Hypersensibilités DFGSM3 UE Revêtement cutané 2016 [email protected] Les réactions immunologiques NON SOI SOI NATURE DE L’ANTIGENE Infectieux intra ou extracellulaire Allogénique Substance étrangère inoffensive Soi modifié Soi reconnu comme étranger TYPE DE REACTION Antiinfectieuse Rejet greffe Hypersensibilité (allergie / intolérance) Anti-tumorale Auto-immunité Hypersensibilité : réponse anormale et excessive face substance étrangère inoffensive Les réactions d’hypersensibilité Définitions Hypersensibilité Non liée à une reconnaissance spécifique par le système immunitaire (TLRs) Liée à une reconnaissance spécifique par le système immunitaire Allergie IgE dépendant Antigène de l’environnement = ALLERGENE Non IgE dépendant Intolérance Atopie: ensemble de symptômes associés à une prédisposition à produire de fortes quantités d’IgE L’allergène – Antigène induisant une réponse allergique – Le plus souvent individus génétiquement prédisposés – Environnement propice – Protéines des pollens, lait, fruits, médicaments… – Allergène majeur et mineur : (structure reconnue par IgE présentes chez + ou – de 50% des patients allergiques) Les réactions d’hypersensibilité Classification de Gell et Coombs Type Médiateurs I Hypersensibilité immédiate (symptômes d’apparition rapide) IgE dépendante : IgE fixées sur basophiles et mastocytes II Cytotoxicité déclenchée par la fixation d’un Ac IgG et/ou complément III Hypersensibilité semi-retardée Dépendant des complexes immuns Ag/Ac formées en excès => lésions au site de leur formation ou après dépôts dans les parois vasculaires IV Hypersensibilité retardée Action médiée par les lymphocytes T et cytokines Réaction retardée (> 12h) Activation Hypersensibilité de type I Type I Médiateurs Hypersensibilité immédiate (symptômes d’apparition rapide) IgE dépendante: IgE fixées sur basophiles et mastocytes L’hypersensibilité immédiate: Phase de sensibilisation Quand ? In utero Petite enfance +++ * 3 étapes : 1. Pst par une DC à un LT CD4 2. Différenciation Th2 : Σ IL4, IL5, IL13 3. ↗ Σ IgE par les LB Une sensibilisation est nécessaire mais pas suffisante ! Commutation de classe Agents de la sensibilisation et de la phase précoce : Les IgE – Taux sérique normal : ≤ 200 UI/mL (adulte) – Demi-vie : – IgE sériques : 2,5 jours – IgE fixées sur les cellules : 3 à 4 semaines – Fixation +++ aux Basophiles et Mastocytes – Pas de passage placentaire, neutralisation, opsonisation, activation complément ou NK – Fonctions physiologiques : – Défense antiparasitaire (helminthes) Risque d’allergie et taux d’IgE Sujets avec allergie (%) % de la population avec les taux d’IgE indiqués 67 20 < 60 60-200 9 3 100 80 60 40 20 200-450 > 450 IgE sérique (Ul/mL) Les récepteurs aux IgE FceRI • Forte affinité • Mastocytes tissulaires et basophiles sanguins • Eosinophiles FceRII (CD23) • Faible affinité • Eosinophiles, cellules de Langerhans, macrophages et lymphocytes B L’hypersensibilité immédiate: Phase effectrice immédiate Polynucléaire Basophile Conséquences fonctionnelles de l’activation du FceRI Pontage de 2 IgE par l ’antigène modifications membranaires PENETRATION INTRA C. DU CALCIUM Dégranulation Activation des P lipides Mb Libération de médiateurs chimiques dépendant : - de la membrane (néoformés) - du granule (préformés) - de cytokines 3 actions : vaso active chimiotactique cytotoxique Médiateurs préformés (mastocytes-basophiles) 1 - L’histamine - Médiateur majeur de l’allergie - Σ par décarboxylation de l’histidine - 1/2 vie < 10 min . perméabilité vasculaire . contraction des muscles lisses . modulation cytokines infl. : IL-1, IL-6, TNF - Effet dépend du tissu de synthèse et des récepteurs locaux Médiateurs préformés (mastocytes-basophiles) 1 - L’histamine Source Mastocytes Estomac Neurones Histaminergiques (hypothamamus) Rc Site Effets H1 Muscle lisse Bronchoconstriction Contraction digestives H1 Endothélium Vasodilatation ↗ perméabilité H1 Terminaison sensitives Douleur Démangeaison H2 Muscle lisse vasculaires Vasodilatation (Haute dose) H4 Eosinophiles Chimiotaxisme H2 Cellules pariétales Sécrétion HCL H1 H2 Post synaptique (tous neurones) Eveil ↘ appétit H3 Présynaptique neurones hista. ↘ libération histamine Modulation neurotrans. Médiateurs préformés (mastocytes-basophiles) 2 - Les protéoglycanes - Principal constituant : héparine liée à l’histamine 3 - Enzymes - Tryptase : sérine protéase couplée à l’héparine - 1/2 vie : 1 à 2 heures - Induit IL8 par cellules endothéliales 4 - Facteurs chimiotactiques - Pour l’éosinophile (ECP) ou le PN Médiateurs néoformés . Synthèse retardée par rapport à l’histamine (3 à 6h) . Dérivant des phospholipides membranaires (action PLA2) . Produits également par d’autres types cellulaires : - macrophages, éosinophiles, neutrophiles, plaquettes endothélium vasculaire NATURE DES MEDIATEURS NEO FORMES . PAF-acether (Platelet Activating Factor) . Métabolites de l’acide arachidonique (eïcosanoïdes) . Cytokines Médiateurs néoformés 1 – PAF acéther . Dégranulation des plaquettes et libération de sérotonine . Activation de la Σ des dérivés de l’acides arachidonique (macrophages et PNN) . Contraction des muscles lisses . Chimiotactisme des PNN et augmentation adhérence Action brève : catalysé en lyso-PAF (inactif) Médiateurs néoformés 2 – Métabolites de l’acide Arachidonique . Acide arachidonique dérivé des phospholipides membranaires : action des phospholipase A2 ou C lipo oxygenase Oxydation selon deux voies cyclo oxygenase . Cyclo oxygénase Prostaglandines (PGD2 +++ mastocytes, basophiles) . Contraction des muscles lisses . ↗ perméabilité capillaire Thromboxane A2 . Broncho constricteur . Activation des plaquettes . Lipooxygénase Leucotriènes (LT) . Chimiotactisme, . Contraction des muscles lisses . ↗ perméabilité capillaire PHOSPHOLIPIDES MEMBRANAIRES PLA2 PLA2 Lyso PAF Acyl Transferase PLA2 ou PLC Lipomoduline (glucocorticoides) 5-CO PAF PAF acetyl-hydrolase Inhibiteurs de 5-LO Acide arachinodique Aspirine AINS 5-LO TxA2 PGG2 TxB2 PGH2 6 keto-PGE1 LTA4 PGI2 Lyso PAF Acyl Analogue PGD2 PGE2 PGF2 LTA4 hydrolase LTC4 synthétase LTB4 LTC4 GT LTD4 Dp LTE4 Médiateurs néoformés 3 – Les cytokines Synthèse retardée (> 6h) Rôle essentiel dans la phase tardive de l ’hypersensibilité IgE IL-3, GM-CSF, IL-4, IL-5, IL-6, TNF IL-3 et IL-4 facteurs de croissance autocrine du mastocyte IL-4 recrutement LT sur site, différentiation Th2 IL-5 stimulation des éosinophiles TNF activation des PNN et des monocytes, ↗ adhérence Synthèse inhibée par les corticoïdes Les 2 phases de la réaction Activation des mastocytes/basophiles => 2 types de médiateurs • Vaso-actifs : responsables des phénomènes immédiats (min) • Chimiotactiques : recrutement éosinophiles, macrophages, plaquettes, neutrophiles, réaction tardive (2 à 4h) se poursuivant plusieurs heures Mastocytes, basophiles : rôle initiateur Autres cellules : pérennisation L’hypersensibilité immédiate: Phase effectrice tardive Polynucléaire Eosinophile Les cellules de la phase effectrice tardive Les polynucléaires éosinophiles – 2 signaux principaux : IL5 facteur de croissance Eotaxine Chimiokine liant CCR3 – Recrutement autre : PAF-acether, LTB4 – Activation par les IgE fixées à leurs récepteurs (FceRII et FceRI) – Libération de médiateurs : • Contenus dans les granules : MBP (protéine basique majeure), EGP (protéine cationique), EPO (péroxydase), EDN (neurotoxine) • Cytokines : IL3, IL4, IL5… • Médiateurs lipidiques : PAF-acether, leukotriènes Hypersensibilité de type I et manifestations cutanées Immunité de la peau Interface entre le corps et l’environnement (~2m2) Barrière physique / mécanique Couche externe de l’épiderme Barrière biochimique Acides gras du sébum pH acide de la peau Peptides et protéines anti-microbiens Barrière biologique Flore commensale Cellules de l’immunité muqueuse Immunité innée Kératinocytes (sentinelles, PRRs) Cellules de Langerhans, DC dermiques, pDC Macrophages Mastocytes NKT T d Immunité adaptative LT CD4 auxiliaires LT CD8 cytotoxiques LB Cellules de l’immunité muqueuse Immunité innée Kératinocytes (sentinelles, PRRs) Cellules de Langerhans, DC dermiques, pDC Macrophages Mastocytes NKT T d Immunité adaptative LT CD4 auxiliaires LT CD8 cytotoxiques LB Urticaire • Les papules ou plaques érythémateuses ou rosées, ortiées, œdémateuses à bords nets : – Fugaces (disparaissant < 24 heures) – Migratrices – Prurigineuses • Vasoconstriction au centre de la lésion Images F. Berard (Lyon) + Hugoweb Urticaire • Biopsie lésion urticarienne – Œdème dermique Clarté derme superficiel, PNN et PNE Urticaire A : mastocyte au repos B : mastocyte ayant dégranulé • Cellules clés : mastocytes faciles à activer / pré-activés – Mécanisme IgE dépendant dans environ 5% des cas (HS immédiate) – Activation possible par fraction C5a, SCF, substance histaminolibératrice… • Histamine responsable des symptômes anti-histaminiques Urticaire • Affection très fréquente (15-20 % de la population est confrontée un jour à cette maladie) – 30% chronique : tous les jours, > 6 semaines – 75% femmes – Adulte • Prédisposition génétique (liaison HLA B51) • Peut-être grave !! – Au niveau bouche / langue (gonflements dus à l’inflammation) – Œdème de Quincke Urticaire Deux types de mécanismes peuvent être en cause : • Immunologiques (= sensibilisation préalable) : – hypersensibilité immédiate de type anaphylactique médiée par les IgE – hypersensibilité par activation du complément • Non immunologiques (mécaniques, pharmacologiques) : – histamine : aliments riches en histamine (fromages) ou histaminolibérateurs (crustacés) – inhibition médiateur : œdème angioneurotique (déficit inh. C1 estérase) – urticaire cholinergique : médiée par la libération d'acétylcholine dans certaines circonstances (effort, émotion) Urticaire immunologique : diagnostic Très faible nombre d'urticaires avec origine réellement allergique Test in vitro : dosage d'IgE spécifiques anciennement RAST Test in vivo : Prick-tests ou parfois tests intradermiques (IDR) Tests de réintroduction en milieu hospitalier. Après arrêt des anti-H1 Risque de choc anaphylactique Réalisés que sous surveillance prolongée Pas pratiqués chez des patients traités par β-bloquant Urticaire immunologique : diagnostic Dosage IgE Spécifiques Prick tests Images Hugoweb Urticaire pharmacologique Principaux médicaments responsables d'urticaire – β-lactamines – Anesthésiques généraux (curares) – AINS, acide acétylsalicylique – IEC (inhibiteurs de l'enzyme de conversion). – Produits de contraste iodés Principaux aliments responsables d'urticaire Poisson • Porc • Œufs • Crustacés • Lait • Tomate • Fraise • Chocolat • Arachide • Noisette • Alcool • Fruits exotiques • Colorants Urticaire physique C'est l'étiologie la plus fréquente des urticaires chroniques. Déclenchées par des stimulus physiques de la peau. Confirmées par les tests physiques réalisés après arrêt de tout traitement antihistaminique (> 4 jours) – – – – – – Dermographisme Urticaire retardée à la pression Urticaire cholinergique Urticaire au froid Urticaire solaire Urticaire aquagénique A retenir • Toutes les urticaires ne relèvent pas d'un mécanisme allergique, ni même immunologique. • La plupart des urticaires chroniques relèvent d'un mécanisme non allergique. • L'origine allergique d'une urticaire aiguë est à suspecter si les lésions surviennent dans les minutes (ou au maximum dans un délai de 2 heures) après l'ingestion d'un aliment ou d'un médicament. Passé ce délai, l'origine allergique est très peu probable. Hypersensibilité de type IV Type IV Médiateurs Hypersensibilité retardée Action médiée par les lymphocytes T et cytokines Réaction retardée (> 12h) Hypersensibilité de type IV Caractéristiques – Non transférable par le sérum indépendante des Ac – Délai exposition allergène / manifestations > 12h – Due aux cytokines TCD4 Th1 Action des cytokines Réponse inflammatoire de type Th1 ! • IL-2 – Activation paracrine et autocrine T prolifération – Active la synthèse autres cytokines par T CD4 : IFN-, TNF- • IFN- – Induction CMH classe II sur APC, favorise présentation – Augmentation activité macrophagique in situ • TNF- – Action sur endothélium vasculaire : • Augmentation expression molécules d’adhésion • Recrutement monocytes, lymphocytes et PNN Hypersensibilité de type IV et manifestations cutanées Eczéma de contact Due à un haptène (= allergène) : petite molécule, pour la plupart non immunogènes seules, couplée à une protéine porteuse (carrier) Haptènes : – Métaux (nickel; chrome retrouvé dans cuir et ciment…) – Antibiotiques locaux : néomycine – Produits cosmétiques : Baume du Pérou, lanoline, parabènes… – Formaldéhyde Haptènes Activation par les haptènes Kératinocytes ROS : reactive oxygen species DAMPs: damage associated molecular patterns Prise en charge des haptènes DETC : dendritic epidermal T cells = Td présents chez la souris et pas chez l’homme Mise en place d’une réaction d’HSR – Phase de sensibilisation IL18 • Durée : 2 semaines • Haptène + protéine endogène • Induction T Ag spécifiques cellules mémoires effectrices – Réintroduction cutanée • Activation T mémoires résidents et recrutés • Symptomatologie >12h – plusieurs jours Eczéma de contact • Dermite allergique de contact très fréquente • Lésions initiales au site de contact, puis diffusion • Vésicule sur peau érythémateuse, contenu liquidien translucide • Biopsie : œdème épidermique Images Hugoweb Prise en charge diagnostique • Patch tests (sur dos ou membres) • Cupules avec allergène préparé dans conditions standard • 48h de pose • Lecture 48h, 72h, et jusqu’à 10 jours => microvésicules confluentes ou suintement = eczéma Images F. Berard (Lyon) Interprétation des patchs Erythème peu infiltré Négatif + HSR possible Vésicules / érythème très oedémateux ++ HSR probable ConfluenceBulles +++ HSR certaine Images F. Berard (Lyon) Intérêt des patchs • Bonne valeur prédictive positive – Faux positifs rares – réaction d’irritation – sensibilisation excipient ou aluminium des cupules – Faux négatifs possibles – occlusion insuffisante, – peau «hyporéactive » (traitement immunosuppresseur…) – lecture trop précoce Traitement • Dermocorticoïdes +/- photothérapie • Immunosuppression générale