I- L`offre de travail

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ANALYSE DU MARCHE DU
TRAVAIL
Patrick Mardellat
PLAN

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
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
L'offre de travail: l'arbitrage travailloisir
La demande de travail
L'équilibre du marché du travail
concurrentiel: le plein emploi
L'assurance chômage, cause du
chômage permanent?
La théorie du chômage d'équilibre
I- L'offre de travail: l'arbitrage travailloisir
L'analyse de l'offre de travail est une
application du modèle du consommateur au
choix de travailler.
Ce modèle explique pourquoi les agents
travaillent et le nombre d'heures travaillées
offertes. Il explique aussi la formation du
revenu du travail.
I-1 Différentes sources de revenu
La contrepartie du travail offert est un salaire:
l'offre de travail a donc un effet sur la contrainte de
budget des ménages. Plus on travaille, plus les
revenus s'élèvent et la contrainte se détent, donc
les possibilités de consommer s'accroissent.
C'est la motivation unique du travail pour les
économistes: accroître les possibilités de
consommation.
Le travail n'est pas l'unique source de revenu: il y a
des revenus non-salariaux, revenus du patrimoine.
On distingue les revenus salariaux, notés w, et
les revenus non-salariaux, notés R:
Revenu = wl + R
Les revenus salariaux dépendent du salaire
horaire w multiplié par le nombre d'heures
travaillées l; R représente toutes les autres
sources de revenu, dont aussi les revenus de
transfert, notamment indemnités de chômage.
La contrainte de budget s'écrit:
pC ≤ wl + R
I-2 L'arbitrage travail-loisir
Le travail correspond exclusivement au travail
rémunéré, toutes les autres activités, y compris
productives en sont exclues.
Le travail correspond donc aux temps affecté aux
activités rémunérées, le reste est considéré
comme du loisir. Le temps T est donc réparti entre
des heures de travail l et du temps de loisir lo:
T = l + lo, d'où l = T - lo
On peut réécrire la contrainte budgétaire en
considérant le temps disponible comme une
ressource et le temps travaillé comme un emploi
de cette ressource.
On a donc emploi = ressources:
PC + wl = R + wT
w apparaît des deux côtés de l'égalité: en emploi il
représente le salaire horaire du travail, en
ressource il représente le coût d'opportunité du
loisir (en gros le manque à gagner).
I-3 Représentation de la contrainte de
budget
L'agent arbitre entre son temps et
sa consommation, sachant que
pour consommer plus il doit
travailler plus.
C
C
En A on a le choix avec le max.
de loisir: la consommation ne
provient que des revenus non
salariaux;
En C on a la consommation
maximale, avec offre de travail
maximale.

w/p
R/p
O
A
T
temps
I-4 Les préférences de l'agent
La satisfaction (utilité ou bien-être) de l'agent
dépend de son niveau de consommation et de son
loisir. Un arbitrage est nécessaire, car pour
consommer plus il doit diminuer son loisir; à
l'inverse s'il veut plus de loisir il doit réduire sa
consommation.
La fonction d'utilité s'écrit:
U = U(C,Lo)
Dans l'espace du choix on peut représenter un
ensemble de courbes d'indifférence.
I-5 Le programme de l'agent
L'agent doit maximiser son utilité sous une
contrainte de budget:
Max U (C,Lo)
pC + wl ≤ wT + R
Graphiquement la solution est donnée par la
courbe d'indifférence la plus élevée compatible
avec la droite de budget, celle qui lui est tangente.
I-6 Représentation graphique
C
E est l'équilibre, correspondant à
une offre de travail l, le reste (T-l)
est du temps de loisir lo.
C
E
Ce
w/p
R/p
heures
travaillées
O
A
R/p donne le niveau de
consommation indépendant du
salaire; Ce-R/p la consommation
salariale.
loisir
l
La pente de la droite de budget
est donnée par le taux de salaire
réel w/p, mesurant le pouvoir
d'achat du salaire.
T
t
A l'équilibre le taux marginal de substitution
entre loisir et consommation-travail est égal au
taux de salaire réel dans l'économie.

Le travail représente une désutilité qui doit être
compensée par le salaire (c'est la justification
économique du salaire); le loisir a une utilité
intrinsèque, mais a un coût d'opportunité, soit le
salaire non perçu.

A l'équilibre le salaire réel compense
exactement la désutilité marginale du travail.

Formellement:
δU/δt
δU/δC
w
p
ou encore:
δU/δt
w
δU/δC
p
L'utilité marginale du temps pondérée par le
salaire est égale à l'utilité marginale de la
consommation pondérée par l'indice du prix à la
consommation.
I-8 La salaire de réserve
En A, l'agent n'offre pas de travail: Lo = T. Tout son
temps est consacré au loisir. Cela s'explique par
ce que le taux de salaire réel ne compense pas la
désutilité du travail, ou encore parce que son TMS
est supérieur au salaire réel.
Le taux marginal de substitution en A est appelé
salaire de réserve. Il est défini par:
wr= Ul(R,T)/UC(R,T)
Le salaire de réserve détermine les conditions de
participation au marché du travail. S'il est
supérieur au taux de salaire réel courant, alors
l'agent n'offre pas de travail: il ne participe pas au
marché du travail.
Si le loisir est un bien normal (Cf. Courbes
d'Engel), càd que sa consommation augmente
avec le revenu, toute hausse des revenus nonsalariaux R augmente le salaire de réserve: c'est
un effet désincitatif au travail.
Rmq: dans R il y a les revenus de transferts, dont
les allocations chômage.
I-9 Effet d'une hausse du salaire réel
Une augmentation du taux de salaire réel a des
effets ambigus. Cela entraîne un effet de
substitution et un effet revenu: les ressources
augmentent (R + wl), mais aussi le coût
d'opportunité du loisir.
Toutes choses égales par ailleurs, l'augmentation
du salaire a un effet positif sur le bien-être de
l'agent.
Sa contrainte se relâche, il peut consommer plus.
Quel effet sur son offre de travail?
L'effet de substitution entraîne une diminution du
temps de loisir au profit d'une augmentation de la
consommation;
L'effet de revenu, en présence de biens normaux,
induit une hausse des loisirs et une hausse de la
consommation, qui s'accompagne
« normalement » d'une baisse du travail .
L'effet est ambigu pour le travail: taux de salaire
réel augmente, l'agent peut consommer
davantage tout en réduisant son offre de travail.
I-10 La courbe d'offre de travail
C
La courbe d'offre de travail relie
les équilibres pour différents taux
de salaire réel: ici l'offre de
travail croît avec le salaire, et la
demande de loisir baisse.
R/p
O
A
T
t
I-11 Résumé
w/p, le taux de salaire réel explique la décision
de travailler et le volume d'heures offertes à
travailler;
 Plus w/p est élevé, plus la demande de loisir tend
à augmenter;
Plus R est élevé, plus le salaire de réserve est
élevé; si R est très élevé, alors la décision de ne
pas travailler peut l'emporter;
Les institutions du marché du travail sont très
importantes: négociations salariales, taux de
syndicalisation, fiscalité du travail, etc.

I-12 Education, capital humain et
salaire
Il existe une relation causale entre le niveau de
qualification, donc la durée des études et le niveau
de rémuération. Gary Becker (Prix Nobel) est à
l'origine de cette hypothèse du capital humain,
selon laquelle les études et la formation sont des
investissements source de rémunérations futures.
Les accroissements de salaire sont considérés
comme des retours sur investissement.
Qui doit financer ces investissements? Quand
doit-on se former?
Analyse de la demande d'éducation:
Becker distingue formation générale et formation
spécifique. La formation générale permet
l'acquisition de compétences transversales, elle
améliore la productivité du travail pour de
nombreux emplois. La formation spécifique permet
d'accumuler des compétences spécifiques à un
emploi et n'améliore la productivité que pour un
emploi particulier.
Ex: maîtrise d'un logiciel de traitement de texte =
formation générale/ maîtrise d'une machine
d'assemblage d'un modèle particulier de voiture =
formation spécifique.
En concurrence sur le marché du travail,
l'accumulation de connaissances générales
permet de mettre en concurrence les employeurs
et d'obtenir des hausses de salaire. Les
employeurs seront donc prudents dans le
financement de la formation générale, puisque le
salarié peut toujours ensuite quitter l'entreprise
pour un autre employeur.
La formation spécifique est associée à un emploi,
le salarié ne peut donc pas la faire valoir auprès
de la concurrence.
L'accumulation de capital humain général
L'investissement a un rendement comme tout
investissement. Les individus acceptent d'en payer
le coût aujourd'hui (coût d'opportunité des études)
si ils escomptent demain des gains qui au
minimum compensent les sacrifices d'aujourd'hui.
Les coûts de l'éducation comprennent des coûts
directs (inscription, logement, matériel, etc.) et des
coûts indirects ou d'opportunité (salaire non perçu
du fait des études).
La détermination de l'investissement optimal
relève d'une analyse coût-bénéfice.
Analyse coût-bénéfice
Appelons I la somme des dépenses occasionnées
par une année d'étude. Ainsi, pour 5 ans de
formation on a un coût de 5I, si chaque année
représente le même coût.
De l'ensemble de cet investissement il escompte
des bénéfices accumulés sur l'ensemble de sa
carrière professionnelle, notée G(5I).
L'individu fera-t-il une année d'étude
supplémentaire?
Tout dépend des perspectives de gains associée à
cette année d'étude supplémentaire. La 6è année
lui coûtera I, et il estime en tirer un gain
supplémentaire ΔG=G(6)-G(5). Il entreprendra
cette année d'étude supplémentaire ssi:
ΔG≥I
Il faut que le gain marginal soit supérieur au coût
marginal des études. En concurrence parfaite
l'équilibre est atteint lorsque le gain marginal est
égal au coût marginal.
En concurrence les entreprises n'ont pas intérêt à
financer la formation générale, car elles ne
peuvent s'en approprier les bénéfice.
Ainsi, si l'entreprise finance la formation d'une
secrétaire dans la maîtrise d'une langue
supplémentaire, représentant un coût C et
escomptant une augmentation de profit de ΔΠ, la
secrétaire une fois formée met en concurrence
l'entreprise et réclame une hausse du salaire de
ΔΠ. La secrétaire bénéficie seule de cet
investissement.
Concl. En concurrence les entreprises ne
financent pas la formation générale. Elle est à la
charge des salariés.
Quelle durée des études?
Le coût et le gain des études dépend aussi des
caractéristiques propres des agents: qualités
personnelles, milieu social, richesse initiale, etc.
Les individus ont des aptitudes cognitives
différentes, un milieu social élevé augmente les
chances de succès dans les études et permet de
mieux valoriser l'investissement, un niveau de
richesse élevé permet de financer des études plus
longues.
Un individu est censé faire son calcul en fonction
du coût initial des études, de ses chances de
succès et de l'espérance de gains futurs
L'optimum social d'éducation
La théorie montre qu'en concurrence parfaite les
agents sont amenés à étudier jusqu'à ce que le
gain marginal d'une année d'étude soit égal à
soncoût marginal; il en va de même pour la
formation spécifique prise en charge par les
entreprises. Donc en théorie, il faut laisser faire
sur le marché.
Cependant, la formation produit un rendement
social supérieur au rendement privé, ce que l'on
appelle une externalité positive.
Education et externalité
L'éducation améliore les performances globales de
l'économie en terme de croissance, comme les
théories de la croissance endogène l'ont montré.
Autrement dit, le rendement des études déborde le
seul rendement prive: il y a un rendement social.
En présence d'externalités (positives ou
négatives), les théorèmes du bien-être ne sont
plus validés: le marché ne permet pas d'aller à
l'optimum.
Sur la base des informations privées, les individus
n'investissent pas assez en éducation. Ils ne
prennent pas en compte le rendement social dans
leur calcul.
Donc, l'Etat doit inciter les individus à investir
davantage dans l'éducation qu'ils ne font
spontanément sur la base du calcul micro.
L'Etat doit donc assurer une partie du financement
de l'éducation, uniquement de la formation
générale, soit par des allègements fiscaux, soit par
une prise en charge d'une partie du coût des
études.
II La demande de travail
La demande de travail s'analyse dans le cadre
général de la théorie de la demande des facteurs
de production. Les f acteurs sont substituables.

L'entrepreneur cherche à maximiser son profit:
pour cela il détermine le niveau de production
souhaitable et recherche la combinaison qui
minimise ses coûts.

Coût du travail et productivité du travail sont ici
déterminants.

II-1 Coût du travail et demande de
travail
Toutes choses égales d'ailleurs, tout
renchérissement du coût du travail entraîne un
arbitrage pour des technologies qui économisent
le facteur dont le coût augmente (labor saving): il
y aura donc substitution d'une technologie plus
intensive en capital à la combinaison existante.
Il y a donc une relation négative entre le coût du
travail et la demande de travail.
II-2 Formation et productivité
La formation accroît la qualification du travail et
celle-ci améliore la productivité du travail. Donc
toutes choses égales d'ailleurs, l'augmentation
de la qualification du travail diminue relativement
le coût du travail et est favorable à la demande
de travail.
Rem. Il faut distinguer entre capital humain
général et capital humain spécifique.
II-3 Court et long terme
A court terme le capital considéré comme facteur
fixe, seul le travail peut varier. Programme
classique.
A long terme tous les facteurs sont variables, il
faut prendre en compte les effets de substitution.
On parle alors de demande conditionnelle des
facteurs: elle dépend du prix relatif des facteurs,
des fonctions de coûts et de la technologie.
II-4 Equilibre de long terme
A long terme l'équilibre est donné par l'égalistion
du TMST avec les prix relatifs des facteurs: soit la
pente de la droite d'isocoût.
La demande conditionnelle de facteurs est
déterminée par l'égalité entre les productivités
marginales des facteurs pondérés par leur prix
respectif.
II-5 Représentation graphique
w/p
O
La demande de travail est
une fonction décroissante
du taux de salaire réel.
Tout ce qui augmente le
coût du travail (les
charges sociales) est
supposé avoir un effet
négatif sur l'emploi.
L
II-6 Elasticité de substitution
L'élasticité de substitution mesure le pourcentage
de variation de la proportion des facteurs utilisés
suite à un pourcentage donné de variation du prix
relatif des facteurs.
δ(K/L)/(K/L)
δ(w/r)/(w/r)
C'est la formule de l'élasticité de substitution,
notée σ: elle indique que l'intensité capitalistique
K/L augmente de σ% lorsque le coût relatif du
travail w/r augmente de 1%.
Si σ
0, les facteurs sont complémentaires.
II-7 Elasticité de la demande de
travail par rapport w
L'élasticité de la demande de travail par rapport à
w mesure la variation de la demande de travail
suite à une variation du salaire.
η=(δL/L)/(δw/w)=-(1-α)σ
Où σ est l'élasticité de substitution et α la part du
travail dans le coût total de production.
L'élasticité propre η<0. Cette élasticité est d'autant
plus grande que α est élevé.
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