LEGIONELLOSE JR ZAHAR Service de Microbiologie CHU Necker Enfants-Malades La bactérie Bacille à gram négatif, aérobie stricte 2 à 4 µ sur 0,5 à 0,8 µ Rarement visible à la coloration de Gram dans les produits pathologiques La croissance nécessite: Du Fer De la L-cystéine Une atmosphère riche en CO2 PH à 6,9 Température de 35 °C La bactérie Milieu de culture: BCYE Durée 3 à 5 jours 10 jours 48 espèces identifiées dont 20 impliquées dans des pathologies humaines Chaque espèce => plusieurs sérogroupes La bactérie Développement intra cellulaire Réservoir propre : milieu hydrique Fait partie de la flore aquatique Isolée en eaux douces Température variant de 0°-60°C (40°C) L. pneumophila responsable de 70 à 80 % des pneumopathies. L. pneumophila: 15 sérogroupes. Epidémiologie 1977 pneumonie foudroyante touchant 200 légionnaires 40 décès Découverte de l’agent bactérien par Mc Dade (CDC) Evolution sous forme d’anadémies ou de cas sporadiques Epidémiologie 20 000 cas par an aux Etats-Unis 4 à 15 % des pneumopathies diagnostiquées 4,3 cas par million d’habitants Incidence variable selon les pays (20 cas /million au Danemark) WER,1999, 33,74: 273-280 Distribution of Legionella species and serogroups isolated by culture in consecutive patients with community acquired pneumonia: An intenational collaborative survey Prospective et rétrospective. But: déterminer la fréquence des différentes espèces et sérogroupes, responsable de pneumopathie communautaire. Isolats: 76% USA, 10.9% Italie, 5.1% Australie, 4.5% Suisse, 3.6% Nouvelle zélande. 8 espèces, 12 sérogroupes. L. pneumophila sérogroupe 1 83.9%. Yu et al ICAAC 2002 Distribution of Legionella species and serogroups isolated by Culture in consecutive Patients with community acquired pneumonia: An intenational collaborative survey. Species/Seogroups Species% L pneumophila Serogroupe(n) 428(91.5%) serogroupe1 serogroupe6 serogroupe5 serogroupe4 serogroupe3 serogroupe7 serogroupe2,9,13,unk L longbeachae L bozemanii L micadadei L feeleii L dumoffii L wadsworthii,anisa 393 9 6 5 4 3 8 19(4.1%) 12(2.6%) 2(0.4%) 2(0.4%) 2(0.4%) 3(0.6%) Yu V, ICAAC 2002 Epidémiologie (France) BEH N°12/2000 Epidémiologie (France) BEH 30-31/2002 Mode de contamination Par aérosols de gouttelettes contaminées Tour aéroréfrigérée Equipement respiratoire Cure thermale Par déglutition? Plusieurs cas décrits dans la littérature Ingestion d’eau contaminée Explique des épidémies chez des opérés du cerveau avec anesthésie du carrefour Installations à risques Bassin d’eau chaude (piscines, jacuzzi baignoire à jets, hammam) Équipements médicaux pour traitements respiratoires Fontaines décoratives Système de Climatisation Circuits de distribution d’eau chaude sanitaire alimentant les douches Tour aéro-réfrigérantes Exposition au risque (France) BEH 30-31/2002 Facteurs de risques et environnement Etude cas contrôles des FDR d’acquisition d’une Légionellose Communautaire CID 1998, 26:426 Facteurs de risques et environnement FDR d’acquisition d’une légionellose Diminue de 20% par 0,10 miles distant de la source Augmente: De 80% suite à chaque visite à la source De 8 % pour chaque heure vécue à 0,125 miles de la source Int J Epidemiol 1999; 28: 335 Facteurs de risques et environnement But: déterminer les risques domestiques 6 villes italiennes, 146 échantillons d’eau Résultats: 22,6% des échantillons contaminés Taux moyen: 1,17 103cfu/ml [25-8,7104 cfu/ml] Facteurs de risques en analyse multivariée Emerg Infect Dis, 2004, March; 10, 3 Les risques de transmission Dépend Concentration de légionelles au niveau de la source Dose infectante? Seuil admis 103UFC/l À moduler en fonction du terrain Durée d’exposition à la source Facteurs de l’hôte Virulence de la souche Risque et environnement La multiplication des Légionelles est favorisée par Une température < 50°C La présence de bras morts (favorisent la stagnation de l’eau) La richesse de l’eau en Fer, Zinc et Potassium Les matériaux utilisés: colonisation moindre pour le cuivre et maximale pour le PVC L’élément le plus important est la non circulation de l’eau Prévention Seuils d’alertes Eau chaude sanitaire Tours aéroréfrigérées Seuils d’intervention ? Chez l’animal la DL50 est de 1.4 105bactéries Mais 102 bactéries suffisent pour faire une pneumonie Toutes les épidémies décrites Eau > 103 cfu/ml Tours aéroréfrigérées 105cfu/ml - 106 Facteurs de virulence mip pour macrophage infectivity potentiator Système de sécrétion de type IV Code pour une protéine de surface de 24-kDa Indispensable pour l’infection intracellulaire Mécanismes d’actions inconnus 24 gènes organisés en deux régions (DOT/Icm) La bactérie utiliserait ces opérons pour délivrer ces facteurs de virulences Codent des facteurs responsable de l’assemblage et le transfert de plasmides Produirait une protéine qui permettrait de détourner le phagosome de son rôle principal? Autres Jouant un rôle dans la multiplication intra cellulaire (mak, mil, pmi) LPS, mettaloprotéases, facteurs d’acquisition du fer, cytotoxines Cycle intra cellulaire CMR 2002, July: 506 La maladie 2 Formes La fièvre de Pontiac La Pneumopathie avec ou sans défaillance Syndrome pseudo grippal bénin Durée d’incubation 4 heures à 5 jours Taux d’attaque élevé (95%) Guérison spontanée Durée d’incubation 2 à 10 jours (voire 18 ?) Taux d’attaque 0,1 à 0,5% Mortalité de 5 à 50% Certains patients resteront asymptomatiques Facteurs favorisants BEH 30-31/2002 Manifestations cliniques Variables Toux simple généralement non productive SDRA Signes d’accompagnements Diarrhées dans 20 à 40% des cas Hyponatrémie (inconstante) Cytolyse hépatique Hypophosphatémie Myalgies Confusion Rhabdomyolyse Insuffisance rénale Caractéristiques Générales 69 cas admis en réanimation • • • • 69 Patients, dont 26 femmes et 43 hommes. Age moyen 56 ans + 17. 53 Caucasiens, 10 Maghrébins, 6 autres. 36 patients immunodéprimés dont : - 5 VIH positifs. - 18 Maladies hémato-cancérologiques. - 13 Corticothérapie récente. Legionella vs autre Legionella S. pneumoniae H. influenzae C. pneumoniae BGN Age moyen (ans) 63 65 62 63 67 Tabagisme (%) 70 59 60 62 50 BPCO (%) 38 50 41 30 56 Alcoolisme (%) 44 36 42 29 47 ID (%) 44 28 39 36 38 Cancer (%) 33 18 28 36 29 Absent (%) 33 26 26 50 12 Fang GD, Medicine 1990;69:307-16 Legionella vs autre Legionella (n=24) S. pneumoniae (n=55) H. influenzae C. pneumoniae BGN (n=39) (n=22) (n=21) Dyspnée 50 67 66 60 83 Toux 79 94 100 76 90 Expectoration 75 74 87 62 80 Diarrhée 21 4 5 20 5 T > 40°C 21 6 5 5 0 Confusion 22 15 13 38 24 Condensation 33 35 21 32 15 Hyponatrémie 17 13 10 18 14 Fang GD, Medicine 1990;69:307-16 Legionella vs autres CAP Facteurs démographiques Analyse univariée Analyse multivariée Chest 1998; 113:1195 Localisation pulmonaire Il n’existe pas d’image spécifique La Rx ne permet pas d’évoquer le diagnostic Epanchement pleural rare 20% des patients Localisations extra pulmonaires -Souvent liées à une bactériémie (20% des légionelloses sévères) -Peuvent survenir plusieurs semaines après la guérison apparente, mais parfois inaugurales (exemple de la péritonite) -Patients immunodéprimés -Pneumonies graves, souvent fatales -Rôle de l’eau contaminée (plaie opératoire, ingestion) Localisations extra pulmonaires Endocardites Médiastinites Abcès cutanés Fasciites nécrosantes Myopéricardites Encéphalites Colites ulcératives Pancréatites CID 2002, 35 (8): 990 J Antimicrob Chem 2003, 51:1119 Méthodes diagnostiques Culture Sérologie IF indirecte ou Elisa Existe des réactions croisées (Chlamydia, Mycoplasme, Coxiella) Antigène urinaire Sur milieu BCYE Nécessite de 3 à 7 jours Apparition en 1 à 3 jours Elimination lente (42 jours) IF directe Ac monoclonal Réaction croisée (Pseudomonas aeruginosa, fluorescens, maltophila, Francisella tularensis) Méthodes diagnostiques Amplification génique par PCR Matériel: Urines, Sérums, LBA Gènes amplifiés: mip ARN 16S Région intergénique 23S-5S Méthodes diagnostiques J Antimicrob Chemother. 2003 May;51(5):1119-29 Problème de la sérologie AM J Med 2001; 110:441 Méthodes diagnostiques BEH 30-31/2002 Thérapeutiques Difficile de choisir une classe thérapeutique -Absence de travaux randomisés comparatifs -Rareté de la pathologie et difficulté diagnostique -Nécessité de recourir Aux modèles animaux (cobaye) Aux avis d’experts Aux études rétrospectives Thérapeutiques Traitement de référence L’Erythromycine, depuis l’épidémie de Philadelphie Moins de décès dans le groupe Eryrthromycine Activité intra cellulaire Pharmacocinétique favorable Depuis apparition de nouvelles molécules Dans la classe des macrolides Dans d’autres classes Thérapeutiques Activité in vitro extracellulaire azithromycine > clarithromycine > roxithromycine > érythromycine > dirithromycine et josamycine Activité in vitro intracellulaire (HL-60) azithromycine > érythromycine > roxithromycine > dirithromycine > clarithromycine Modèle de pneumonie (cobaye) 100 % d’animaux survivants: azithromycine 3.6 mg/kg = clarithromycine 28.8 mg/kg Conclusion: azithromycine semble être le meilleur Bonne pénétration intracellulaire Activité bactéricide Efficacité clinique prouvée Raccourcissement possible de la durée de traitement Meilleure tolérance et moins d’interactions médicamenteuses Edelstein PH, CID 1993;16:741-9 Dedicoat M, JAC 1999;43:747-52 Thérapeutiques Activité in vitro extracellulaire sparfloxacine > ciprofloxacine, levofloxacine, ofloxacine, et lomefloxacine > pefloxacine Modèle de pneumonie (cobaye) activité superposable de ciprofloxacine, levofloxacine, ofloxacine, sparfloxacine Conclusion A priori pas de supériorité en faveur d’une molécule Quid de la sparfloxacine? Edelstein PH, CID 1993;16:741-9 Dedicoat M, JAC 1999;43:747-52 Thérapeutiques (Autres molécules) Rifampicine: Excellente activité Risque de mutants résistants en monothérapie Problème des interactions médicamenteuses A utiliser en association et moins de 5 jours Kétolides: Bonne activité in vitro et dans les modèles animaux Aucune donnée clinique Tétracyclines ? Que choisir ? En première intention un macrolide ou fluoroquinolone Moduler le choix en fonction: Du statut immunitaire De la gravité initiale? Des risques écologiques sur le flore commensale Mono ou bithérapie ? Aucune donnée clinique Attention aux interactions médicamenteuses Patients décédés ERYTHRO ERYTHRO + RIFAM Dournon E, JAC 1990; 7/20 (35%) 5/20 (25%) Hubbard R, QJM 1993 3/11 (27%) 5/15 (33%) Que choisir ? Macrolides Activité anti inflammatoire Effet Post antibiotique Clairance bactérienne Effets secondaires (flore) Fluoroquinolones Activité anti inflammatoire Effet Post antibiotique Clairance bactérienne Effets secondaires (flore) Thérapeutiques La durée ? Est à moduler en fonction: -Du statut immunitaire du patient -De la gravité initiale -Des complications initiales et secondaires -De la réponse initiale au traitement -De la pharmacodynamie et cinétique de l’antibiotique utilisé Les Traitements courts semblent possibles -Scand J Infect Dis. 1995;27(5):503-5 (3 à 5 jours) -Clin Infect Dis. 2003 Dec 1;37(11):1475-80 (8 jours en moyenne) Et les patients graves? Aucune donnée en faveur de la bithérapie Existe-t-il une supériorité des quinolones? Intensive Care Med, 2002 ; 28 : 686-691: Rôle protecteur des fluroquinolones lors d’une administration précoce (< 8 heures) Icaac 2001, Torres et al ? Non publié En cas d’utilisation d’une bithérapie préferer une association macrolides – fluoroquinolones. JAC 2003, Roig et al Recommandations de l’AFSSAPS Mortalité Variable selon les études : 5 à 40% Facteurs de risques: Retard thérapeutique ? Gravité à l’admission ( El Biary AJRCCM 1998) Ventilation mécanique Age Nosocomiale Sexe Immunodépression Insuffisance rénale Cancer Marston Arch Int Med 1994 Mortalité Terrain: -Immunodépression. -Transplantation d'organe. -Corticothérapie. -I.rénale / Comorbidité. Gravité: - État de choc. -Ventilation mécanique. -Extension radiologique. -EER. Caractère nosocomial. Inadéquation de l'antibiothérapie Perspectives Au plan fondamental: Au plan clinique Prédominance des L pneumophila du sérogroupe I Facteurs de virulence Facteurs prédictifs de légionellose Rôle des autres sérogroupes voire espèces Au plan thérapeutique Macrolides ou fluoroquinolones Place des autres thérapeutiques