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EPREUVE DE DOSSIERS THERAPEUTIQUES ET BIOLOGIQUES
SUJET N°1
SUJET ANNALES 2010
Marlène, 34 ans, consulte son médecin généraliste pour des brûlures à la miction. Elle a déjà présenté
les mêmes symptômes 4 fois depuis 6 mois. Elle ne présente pas de fièvre, ni de douleurs lombaires
et les signes cliniques évoluent depuis 36 heures. Les recherches de leucocytes et de nitrites à la
bandelette sont positives.
Devant la répétition des épisodes malgré les traitements, un ECBU est réalisé.
Les résultats de l'ECBU sont les suivants :
-leucocytes : 105/mL
- hématies : 102/mL
-culture : Escherichia coli 107/mL.
Diagnostic et antibiothérapie
des infections urinaires bactériennes
communautaires de l’adulte
Diapositives réalisées par le comité des référentiels de la SPILF à partir des
Recommandations publiées en Juin 2014
Synthèse réalisée par la SPILF validé le 7 juillet 2014
http://www.infectiologie.com/site/consensus_recos.php
Recommandations
2008
Recommandation
s 2014
IU simple IU simple
IU compliquée IU à risque de complication
ou avec FDR de complication
Prostatite IU masculine
Modification de la terminologie
Facteurs de risque de complications
Homme
Grossesse
Anomalie organique ou fonctionnelle de l’arbre urinaire
Insuffisance rénale sévère (clairance créatinine < 30 mL/min)
Immunodépression sévère
sujets âgés
> 65 ans « fragile » : > 3 critères de la classification de Fried :
perte de poids involontaire au cours de la dernière année
vitesse de marche lente
faible endurance
faiblesse/fatigue
activité physique réduite
> 75 ans (sauf exception)
Le diabète n’est plus considéré comme un facteur de risque
Bandelettes urinaires
Chez la femme, bonne valeur prédictive négative
Si BU négative (leucocytes (-) et nitrites (-)), rechercher en priorité un autre
diagnostic
Chez l’homme, bonne valeur prédictive positive
Si BU positive (leucocytes (+) et/ou nitrites (+)) IU à confirmer par ECBU
Une BU négative n’exclut pas le diagnostic d’IU masculine
QUESTION n°1
Peut-on impliquer E. coli dans cette infection
urinaire basse ?
Pourquoi ?
Oui, présence de polynucléaires et présence isolée et en quantité élevée de E. coli
significative d'une infection urinaire.
Résultats de l’ECBU :
- leucocytes : 105/mL
- hématies : 102/mL
- culture : Escherichia coli 107/mL
Signes cliniques => infection urinaire simple
4 fois en 6 mois = infection récidivante (> 4 en 12 mois)
Bandelette :
- seule : indiquée dans la cystite simple
- dans les autres cas aide au diagnostic
Justification de l’ECBU
Interprétation de l’ECBU :
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ECBU
Chez un patient symptomatique avec leucocyturie >
104UFC/ml, les seuils de bactériurie sont :
Résultats de l’ECBU :
- leucocytes : 105/mL
- hématies : 102/mL
- culture : Escherichia coli 107/mL
ECBU
Chez un patient symptomatique avec leucocyturie >
104UFC/ml, les seuils de bactériurie sont :
Espèces bactériennes
Seuil de significativité
(UFC/ml)
Homme Femme
E. coli, S.
saprophyticus ≥ 103103
Entérobactéries autres que
E. coli, entérocoque,
C.
urealyticum, P. aeruginosa, S. aureus ≥ 103≥ 104
Résultats de l’ECBU :
- leucocytes : 105/mL
- hématies : 102/mL
- culture : Escherichia coli 107/mL
Question BONUS 1(Annales 1997) :
Parmi les propositions suivantes, concernant diverses conditions de culture, choisissez celle qui vous paraît la plus
adaptée à l’isolement des bactéries observées à l’examen direct.
Indiquez les raisons de votre choix et pourquoi les autres propositions vous paraissent inadaptées.
- Gélose au sang cuit, enrichie de supplément polyvitaminique, incubée à 37°C, en atmosphère enrichie en CO2.
- Milieu de Löwenstein-Jensen, incubé à 37°C, en atmosphère ordinaire.
- Gélose lactosée au bromocrésol pourpre incubée à 37 °C, en atmosphère ordinaire.
- Gélose hypersalée au mannitol, incubée à 37°C, en atmosphère enrichie en CO2
Les conditions de culture les plus adaptées sont la gélose lactosée au bromocrésol pourpre, incubée à 37°C,
en atmosphère ordinaire. En effet, les entérobactéries sont des bactéries non exigeantes pour leur
croissance, qui s'effectue à un optimum thermique de 37°C.
La gélose au sang cuit enrichie est donc inutile.
Le milieu de Löwenstein-Jensen est un milieu destiné à la culture des mycobactéries.
La gélose hypersalée au mannitol est un milieu sélectif pour l'isolement des staphylocoques.
gélose B.C.P. Milieu Cled
(BromoCrésol Pourpre) (Cystine Lactose Electrolyte Déficient)
Colonies lactose +
par acidification du milieu
gélose Drigalski
- cristal violet => inhibition des Gram +
- désoxycholate de sodium => inhibition des Gram +
- lactose, bleu de bromothymol
colonies bleu-vert :
bactéries lactose -
colonies jaunes :
bactéries lactose +
Exemples :
E. coli : B-glucuronidase (+) => colonies rose à bordeaux
Proteus : désaminase (+) => colonies brune à marron
Entérocoque : B-glucosidase (+) => colonies turquoise
Réalisé par J. Cottin
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CPS iD3 (CPS : chromogenic plate
substrate. ID : identification 3 : 3
substrats): isolement et numération
des microorganismes urinaires
pathogènes
QUESTION n°2
Quelle est l'origine la plus probable de cette bactérie ?
Origine fécale, colonisation de l'urètre puis remontée de la bactérie dans les voies urinaires.
QUESTION n°3
Quels sont les antibiotiques indiqués en première intention dans ce type de pathologie? Quelles sont les
modalités d'administration compte tenu des antécédents de la patiente ?
Cotrimoxazole
Fluoroquinolone
Amoxicilline -acide clavulanique
Traitement per os de 7 à 10 jours
Un traitement par dose unique est contre-indiqué devant
les récidives.
Rationnel du choix antibiotique
Taux de résistance acceptable en probabiliste :
≤ 20 % pour les cystites simples
≤ 10 % pour les PNA et IU masculines
Tolérance
Impact écologique
Impact
sur le microbiote
Fosfomycine
Faible
Nitrofurantoine
Faible
Pivmecillinam
Faible
Amoxicilline
-Ac Clavulanique
++
Cotrimoxazole
++
FQ
+++
C3G
+++
Taux de résistance d’Escherichia coli en
France dans la communauté en 2014
< 5 % pour aminosides, fosfomycine-trométamol, nitrofurantoïne
≈ 5 % pour C3G et aztréonam
≈ 10 % pour fluoroquinolones :
≈ 5 % des IU simples
> 10 % des IU à risque de complication ou si exposition aux FQ
dans les six mois
< 15 % pour pivmécillinam
> 20 % pour cotrimoxazole
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BU positive
Traitement de 1ère intention : fosfomycine-trométamol en dose unique
Traitement de 2ème intention : pivmécillinam 400 mg x 2/j, pendant 5 jours
Traitement de 3ème intention (en dernier recours)
- fluoroquinolone : à dose unique (ciprofloxacine ou ofloxacine)
- nitrofurantoïne : pendant 5 jours
Cystite simple
Cystites récidivantes
Traitement au cas par cas
Idem cystites simples
Si au moins un épisode / mois
antibioprophylaxie
Cystite post-coïtale
Une prise antibiotique 2 heures avant à 2
heures après les rapports sexuels, sans
dépasser le rythme d’administration de la
prophylaxie continue, soit :
cotrimoxazole 400 mg/80 mg un cp par jour
ou fosfomycine-trométamol 3 g tous les 7-10
jours
Autres situations
cotrimoxazole 400 mg/80 mg un cp le soir au
coucher
ou fosfomycine-trométamol 3 g/7-10 jours
Patiente informée des effets indésirables
Cystites récidivantes
Ici, récidivante car survenue d'au moins 4 épisodes durant une période de 12 mois consécutifs.
Le traitement curatif d’un épisode de cystite récidivante est similaire à celui d’une cystite simple.
1ère intention : Fosfomycine-trométamol en dose unique (3g PO /j )
• très peu de résistance acquise
• bons coefficients d’éradication clinique et microbiologique
• bonne tolérance
monoprise favorisant l’observance
• effet négligeable sur le microbiote
2eme intention : Pivmécillinam pendant 5 jours (400mg PO x2 /j )
• taux de résistance faible dans cette population (<15%)
• très bonne tolérance
• effet négligeable sur le microbiote
-3ème intention (en dernier recours)
=> Fluoroquinolone en prise unique nécessité d'épargner cette classe précieuse pour d'autres indications
plus graves).
ciprofloxacine ou ofloxacine
=> Nitrofurantoïne pendant 5 jours
QUESTION n°4
Quelles sont les mesures hygiéno-diététiques devant être associées au traitement et utiles en prévention ?
Boisson abondante (> 1,5 L/j), mictions fréquentes, port de vêtements non serrés...
QUESTION n°5
Quelles sont les complications possibles chez cette femme ?
Infection urinaire haute : pyélonéphrite aiguë
QUESTION n°6
L'antibiogramme est le suivant :
-Amoxicilline : résistant
-Amoxicilline + acide clavulanique : sensible
-Céfotaxime : sensible
Rappeler le mécanisme d'action de ces antibiotiques.
Quel est le mécanisme de résistance développé par cette bactérie ?
Quel en est le support génétique ?
Inhibition de la biosynthèse du peptidoglycane de la paroi bactérienne, par inhibition de
l'activité enzymatique (transpeptidase notamment) des PLP (protéines de liaison aux
pénicillines).
Sécrétion d'une pénicillinase à bas niveau (activité restaurée par l'acide clavulanique).
Pénicillinase codée par un gène plasmidique.
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QUESTION n°7
Marlène fait un nouvel épisode de cystite trois mois plus tard alors qu'elle est enceinte. Une souche d'E. coli
est isolée, dont voici l'antibiogramme :
amoxicilline : résistant
amoxicilline + acide clavulanique : sensible
cefotaxime : sensible
gentamicine : sensible
ofloxacine : sensible
Pour chacun de ces antibiotiques, indiquer s'il peut être prescrit pour traiter cette infection et argumenter
votre réponse.
Amoxicilline : souche résistante, donc non utilisable
Amoxicilline + acide clavulanique : souche sensible, et antibiotique administrable par voie orale, utilisable
pendant la grossesse
Cefotaxime : souche sensible, mais antibiotique utilisable uniquement par voie parentérale non justifiée pour
une cystite
Gentamicine : souche sensible, mais antibiotique utilisable uniquement par voie parentérale, non justifiée ici.
Ofloxacine : souche sensible, mais antibiotique contre-indiqué pendant la grossesse.
Chez la femme enceinte :
- Colonisation urinaire gravidique = bactériurie asymtomatique
- Cystite aiguë gravidique
- Pyélonéphrite aiguë gravidique
Toute IU est à risque de complication
Facteurs favorisants :
- modification anatomique (compression, reflux vésico-urétéral)
- modification hormonale (porgestérone = myorelaxant = stase et aumentation de la
capacité vésicale
- modification des propriétés physico-chimiques et d’urine : dilution et augmentation du
pH
- immunodépression physiologique
Chez la femme enceinte (recommandations décembre 2015)
1er cas : Colonisation urinaire gravidique = bactériurie asymptomatique
Prévalence = 2 à 40%
20 à 40% se compliquent d’une PNA
Recommandations de dépistage de colonisation par bandelette urinaire
ECBU à réaliser en cas de positivité
Traitement de la colonisation gravidique : ATB après ATBg. Pas de traitement probabiliste
-1 - Amoxicilline
-2 - Pivmécillinam
-3 - Fosfomycine-trométamol
-4 Triméthoprime
-5 -
Traitement long (7 jours, sauf fosfomycine-trométamol en prise unique)
Chez la femme enceinte (recommandations décembre 2015)
2ème cas : cystite gravidique
Traitement de la cystite gravidique : probabiliste
-1 - Fosfomycine-trométamol
-2 - Pivmécillinam
-3 Nitrofurantoïne
-4 Céfixime ou ciprofloxacine
Réévaluation selon l’ATBg :
-1 Amoxicilline
-2 Fosfomycine-trométamol ou pivmécillinam
-3 triméthoprime ( à éviter le s2 premières mois)
-4 Nitrofuranoïne, SMX-TMP, Amox + Ac clav, Céfixime, ciprofloxacine
Traitement long (7 jours, sauf fosfomycine-trométamol en prise unique)
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