M2 Math – Topologie Alg´ebrique
(version du 18 f´evrier 2009)
6. L’invariance par homotopie
On note Il’intervalle [0,1] de R.Iest un simplexe de dimension 1 dans Rde sommets 0 et 1. L’ensemble form´e
de Iet de ses faces {0}et {1}est un complexe simplicial dans Rdont l’espace topologique sous-jacent est I.
On le note I.
On note i0et i1les inclusions simpliciales {{0}} → I et {{1}} → I. Leurs ealisations |i0|et |i1|sont les
inclusions {0} → Iet {1} → Iqu’on notera encore (abusivement) i0et i1.
D´ef. Soient X, Y des espaces topologiques et f, g :XYdes applications continues. On dit que fest
homotope `a gs’il existe une application continue h:X×IYtelle que hi0=fet hi1=g.
Ex. Montrer que la relation d’homotopie est une relation d’´equivalence sur l’ensemble des applications continues
XY.
Th´eor`eme 6.1 Soient K, L des complexes simpliciaux et f, g :|K| → |L|des applications continues. Si fest
homotopes `a galors H(f) = H(g) : H(K)H(L).
Le th´eor`eme est cons´equence de la proposition qui suit :
On fixe un espace vectoriel euclidien E. Pour Xune partie de Eon appelle triangulation de Xdans Eun
complexe simplicial Kdans Etel que |K|=X. (Un tel Kn’existe pas forc´ement).
Soit Kun complexe simplicial fini dans un espace vectoriel euclidien E(si Kest abstrait, on le remplace par sa
ealisation Kdans E=RSK). Pour chaque simplexe σde Kon note (σ, i), i= 0,1, la partie σ× {i}de E×R.
L’ensemble de ces parties, not´e K× {0,1}est un complexe simplicial dans E×Reunion de deux copies de K.
L’espace topologique sous-jacent `a K× {0,1}est |K| × {0,1} ⊂ E×R.
Prop. 6.2 Soit Kun complexe simplicial fini dans un espace euclidien E. Il existe un complexe simplicial fini
CylKdans E×Ret une application simpliciale (j0, j1) : K× {0,1} → CylKtels que
(1) CylKest une triangulation de |K| × Idans E×Ret |(j0, j1)|:|K× {0,1}| → |CylK|est l’application
id ×(i0, i1) : |K| × {0,1} → |K| × I
(2) L’application continue pr1:|CylK|=|K| × I→ |K|, (x, t)7→ xinduit un isomorphisme en homologie.
D´emonstration. On construit pour chaque σKun complexe simplicial Cylσdans E×Rerifiant les
propri´et´es (1) et (2) par r´ecurrence sur la dimension de σ.
Si σest r´eduit `a un point AEon pose Cylσ={{A} × τ, τ ∈ I} dont l’espace topologique sous-jacent est
{A} × I=|σ| × I.
Pour σquelconque, si Cylτa ´et´e construit pour toute face stricte τde σon note Cylσle complexe simplicial
dans E×Rform´e des faces de σ× {i},i= 0,1, (y compris σ× {i}) et des simplexes de Cylτpour τface stricte
de σ. On note ˆσl’isobarycentre dans Edes sommets de σet on d´efinit Cylσcomme l’ensemble des simplexes
de E×Rde sommets {(ˆσ, 1
2), A0,...,Ak}et de leurs faces, o`u {A0,...,Ak}ecrit les ensembles de sommets
Sτ,τCylσ.
On v´erifie que Cylσest un complexe simplicial dans E×R, qu’on a |Cylσ|=|σ| × Iet CylσCylτ=Cylστ
pour toute paire de simplexe σ, τ de K, de sorte que la r´eunion CylK:= SσKCylσest un complexe simplicial
dans E×R. On erifie d’autre part que le complexe simplicial form´e du seul sommet (ˆσ, 1
2) est un retract par
d´eformation contigu¨e de Cylσdonc l’application Cylσpt induit un isomorphisme en homologie.
On note jiles inclusions K× {i} → CylK,i= 0,1. Le th´eor`eme des mod`eles acycliques (ou la suite exacte de
Mayer-Vietoris) permet de d´emontrer le
Lemme 6.3 L’inclusion j0:K× {0} → CylKinduit un isomorphisme en homologie.
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Comme la compos´ee pr1◦ |j0|:|K| → |K|est l’identit´e, l’application continue pr1induit ´egalement un isomor-
phisme en homologie.
D´emonstration du th´eor`eme. On a H(pr1◦ |j0|) = H(pr1◦ |j1|) = H(idK) donc H(j0) = H(j1) donc
H(h◦ |j0|) = H(h◦ |j1|).
Equivalences d’homotopie et d´eformations
D´ef. Soient f:XYune application continue entre espaces topologiques. On dit que fest une ´equivalence
d’homotopie s’il existe une application continue g:YXtelle que gfsoit homotope `a idXet fgsoit
homotope `a idY.
Corolaire 6.4 (du th´eor`eme). Soient K, L des complexes simpliciaux et f:|K| → |L|une application continue
qui est une ´equivalence d’homotopie ; alors H(f) : H(K)H(L) est un isomorphisme.
D´emonstration. Soit g:|L| → |K|telle que gfsoit homotope `a id|K|et fgsoit homotope `a id|L|. D’apr`es
le th´eor`eme on a H(gf) = H(id|K|) et H(fg) = H(id|L|). Or H(id|K|) = idH(K)et H(id|L|) = idH(L).
On en conclut que H(f) est un isomorphisme d’inverse H(g).
Cas particulier :
D´ef. Soient Xun espace topologique et Aune partie de X. On dit que Aest un r´etract par d´eformation
continue de Xs’il existe une application continue g:XAtelle que la compos´ee A ֒Xg
Aest l’identit´e
de Aet telle que la compos´ee Xg
A ֒Xest homotope `a idX.
Le corollaire dit en particulier que si Lest un complexe simplicial dans un espace vectoriel euclidien Eet si K
est un sous-complexe de Ldans Etel que |K|soit un etract par eformation continue de |L|alors l’inclusion
KLinduit un isomorphisme en homologie.
Ex. On reprend l’une des triangulations du cylindre donn´ee en section 3 (figure ci-dessous) qu’on peut r´ealiser
dans R3. Alors |K|est un etract par d´eformation continue de |L|donc l’inclusion i:KLinduit un
isomorphisme en homologie donc ´egalement la r´etraction rpuisque H(r)H(i) = H(idK) = idH(K).
C E
D FB
A A
B
D FB B
K
L
i
r
23
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