’une MA , vit dans un appartement , aucune aide ,conduisait encore jusque il y a peu. Décès récent de son frère , n’a pas pu se rendre aux obsèques ! 2 Antécédents HTA Dyslipidémie Tabagisme ancien sevré RTUP 1987, sclérose col vésical opérée en 88 CLE + hernie discale 1998 Cholécystectomie 2002 HID 2011 Plus divers autres babioles … 3 Pathologie actuelle Lésion secondaire ostéolytique niveau T5T6 + masse tissulaire de 6 cm Décision collégiale après évaluation oncogériatrique , ( début d’atteinte cognitive , altération EG ) et passage en RCP , traitement palliatif avec radiothérapie à but antalgique 4 Motif d’hospitalisation initiale Syndrome confusionnel d’apparition brutale la veille avec TPC et agressivité Rupture du maintien à domicile 5 Traitement actuel Ibuprofène 400 : 3/j Ramipril 5 : ½ le matin Furosémide 40 : 1 le matin Diffu k 600 : 1 le matin Kardegic 75 : 1 à midi Paroxétine 20 : 1 le matin Skenan 40 : 1 matin et soir Actiskenan 10 : 6/j si besoin 6 Bilan à l’admission Examen clinique : altération EG , IMC= 19,6 , TA=140/85 , souffle systolique en écharpe de RA , abdomen tendu ballonné , neuro : pas de signes de focalisation ni de déficit ni de symptôme extra pyramidal , altération des fonctions supérieurs , DTS , vigilance fluctuante , pas de rétention urinaire , TR énorme fécalome. 7 Biologie: sans grande particularité en dehors d’une albumine à 28 gr/l , BU normale ECG : QS en D2 D3 VF Scanner céphalique en urgence : atrophie CSC banale , pas de signe d’AVC 8 Evolution Extraction digitale du fécalome , baisse de la poso de morphine et arrêt Ibuprofène , laxatifs , Haldol solution 10 gttes; Evolution favorable , disparition de la confusion , Haldol non poursuivi . Début de radiothérapie 9 Evolution Alors que la situation s’améliore, DC de l’épouse ! Petite phase de tristesse ,sans plus , quelques troubles du comportement , refuse de terminer sa radiothérapie . Benzo transitoire . Stabilisation, amélioration EG Transfert en EHPAD avec son accord mais en ‘’ trainant des pieds ‘’ 10 Evolution 48 h plus tard, état d’agitation aigue avec agressivité , chute et plaie de l’arcade sourcilière ; SAMU SAU Contact avec l’urgentiste , patient retransféré dans mon service le lendemain Aux urgences un nouveau scanner céphalique a été réalisé , RAS , la plaie à été suturée ; diagnostic retenu, syndrome confusionnel sur démence . 11 2 ème hospitalisation Dans le service , patient calme, tout à fait conscient des événements , DTS très modérée , examen neurologique normal , petite altération des fonctions supérieures , fluctuante Par contre ECG et biologie !! 12 13 14 15 16 Syndrome coronarien aigue ST - , tropo + Traitement et PEC sur place : ajout de Plavix Crestor et Bisoce Evolution favorable 17 18 19 Nouvelle évaluation thymique confirme le syndrome dépressif Diagnostic retenu : syndrome dépressif atypique à forme délirante Renforcement thérapeutique avec modification de l’antidépresseur (Athymil ) et réintroduction Haldol + PEC psychothérapique Evolution favorable, retransfert en EHPAD 20 Au total on s’est trompé plusieurs fois ! 1 – Surdosage morphine + absence de laxatif syndrome confusionnel 2 – Sous évaluation du syndrome dépressif 3 – Confusion = Bouffée délirante 4 – Syndrome coronarien diagnostiqué secondairement 21 Confusion Assessment Method • Basé sur les facteurs clefs du diagnostic: 1 Début aigu fluctuation de l ’évolution ET 2 Inattention PLUS 3 Désorganisation du cours de la pensée et du langage OU 4 Atteinte de la vigilance 22 Pourquoi les diagnostics sont-ils difficiles et piégeux chez la PA ? 23 PARTICULARITE PHYSIOLOGIQUES ET PHYSIOPATHOLOGIQUES La décompensation fonctionnelle: Elle est provoquée par la survenue de maladie chroniques et/ou aigues sur un terrain +/- fragilisé par le vieillissement Voir schéma 24 Fonction d’organe 100% Vieillissement physiologique Affections chroniques Accidents aigus Seuil d’insuffisance Age 100 ans 25 Chez la PA, la frontière entre normal et pathologique est beaucoup plus difficile à situer, ceci peut expliquer 2 phénomènes dangereux: La surmédicalisation et sa conséquence la poly médication Consiste à considérer comme anormal et pathologique ce qui est simplement du au vieillissement physiologique La sous médicalisation Consiste à l’inverse à banaliser les symptômes en les mettant sur le compte de la simple vieillesse 26 PARTICULARITE PHYSIOLOGIQUES ET PHYSIOPATHOLOGIQUES Les maladies chroniques: Leur fréquence augmente avec l’âge, la polypathologie est une des caractéristiques du SA Les affections aigues: Peuvent entraîner la décompensation d’une ou plusieurs fonctions phénomène de la cascade Certaines fonctions sont plus fragiles Cérébrale Cardiaque rénale 27 CASCADE Syndrome grippal Hyperthermie + Anorexie Déshydratation Insuffisance rénale fonctionnelle Surdosage médicamenteux Syndrome confusionnel 28 Parfois véritable cercle vicieux! Muscles respiratoires infections dénutrition immunité anorexie 29 PARTICULARITES CLINIQUES Symptômes différents voir atypiques/sujet jeune Douleur absente dans 30% des IDM Fièvre absente dans 25% des infections Confusion seule manifestation clinique d’un fécalome ou d’une rétention aigue d’urine Absence de toux dans une infection pulmonaire 30 PARTICULARITES CLINIQUES Signes biologiques différents Absence d’hyperleucocytose en cas d’infection car baisse des défenses immunitaires Créatinine normale malgré une insuffisance rénale sévère ( du fait d’une dénutrition et d’une sarcopénie ) 31 PARTICULARITES CLINIQUES Les signes cliniques sont le plus souvent des signes généraux aspécifiques : asthénie, anorexie, malaise général … communs à de nombreuses maladies alors que les signes spécifiques à valeur d’orientation sont mal exprimés ou banalisés, car attribués au vieillissement ou à une affection chronique commune 32 QUELQUES EXEMPLES PARMI LES PATHOLOGIES LES PLUS RENCONTREES 33 IDM Chez la personne âgée les formes atypiques sont fréquentes et deviennent la règle après 85 ans et il faut savoir évoquer le diagnostic chez la plupart des malades ayant une pathologie aiguë! La douleur de l’IDM chez la personne âgée peut-être atypique . Douleurs thoraciques atypiques par leur type (douleurs non constrictives, douleurs thoraciques vagues), leur siège ou leurs irradiations (abdominales et notamment l’hypochondre droit, cervicales basses... ). 34 IDM Les formes atypiques de l’IDM de la PA sont dominées par les formes 35 indolores . près de la moitié des IDM de la PA sont réellement indolores et l’incidence de ces formes indolores augmente avec l’âge (42% dans la tranche d’âge 75-84 ans dans la Framingham Heart Study et 75% après 85 ans dans certaines séries). La douleur est très fréquemment remplacée par une dyspnée. La dyspnée est présente dans 20 à 40% des cas. Fréquence élevée également des nausées ou vomissements IDM ECG : les modifications électriques sont souvent moins typiques chez le sujet âgé car l’ECG «basal» est souvent pathologique : troubles non spécifiques de la repolarisation, entraînement électrosystolique, troubles de conduction notamment bloc de branche gauche . La comparaison avec un ECG antérieur lorsqu’il est disponible est intéressante voir indispensable ! 36 IDM La biologie : Les marqueurs sont les mêmes : Troponine, Myoglobine ,CPK Attention en cas d’insuffisance cardiaque avec cardiopathie dilatée, le taux de base de Troponine peut déjà être un peu élevé 37 38 EMBOLIE PULMONAIRE 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 PNEUMOPATHIES 54 PNEUMOPATHIES 55 PNEUMOPATHIES 56 PNEUMOPATHIES 57 PNEUMOPATHIES 58 PNEUMOPATHIES 59 DEPRESSION 60 Dépression de la PA Particularités diagnostiques La dépression chez la PA est une maladie et en aucun cas la conséquence d’un vieillissement normal Elle est très fréquente et de diagnostic difficile du fait de la symptomatologie très atypique et de la grande proportion des formes masquées 60 à 70 % des états dépressifs des PA sont négligés, méconnus ou mal traités (banalisation des symptômes par le patient et son entourage) prescription d’AD absente réduite ou injustifiée 61 Dépression de la PA Particularités diagnostiques La dépression retentit de manière importante sur la qualité de la vie (isolement social , alcoolisme !) L’obstacle principal au diagnostic tient autant aux particularités cliniques qu’a l’attitude générale face au vieillissement Le risque suicidaire est toujours présent ++ Très souvent il existe un événement déclenchant=cassure ( intrication avec les pathologies somatiques,et les situations sociales) en gériatrie encore plus ; le psyché est indissociable du soma 62 Dépression de la PA Particularités diagnostiques Importance de rechercher les facteurs de risque: Pertes sociales (retraite!) Isolement Veuvage Dépendance physique et perte d’autonomie Pathologies somatiques Antécédents dépressif Modification de l’habitus : déménagement, déplacement des enfants ou des proches Sexe, deux femmes pour un homme 63 Dépression de la PA Particularités diagnostiques Les symptômes classiques: Humeur dépressive: perte du plaisir, et des centre d’intérêt, indifférence affective. Tristesse intense et prolongée Pensées morbides Idées suicidaires Perte de l’élan vital: ralentissement psychomoteur Signes associés: 64 Anxiété , voir agitation anxieuse + Ralentissement psychomoteur Fatigue perte, d’énergie Troubles du caractère ++ Symptômes somatiques Altération de l’appétit et du sommeil Dépression de la PA Particularités diagnostiques En fait tous ces symptômes sont communs avec d’autres pathologies gériatriques, notamment le syndrome démentiel, et peuvent être observés dans le vieillissement normal ! A prendre en considération: Le mode d’installation rapide (cassure) Les troubles cognitifs associés ou non Les répercutions sur la vie courante 65 Dépression de la PA Différents tableaux cliniques Dépression réactionnelle classique Ne représente que 1/3 à ¼ des cas Anhédonie + Fréquence des plaintes somatiques ++:troubles sommeil , perte d’appétit Dépression masquée très fréquente Forme somatique: La douleur morale passe au 2éme plan , derrière une cascade de plaintes somatiques: asthénie, algies ++ … Se méfier des ordonnances à rallonge Rechercher la cassure + Forme caractérielle: Irritabilité,colère , agressivité Alcoolisme, conduites addictives Importance de la rupture, toujours! Forme anxieuse: Intrication des sémiologies anxieuses et dépressives Patient ne tient pas en place, s’accroche à tout ce qui passe, cherche en vain une réassurance impossible 66 Dépression de la PA Différents tableaux cliniques Forme délirante Ides délirantes de préjudice, de persécution, de spoliation,peu élaborées non systématisées Pour certains auteurs 50 % des cas Conduit parfois à des raptus suicidaires Neuroleptiques inefficaces Attention à la résurgence d’un trouble bipolaire ancien Forme démentielle Les troubles cognitifs sont aux premier plan Diagnostic difficile Concept de démence curable qui est en fait un état dépressif ;mais attention à terme à la fréquence de survenue d’une authentique démence ! Mais la dépression est très fréquente dans la démence, surtout au début ( test thérapeutique ? ) 67 Dépression de la PA le suicide ? Évaluation pas évidente Le risque suicidaire est toujours présent ++: le taux de suicide chez le SA est plus du double de celui observé dans la population générale, et le passage à l’acte est plus souvent réussi! 2 pics de fréquence dans la vie , l’adolescence et le grand âge Toujours y penser Facteurs de risque: Âge,sexe masculin, environnement (isolement ),niveau socio-économique faible, atcd de troubles psychiatriques de ts Verbalisation des idées suicidaires Alcool Affections somatiques chroniques ( douleur +) Quand hospitaliser ? 68 Dépression de la PA Aides diagnostiques Le mini GDS 4 items, bon outil de dépistage : Dans la semaine qui vient de s’écouler: - Vous êtes vous senti(e) souvent découragé(e) et triste ? : oui* non** - Avez-vous le sentiment que votre vie est vide? :oui* non** - Êtes vous heureux (se), bien, la plupart du temps ? :oui** non* - Avez- vous l’impression que votre situation est désespérée ? : oui* non** 69 Dépression de la PA Aides diagnostiques * score=1 ** score=0 Interprétation: Si score> 1 ou plus: très forte probabilité de dépression Si score= 0: très forte probabilité d’absence de dépression 70 Dépression de la PA Aides diagnostiques La GDS: Geriatric Depression Scale C’est une échelle diagnostique validée, fiable et rapide 71 Dépression de la PA Aides diagnostic 72 Dépression de la PA Aides diagnostic 73 Dépression de la PA Aides diagnostiques INTERPRETATION DU GDS Score de 0 à 10 : dépression peu probable Score de 10 à 30 : dépression probable 74 INFECTIONS URINAIRES 75 INFECTION URINAIRE Le tableau classique de cystite aiguë est souvent incomplet ou mal décrit par les sujets très âgés et on observe seulement des symptômes indirects comme des urines troubles, malodorantes, une incontinence d'apparition récente ou une agitation , voire un syndrome confusionnel ! La pyélonéphrite aiguë est la conséquence d'urines infectées dans le haut appareil le plus souvent par voie rétrograde. 76 INFECTION URINAIRE Ce syndrome associe des frissons avec une hyperthermie supérieure à 38°5, des douleurs lombaires le plus souvent unilatérales avec parfois des vomissements et des signes d'atteintes du bas appareil urinaire à type de brûlures mictionnelles, pollakiurie et dysurie. Chez les sujets âgés, on observe souvent une altération de l'état général avec asthénie et parfois hypothermie, un état confusionnel sans douleur caractérisée et l'absence de signes fonctionnels urinaires. 77 INFECTION URINAIRE Chez l'homme âgé, comme chez le sujet plus jeune, un tableau clinique évocateur d'une pyélonéphrite aiguë est dans la majorité des cas dû à une prostatite aiguë. La dysurie et la pollakiurie sont majeures. Au toucher rectal, la prostate est douloureuse et on constate une rétention d'urine. L'infection sur sonde est le plus souvent asymptomatique. 78 INFECTION URINAIRE La place de la bandelette urinaire Il importe de réserver la pratique de l'ECBU aux patients ayant des anomalies aux bandelettes réactives. Il s'agit d'un test très sensible (> 80 %), avec surtout une valeur prédictive négative quasi parfaite (> 94 %) un examen normal à la bandelette sur des urines fraîches élimine quasi formellement l'existence d'une infection urinaire 79 INFECTION URINAIRE L'examen cytobactériologique des urines Le diagnostic de l'infection urinaire est confirmé par l'examen cytobactériologique des urines (ECBU). Le diagnostic d'une infection urinaire est affirmé sur une triade précise qui associe un leucocyturie > 10 000 éléments / ml , la présence de germes à l'examen direct après coloration de Gram et un compte de germes > 1000 UFC / ml. Permet identification du germe et antibiothérapie documentée 4 5 80 INFECTION URINAIRE Chez le SA, le recueil s'avère parfois difficile en raison d'une incontinence et des troubles cognitifs ; le sondage devient la seule méthode envisageable. 81 INFECTION URINAIRE Les autres examens complémentaires L'élévation de la Protéine C Réactive (CRP) et l'existence d'une hyperleucocytose à polynucléaires, voire la présence d'une bactériémie à l'hémoculture, confirment l'atteinte parenchymateuse. Le dosage de la créatinine, de l'urée et la pratique du ionogramme, doivent être systématiques Imagerie: échographie, scanner 82 APPENDICITE AIGUE Quand les personnes âgées souffrent de douleurs abdominales, on évoque souvent une mauvaise digestion, voire une intoxication alimentaire. Mais quand la fièvre, modeste au début, s’installe avec une persistance des douleurs, pense-t-on que la personne âgée peut, elle aussi, souffrir d’une appendicite ? 83 APPENDICITE AIGUE Un tableau particulier Le tableau réalisé est celui d’une affection abdominale mal localisée, se manifestant selon un mode torpide. Asthénie, syndrome dyspeptique, météorisme . Les signes sont à la fois moins nets et moins bien localisés que chez l’enfant où, déjà, tout n’est pas si évident. Le toucher rectal est souvent normal, Le diagnostic est donc souvent porté par élimination Fréquence des formes compliquées : péritonites, occlusion ,abcès , formes pseudo tumorales ;mortalité +++ 84 APPENDICITE AIGUE Examens complémentaires Biologie: pas d’appendicite aigue sans syndrome inflammatoire ! , polynucléose , procalcitonine Imagerie :l’échographie peut révéler un œdème de l’appendice, voire une infection du péritoine (péritonite) avec épanchement. L’examen le plus performant semble être le scanner hélicoïdal 85 CONCLUSION Nous venons de voir sur quelques exemples, les difficultés diagnostics chez le sujet âgé, en fait, il en est de même pour beaucoup d’affections aigues . Symptômes aspécifiques, atypiques, absents ! Décompensations et/ou facteurs de décompensation multiples 86 CONCLUSION Danger de s’arrêter à un diagnostic ! Nécessité d’un raisonnement clinique rigoureux : Recueil de données exhaustif Examen clinique complet, même si on a le sentiment de bien connaitre son patient ( en gériatrie les choses changent tellement vite ) Examens complémentaires 87 88 89