32 4-2010 n°137 abeilles & cie
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Mots clés : biologie, pathologie,
système immunitaire
Résumé : le système immunitaire
des insectes met en jeu des
mécanismes individuels et
sociaux. Ceux-ci font appel à des
comportements complexes et
sont déterminants pour la santé
des colonies
actifs dans la lutte antimicrobienne, et de
rendre le milieu que constitue notre corps
moins favorable à la prolifération de cer-
tains pathogènes qui ne supportent pas les
températures élevées. Les abeilles feraient
de même. Les spores du microchampignon
Ascosphera apis, agent du couvain plâtré,
ne germent qu’aux températures basses :
il faut que celle du couvain se maintienne
en-dessous de 32°C pendant deux heures
pour que la germination ait lieu [3]. Des
colonies auxquelles le germe a été ino-
culé via un sirop bien contaminé (1 % de
spores) montrent une augmentation signi-
ficative de la température du couvain,
température qui redescend lorsque l’infec-
tion a été jugulée [14].
Autre forme de fièvre, plus spectaculaire
celle-là : les abeilles peuvent faire périr
un prédateur en formant une boule qui
l’englobe complètement, et en portant
leur propre température au-delà de 45°C.
Le frelon meurt, mais pas l’abeille qui
peut supporter jusqu’à 50°C sans dom-
mage8. Cette réaction salutaire est mal-
heureusement moins développée chez Apis
mellifera que chez sa cousine asiatique
Apis cerana, et notre abeille reste très
vulnérable devant les attaques du frelon
asiatique dont le territoire semble s’éten-
dre sans cesse vers le nord.
Opportunisme...
Voici donc, présentés de manière non
exhaustive, quelques mécanismes de
l’immunité de l’abeille; mis ensemble, ils
constituent un système remarquablement
efficace. Ils supposent toutefois que
l’abeille dispose de ressources suffisantes,
car tant les défenses individuelles que les
comportements sociaux représentent des
coûts importants. La santé de l’abeille
passe donc par une nourriture suffisante
en quantité mais surtout en qualité, et en
particulier par des apports en pollen suf-
fisamment variés. Une étude [10] a mis
en évidence qu’un régime trop pauvre à
cet égard affecte la réponse immunitaire;
des trois paramètres étudiés lors de cette
recherche, la glucose oxydase (protection
des réserves) est le plus affecté, nette-
ment plus que les paramètres immunitai-
res individuels, ce qui laisse à penser, tout
comme l’indiquent les travaux du consor-
tium du génome, que l’abeille « investit »
plus dans l’immunité sociale que dans l’im-
munité individuelle.
En conclusion de tout ceci, à quoi tient
finalement la santé d’une colonie ? A la
résistance de chacune de nos abeilles,
certes, mais d’abord et avant tout à la
mise en œuvre de comportements visant
le contrôle de la prolifération des germes;
tout cela importe bien plus, et de loin,
que la présence ou l’absence de germes
pathogènes dans la ruche. On ne s’éton-
nera donc pas que tant de maladies de
l’abeille soient d’abord opportunistes et ne
se développent qu’en cas de stress ou de
faiblesse de la colonie, les contaminants
constituant l’une des grandes sources d’af-
faiblissement. De cela se déduisent aisé-
ment les deux clés qui mènent à la santé
de nos avettes : un environnement sain
et une bonne gestion apicole. A nous de
jouer pour les leur assurer.
Biologie