Max Weber (1864-1920) Né dans une famille riche et cultivée de la bonne bourgeoisie protestante allemande. Il a fait des brillantes études de droit, d’économie, d’histoire, de philosophie et de théologie. Docteur en histoire du droit (1892), il a enseigné cette discipline et il a enseigné la sociologie en 1919. Ses écrits peuvent être répertoriés en quatre catégories: 1. les essais de méthode, dans lesquels il organise les fondements de son approche de la connaissance sociale (consultez surtout dans Essais sur la théorie de la science et dans Economie et Société). 2. Sociologie des religions: Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, rédigé en 1904-1905 ne constitue qu’un fragment. 3. Les ouvrages sur l’histoire, l’économie et leurs rapports surtout dans Economie et Société. 4. Les articles de presse et textes de circonstances où l’on trouve un ensemble d’observations sur les événements politiques de son temps: les révolutions russes, le Traité de Versailles, Weimar,… Sociologie selon Weber • • • • • • • Pour Weber la sociologie est d’abord une science de l’action sociale. Il refuse le déterminisme prôné par Marx et Durkheim, lesquels enferment l’homme dans un tissu de contraintes sociales non conscientes. Pour sa part, Weber pense que ces contraintes et ces déterminismes ne sont que relatifs. Il s’agit non des lois absolues mais des tendances qui laissent toujours place au hasard et à la décision individuelle. Il considère que la société est le produit de l’action d’individus qui agissent en fonction de valeurs, de motifs et de calculs rationnels. Expliquer le social, c’est donc rendre compte de la façon dont les hommes orientent leur action. Cette démarche est celle de la sociologie “compréhensive”. “Nous appelons sociologie, une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale”. Pour lui la sociologie repose sur la compréhension, l’interprétation des activités sociales dans leur interrelation avec les comportements d’autrui. Une sociologie de l’acteur. Pour lui, il est essentiel d’observer et d’interpréter les comportements des acteurs sociaux pour comprendre la vie sociale. Il est considéré comme le père fondateur de la sociologie compréhensive. Toutefois, dans nombre de cas, en particulier dans l’analyse des classes sociales, il adopte une approche structurelle. Selon Max Weber :”Nous appellerons sociologie une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets • • • • • • • L’objet de la sociologie selon Weber Il définit la sociologie comme la science de l’activité sociale: “Nous entendons par “activité” un comportement humain […] quand et pour autant que l’agent ou les agents lui communiquent un sens subjectif. Et par activité “sociale”, l’activité qui, d’après son sens visé par l’agent ou les agents, se rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son déroulement”. Une activité est alors un comportement humain qui a un sens aux yeux de celui qui l’effectue. Cette signification est évidemment subjective. L’activité devient sociale quand le sens visé par l’individu qui l’accomplit se rapporte au comportement d’autrui c’est-à-dire que l’activité réalisée ne prend du sens qu’au cours d’une interaction alors que, prise isolément, elle n’a aucune signification sinon pour celui qui l’effectue. Ainsi un comportement religieux n’est pas une activité sociale s’il n’est que contemplation ou recueillement solitaire car autrui n’intervient pas. En revanche, le fait d’assister à une messe d’enterrement et de prier avec d’autres personnes est une activité sociale car le sens visé par l’individu qui se rend à la messe se rapporte au comportement d’autrui (témoigner son affection à ce qui restent,… montrer sa foi…) On constate que le concept de “sens” est au cœur de la sociologie wébérienne, une collision entre deux cyclistes qui est un simple événement n’est pas une activité sociale. En revanche les tentatives d’évitement du choc ou les injures que les deux cyclistes se lancent après l’accident sont des activités sociales. • La sociologie est une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets”. “Comprendre” signifie saisir “par interprétation” le sens visé (consciemment ou non) par l’individu au cours de son action. La compréhension est donc pour M. Weber un procédé logique et rationnel (et non psychologique) qui vise à reconstituer les motivations de l’acteur en replaçant son action dans son contexte. • Expliquer sociologiquement un phénomène suppose donc un reconstruire une chaine de causalité à partir du vécu des acteurs. • Méthode weberienne • Cette sociologie compréhensive est le ciment de la méthode wébérienne puisqu’elle impose au sociologue de partir des individus pour expliquer un phénomène global. • Weber préconise aussi la construction d’idéaux-types, c’est-dire une construction théorique qui accentue certains traits de la réalité pour en faciliter sa compréhension. Ce sont des abstractions intellectuelles qui ne reflètent pas la réalité telle qu’elle est. Pour construire un idéal-type, on doit accentuer certains traits de la réalité, à l’image d’une caricature afin de faire simple (objectif de clarification) et de rendre compréhensible (objectif de visibilité) la réalité trop complexe pour être saisie spontanément. Action sociale • Weber distingue 3 grands types d’activités humaines • -l’action traditionnelle se rattache à la coutume (ex: les activités quotidiennes comme saluer les amis) • -l’action affective est guidée par les passions. Le collectionneur ou le joueur • -l’action rationnelle est instrumentale, tournée vers des valeurs ou un but utilitaire et implique l’adéquation entre fins et moyens. La stratégie (militaire ou économique) appartient æ cette catégorie. Le stratège est rationnel en ce qu’il ajuste au mieux l’efficacité de son action, que celle-ci soit tournée vers un but matériel (la conquête d’un territoire) ou orientée par des valeurs (la gloire). • L’action rationnelle est selon Weber caractéristique des sociétés modernes: l’entrepreneur capitaliste, le savant, le consommateur ou le fonctionnaire agissent selon cette logique. • L’action sociale englobe les activités orientées par rapport à autrui. Cet “autrui” peut prendre des caractéristiques très variées: individu ou groupe, connu ou inconnu, réel ou abstrait (ex: l’Etat). • Comment faire pour saisir le “sens visé” par chaque individu? Weber souligne qu’il n’est pas besoin d’être César pour comprendre César”. La recherche des motivations de l’acteur. Ces motivations peuvent être rangées en deux catégories: celles qui sont invoquées par les acteurs eux-mêmes et celles qui sont découvertes par le chercheur. Le sociologue essaye de dépasser la représentation subjective pour mettre au jour les motivations et les intérêts sous-jacents de l’action. L’activité sociale doit donc, dans la mesure du possible, être évaluée par rapports à une action “idéal-typique” qui serait rationnelle. • L’étude de l’activité sociale conduire Weber à mettre en évidence ce qu’il considère comme un processus fondamental des sociétés occidentales: la rationalisation. • idéal-type • • • L’idéal-type est l’instrument privilégié de la recherche du sens et de l’explication causale. L’idéal-type peut être défini comme une construction épurée qui permettra de faire le lien entre des observations empiriques et la perspective théorique. Il s’agit d’un instrument de la connaissance qui rend la réalité plus intelligible, en sélectionnant et en accentuant les traits les plus significatifs des situations observées. en grossissant et en simplifiant certains éléments de la réalité, le sociologue construit des modèles, des types idéaux. Ceux-ci mettent en évidence de façon claire et logique, les relations existantes ou possibles entre les différents éléments du modèle Dans la sociologie wébérienne, l’idéal-type possède un double statut. D’une part, il est construit pour rendre compte d’une situation historique singulière (la ville antique, le christianisme médiéval…). D’autre part, il est aussi élaboré pour rationaliser, sous forme de catégories analytiques générales, une pluralité de situations historiques (idéal-type de la ville, du christianisme…) • le sens de l’action n’est pas uniforme: il s’appuie sur des orientations différentes correspondant à des degrés de conscience plus ou moins élevés que Weber répertorie sous quatre idéauxtypes. • • Les 4 idéaux-types de l’action sociale de Max Weber • Comportement traditionnel - Par coutume / par habitude • Comportement affectuel - Par sentiment / par émotion • Faible conscience du sens de l’orientation de l’action • • Action rationnelle en valeur - Par conviction • Action rationnelle en finalité – Par confrontation rationnelle des moyens et des buts • Forte conscience du sens de l’orientation de l’action Rationalisation • Une action est rationnelle si elle est effectuée en vue de la réalisation d’une fin clairement perçue ou en fonction de valeurs. Les actions sociales peuvent relever de la tradition (habitudes, coutume), de l’émotion (affective), ou bien être rationnelles. Le capitalisme est marqué par l’importance des actions rationnelles. La légitimité rationnelle y domine. • Rationalisation: recherche de plus d’efficacité dans l’utilisation des moyens dont on dispose pour atteindre ses buts. Chez Max Weber, processus d’extension de la rationalité en finalité à tous les domaines de la vie sociale dans les sociétés développées La rationalisation, le principe des sociétés modernes • Une des caractéristiques essentielles de la modernité selon M. Weber est la rationalisation des activités humaines. Pour Weber, la rationalisation se caractérise par l’introduction de la rationalité en tant que logique d’action dans toutes les sphères de l’activité humaine. Cette logique est fondée sur la raison, comme dans le cas de qu’il appelle “l’action rationnelle en finalité” et non sur un simple jugement de valeur, en particulier des valeurs religieuses. • Le processus de rationalisation à l’œuvre dans les domaines de l’art, de l’architecture et de la vie économique (avec la mise en place d’une organisation rationnelle du travail et d’une comptabilité). • Peu à peu, la société se rationalisant on assiste alors au “désenchantement du monde”. Ex: la bureaucratie. Pour Weber, c’est une manière très formalisée et très rationnelle d’organiser la coopération puisqu’y prédominent des procédures écrites, une hiérarchisation des fonctions, des règles et des organigrammes délimitant parfaitement les sphères de compétences, les devoirs et les droits de chacun. Domination • Il la définit comme “la chance de trouver obéissance de la part d’un groupe déterminé d’individus”. Cette chance repose essentiellement sur la croyance en la légitimité du pouvoir qui commande. • -la domination traditionnelle • -la domination charismatique, • -la domination légale-rationelle L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme • Le protestantisme ne fut pas la condition de développement du capitalisme mais un élément qui l’a favorisé. Dans l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Weber ne se limite pas à une analyse des comportements, au contraire il cherche à comprendre le changement social. • Weber montre que les principes et les valeurs de la religion protestante (le travail est un devoir, la paresse un péché, la richesse n’est pas mauvaise en soi mais peut conduire à la paresse et aux tentations charnelles d’où la nécessité d’une vie austère, d’épargner) coïncident avec l’esprit du capitalisme (recherche du profit, mais surtout façon rationnelle de l’acquérir). • Groupes sociaux et classes sociales • La stratification sociale vient d’une répartition inégale du pouvoir. Pour Weber la classe sociale est déterminée par la situation économique, toutes les personnes ayant la même chance d’obtenir des biens et de l’argent appartiennent à la même classe, mais la stratification sociale tient aussi au prestige social (au statut) et au pouvoir politique. • C’est ce qui explique que dans une classe on peut trouver des personnes ayant des statuts très divers. La stratification ne doit pas seulement être étudiée en terme de classes sociales mais de groupes sociaux pour tenir compte du prestige social et du pouvoir politique. • • • • Sociologie de la religion Il fait une analyse fonctionnaliste en montrant que la religion a pour fonction de donner un sens à la vie en société. Il a d’autre par anticipé le déclin de la place de la religion dans les sociétés modernes dans le cadre de la montée de la rationalisation au sein de ces sociétés (désenchantement du monde, sécularisation). Ce qui occupe Weber dans es travaux de sociologie religieuse n’est pas tant la compréhension des religions pour elles-mêmes que leur rapport avec l’organisation économique. Il s’agit donc saisir au sein de chacune des grandes civilisations l’influence de l’éthique religieuse sur le comportement économique. L’étude des grandes religions de l’humanité n’a d’autre but que de saisir –par comparaison- la particularité de la civilisation occidentale et, plus précisément, le rôle de l’éthique protestante dans la genèse du capitalisme. • Les origines du capitalisme moderne • Il s’interroge sur les origines du capitalisme moderne. A partir de quelques statistiques et de nombreuses illustrations historiques, il montre comment la morale protestante coïncide avec le développement du capitalisme dans certains pays d’Occident. Il utilise pour cela la méthode idéal-typique. Il construit deux idéaux-types, celui de l’ascétisme protestant et de l’esprit du capitalisme, les compare et expose leurs affinités. A travers de nombreux exemples, il démontre que la morale protestante induit chez ses pratiquants des comportements propices au développement de la logique capitaliste. • Fernand Braudel lui reproche d’avoir surestimé le facteur culturel dans l’explication de l’apparition du capitalisme. Sans l’institution généralisée de l’échange, sans l’afflux massif d’or, sans le développement de l’économie de marché, l’Occident n’aurait pus e moderniser. Mais, à aucun moment Weber ne fait que la religion calviniste le facteur exclusif du changement économique et social, Weber a une grande portée sociologique dans la mesure où il inscrit les valeurs (et notamment les religions) au cœur du changement social