La prévention cardio-vasculaire Glem du 20/03/2013 Dr Van cutsem Roger Dr Chevalier François Prévention C-V: autres facteurs de risque • Les tableaux se basant sur les facteurs de risques « classiques » n’expliquent que 43% de la variance du risque C-V chez la femme et 38% chez l’homme (BMJ 2008:336: 1475-1482). • Existe-t-il d’autres facteurs de risque permettant d’améliorer la performance du dépistage? Prévention C-V : autres facteurs de risque • Plusieurs dizaines de facteurs ont été proposés entre-autres: ▫ ▫ ▫ ▫ ▫ ▫ ▫ ▫ ▫ CRP Taux d’homocystéine Taux de lipoprotéines Taux de leucocyte Glycémie à jeun Calcification des coronaires Épaisseur de la paroi carotidienne Index systolique Maladie péri-ondontique Prévention C-V : autres facteurs de risque • La CRP ultrasensible? ▫ Il est démontré que l’augmentation de concentration de la CRP us = augmentation du risque d’évènement cardiovasculaire ▫ CRP us = facteur de risque indépendant après ajustement des autres facteurs (âge, tension,…) mais avec moins de puissance. ▫ Meilleur pouvoir prédictif que le taux de LDL-chol. Chez les femmes? ▫ Risque « stratifié » en trois groupes (mesure effectuée en dehors de tout épisode inflammatoire) Risque faible < 1 mg/l. Risque modéré 1-3 mg/l. Risque élevé > 3mg/l. Prévention C-V : autres facteurs de risque • La CRP ultrasensible? ▫ Pas d’utilisation systématique comme facteur de risque dans la population générale ▫ Peut être utile pour « reclasser » des patients classés en risque intermédiaire ( Framingham entre 15-20%). Si CRP us >3% le patient est à considérer comme à haut risque. ▫ Faire baisser la CRP? Comment: exercice physique, régime, stop tabac… aspirine , STATINES Utilité? De facto ces interventions sont efficaces pour diminuer les autres facteurs de risque cardio-vasculaire. Prévention C-V: autres facteurs de risque • Facteurs « biologiques » mesurables: ▫ GFR(insuffisance rénale), taux de lipoprotéines, homocystéine ▫ Ces trois éléments sont très probablement des marqueurs de risque cardio-vasculaires. ▫ Mais on ne sait pas comment intégrer leur présence et leur importance dans le calcul du risque C-V ou dans le reclassement des patients à risque intermédiaire. ▫ De plus les possibilités d’intervention sur ces facteurs de risque sont limitées (inexistantes?) Prévention C-V : autres facteurs de risque • Diminution de l’index systolique (IS<= 0.9) ▫ Un abaissement de l’index systolique est un indicateur d’artériopathie périphérique ▫ La présence d’un index systolique < 0.9 peut-elle nous aider à « adapter » le score de risque d’un patient? ▫ Pas forcément: Si le patient est asymptomatique Et pas d’autres pathologies ou antécédents C-V Et patient sous un risque modéré à sévère (< 15%) selon framingham La présence d’un IS < 0.9 ne permet pas de recommander une intensification du traitement Prévention C-V : autres facteurs de risque • Diminution de l’index systolique ▫ Études BMJ 2008: 337: 1827 à 1840: pas de preuve de l’administration d’aas en prévention primaire d’incidents C-V ou de décès dans une population de DIABETIQUES avec artérite asymptomatique (! IS<0.99) Jama 2009: 301: 1909-19: pas de preuve de l’intérêt de aas en prévention C-V (sauf AVC non fatal) chez patient avec artérite périphérique (symptomatique ou pas) (! Méta-analyse) Prévention C-V : autres facteurs de risque • Diminution de l’index systolique ▫ En cas d’IS < 0.9, asymptomatique et maladie isolée: « scorer » le patient Si patient à risque sévère (>20% en Framingham, >10% SCORE): intensification du traitement Si patient à risque modéré(entre 10 et 20% Framingham, 5 et 10% SCORE) : ?? L’intensification ne parait bénéfique que pour des scores > 15% (Framingham) Prévention C-V : autres facteurs de risque • Imagerie ▫ Calcifications des coronaires (estimée par scanner) Études très hétérogènes: les plus fiables donnent le moins bon résultat Scanner coronarien= moyen de dépistage ? (coût, irradiation…) ▫ Épaisseur intima-média (par échographie) Moyen d’estimation de la progression de la maladie athéromateuse Facteur indépendant de prédiction d’évènement C-V? Bien corrélée au risque d’AVC Etude ARIC (atherosclerosis risk in communities): légère augmentation (quand couplée à un »scoring » Framingham)du pouvoir prédictif d’apparition d’évènement C-V. Problème majeur: pas de standardisation qui permette d’interpréter les mesures réalisées pour la prédiction des évènements C-V Prévention C-V : autres facteurs de risque • Maladie péri-odontiques? ▫ Certaines études rapportent effectivement un risque relatif augmenté d’apparition d’événements C-V chez les patients qui ont des problèmes dentaires ▫ Ce RR augmenterait avec l’importance de la maladie (de 1.24 à 1.34 en fonction de la gravité) ▫ Toutes les études ne concordent pas ▫ L’utilité réelle reste hypothétique Prévention C-V : diabétiques • Le diabète (type un et deux) est un facteur de risque d’accident cardio-vasculaire (70% des diabétiques décèdent d’une maladie CV) • Le risque n’est pas augmenté de la même façon pour les hommes et les femmes ▫ 2 à 3 fois plus de risque pour les hommes ▫ 3 à 5 fois plus de risque pour les femmes Prévention C-V: diabétiques • Aspirine chez tous les diabétiques? ▫ Minerva 2009:8(2): 20-21 ▫ aucune étude ne montre un intérêt préventif (mortalité ou morbidité) de l’administration d’AAS chez les diabétiques indemnes de pathologie cardio-vasculaire (prévention primaire). ▫ BMJ 2008:337 Patients diabétiques et considérés comme artériopathiques ( IS <0.99?) mais sans autres pathologie C-V avérée. Pas de différence pour critère composite (décès coro., AVC, infar., amputation..) entre patients prenant ou pas de l’AAS. Prévention C-V : diabétiques • Aspirine chez tous les diabétiques? ▫ Comme chez le non diabétique le bénéfice attendu de l’aspirine dépend du risque initial et donc Prévention secondaire= toujours aspirine NB: diminution du risque sous AAS est moindre que celle liée à la prise de statine. Prévention primaire= aspirine si risque élevé Soit diabète et trois autres facteurs de risque majeurs (HTA, cholestérol, insuffisance rénale et micro-albuminurie, tabac…) Soit évaluation du risque par des tables (voir plus loin). Si RCV < 5% pas AAS, si 5- 10% à discuter, si > 10% AAS Prévention C-V : diabétiques • Statine chez tous les diabétiques? ▫ En prévention primaire, l’ajout d’une statine diminue l’incidence d’évènement C-V quelque soit le taux de cholestérol initial ▫ Plusieurs études ont montrés que cette protection commence dès des taux très bas de cholestérol (<1.16 g/L ou 3.0 mmol/L) ▫ Ce qui incite certains à recommander une prescription systématique de statine chez tous les diabétiques MAIS… Prévention C-V : diabétiques • Statine chez toux les diabétiques? ▫ Beaucoup d’études et méta-analyses sont hétérogènes et l’incidence d’évènement augmente avec le risque à priori.. ▫ Des guides de pratique recommandent en prévention primaire de « scorer » le patient en utilisant une table adaptée Prévention C-V : diabétiques • Statine chez tous les diabétiques ? ▫ Recommandations INAMI Traiter les patients de plus de 40 ans Avec cholestérol total >175 mg/dl ou LDL > 100 mg/dl. A jeun et mesuré à deux reprises (une à huit semaines d’intervalle) Simvastatine ou Pravastatine de préférence Doses et objectifs ? Si cholest tot.> 290 mg/dl ou LDL >165 mg/dl : atrostatine ou rosuvastatine peuvent être envisagées Prévention C-V : diabétiques • AAS et statine chez tous les diabétiques ? ▫ Table de risque SCORE mais en multipliant le risque obtenu par 3 chez l’homme ou 5 chez la femme (mais quel seuil?) UKDPS RISK ENGINE qui est adapté aux diabétiques (mais moins représentatif de notre population et surévaluant peut-être le risque) www.dtu.ox.ac.uk Télécharger risk engine Nb: conversion mmol/.= mg/dl./39 pour cholestérol tot. , LDL et HDL Prévention C-V : diabétiques • A ne pas oublier! ▫ La micro-albuminurie est dès son apparition à considérer comme un facteur de risque C-V important. Ce risque croît avec l’insuffisance rénale Prévention C-V : aspirine • Aspirine en prévention primaire ▫ Population générale (pas de facteurs de risque) ▫ Diminution des AVC chez les femmes 1 AVC évité pour 2500 femmes (60 ans) traitées pendant un an ▫ Diminution des infarctus myocardiques chez les hommes 1 infarctus évité pour 700 hommes(60 ans) traités pendant un an ▫ Hémorragies graves augmentent : une pour 2200 personnes traitées durant un an Prévention C-V : aspirine • Aspirine en prévention primaire ▫ Patients ayant des facteurs de risque ▫ Le risque C-V semble être influencé de la même façon par l’aspirine quelque soit le niveau de risque (environ 12%) ▫ Et donc l’avantage attendu par la prise d’aspirine augmente avec le risque C-V initial ▫ MAIS… le risque d’hémorragie grave augmente lui aussi avec les facteurs de risque C-V (diabète, HTA, tabgisme) Prévention C-V : aspirine • Aspirine en prévention primaire ▫ Facteur de risque : âge Hommes : ??? Femmes : un accident C-V (infarctus, AVC, décès) pour 470 femmes traitées durant un an Risque hémorragique augmente aussi avec l’âge Prévention C-V : aspirine • Aspirine en prévention primaire ▫ Facteur de risque : HTA L’aspirine diminue les incidents C-V (surtout les infarctus) Pas de diminution de mortalité Cette diminution des évènements C-V est quasi compensée par les hémorragies graves engendrées. Prévention C-V: aspirine • Aspirine en prévention primaire ▫ Conclusion À discuter avec le patient en fonction Évaluation du risque C-V et risque hémorragique Évaluation SCORE (>10%) Prévention C-V : aspirine • Aspirine en prévention secondaire ▫ Ne souffre en principe aucune exception ▫ Post AVC Aspirine diminue de 1 à 2 les récidives d’AVC chaque année pour 100 patients traités ▫ Post infarctus Aspirine empêche un décès pour 100 patients traités durant > 2 ans (27 mois) ▫ Angor stable Aspirine empêche un infarctus pour 100 patients traités durant un an Prévention C-V : aspirine • Aspirine en prévention secondaire ▫ Artérite périphérique une exception? ▫ Minerva 2010 9(2): 26 « pas de preuves robustes de l’intérêt de l’aspirine en prévention C-V (sauf AVC) chez les sujets présentant une artérite périphérique » ▫ Mais analyse de RCT avec des populations peut-être hétérogènes (gravité de l’artériopathie?), seuil d’index systolique ??? ▫ Se baser sur la présence ou non de symptômes, sur la sévérité de l’artériopathie (I;S.)? Prévention C-V : clopidrogrel • En monothérapie (conditions de remboursement INAMI) ▫ Post AVC, AIT, infartcus myocardique, artériopathie symptomatique (IS<0.85) ET hémorragie G-I ou asthme ou œdème de Quincke provoqué par aspirine Prévention C-V : clopidogrel • En monothérapie ▫ Avantage sur aspirine? ▫ Etude CAPRIE Patients avec ATCDS: AVC, infarctus, artérite périphérique Survenue d’un critère combiné : AVC ischémique, infarctus, décès vasculaire Léger avantage au Plavix : 10 patients pour 1000 traités pendant deux ans Avantage surtout pour les patients souffrant d’une artériopathie Prévention C-V : Clopidogrel • En bithérapie avec aspirine ( conditions de remboursement INAMI) ▫ Soit suite à mise en place d’un stent (coronarien) Métallique(BMS) : remboursement de quatre semaines de traitement Pharmacologique(DES) : remboursement de douze mois de traitement ▫ Soit après syndrome coronarien aigu (modification du St-T ou troponines +) Remboursement pour douze mois Prévention C-V : Clopidogrel • En bithérapie ▫ Toujours avec un stent ▫ Post infarctus sans stent : ▫ Etude COMMIT Diminution de décès grâce à association (1/200 personnes traitées) Bénéfice à 15 jours est prouvé mais ensuite ??? ▫ Étude Cure Patient avec évènement coronarien sans élévation du segment ST 9 mois de suivi Bénéfice en terme de diminution de décès, AVC, infarctus Augmentation des saignements majeurs Deux décès induits pour onze évités Prévention C-V : Clopidogrel • En bithérapie : hors critères de remboursement INAMI • Fibrilation auriculaire( ACTIVE A: population à risque cardio-vasculaire élevé) ▫ En cas de contre-indication aux AVK (et aussi aux NAO) ▫ Association est plus efficace que Aspirine seule. ▫ Diminution (risque relatif): 28% des AVC, 22% des infarctus ▫ Augmentation(risque relatif) des hémorragies Prévention C-V : Clopidogrel • Risque hémorragique • Étude CHARISMA ▫ Association aspirine et clopidogrel chez patient à haut risque cardio-vasculaire (sauf infarctus non STEMI) ne diminue pas les événements ischémiques ultérieurs et augment la mortalité (environ 1.6%)