Histoire des États
germaniques II :
D’un empire à l’autre
Sixième cours :
La politique étrangère des empires
centraux, la Grande Guerre et les
révolutions de 1918-1919
(1870-1919)
Sixième cours :
1 La politique étrangère du 2eReich
2 — La politique étrangère de l’Empire
austro-hongrois
3 Les États germaniques en guerre
4 Les révolutions de 1918-1919
5 Les traités de 1919
1 La politique étrangère du 2e
Reich
1.1 Les « systèmes » bismarckiens
On nomme « systèmes bismarckiens » l’enchevêtrement des
traités et alliances signés par l’empire allemand pendant le
« règne » du chancelier de fer.
Au lendemain de la guerre franco-prussienne, l’objectif de
Bismarck est de consolider l’empire, en empêchant le
revanchisme français. Il fallait donc isoler la France. C’est
l’axe fondamental de sa politique européenne.
Quant à aux affaires mondiales, il demeure conservateur et
modeste : plus attaché à la dynastie qu’à la nation
allemande, Bismarck croit que les intérêts fondamentaux de
l’Allemagne sont en Europe.
Dans les années 1880, la société allemande commence à
s’intéresser aux autres continents contre les mises en garde
de Bismarck, qui voit dans les prétentions coloniales un jeu
dangereux.
Tant qu’il demeurera chancelier, le colonialisme allemand se
limitera à des actions initiées par des entreprises privées,
parfois suivi par des actions de l’État, comme au Togo,
décrété protectorat en 1883.
Le chancelier travaille à son premier système d’alliance dès
1871 : contre Paris, Bismarck se tourne vers les pouvoirs
réactionnaires d’Europe, Vienne et la Russie.
Car Vienne n’entend pas se lancer dans une politique
revancharde à l’endroit de Berlin, préférant tourner ses
ambitions vers la zone balkanique.
Bismarck a favorisé cette évolution en évitant d’humilier
Vienne et en l’encourageant dans son activisme balkanique,
et les deux capitales se rapprochent dès 1870.
Mais ce rapprochement suscite la méfiance de Saint-
Péterbourg, qui a aussi des visées sur les Balkans et sur les
dépouilles de l’Empire ottoman.
L’alliance russe est plus nécessaire aux yeux de Bismarck
car sinon, la Russie pourrait se rapprocher de la France,
créant ainsi une menace mortelle pour l’empire.
Pour beaucoup d’observateurs, une franco-russe apparait
improbable pour cause d’opposition idéologique, mais
Bismarck comprend très bien qu’une telle opposition n’a que
peu de valeur devant les réalités politiques.
Convaincu de l’inévitabilité d’une alliance austro-allemande,
Alexandre II préfère s’y associer, quitte à mettre un frein à
ses ambitions balkaniques.
Malgré son aspect idéologique, c’est le réalisme politique qui
est à l’origine de l’entente des Trois-empereurs, une série de
traités bilatéraux entre les empires allemand, austro-hongrois
et russe, conclus en 1872 et 1873.
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