GROG MBD 2006 3

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La Grippe :
Epidémiologie et systèmes de surveillance
M. Bouscambert
Centre National de Référence pour la Grippe
(France Sud), Lyon
Structure des virus grippaux
ME
Glycoprotéines de surface:
Neuraminidase NA
PB2
PB1
Hémagglutinine HA
Génome:
segmenté
ARN simple brin –
PA
HA
NP
NA
M
NS
IF
FLU A
80 à 120 nm
Multiplicité des virus grippaux humains :
les types et les sous-types
les types et les sous-types
Type B
Type C
Type A
H1N1
H2N2
Virus pandémique HxNy
H3N2
H5N1 – H9N2 – H7N7
La grippe: une infection contagieuse
Propagation:
Contamination:
 gouttelettes de salive
 Nez
 Particules en suspension dans
l’air (toux; éternuements)
 Bouche
 Œil
Transmission virale
Turbinate
“Baffles”
Oesophagus
Trachea
Air flow
Bronchi
• Transmission par aérosols
respiratoires inhalés
• Transmission indirecte plus
rare (manu-portage)
• Facilité par les contacts étroits
et le confinement
• Dose infectieuse très basse: 100
à 300 virus.
• Le patient est infectieux 1-2
Bronchioles jours avant et 5-7 jours après
l’apparition des symptômes.
Mucociliary clearance
Lymph nodes “glands”
La réponse immunitaire à l’infection virale

Réponse Humorale (la mieux connue)
 Anticorps neutralisants
 Autres anticorps

Réponse Cellulaire
 CTL (perforine, Fas ligant, IFN gamma)

Réponse au niveau des muqueuses (IgA)

Mais…
Variations antigéniques: Immunité déjouée
Deux possibilités :
 Glissement antigénique: accumulations de mutations
ponctuelles
 Cassure antigénique: changement de sous-type d’HA
ou de NA
Nous redoutons
une modification (saut) antigénique majeure
responsable d’une pandémie
aux terribles conséquences
Les pandémies du XX ème siècle
 1889
- 1890 forme neurologique A/H2N2
 1900
- 1901 A/H3N8
 1918
- 1919 «grippe espagnole» A/H1N1
 1957
- 1958 «grippe asiatique» A/H2N2
 1968
- 1970 «grippe de Hong Kong», A/H3N2
 1977
- 1978 «grippe russe», A/H1N1
Transmissions
Inter-espèces
des virus grippaux
de type A
Emergence de la souche pandémique
A H1N1 / 1918
par transmission directe
Modification de l’HA:
Bascule du RBS
a 2-3 vers a 2-6
A H1N1
Emergence des sous-types de
virus A(H2N2) & A(H3N2) par
réassortiment
A(H1N1) Virus
PB1
HA
PB1
HA
NA
A(H2N2) Virus
Grippe asiatique
(1957)
A(H3N2) Virus
Grippe de Hong Kong
(1968)
(Kawaoka et al. 1989)
En dehors de ces épisodes
exceptionnels, presque chaque hiver, le
virus échappe par un mécanisme de
dérive (glissement) antigénique
Dérives antigéniques: apparition de mutations
ponctuelles

Les erreurs de la ARN polymérase virale non corrigées
 « fitness » des nouveaux variants
 Virulence

La sélection des variants échappant au système
immunitaire (aux anticorps neutralisants!)

Concerne principalement les virus de type A > B > C
ARBRES PHYLOGENETIQUES THEORIQUES

Les modèles d’évolution
diffèrent selon qu ’on
analyse les virus
 A
 B
 C
D’après Yamashita et al.Virology, 1988 ; 163 : 112-122
L ’HEMAGGLUTININE :
support essentiel de la dérive antigénique





16 sous-types chez influenza A (3 pour l ’homme)
Cible préférentielle des anticorps neutralisants
Support de la variabilité antigénique
Elément clef de l ’infection virale
Permet l’infection des cellules
 peptide de fusion
 liaison aux acides sialiques
SITES ANTIGENIQUES MAJEURS
D’après whiley et al. Nature, 1981 ; 289 : 373-378
ACIDES AMINES/
VARIATION ANTIGENIQUE
HA
D’après Smith et al. J Exp Med, 1991 ; 173 : 953-959
LA NEURAMINIDASE





9 sous-types décrits chez Influenza A
(2 pour l ’homme)
Deuxième cible des anticorps neutralisants
Second support de la variabilité antigénique
L’autre élément majeur de la réponse immunitaire
Permet la libération des particules virales
néo-synthétisées
STRUCTURE DE LA
NEURAMINIDASE
D’après Bossart-Whitaker et al.
J Mol Biol, 1993 ; 232 : 1069-1083
ACIDES AMINES/
VARIATION
ANTIGENIQUE NA
D’après Fields Virology edition 1996
SURVEILLANCE :
LES ACTEURS ET LES OBJECTIFS
Epidémies annuelles de grippe

Chaque année, il y a une épidémie
 Les épidémies ont des profils différents
 Les épidémies sont dues à des virus différents
(glissement antigénique)
 L’épidémie est essentiellement un phénomène
communautaire
 Certains patients sont hospitalisés
Pourquoi surveiller la grippe ?



La grippe: une préoccupation de santé publique
Maladie fréquente à fort potentiel épidémique
Morbidité importante (mortalité non négligeable)
Intérêt de la surveillance

Limiter le retentissement d’une épidémie sur le système de soin

Connaissance des souches grippales en circulation:
 Composition vaccinale
 Détection de l’émergence d’un virus à potentiel pandémique

Information épidémiologique régionalisée permet aux soignants:
 Aide au diagnostic
 Bonne usage des antiviraux et des antibiotiques
Objectifs de la surveillance de la grippe :
du niveau national au niveau international






Recueil des virus (au niveau communautaire et
hospitalier)
Identification et caractérisation des souches par les
CNR
Rétro-information au niveau national et international
Information des Centres Mondiaux de Référence avec
envoi des variants « intéressants »
Synthèse de la surveillance et choix des souches
vaccinales par l’OMS
Surveillance des autres infections respiratoires virales
(VRS) et alerte (SRAS)
Niveau National
Groupe Régionaux d’Observation de la Grippe
Centralisation des données
communautaires
Données
virologiques
Tests Rapides
de Surveillance
Coordination
nationale
571 Généralistes
75 Pédiatres
948 médecins urgences
24 médecins d’entreprise
41 pharmaciens
7 Laboratoires
de virologie
CNR
Données
cliniques
Coordinations
régionales
Coordination
nationale
(Open Rome)
Diffusion de l’information
Données cliniques:
• IRA: nb d’inf R Aigües
• Niveau d’activité: nb de patients IRA
• Médico-économiques: nb de cas confirmés, ITT
Données virologiques:
• Prélèvements pour labo
• Test rapide de surveillance
www.grog.org
•Un bulletin hebdomadaire
•Un texte de synthèse
Données IRA et Détection des virus grippe A et B
Utilisation des marqueurs type TRS
Données comparatives avec les années
précédentes
Objectifs de l’alerte




Identifier et caractériser rapidement les premiers
cas de grippe confirmée
Identifier le début de l’épidémie
Identifier les variants de début de saison
A chaque étape, informer
 La DGS et l’InVS
 L’OMS
 EISS et le réseau des CNR
Objectif de la caractérisation des souches au
cours de la surveillance

Caractériser (HA et NA) les virus isolés par rapport aux
variants connus (prototypes vaccinaux)
 Alerter rapidement de la circulation d’un variant qui ne sera
pas neutralisé par les anticorps induits par les vaccins
 Envoyer les variants intéressants aux Centres Mondiaux
 Informer
 La DGS et l’InVS
 Le réseau européen EISS
 Les autres CNR non-européens (CDC)
 L’OMS et les centres mondiaux de référence
Au niveau Européen
Le Réseau EISS
(European Influenza Surveillance Scheme)
www.eiss.org


Réseau Européen de surveillance de la grippe
Objectifs
 Harmonisation des méthodes de surveillance
 Harmonisation des techniques
 Rétro-information groupée
 Information des données épidémiologiques pour l’OMS
La surveillance au niveau européen
EISS
Eurogrog
Au niveau International (les WIC et l’OMS)
Les liens avec les World Influenza Centers


Plus de 150 CNR répartis sur le Globe
4 WIC centralisent les informations collectées à
un niveau régional :
 Londres (Europe)
 Atlanta (Amériques)
 Melbourne (Hémisphère sud/pacifique)
 Tokyo (Asie)

Choix des souches vaccinales deux fois par an
Et en cas d’émergence d’un virus pouvant
provoquer une pandémie
Rôle dans l’alerte
 Rôle dans la surveillance

Rôle des CNR dans l’alerte pandémique

Participation à la mise en place du plan pandémique :
 Au niveau National
 Au niveau International

Mise au point des techniques diagnostiques
 Caractérisation rapide des virus et alerte
 Informations vers le Ministère de la Santé et vers l’OMS

Quand la pandémie est installée : surveillance « simple »
Doit-on craindre une nouvelle pandémie ?
Hypothèses sur la genèse du prochain virus pandémique :
le cas H5N1
1 - Réassortiment génétique
2 - Transmission directe
A H1N1, A H3N2
A H1N1, A H3N2
A H5N1
A H5N1
A H5N1
Grippe aviaire: des alertes successives…
•
1976
Grippe Porcine, USA A H1N1
•1997
Grippe Aviaire, Hong Kong A H5N1
•
1999
Grippe Aviaire, Hong Kong A H9N2
•
2003
Grippe Aviaire, Hong Kong, Corée du Sud A H5N1
•
2003
Grippe Aviaire Pays-Bas A H7N7 (transmission interhumaine)
•
2003-2004
Grippe Aviaire, Vietnam-Thaïlande A H5N1 (transmission oiseaux-porcs)
•
2004
Grippe Aviaire, Canada A H7N3
•
2004
Grippe Aviaire, USA A H7N2, A H5N2
•
2004
Grippe Aviaire, Égypte A H10N7
•
2005
Grippe Aviaire, Vietnam A H5N1
Epizootie A H5N1
•Propagation des oiseaux
sauvages aux oiseaux
domestiques
•Touche les 3 continents
•Nombres de foyers:
2003 367
2004 2285
2005 537
FAO – déc 2005
Source – INVS
Épizootie
: Situation actuelle

Grippe aviaire A H5N1 touche les 3 continents

Circulation inter-espèce chez l’oiseau sauvage puis chez l’oiseau domestique

Le virus est détecté chez des mammifères
 Porcs
 Tigres, Léopards (Thaïlande/ Déc. 2003)
 Chats, Furet, Souris …

Différents lignages aviaires co-circulent mais aucun n’est adapté à l’homme

Virus hautement pathogène (site de clivage polybasique) maladie systémique
Grippe Aviaire chez l’Homme
Source – INVS
Source – WHO
Épidémie Humaine
Infection chez l’Homme:
•Fév. 2003 : 2 cas Hong Kong – 1 décès
•6 septembre 2006: 241 cas- 141 décès
(population ++ et 2000 à 6000 DC H3N2/an en France)
2006: Virus antigéniquement différents de la souche de 1997
Évolution des souches asiatiques :
constitution du génotype Z
Listes de oiseaux impliqués :
- Canard
- Oie
- Héron
- Sarcelle
- Poulet
- Dinde
etc…
Origine :
-A/Goose/Guangdong/1/96
2002:Génotype Z
2005: Génotype G
Li. Nature,209-213, 2004
Phylogénie de l’Hémagglutinine des souches
A H5N1 isolées chez l’oiseau et l’homme
WHO. Emerg Infect Dis. 2005(10)1515-21
Clade 1: oiseaux et hommes
Clade 2: oiseaux, souches isolées en Indonésie en 2006
Le candidat vaccin A H5N1/VN/1194(1203)/2004 est dépassé (Clade 1)
Nouveau vaccin proposé A H5N1/Indonésie/2006 (Clade 2)
Grippe aviaire chez l’homme:
Situation actuelle
 10
pays touchés, 241 cas/141 DC
 Infection sévère: létalité 68% en 2-14 jours
 Pas de transmission interhumaine : clusters
familiaux mais pas de transmission
communautaire secondaire
 Enfants et Adultes jeunes (1,5 – 30 ans)
Deux questions restent toutefois posées :
QUAND ?
QUEL IMPACT ?
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