LES ESCHERICHIA COLI PRODUCTEURS DE SHIGA-TOXINES (STEC) Dr. THEVENOT Unité de Microbiologie Alimentaire et Prévisionnelle de l’école nationale vétérinaire de Lyon. PLAN I. Rappels II. Données bactériologiques III. Historique des épisodes épidémiques IV. Recherche des STEC dans les aliments V. Epidémiologie des infections E.COLI : RAPPELS Escherichia coli E.coli intestinaux ETEC EPEC EHEC EIEC EAggEC DAEC Toxines LT, ST eae, bfp eae, VT Invasion afa, LT afa 173 Ag O 80 Ag K 56 Ag H { ~ 700.000 E.coli extra-intestinaux Infections urinaires UPEC hly pap sfa fimbriae type 1 Méningites néonatales K1, O1,O7, O16,O18 H7 sfa OmpA ibe 10 DEFINITIONS Escherichia coli VTEC=STEC (stx gene) E. coli O157:H7, O103, O26, O111..) EHEC = STEC isolé des malades PLAN I. Rappels II. Données bactériologiques III. Historique des épisodes épidémiques IV. Recherche des STEC dans les aliments V. Epidémiologie des infections II. DONNEES BACTERIOLOGIQUES II.1. Classification II.2. Physiologie II.3. Facteurs de virulence II.1. CLASSIFICATION - 1985: l’Allemand Theodor Escherich décrit pour la première fois la bactérie Escherichia coli - Son nom actuel lui est donné en 1919 par Castellani et Chalmers. Le genre Escherichia appartient à la famille des Enterobacteriaceae (isolement fréquent dans tube digestif) II.1. CLASSIFICATION Les genres qui constituent les Enterobacteriaceae: bacilles à Gram-, aéro-anaérobies facultatifs, qui peuvent fermenter les nitrates et ne possèdent pas d’oxydase. 5 espèces du genre Escherichia: E. blattae, E. coli, E. fergusonii, E. hermanii et E. vulneris II. DONNEES BACTERIOLOGIQUES II.1. Classification II.2. Physiologie II.3. Facteurs de virulence CROISSANCE/SURVIE - température optimale de croissance: 37°C Milieu synthétique laboratoire majeure partie STEC montrent une température optimale de croissance à 40°C (mini:6-7°C, max: 45.5°C) - aw minimale pour E. coli O157:H7 est de 0.96 CROISSANCE/SURVIE - pH minimal de croissance: 4.5 Mais certaines souches résistent à des pH plus bas: Tolérance à l’acidité DESTRUCTION - E. coli n’est pas considérée comme une bactérie thermorésistante: traitement thermiques efficaces visà-vis des Salmonelles le sont pour E. coli Thermorésistance de E. coli O157:H7 variable selon les matrices - Faible dose de rayons ionisants élimine E. coli O157:H7 II. DONNEES BACTERIOLOGIQUES II.1. Classification II.2. Physiologie II.3. Facteurs de virulence II.3. FACTEURS DE VIRULENCE Adhérence à la muqueuse digestive Production de verotoxine ou shigatoxine Autres facteurs de pathogénicité Lésions d ’attachement et d’effacement (Knutton et al, Infect. Immun. 1987) gène eae ( LEE sur îlot de pathogénicité PAI III) Production de verotoxines = shigatoxines ( gène stx) Piédestal FACTEURS DE VIRULENCE Adhérence à la muqueuse digestive Production de verotoxine ou shigatoxine Autres facteurs de pathogénicité Productions de verotoxines ou Shiga like toxines Exotoxines protéiques Effet cytopathogène sur cellules Vero, HeLa Synthèse codée par des phages tempérés (transfert horizontal du gène stx de Shigella dysenteriae type 1 vers E. coli par des bactériophages… passage vers d’autres coliformes) LES VEROTOXINES B B B B B B B B A 32kDa A 32kDa B B Gb3 (globotriosyl céramide) Mécanisme d ’action de la toxine ENDOCYTOSE Pénétration dans l ’entérocyte Protéolyse ARNm Inhibition de la sous unité 60S du ribosome Libération des fragments actifs A Mort cellulaire PATHOGENIE Infection intestinale Diarrhée banale/ Colite hémorragique Stx Passage dans le sang et transport par les PNN Organes cibles Verotoxine ou shigatoxine Nouvelle dénomination Ancienne dénomination Toxine de Shiga gène stx protéine Stx 99 % d'homologie Toxine Shiga-like de type I ou stx1 (SLT-I) ou vérotoxine 1(VT1) Stx1 SLT-II ou VT2 stx2 Stx2 SLT-IIc/d ou VT2c/d SLT-II/f ou VT2e/f stx2c/d stx 2e/f Stx2c/d Stx2e/f 55 % d'homologie 90% d'homologie Autres variants décrits très récemment : stx2 g, . stx2-NV206 FACTEURS DE VIRULENCE Adhérence à la muqueuse digestive Production de verotoxine ou shigatoxine Autres facteurs de pathogénicité AUTRES FACTEURS DE VIRULENCE Hémolysine gène ehxA Résistance à l'acidité gastrique : gène rpoS codant pour un facteur permettant la survie du germe à un pH <2,5 Serine protéase (EspP) plasmidique : clivage du facteur V Enterotoxine thermostable EAST1: diarrhée aqueuse Catalase (KatP) plasmidique : burst oxydatif des PNN et des macrophages saa :STEC agglutinating adhesin Gènes codant les facteurs de virulence Système de sécrétion de type III Tir eae Protéines espA, espB, espD LEE espP stx1 KatP ehx Plasmide 90 Kb Chromosome stx2 Ingestion de EHEC 3- 4 jours Crampes abdominales, diarrhée non sanglante 10% Résolution 90% Diarrhée sanglante 90% Résolution 7 jours 10% SHU 5% décès 5% IRC ~ 30% Protéinurie ~ 60% Résolution Complications tardives ? Heuvelink,2000 PLAN I. Rappels II. Données bactériologiques III. Historique des épisodes épidémiques IV. Recherche des STEC dans les aliments V. Epidémiologie des infections III. HISTORIQUE DES EPIDEMIES III.1. Historique III.2. Epidémies majeures III.3. En France Escherichia coli O157:H7 Première description en 1982 Epidémies de colites hémorragiques (USA) (Riley et al. N.Engl J Med, 1983 ) 1983 : SHU typique et E. coli O157 (Karmali et al. Lancet, 1983) Cas sporadiques et d’épidémies de diarrhées souvent sanglantes Evolution vers des pathologies plus graves : Syndrome hémolytique et urémique (SHU) Purpura thrombotique thrombocytopénique Pays industrialisés, surtout Etats Unis III. HISTORIQUE DES EPIDEMIES III.1. Historique III.2. Epidémies majeures III.3. En France Ecosse, 1996 400 cas 18 décès X 1993 X X 700 USA 1982-1999 236 épidémies 195 documentées X ? X X X? X ? SAKAI 1996 X SAKAI 9000 9000cas cas 100 SHU 9 décès cas 55 SHU 4 décès Alimentation 66% Interhumaine 20% Eau de boisson 8% Jeux d ’eau 4 % Contact/ animal 2% Hamburger Hamburger X Personne à personne Pomme Pomme de de terre terre crue crue ? Inconnu Lait Lait cru cru Eau Eau du du robinet robinet Boeuf Boeuf d'élevage d'élevage Jus Jus de de pomme pomme Baignade Baignade dans dans un un lac lac Incidence des infections à EHEC France 2002 : incidence du SHU pédiatrique 0,6 /105 depuis 1996, stable < 1 /105 (en moy 0,7 /105 ) Europe infections à EHEC faible en Europe continentale : < 1 /105 plus élevée au Royaume-Uni : 1,7 à 4,1 /105 SHU pédiatrique : 0,3 à 0, 7 /105 Amérique du Nord infections à EHEC : 0,6 à 5,5 /105 SHU pédiatrique : 0,7 /105 Modes et voies de transmission des infections à EHEC (données USA 1982-2002) Rangel et al. 2005 Transmission alimentaire (52%) : aliments contaminés crus …) (produits carnés (41%), produits laitiers, légumes Transmission hydrique (9%) : eau contaminée par des déjections animales (réseau ou baignade) Transmission inter-humaine (14%) Contact avec des animaux de ferme ou leur environnement (3%) Labo (0,3%) Non connus (21%) Accidents alimentaires et aliments responsables 1) Viande de bœuf : « hamburger », Washington 1993 2) Lait cru et/ou fromage au lait cru 3) Cidre artisanal de pommes, 1991 Massachussetts 4) Produits végétaux : salades, pommes de terre, pousses de radis (Japon 1996) 5) Eau : 1990 Missouri (effet de la chloration) Prédominance du sérotype O157:H7 par rapport aux autres sérogroupes (O111, O26, O103) III. HISTORIQUE DES EPIDEMIES III.1. Historique III.2. Epidémies majeures III.3. En France Surveillance des infections à STEC chez l’homme en France Absence de recherche de STEC en routine Surveillance de SHU depuis 1996 chez les enfants de moins de 15 ans 30 services de néphro-pédiatrie CHU- CHG répartis sur toute la France, volontaires données cliniques, épidémiologiques et biologiques diagnostic d’infection à STEC : sérologie/microbio Épidémies d’infections à EHEC en France Détection de cas groupés : de SHU par les néphro-pédiatres de SHU + cas de diarrhée : TIAC (MDO) 5 TIAC 2000 : E. coli O157 avec des merguez peu cuites (1 SHU et 10 cas de diarrhée) 2002 : E. coli O148 avec du mouton peu cuit (2 SHU et 9 cas de diarrhée) 2004 : E. coli O157:H7 fromage au lait cru de chèvre (4 malades, 2 SHU) 2005 : 2 épidémies !!!!! PLAN I. Rappels II. Données bactériologiques III. Historique des épisodes épidémies IV. Recherche des STEC dans les aliments V. Epidémiologie des infections DOSES INFECTIEUSES TRES BASSES QUELQUES BACTERIES /25 g Multiplication bactérienne non nécessaire, contamination suffisante!!! E. Coli O157:H7 Une méthode validée AFNOR en France et une norme ISO Séparation Immunomagnétique (Dynabeads. Dynal) Norme ISO EN 16654 Méthode VIDASTM (bioMérieux) VIDAS (AFNOR) VIDAS ICE STRIP IMS (ISO) Les différentes étapes de la séparation immuno-magnetique Jour 0 : 1- Enrichissement 2- Immuno-capture 3 - Séparation 4- Suspension 5- Isolement Jour 1 : 6-Confirmation Bactéries E. coli O157 et billes magnétiques (microscopie électronique) Utilisation des caractéristiques biochimiques de E. coli O157:H7 (Mutants!) sorbitol – b-glucuronidase – rhamnose – Résistance intermédiaire au céfixime et au tellurite Milieu CT-SMAC Milieu CHROM agar Milieu O157:H7 ID (bioMérieux) AUTRES STEC METHODES DE DETECTION DES STEC non O157 AUCUNE CARACTERISTIQUE BIOCHIMIQUE COMMUNE !!!!! Pas de gélose chromogène METHODE •Détection par PCR des gènes stx après enrichissement •Souches de STEC retrouvées après hybridation stx à partir des bouillons stx positifs, puis sérotypage et caractérisation génétique des isolats LA PCR Matériels de biologie moléculaire Électrophorèse en gel d’agarose de fragments A B C D E F G H I eae A EHEC plasmid stx 2 stx 1 uid A eae EHEC plasmid RECOMMANDATIONS DE L’AFSSA (28 Novembre 2001) • Détection of E. coli O157:H7 et des autres sérotypes O26, O103 et O111 avec les méthodes validées AFNOR existantes, à partir des fromages au lait cru et de la viande hachée de bœuf. • La recherche du gène stx par PCR pour le contrôle de la contamination des aliments par des STEC n’est pas une approche pertinente : • Gène stx fréquemment détecté dans les aliments •Définition d’une souche STEC pathogène non encore établie •PCR non réalisée en routine dans les laboratoires de diagnostic agro-alimentaire Pour les STEC non O157 : pas de méthodes validées AFNOR !!!! Réflexion en cours (bioMérieux, certains industriels..) Grande volonté des industriels de l’agro-alimentaire de maîtriser et de détecter ces pathogènes émergents Nombreux programme de recherche en cours Mise au point de méthodes de détection répondant aux exigences des industriels de l’agro-alimentaire En cours !!! Résultats du plan de surveillance 2006 de la contamination par E. coli STEC dans les viandes hachées réfrigérées 796 échantillons analysés Récapitulatif des résultats obtenus: Positif Nombre Négatif Nombre % et [intervalle de confiance à 95%] Résultat PCR stx 739 (92.8%) 57 7.2% [5.4-9.3] Souches d’E. coli STEC isolées 45 12 1.5% [0.8-2.6] Souches d’E. coli STEC appartenant aux sérogroupes O157, O26, O103, O111, O145 0 0 0% [0.0-0.5] Récapitulatif des résultats obtenus: Gènes de virulence Nombre de souches stx1 2 stx2 4 eae 1 stx1 + stx2 1 stx2 + eae 1 stx2 + hly 1 stx1 + stx2 + hly 2 Total 12 PLAN I. Rappels II. Données bactériologiques III. Historique des épisodes épidémies IV. Recherche des STEC dans les aliments V. Epidémiologie des infections SOURCE/RESERVOIR Portage sain La coupable !! CYCLE EPIDEMIOLOGIQUE RESERVOIR ANIMAL (surtout bovin) Contenu fécal DENREES ALIMENTAIRES Abattoir : - carcasses : viandes HOMME EAU ALIMENTS POUR BETAIL : (herbe, ensilage) découpées - hachées Traite : - lait cru, fromage au lait cru Récolte : - fruits et végétaux - denrées en contact FECES, FUMIER, BOUES D ’EPANDAGE DE STATION D ’EPURATION Contamination oiseaux insectes CONTAMINATION Parfentes Ligature rectum CONTAMINATION Dépouillement pattes postérieures Section tarses CONTAMINATION Dépouillement Elimination du cuir CONTAMINATION Fente sternum CONTAMINATION Eviscération pelvienne Eviscération Abdominale MULTIPLICATION Rupture de la chaine du froid PROPHYLAXIE Hygiène générale en cours de fabrication Eviter les contaminations fécales!! Pas de critères microbiologiques Bactéries indicatrices d’hygiène Détection du pathogène (définition d’un plan d’échantillonnage, d’un stade de prélèvement,pool de prises d’essai..)