1 Primo-infection à VIH ACUTE HIV INFECTION DIU Ouaga 2012 Dr Jean-Baptiste Guiard-Schmid Objectifs 2 1. 2. 3. 4. 5. Comprendre la cascade : événement infectieux VIH → réponse de l’hôte → infection aigue Connaitre les présentations cliniques de l’infection aigue à VIH Savoir diagnostiquer une infection aigue à VIH (biologie et clinique) Connaitre les risques de transmission au cours de l’infection aigue à VIH Savoir prendre en charge une infection aigue à VIH 3 Evénement infectieux et réponse L’événement infectieux VIH 4 80% des nouvelles infections de l’adulte liée à l’exposition de surfaces muqueuses au VIH (20% restant par effraction cutanée ou injection) ; Mais voie de cheminement du VIH, apparition de la réplication virale et des marqueurs d’infection de l’hôte quasiment identique ; Démarrage par phase de réplication muqueuse, sous-muqueuse puis dans les tissus lymphoréticulaires « muette » de 7 à 21 jours (fenêtre aveugle ou phase d’éclipse) ; L’événement infectieux VIH 5 Puis l’infection aiguë ou primo-infection est marquée par l’apparition de façon séquentielle des marqueurs viraux (ARN viral positif) et enfin des anticorps dans le sang circulant (sérologie positive) ; Détection par tests de 4ème génération → réduction de 5 jours de la phase muette ; PCR → réduction de 7 jours supplémentaires ; Interactions virus-hôtes pas encore parfaitement élucidées, rôle important des Lymphocytes CD4+, cellules de Langerhans et cellules dendritiques ; 6 Cohen et al. N Eng J Med, 364;20 7 Cohen et al. N Eng J Med, 364;20 Séquence infection VIH 8 Cohen et al. N Eng J Med, 364;20 L’événement infectieux VIH 9 Diffusion du VIH dans le système digestif → réplication intense dans les CD4+/CCR5 et Th17 → destruction rapide de réservoirs de T helpers → « latence virale » : intégration silencieuse du génome viral dans celui des cellules T au repos Inoculum viral = quasi-espèces multiples mais infection par 1 seul virion : 80% transmission hétéro, 60% HSH, 40% IDU jusqu’à 16 virions différents chez IDU rôle de la barrière muqueuse Mécanisme de l’infection à VIH à partir d’un inoculum de virus (sperme, sécrétion vaginale, sang) provenant d’un individu en infection chronique 10 Cohen et al. N Eng J Med, 364;20 Réponse à l’infection VIH 11 Production de cytokines par cellules infectées : Orage cytokinique entraine une activation immune large contre le VIH, mais aussi l’induction d’apoptose Activation des cellules NK : Détruisent les cellules infectées par le VIH Nombreux récepteur Ig-like activent ou inhibent les fonctions des NK Interaction avec HLA → différents types de réponses à l’infection Réponse à l’infection VIH 12 Réponse Anticorps : Initialement non neutralisante (contre gp41) Secondairement neutralisante (contre gp120) Une réponse efficace s’installe avec le temps, mais trop tard pour éliminer l’infection… Réponse CD8 : Après pic de virémie, via chémokines et perforine Importance majeure/réplication Perte massive de CD4 Marqueurs d’infection à VIH 13 14 Données cliniques Primo-infection clinique 15 Une primo-infection par le VIH doit être recherchée devant des signes cliniques compatibles : avec un syndrome viral aigu persistant (fièvre > 7 jours) associé à une polyadénopathie, à des manifestations cutanéo-muqueuses et/ou neurologiques après toute situation à risque de transmission (sexuelle) Primo-infection clinique 16 Les symptômes surviennent entre 10 et 15 jours suivant la contamination Ils sont associés à des anomalies biologiques hématologiques : thrombopénie, neutropénie, hyperlymphocytose ou lymphopénie précoce et/ou cytolyse hépatique. Ils s’amendent spontanément en 2 à 4 semaines, les adénopathies pouvant persister plus longtemps. Symptomatologie 17 Primo-infection clinique 18 Principaux diagnostics différentiels : syndromes mononucléosiques (EBV, CMV, toxoplasmose…), grippe, hépatites virales aiguës, infections streptococciques, syphilis, accès palustre (bof) L’exploration d’une fièvre doit inclure la recherche d’une infection par le VIH, y compris en l’absence de risque reconnu de transmission du VIH 19 Diagnostic Diagnostic de primo-infection 20 Absence d’anticorps anti-VIH Antigénémie p24 isolément ou en tests combinés Charge virale VIH (PCR ARN) individuelle ou « poolée » 5 à 10% des cas d’infection diagnostiqués Définition des primo-infections VIH 21 Infection aiguë : entre 2 et 4/6 semaines après la contamination. Sérologie VIH négative ou faiblement positive, avec western blot VIH-1 négatif ou incomplet (≤ 1 anticorps), et ARN-VIH positif et/ou Ag p24 positif Infection récente : entre 4/6 semaines et 6 mois après la contamination. Sérologie positive avec WB VIH-1 incomplet (≥ 2 anticorps, avec présence de l’Ac anti-p24 associé à un Ac anti-gp160 ou antigp120 ou anti-gp41) et ARN-VIH positif et/ou Ag p24 positif 22 Conséquences santé publique Risque de transmission 23 Chaque fois que la CV augmente d’un facteur 10, le risque de transmission augmente d’un facteur 2,5 Risque de transmission majeur pour un individu en primo-infection évolutive modèle macaque : risque x 750 Rôle des personnes en infections aigues dans la dynamique de l’épidémie discuté Etude Malawi : 38% des nouvelles infections liées à un contact avec personne infectée < 6 mois Montréal : clusters de virus responsables de 50% des nouvelles infections (philogénétique) 24 Prise en charge infection aigue à VIH Prise en charge 25 Détection des cas : Algorithmes de diagnostic visant à réduire le délai de détection de l’infection (tests 4ème génération) Prévention secondaire (des sujets contacts) Counseling pour limiter les risques de transmission Traitement ARV Prise en charge : traitement ARV 26 Les arguments en faveur d’un traitement précoce sont d’ordre clinique, virologique et de santé publique. Ils sont cependant très discutés au regard de la chronicité de l’infection : Instauration trop tardive dans la plupart des études ? Quelques études montrent un bénéfice : Charge virale maintenue basse après arrêt des ARV Fonctions Lymphocytaires B améliorées Réduction du pool de cellules infectées Manque de grandes études contrôlées avec analyse coût-efficacité et bénéfice collectif vs individuel Prise en charge : traitement ARV 27 Objectif du traitement très précoce : traiter les symptômes de primo-infection limiter la dissémination et la diversité virale associée ; diminuer l’état d’hyperactivation du système immunitaire (qui en soi est un facteur péjoratif) ; limiter la destruction des lymphocytes CD4 et/ou restaurer le pool de CD4 périphériques et tissulaires pour préserver les fonctions immunes ; limiter la déplétion lymphocytaire du secteur digestif (ou GALT) rapidement observée après l’infection et prévenir la constitution rapide d’un déficit immunitaire sévère. Prise en charge : traitement ARV 28 Objectif du traitement très précoce : Une réponse virologique optimale peut être obtenue chez plus de 80% des patients (observants) avec remontée des CD4 > 500/mm3 Arguments de santé publique pour une intervention thérapeutique visant à diminuer la charge virale plasmatique et génitale, en raison du risque très élevé de transmission sexuelle du VIH à cette phase Indication du traitement retenue dans les recommandations internationales (américaines et françaises) Prise en charge : traitement ARV 29 Recommandations françaises : Si symptômes sévères, en particulier neurologiques, et/ou durables, et/ou en cas d’IO Si CD4<500/mm3 au moment du diagnostic La primo-infection diagnostiquée en cours de grossesse relève d’une indication de traitement Régime de traitement comprenant des ARV se concentrant dans le tractus génital (2 INTI + 1 IP/r), associé à un inhibiteur de l’intégrase (reco américaines, rapidité de décroissance de la réplication virale) Prise en charge : traitement ARV 30 Limites du traitement Le bénéfice d’un traitement dès la découverte de l’infection n’est pas démontré, ni la durée optimale définie ; Il s’agit d’un moment où l’individu est en situation de vulnérabilité, ce qui peut induire des difficultés de compréhension et d’adhésion au traitement ; Par ailleurs, les patients sont exposés plus tôt aux conséquences d’un traitement à vie. Synthèse et points clés 31 La primo-infection se caractérise par une phase de réplication virale intense associée à une dissémination virale rapide et à des altérations précoces du système immunitaire Les premiers événements de l’infection à VIH aigue déterminent la santé future du patient et l'ampleur de la transmission dans la population générale Synthèse et points clés 32 Si l'amélioration des tests diagnostic devrait permettre de diagnostiquer plus de personnes en phase aiguë du VIH, le nombre de primo-infections diagnostiquées reste modeste au regard du nombre de nouvelles infections ; La nécessité d’un diagnostic et d’une prise en charge précoce de la primo-infection à VIH est justifiée par le risque de progression immunologique rapide dès les premiers mois de l’infection. Synthèse et points clés 33 Si des études supplémentaires sont nécessaires pour développer un traitement optimal et les stratégies de prévention pour les personnes en phase aigue de l'infection à VIH, un traitement ARV est recommandé au seuil de 500 CD4/mm3 et/ou en présence de symptômes sévères ; Dans le contexte d’une infection aiguë, les tests rapides ne sont pas recommandés, car ils risquent d’être négatifs et donc de retarder, voire d’exclure, le diagnostic d’infection à VIH. 34 Merci pour votre attention