Démences Dr Eric Jouvent Cours externes DFASM2 Un problème majeur de santé publique > 800 000 patients en France 60 50 40 Europe USA Asie Afrique 30 20 10 0 30-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80-84 85-89 90-94 95-99 Fratiglioni L et al, Drugs Aging 1999; 15(5): 365-75. La « démence » aux ECN Extrait d’un dossier concours blanc ECN novembre 2014, patient ayant une maladie de Parkinson idiopathique et un RAC serré « Vous suivez M. K. régulièrement en consultation. Vous avez finalement introduit un traitement par lévodopa/bensérazide que vous avez majoré progressivement. Trois ans plus tard, il est sous lévodopa/bensérazide 125 + 62,5 mg à 8 h, 12 h, 16 h et 20 h. Il est régulièrement gêné́ par des dyskinésies mais il s’en accommode. En revanche, sa femme le trouve ralenti, fatigué, moins actif qu’auparavant. Elle le trouve moins vif lors de leurs conversations. Son autonomie est parfaitement préservée mais le patient se plaint de « perdre un peu la mémoire ». M. K. vous explique qu’il ne se sent pas particulièrement triste, « pas plus que d’habitude ». Son MMS est à 26/30. Par ailleurs, en dehors d’un syndrome dysexécutif léger, le reste de l’examen est normal. » Quel est votre diagnostic neurologique? Trouble neurocognitif léger (ou MCI) 8 points Évolution naturelle de la maladie 2 points Sur 300 copies: > 90 % des étudiants répondent « démence », certains « démence débutante » => 0 à la question 1 étudiant a 10/10 points < 10 étudiants ont 8 points < 20 étudiants ont 2 points Parmi ces patients, lequel est dément? • Mr H, dégénérescence lobaire frontotemporale : • • • • Troubles du comportement Désinhibition Ses amis ne veulent plus le voir MMS 30/30 • Mr T, plainte mnésique : • • • • Ouvrier chez PSA, niveau CAP Sa femme le trouve comme d’habitude RL-RI 16 47/48 (pas de trouble de mémoire) MMS 22/30 • Mr P, maladie d’Alzheimer : • • • • • Troubles mnésiques Troubles phasiques Syndrome dysexécutif Pas de perte d’autonomie MMS 24/30 Qu’est-ce que la démence Sont déments tous les patients ayant des troubles cognitifs et/ou du comportement conduisant à une perte d’autonomie Fonctions cognitives Les fonctions cognitives permettent de prendre connaissance de l’environnement et d’interagir avec lui Evaluer les fonctions cognitives Versions dans toutes les langues, y compris pour les sourds/muets Scores de 26 et plus considérés comme normaux Par de normalisation pour l’âge, simple ajout d’un point si < 12 ans de scolarité http://www.mocatest.org A quoi servent les critères du DSM ? • • • • • A la cotation des actes ? A poser le diagnostic de démence ? Pour la recherche ? Pour l’orientation étiologique ? Pour l’élimination des diagnostics différentiels ? Qui a des troubles cognitifs ? • Les externes, le lendemain d’une nuit sans sommeil ? • Les sujets déprimés ? • Les alcooliques chroniques ? • Les patients ayant eu un AVC ? • Les hypertendus, diabétiques sévères ? Qui a des troubles cognitifs ? Tout le monde, à un moment de sa vie, peut présenter des troubles cognitifs, SANS être dément. Les troubles cognitifs sévères avec retentissement sur l’autonomie définissent la démence La démence est aux troubles cognitifs ce que l’hémiplégie est au déficit moteur L’importance de l’âge… • Les troubles cognitifs sont très fréquents (Echelle 106) • Les troubles cognitifs sévères (stade de la démence) sont fréquents (Echelle 105) • L’âge est un élément déterminant de la survenue d’une démence++ Effet de l’âge sur la cognition Baisse de la vision et de l’audition Déclin de la mémoire à court terme Déclin de la mémoire à long terme Ralentissement l’information de la vitesse de traitement de Effet de l’âge sur la cognition Park et al. (2002) Effets de l’âge sur le cerveau AGE Volume cerveau Volume des ventricules Ouverture des sillons Profondeur des sillons Effet de l’âge sur le cerveau Fréquence { 100% diminution du volume cérébral réduction du nombre de synapses et de l’arbre dendritique démyélinisation réduction de certains neurotransmetteurs en particulier la dopamine altérations de la structure et des propriétés mécaniques des petits vaisseaux « NORMAL » PATHOLOGIQUE 30% { modifications du cytoskelette (dégénérescence neurofibrillaire dans la MA) dépôts amyloïdes (MA) AVC et accumulation d’infarctus « silencieux » { Mort accélérée de certaines populations neuronales (neurones dopaminergiques dans la MPI, neurones pyramidaux dans la SLA) Corps de Lewy diffus, atrophies focales aspécifiques… 1-5% Pourquoi a t-on des troubles cognitifs ? • Facteur favorisant n°1 = AGE++ • Lésions cérébrales acquises, uniques ou multiples : – Pathologie vasculaire • AVC+++ • Leucoaraïose, infarctus silencieux… – Tumeurs – Autres (abcès, encéphalite, LEMP…) • Pathologies neurodégénératives – – – – Maladie d’Alzheimer Maladie des corps de Lewy, DCB DLFT Atteinte cognitive MPI • Autres (SEP, CJ…) Causes évidentes de troubles cognitifs Infarctus multiples MMS 22/30 – BREF 10/16 Perte d’autonomie Démence vasculaire Troubles cognitifs d’aggravation progressive – absence de cause évidente Diagnostic topographique • Troubles des fonctions instrumentales – – – – Langage Praxies Gnosies Calcul… • Troubles des fonctions exécutives – – – – Planification Flexibilité Inhibition Mémoire de travail… Troubles des fonctions instrumentales Atteintes corticales = M Alzheimer+++ • Syndrome aphaso-apraxo-agnosique • Troubles mnésiques hippocampiques • Atrophie temporale interne et hippocampique • Plaques séniles, DFT Place des biomarqueurs • Doute diagnostique / diagnostic précoce • Tableaux psychiatriques / dépression atypique • Formes focales de MA (atrophie corticale postérieure, syndrome cortico-basaux…) • Patients illettrés • Diminution ab1-42 • Augmentation pTau La présentation clinique oriente le diagnostique étiologique • Syndrome AAA + troubles mnésiques hippocampiques = MA • Tableau d’atrophie corticale postérieure => MA dans 90% des cas (PGN exceptionnel) • Tableau d’aphasie primaire progressive => MA, DLFT… Syndrome dysexécutifs • Evolution d’une maladie neurologique : – – – – SEP MPI Maladie des petites artères cérébrales … • Parfois « de novo » : – Signes d’orientation clinique (symptômes park++, syndrome pyramidal…) – Signes d’orientation IRM (leucoaraïose, infarctus silencieux…) Hypersignaux FLAIR/T2 95% 5% Frisoni et al, Nat Clin Pract Neurol 2007 Infarctus lacunaires silencieux 3D T1 FLAIR Les signes associés orientent l’étiologie • Syndrome dyséxecutif + troubles de l’équilibre + leucoaraïose étendue => maladie des petites artères cérébrales • Syndrome dysexécutif + syndrome parkinsonien unilatéral + apraxie de la main => syndrome cortico-basal « Take home » messages • Démence ≠ troubles cognitif ++++ • Diagnostic topographique devant les troubles cognitifs d’installation progressif – Cortical / fonction instrumentales + tbles mnésiques hippocampiques = MA pour ECN – Sous-cortico-frontal / syndrome dysexécutif dont troubles mnésiques sous-corticaux Questions ?