
APNÉE OBSTRUCTIVE DU SOMMEIL ET AUTRES TROUBLES RESPIRATOIRES DU SOMMEIL 4
Résumé
Les médecins s’intéressent de plus en plus au sommeil et à ses désordres. Le présent guide
d’exercice porte sur les troubles respiratoires du sommeil et met l’accent sur l’apnée
obstructive du sommeil (AOS). Ce trouble est présent chez environ 5% de la popu-
lation. Par contre, sa prévalence est signicativement plus élevée dans certaines sous-
populations, dont les personnes présentant de l’hypertension artérielle, une maladie
cardiovasculaire, du diabète, un syndrome métabolique, de la dépression, de la brillation
auriculaire, chez ceux qui sourent de microrétrognathie et chez les individus obèses.
Outre les facteurs de risque connus, l’AOS est une cause indépendante de nouveaux
diagnostics d’hypertension artérielle, de dépression, de maladie cardiovasculaire, d’insuf-
sance cardiaque, de brillation auriculaire, d’accidents de la route et du travail, d’inva-
lidité, de diabète, de néoplasie, ainsi que de troubles d’apprentissage, de comportement
et d’attention chez l’enfant. Le médecin devra donc rechercher ces complications à
l’anamnèse et, à l’inverse, envisager la possibilité qu’il y ait AOS dans tous ces cas.
Pour diagnostiquer l’AOS, un médecin doit dans un premier temps avoir questionné
et examiné le patient, puis conrmé la suspicion clinique avec un test objectif qu’il
aura prescrit. La polysomnographie en laboratoire (PSG, niveau I AASM) demeure la
méthode de référence. Alternativement, une polygraphie cardiorespiratoire du sommeil
(PCRS, niveau III AASM), test diagnostique simplié, peut être réalisée. La PCRS
a été bien validée dans la présentation classique de l’AOS, c’est-à-dire chez l’homme
d’âge moyen, obèse, roneur et somnolent. Dans les autres sous-populations, dont les
femmes, les enfants, les individus non obèses, les personnes âgées ou celles sourant de
pathologies pouvant aecter le niveau de saturation de l’oxygène, ce test est peu validé,
voire démontré non able. Ainsi, si une PCRS n’a pu mettre en évidence une AOS chez
une personne dont le diagnostic était modérément ou fortement suspecté, l’investigation
devrait être complétée avec une PSG. Les tests doivent être eectués dans un laboratoire du
sommeil répondant aux normes énoncées dans ce document. De plus, tout laboratoire doit
obligatoirement avoir un directeur médical, formé en médecine du sommeil, avec permis
d’exercice valide, émis par le Collège des médecins du Québec. Le laboratoire doit orir
la PSG et, en option, la PCRS; il doit aussi orir un service de consultation en médecine
du sommeil, et le médecin interprétant doit demeurer disponible pour évaluer les patients
dont il a signé l’interprétation du test. Le personnel du laboratoire doit faire partie d’un
ordre professionnel reconnu au Québec pour eectuer ce travail, c’est-à-dire qu’il doit être
un inhalothérapeute ou un technicien en électrophysiologie médicale.
Le traitement par pression positive a démontré son ecacité pour améliorer la qualité
de vie et les fonctions neurocognitives ainsi que stabiliser l’humeur et la tension arté-
rielle. L’ajustement de la pression positive doit également être fait par un laboratoire du
sommeil, soit manuellement lors d’une PSG, soit en utilisant une pression automatisée
en l’absence de contre-indication à cette technologie, idéalement avec PCRS. D’autres
options thérapeutiques peuvent être envisagées dans des populations sélectionnées,
en particulier la chirurgie des tissus lymphoïdes oropharyngés chez l’enfant. L’orthèse
d’avancée mandibulaire et certaines chirurgies (bariatrique ou de la sphère ORL) pour-
raient être des options dans des sous-populations choisies. Un médecin doit s’assurer
d’une réponse clinique subjective et objective chez tous les adultes, quelle que soit la
modalité thérapeutique choisie. Chez l’enfant, la réponse subjective au traitement doit