GASIOR Nathalie DCEM3 Stage de chirurgie endocrinienne Service du professeur HENRI NODULES THYROÏDIENS EPIDEMIOLOGIE • 2 à 5 % de nodules palpables dans la population générale adulte • En échographie : 25 à plus de 50% (augmentation avec l’âge), la plupart <10mm • Deux causes à identifier et à traiter : – Moins de 5 % : néoplasie – 5 à 10 % : hyperthyroïdies nodulaires • Ces causes écartées : 90% des nodules relèvent d’une surveillance au long cours QU’EST-CE QU’UN NODULE ? • Trouble focal de la croissance thyroïdienne cliniquement palpable par son induration ou son volume. • Une taille de 8 à 10 mm est potentiellement palpable sur thyroïde de volume normal (plus difficile pour nodules postérieurs, multiples, sur goitre). QU’EST-CE QU’UN NODULE ? (2) • Définition échographique : Image d’échogénicité anormale constatée dans 2 plans orthogonaux, éventuellement limitée par une couronne vasculaire FORMATION DU NODULE THYROÏDIEN •Origine embryologique polyclonale Un clone est un ensemble de cellules dérivées d'une seule cellule initiale. Une tumeur se développant à partir d'un groupe de cellules est dite polyclonale > hétérogénéité pour sensibilité à FSH, hormonosynthèse et potentiel de croissance •Stimulation de la croissance par la TSH à la phase d’initiation (toutefois la plupart de goitres et nodules ont rapidement une croissance autonome) •Vieillissement : phénomènes hémorragiques primitifs ou secondaires à une nécrose partielle suivis de cicatrisation FACTEURS FAVORISANTS • • • • • Âge Sexe féminin Parité Carence iodée Prédisposition génétique (étude jumeéux mono- et dizygotes) • Irradiation cervicale • Tabac • Environnement (endémie goitreuse) POURQUOI LES DEPISTER ? 2 à 6% des nodules = CANCERS • Prévalence féminine • Prévalence autopsique : 10 à 36% souvent micro-carcinomes n’évoluant pas cliniquement • Mortalité : <1% POURQUOI LES DEPISTER ? (2) 5 à 10% = NODULE TOXIQUE • Prévalence après 50 ans • Morbidité significative d’origine cardio-vasculaire (surtout après 60 ans) dans l’hyperthyroïdie PHASE DIAGNOSTIC INITALE • Interrogatoire : – Terrain – Anamnèse – Facteurs de risque • Palpation cervicale sytematique : – – – – – Limite du goitre Nombre de nodule(s) Consistance du nodule Adhérence aux plans superficiel et profond Adénopathies associées • Echographie standard : – confirme l’impression clinique – fait l’inventaire nodulaire (petits nodules infra-cliniques) CRITERES DE SUSPICION CLINIQUE D’UN CANCER THYROÏDIEN • • • • • • Modification d’un goitre nodulaire ancien ATCD familial de cancer thyroïdien ATCD d’irradiation cervicale Homme Age < 20 ans ou >60 ans Syndromes génétiques tumoraux : polypose recto-colique familiale, NEM, maladie de Cowden,… • Nodule associé à des diarrhées, un flush (dosage thyrocalcitonine) • Nodule associé à une adénopathie cervicale, une dysphonie, une dyspnée • Nodule dur et irrégulier • Nodule adhérent aux plans profonds : trachée mobilisée par le nodule • Nodule solide grossissant rapidement ou nodule >35mm STRATEGIES D’EXPLORATION INITIALE • évaluation de la fonction thyroïdienne : TSH valeur normale 0,6mU/l à 3,5mU/l DYSTHYROÏDIE > éliminer nodule toxique EUTHYROÏDIE > éliminer un cancer thyroïdien (90 % = nodule non fonctionnel bénin) EUTHYROÏDIE (1) • Dosages biologiques complémentaire – Calcitonine +/- test à la pentagastrine CMT? – Anticorps anti TPO ( anti TP abandonné) dysimmunité associée?, toute la glande concernée? – NFS, CRP syndrome inflammatoire biologique? EUTHYROÏDIE (2) EN FONCTION DE LA TAILLE DU NODULE Image anéchogène : • Kyste ou hématocèle > ponction évacuatrice et examen cytologique – 50% de récidives : surveillance échographique dans les semaines ou mois qui suivent – Si récidive ou persistance : considérer comme nodule plein Image iso- ou hypoéchogène : • Si l’anomalie de palpation ne correspond qu’à une ou des images échographiques <10 mm – Simple surveillance clinique à 1 ou 2 ans – +/- Echographie à 2 ans si > 5mm • Incidentalome (Echo-doppler carotidien,…) – Même attitude • Diamètre > 10 mm – Poursuite des explorations EUTHYROÏDIE (3) nodule > 10mm CYTOLOGIE A L’AIGUILLE FINE Technique : – opérateur dépendant (médecin expérimenté, lu par cytologiste) – aiguille très fine, sans anesthésie (quasiment indolore) – nodules de plus d'un centimètre de diamètre (+/- guidée par une échographie) – Plusieurs ponction dans le nodule – EI : petite gêne dans les 48 heures suivant ce geste plus rarement un petit hématome au point de ponction – CI : trouble coagulation, aspirine, anticoagulants,… NB Les micro-nodules (< 10 mm) trop rarement cancéreux pour être cyto-ponctionnés. EUTHYROÏDIE (4) nodule > 10mm CYTOLOGIE A L’AIGUILLE FINE (2) Résultats : – BENIN (70%) • Cytoponction à 1 an (avec nouvel exam clinique , dosages biologiques et échographie) – Si normal : rassurant (surveillance controversée et modulée par le contexte et l’anxiété du patient) – Si modification : exploration chirurgicale (examen anapath) – DOUTEUX (15%) • 25% = cancers (souvent vésiculaire) > exploration chirurgicale – NON SIGNIFICATIF (10%) • refaire cytoponction rapidement • Opérateur dépendant, nodule très fibreux ou très liquidien • 10 à 15 % = cancers – CANCER (5%) • Cancer papillaire : aucun doute • Cancer vésiculaire : diagnostic architectural > exploration chirurgicale dans les 2 cas EUTHYROÏDIE (5) ANAPATHOLOGIE (1) : – Formations nodulaires épithéliales vésiculaires : • Nodule bénin : adénome non fonctionnel • Nodule malin : carcinomes – Carcinome papillaire : (peu agressif, croissance locale) – Carcinome vésiculaire : (peu invasif++/ invasif, dépourvu de capsule) – Carcinome indifférencié = anaplasique (mauvais pronostic) – Autres (rares) – Formations nodulaires à partir des cellules C : Carcinome médullaire (métastases précoces) EUTHYROÏDIE (6) • ANAPATHOLOGIE (2) – Tumeurs conjonctives : • Tumeurs bénignes (lymphangiomes, hémangiomes, léïomyome,…) • Tumeurs malignes : sarcomes (malignité extrême) – Lymphomes malins primitifs de la thyroïde – Métastases EUTHYROÏDIE (7) THERAPEUTIQUE (1) • Adénome : – Chirurgie d’exérèse (taille variable) – biopsie extemporanée (BE) – +/- traitement hormonal substitutif EUTHYROÏDIE (8) THERAPEUTIQUE (2) • Carcinomes différenciés : – Thyroïdectomie totale + BE + curage ganglionnaire uni ou bilatéral + Iode 131 (patient en hypo > stimule TSH) + Traitement hormonal substitutif et freinateur à vie – Surveillance : • Clinique • TSH (indosable) • Thyroglobuline et anticorps anti TG • Echographie EUTHYROÏDIE (9) THERAPEUTIQUE (3) • Carcinomes anaplasiques : Mauvais pronostic à court terme (1 an) – Chimiothérapie et radiothérapie conventionnelle – Chirurgie : uniquement de décompression EUTHYROÏDIE (10) THERAPEUTIQUE (4) • CMT : – Bilan d’extension systématique – Recherche NEM • +/- enquête familiale • +/- recherche phéochromocytome et hyperparathyroïdie (préopératoire) – Thyroïdectomie totale + curage ganglionnaire + BE – Traitement hormonal substitutif EUTHYROÏDIE (11) THERAPEUTIQUE (5) • Lymphome : – souvent sur thyroïdite (Haschimoto++) – Diagnostic : biopsie chirurgicale (immunohistochimie) – Traitement dépend du type de lymphome ( LMNH, Hodgkin, plasmocytome malin primitif) EUTHYROÏDIE (12) THERAPEUTIQUE (6) • Métastases : – Diagnostic : biopsie chirurgicale (immunohistochimie) – Bilan complet tumeur primitive – Traitement palliatif ou radical : dépend du contrôle de la tumeur primitive, du terrain DYSTHYROÏDIE (1) • Dosages biologiques complémentaires : • • • • Calcitonine en systematique NFS, CRP Anticorps anti TPO Echographie : Hyperéchogène • Scintigraphie : Nodule chaud > nodule toxique → Diagnostic → Chirurgie appartient à la prise en charge thérapeutique DYSTHYROÏDIE (2) • Dans les nodules fonctionnels (chaud) : – Nodules toxiques (hyperthyroïdie) – Nodules non toxiques : • évolution lente vers toxicité avec augmentation de volume • certains stables pendant plusieurs années • quelques uns deviennent non fonctionnels (nécrose, hémorragie, calcification intra-nodulaire) • cancérisation rare et controversée (scintigraphie: hypofixation au sein du nodule chaud) DYSTHYROÏDIE (3) THERAPEUTIQUE (1) • Nodule non toxiques : – Surveillance clinique et biologique simple : (lenteur d’évolution, possibilité de régression) – Chirurgie : • • • • Caractère volumineux Âge < 40 ans Hétérogénéité Extinction progressive du parenchyme sain DYSTHYROÏDIE (4) THERAPEUTIQUE (2) • Nodules toxiques : (cardiotoxique) – Traitement médical : ATS et B-bloquants Transitoire ou préparation chirurgicale – Traitement radical : • Chirurgie : dès euthyroïdie : hémi-thyroïdectomie + BE • irathérapie (iode131) : +/- préparation avec ATS (attention hypothyroïdie) CONCLUSION • Les nodules thyroïdiens sont fréquents et 3 à 5% sont cancéreux • Palpation cervicale doit être systématique • La découverte de nodule(s) impose un dosage de TSH et une échographie • La suspicion d’un cancer nécessite une cytoponction dont le résultat guidera la décision thérapeutique • Les nodules non opérés doivent bénéficier d’une surveillance prolongée