1. Étymologie / Définitions
2. Notions / Concepts : Matérialisme et Idéalisme, deux courants
antagonistes qui traversent et structurent la pensée philosophique.
3. Questions / Discussion : 4 questions, 1/4 h environ par question
4. En guise de conclusion
Réunion préparée avec Angélique et Thorolf Glumann,
Mireille Keller et Michel Rumeau.
Étymologie et définitions
Étymologie :
Matérialisme : Du latin materia (matière), materialis (matériel) venant de mater (la
mère).
Idéalisme : Du latin idealis (idéal) de idea (idée).
Définitions :
Le Robert :
Matérialisme : Doctrine selon laquelle il n’existe d’autre substance que la
matière (s’oppose à idéalisme et à spiritualisme)
Idéalisme : Système philosophique qui ramène l’être à la pensée, et les choses
à l’esprit (s’oppose à matérialisme)
Dictionnaire de philosophie Durozoi / Roussel :
Matérialisme : Toute doctrine n’admettant d’autre substance ou réalité que la
matière, la pensée n’étant qu’une qualité de cette dernière.
Idéalisme : Désigne de façon générale la tendance philosophique qui ramène
toute existence à la pensée.
Notions/concepts
1. Depuis Platon (428-348 av JC) et Démocrite (460-370 av JC), les notions de
« matérialisme » et d’« idéalisme » structurent l’histoire de la philosophie :
La métaphysique platonicienne distingue deux mondes : le monde sensible (source
d’illusions) et le monde des idées dont les objets sensibles ne sont que d’imparfaites copies
(allégorie de la Caverne). En ce sens, Platon est un « idéaliste » qui a exercé une influence
profonde dans le domaine des religions occidentales (juive, musulmane et chrétienne).
Pour Démocrite, comme pour tous les philosophes antiques dits atomistes (Epicure, Lucrèce),
la matière rend compte de tout ce qui peut exister, y compris l’âme et les dieux, ce qui
constitue le premier système intégralement matérialiste.
2. Qu’est-ce donc que je suis ? :
Une chose qui pense, c'est-à-dire un esprit, répondait Descartes « Je pense donc je suis » et
avec lui les idéalistes (Kant, Fichte, Schelling, Hegel…..).
Une chose qui pense, c'est-à-dire un corps pensant, « Je suis et je pense » répondraient
plutôt les matérialistes (Epicure, Hobbes, Diderot, Marx, Freud, Althusser….)
Là où les idéalistes diraient « j’ai un corps » (ce qui suppose qu’ils soient autre chose),
les matérialistes diront plutôt « je suis un corps »
Est idéaliste, toute doctrine pour laquelle la pensée existe indépendamment de la
matière, voire existe seule, que ce soit sous la forme d’idées (idéalisme au sens strict) ou
sous la forme d’êtres spirituels (auquel cas on parlera plutôt de spiritualisme).
Est matérialiste, toute doctrine qui nie l’absoluité de la pensée (ou de l’esprit) et son
indépendance à l’égard de la matière (du corps), sans pour autant nier l’existence de la
pensée (elle se nierait elle-même). C’est où le matérialisme contemporain rencontre la
biologie et spécialement la neurobiologie.
La hiérarchie des ordres d’André Comte-Sponville
Primautés et primats /Angélisme et barbarie
L’ordre de l’Economie, des sciences et des technologies
C’est l’ordre où l’on se pose la question du vrai et du faux, du possible et de l’impossible.
C’est l’ordre de la
« matière »;
de la vérité par excellence.
L’ordre juridico-politique
C’est l’ordre où l’on se pose la question du légal et de l’illégal.
C’est l’ordre des lois de la vie en société.
C’est parce que nous manquons de moralité que nous avons besoin de lois.
L’ordre de la morale
C’est l’ordre où l’on se pose la question du bien et du mal.
C’est l’ensemble de nos devoirs : des règles que l’on se fixe soi-même.
C’est parce que nous ne sommes pas ‘‘tout amour’’ que nous avons besoin d’une morale.
L’amour
C’est l’ordre de l’éthique. C’est ce qui éclaire la morale.
C’est la valeur suprême de
« l’esprit »
.
Enchaînement
descendant
des
primats
Ce qui est
objectivement
le plus important
dans un
enchaînement
descendant de
détermination.
Le primat est
explicatif : c’est
l’ordre des causes
et de la
connaissance.
C’est ce qui sert
à comprendre.
Hiérarchie
ascendante
des
primautés
Ce qui vaut le plus,
subjectivement,
dans une hiérarchie
ascendante
d’évaluations.
C’est l’ordre des
valeurs et des fins,
qui tend au
meilleur ou au
plus élevé.
C’est ce qui sert à
juger et à agir.
La dialectique (primat de la matière ou de la vérité/primauté de l’esprit ou des valeurs) vaut aussi bien à titre individuel que collectif.
On ne passe du primat à la primauté qu’à la condition de le vouloir : c’est le mouvement ascendant du désir.
Chaque ordre a sa logique propre : confondre les ordres entre eux est donc « ridicule ».
Pour expliquer un ordre donné, on doit faire appel aux ordres inférieurs.
Pour juger un ordre donné, on doit faire appel aux ordres supérieurs.
La dialectique valeur / vérité s’exerce ainsi de proche en proche.
Soumettre un ordre donné, avec ses valeurs propres, à un ordre inférieur : renoncer à la primauté, c’est de la barbarie.
Prétendre annuler ou déstructurer un ordre donné au nom d’un ordre supérieur : oublier le primat, c’est de l’angélisme.
Principales références :
Le capitalisme est-il moral ?
/
Dictionnaire philosophique (primats et primautés)
Document réalisé par JP Colin et validé par André Comte-Sponville
QUESTIONS
1. Les comportements humains sont-ils exclusivement
biologiques ?
2. L’esprit existe-t-il indépendamment de la matière ?
3. L’idéalisme prédispose-t-il au dogmatisme?
4. Un matérialiste est-il fatalement sans idéal ?
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