Décubitus ventral et monoxyde d’azote dans l’insuffisance respiratoire aiguë Dr Aziz BERROUBA Mercredi 26 octobre 2011 Air ambiant Gaz Teneur Oxygène 20,95 % Dioxyde de carbone 0,03 % Azote 78,08 % Argon 0,93 % Pression partielle 159,22 mmHg 0,228 mmHg 593,41 mmHg 7,07 mmHg Pression partielle = % x pression atmosphérique (760 mmHg) Poumon normal : ◦ 300 millions d'alvéoles, 3 litres de gaz alvéolaire, existence d'un volume résiduel en permanence grâce au surfactant ◦ barrière gaz-sang entre 50 et 100 m2, 70 ml de sang capillaire pulmonaire ◦ organe humide en permanence (500 ml d'eau) ◦ capillaires -> espaces extravasculaires du poumon réabsorption locale drainage pour la circulation lymphatique vers VCS excrétion dans espace pleural et drainage lymphatique (le poumon peut se gorger encore plus d'eau pour OAP !!) Les volumes respiratoires Volume Courant ( Vt ) = 0,5L au repos Ventilation minute : VE = Vt x Fréquence respiratoire Volume de Réserve Inspiratoire = VRI Plus grand volume que l'on peut inspirer à la suite d'une inspiration normale = 2,5L Volume de Réserve Expiratoire = VRE volume que l'on peut expirer de façon forcée à la suite d’une expiration normale =1,5L Les volumes respiratoires Capacité Vitale = CV = Vt + VRE + VRI = 4,5L Volume Résiduel = VR volume qui reste dans les poumons après une expiration forcée Capacité Pulmonaire Totale = CPT = CV + VR •O2: 21% (160mmHg) CO2: 0% (0) •N2: 79% (600 mmHg) •H20: 0% (0) Echanges gazeux •PVPO2: 100mmHg •PVPCO2: 40 mmHg •O2: 13% (100 mmHg) •CO2: 5% (40 mmHg) •N2: 76% (573 mmHg) •H20: 6% (47mmHg)) Liaison de l’oxygène à l’hémoglobine • Combinaison réversible ++++ Hb + O2 HbO2 – PO2 élevée (capillaires pulm) fixation O2 à l’Hb – PO2 basse (capillaires tissulaires) libération d’O2 P50 = PO2 pour laquelle SO2 = 50% = 26 mmHg PRESSIONS DANS LE SYSTEME RESPIRATOIRE RESISTANCES COMPLIANCE Historique • Paolo Bagellardo (1500) : la première recommandation pour la réanimation du nouveau-né « en soufflant dans la bouche ou à la rigueur dans l’anus et à la condition que l’enfant soit encore chaud et pas trop noir » • Vésale 1515-1564 : Le modèle était porcin et l’insufflation s’effectuait « au travers d’un roseau introduit dans le canal respiratoire jusqu’à ce que les poumons se déplissent en prenant garde à gonfler le poumon par intervalles fournissant ainsi à l’animal l’air qu’il lui faut pour vivre » Poumons normaux Pins = 45 cmH2O 5 min. 20 min. Barotraumatismes Porc 30 Kg Paw = 5 cmH2O Paw = 25 cmH2O Paw = 40 cmH2O Anomalie alvéolaire réduction importante et hétérogène du volume gazeux pulmonaire liée au comblement alvéolaire par exsudats (cellules et produits de l'inflammation) et perte du volume gazeux résiduel par altération du surfactant. Coexistence d'alvéoles denses non ventilées, d'alvéoles mal ventilées et d'alvéoles normales. Anomalie capillaire trouble perméabilité, thrombose, anomalie vasoréactivité Conséquences des deux anomalies lésionnelles réparties de façon très hétérogène Effet shunt (inégalité des rapports ventilation / perfusion) Il résulte des zones dont la ventilation est faible ou absente par rapport à la perfusion. Dans ces zones, les rapports ventilation/perfusion (VA/Q) sont inférieurs à 1, parfois proches de 0. Les atélectasies, les pneumopathies, l’œdème pulmonaire sont les causes principales de l’effet shunt. Il est responsable d’une hypoxémie qui n’est pas, ou incomplètement, corrigible par l’administration d’oxygène. Troubles de la diffusion Il est réalisé chaque fois que la capacité de diffusion de l’oxygène à travers l’interstitium est altérée. Les causes principales des troubles de diffusion sont l’œdème interstitiel, les pneumonies infectieuses interstitielles, les fibroses et les carcinomatoses pulmonaires. Un troubles de la diffusion est habituellement responsable d’une hypoxémie sans hypercapnie, toujours corrigible par l’administration d’O2 à haute concentration. Effet espace mort est lui réalisé, à l’inverse de l’effet shunt, quand un certain nombre de zones sont normalement ventilées mais pas ou peu perfusées. Dans l’effet espace mort, les rapports VA/Q sont supérieurs à 1, parfois infinis. L’hypovolémie, l’insuffisance cardiaque, les troubles de la circulation pulmonaire, la tachypnée sont les causes principales de l’EEM. L’EEM est responsable d’une hypercapnie, qui peut être masquée par une hyperventilation réactionnelle à l’hypoxémie. L’OXYGENE CARACTÉRISTIQUES • Formule chimique: O2 • Gaz comprimé, incolore, inodore et sans saveur • Il se liquéfie à – 183°C • Utilisé pour l’oxygénothérapie et le caisson hyperbare • Couleur conventionnelle de la bouteille: blanche • Entretien la combustion (comburant) • Soluble dans l’eau • Toxique à haute concentration et à durée prolongée (fibrose pulmonaire chez l’adulte et cécité chez le nouveau-né) • Réaction violente avec les matières combustibles (corps gras: flamme spontanée) • Plus lourd que l’air, il peut donc s’accumuler dans les endroits confinés, en particulier au niveau du sol L’AZOTE CARACTÉRISTIQUES • Formule chimique: N2 • Gaz inerte: incolore, inodore et sans saveur • Il se liquéfie à – 196°C • Ininflammable • Couleur conventionnelle de la bouteille: noire • Plus léger que l’air • Il alimente certains outils chirurgicaux et sert de liquide de congélation. • Risque d’asphyxie lié à une baisse de la teneur en oxygène dans l’air. MANIPULATIONS ET STOCKAGE • Entreposer dans un endroit bien ventilé, à température inférieure à 50° C • Ne pas respirer ce gaz pur • Se protéger des projections et des risques de gelures lors des manipulations de l’azote liquide L’AIR MEDICAL CARACTÉRISTIQUES • Formule chimique: N2+O2 (79%-21%) • Gaz incolore, inodore et sans saveur • Gaz comprimé (préparation) • Il se liquéfie entre –182 et –192°C • Couleur conventionnelle de la bouteille: noire avec une bande blanche • Gaz non toxique • Entretien la combustion • Ininflammable Monoxyde d’azote Mécanisme d’action En 1986, identification du facteur relaxant synthétisé par les cellules endothéliales comme étant le NO, responsable de l’activation d’une protéine Kinase à l’origine de la baisse du calcium intracellulaire, qui provoque la relaxation du muscle lisse vasculaire. 1988, première utilisation clinique. 1992, NO élu molécule de l’année. 1998, prix Nobel de physiologie et de médecine remis à Robert Furchgott pour la découverte de l’action biologique du NO. 2002, AMM obtenue en France NO, vasodilatation pulmonaire et oxygénation. Le NO inhalé permet la levée de la vasoconstriction pulmonaire hypoxique, c’est un vasodilatateur artériel et veineux. Il ne dilate que les vaisseaux pulmonaires contractés des territoires ventilés et reste sans effet sur la circulation pulmonaire normale. Le NOi est absorbé à 80 % dans la microcirculation pulmonaire, à travers la barrière alvéolo-capillaire. Sa durée de vie est de 6 à 10 sec. Il est rapidement inactivé par l’Hb circulante.La redistribution du débit sanguin des zones non ventilées vers les zones ventilées est suivie d’une baisse du shunt et d’une augmentation de la PaO2 . Action antiagrégante L’agrégation plaquettaire est inhibée par diminution de la liaison du fibrinogène avec la glycoproteine GP IIb/IIIa. Cette inhibition ainsi qu’un allongement du temps de saignement sont mis en évidence chez des patients atteints de SDRA et inhalant 10 ppm de NO. NO et tonus bronchique Le NO inhalé administré à la concentration de 80 ppm, exerce un effet bronchodiltateur modéré, très inférieur à celui des ß2 agonistes. NO et perméabilité alvéolocapillaire Au cours d’atteintes pulmonaires lésionnelles, une inhalation de 40 ppm de NO, a entrainé une diminution des résistances vasculaires pulmonaires principalement post-capillaires associée à une réduction de la pression capillaire pulmonaire effective. L’inhalation de NO pourrait ainsi diminuer l’œdème alvéolaire. Modalités d’administration L’administration du NO en ventilation artificielle peut se faire dans la branche inspiratoire du circuit ou en amont du ventilateur Administration en amont du ventilateur • L’administration du NO se fait au niveau de l’arrivée de l’air et de l’O2, elle est réalisée par des débimètres de grande précision donc onéreux (respirateur Siemens Servo 900C). La concentration de NO délivrée dans la branche inspiratoire est mesurée en continu. Ce mode d’administration assure une grande stabilité des concentrations inspiratoires de NO qui ne dépendent ni du mode ventilatoire ni des réglages utilisés. Le principal incovénient est l’allongement du temps de contact entre NO et O2 avec pour conséquence la formation de NO2. Différents systèmes d’absorption du NO2 ont été placés sur le circuit inspiratoire ; bac à chaux sodée, des filtres efficaces mais qui peuvent augmenter les efforts inspiratoires du patient et son travail respiratoire. Administration en aval du ventilateur • • Afin de connecter la bouteille réservoir à la partie initiale du circuit du ventilateur, il est recommandé d’utiliser une tubulure en téflon (ou viton, ou polyéthylène, ou Kel-F). Certains plastiques peuvent en effet absorber le NO. Vérifier la pression du ballonnet. Avant chaque nouvelle utilisation, il faut purger le manomètre détenteur-débimètre par le mélange NO-azote( N2). L’administration en aval du ventilateur doit se faire au niveau de la branche inspiratoire. La délivrance intratrachéale directe doit être proscrite du fait du risque de lésions focales au contact de la muqueuse. L’administration peut se faire soit à débit continu, soit à débit discontinu. Administration continue • Elle se fait durant tout le cycle respiratoire grâce à un débitmètre à azote gradué de 0,2 à 1,5 l/min. Les bouteilles de NO correspondent à des concentrations de 225 ou 450 parties par million (ppm). Le NO est dilué dans de l’azote pur et son administration induit une réduction de la FiO2 du volume délivré à chaque insufflation comparée à la FiO2 affichée par le respirateur. Dès que le rapport des débits de NO et de la ventilation dépasse 1litre pour 10 l/min (10%), la diminution de la FiO2 devient supérieure à 10 %. La formule suivante est habituellement utilisée afin de calculer la concentration inspiratoire de NO : [NOinsp] = D NO x [NObout] / V D NO = débit de NO [NObout] = concentration de NO dans la bouteille V = ventilation minute Toutefois avec ce mode d’administration, les concentrations mesurées dans le circuit inspiratoire sont différentes des concentrations calculées. • Pendant l’expiration, le débit provenant du respirateur cesse dans la branche inspiratoire alors que le débit du NO persiste, il en résulte une accumulation de NO dans la partie initiale du tuyau inspiratoire, propulsé au volume courant suivant sans pouvoir se mélanger de manière homogène, il en résulte des concentrations élevées de NO2, Ces fluctuations de la concentration de NO ne peuvent être détectées que par des appareils de mesure à réponse rapide. • Administration séquentielle L’administration de NO peut être couplée au temps inspiratoire après détection de l’insufflation. Pour obtenir des concentrations de NO stables et reproductibles dans le circuit inspiratoire, il faut que les débits gazeux provenant du ventilateur et de la bouteille de NO aient une forme identique pendant l’inspiration, permettant un mélange homogène du NO. • L’opti-NO (Taema) est un appareil conçu pour l’administration séquentielle en aval du respirateur. Il comporte un circuit de détection de l’insufflation et circuit d’administration du NO. • Le débit de NO est constant tout le long de la phase inspiratoire et cesse à l’arrêt de celle-ci. Si on change les paramètres ventilatoires (ventilation minute et I/E) les réglages de l’Opti-NO doivent êtres modifiés afin de conserver la même concentration inspirée de NO. • D’autres systèmes d’administration séquentielle, permettant d’adapter automatiquement le débit de NO au débit inspiré quel que soit le mode ventilatoire existent (Nodomo chez Dräger..). Certains de ces systèmes peuvent être utilisés lors de l’administration du NO chez les patients en ventilation spontanée. Monitorage L’administration de NO doit répondre à deux exigences :maintenir constante la concentration de NO administré, et minimiser le risque d’oxydation du NO dans la branche inspiratoire. • Il est recommandé de réaliser au moins une mesure des concentrations moyennes inspiratoires de NO et des dérivés formés. • Toxicité directe du NO et formation de méthémoglobine • • Le NO inhalé franchit la barrière alvéolocapillaire et se lie à l’hémoglobine pour laquelle il a une affinité 1 000 fois supérieure à celle du CO. En présence de NO, l’oxyhémoglobine se transforme en méthémoglobine et nitrates. L'ion ferrique est incapable de transporter l'O2, qui ne peut de fait être distribué aux tissus. A la différence de l'ion ferreux qui crée une liaison réversible avec la molécule de dioxygène, permettant ainsi la libération de l'O2 et l'oxygénation des tissus. On définit sa proportion par rapport à la quantité totale d'hémoglobine. Son taux normal chez un sujet sain est de 1 à 2 %. Toute augmentation de son taux indique que le patient reçoit une concentration de NO supérieure à 10 ppm. Des concentrations de méthémoglobine inférieures à 5 % sont habituellement acceptées et ne nécessite pas de traitement spécifique. Les nitrates sont éliminés par voie urinaire et la méthémoglobine en hémoglobine par des mécanismes de détoxication endogène. En cas de méthémoglobine supérieure à 5 % outre l’arrêt du NO, le traitement est l’injection de bleu de méthylène ou d’acide ascorbique. Toxicité du dioxyde d’azote • La vitesse de réaction entre le NO et O2 dépend du temps de contact entre les deux gaz et de la concentration en oxygène, elle aboutit à la formation de dioxyde d’azote (NO2) composé oxydant et nitrosant. Le NO2 augmente la perméabilité de la membrane alvéolocapillaire, la réactivité bronchique et la susceptibilité aux infections virales. Il est admis que des niveaux de NO2 supérieurs à 2 ppm obligent à diminuer ou arrêter l’administration du NO. Pour limiter cette réaction, il est recommandé d’utiliser le débit le plus faible de NO et de réduire le temps de contact avec l’O2. Critères de réponse au NO Deux paramètres permettent d’évaluer la réponse au NO inhalé : • L’oxygénation artérielle et les variation de la pression artérielle pulmonaire. Les valeurs retenues sont habituellement une augmentation du rapport PaO2/ FiO2 supérieure ou égale à 20% ou une diminution de la PA pulmonaire moyenne supérieure à 10 % ou la combinaison des deux itèms. • La réponse peut être appréciée rapidement dès les premières minutes. Plusieurs études montrent que l’amélioration de l’oxygénation artérielle ne persiste que durant les 48-72e premières heures. Toutefois avant de conclure qu’un patient est non répondeur au NO, il est important de prendre en compte l’ensemble des conditions pouvant influencer cette réponse. • Au cours du SDRA, une équipe a établi que l’amélioration la plus importante des échanges gazeux est obtenue en associant l’inhalation de NO et décubitus ventral. Le recrutement alvéolaire qui résulte de l’application d’une PEEP potentialise l’effet du NO sur l’oxygénation artérielle