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Réunion préparée avec
Josette Delaporte et Mireille Rosello (Keller)
1. Étymologie / Définitions
2. Notions / Concepts / Prise de vue:
L’intuition selon Thomas d’Aquin, Descartes, Kant et Bergson.
3. Questions / Discussion :
4. En guise de conclusion
3 questions, 20 mn environ par question.
Étymologie et définitions

Étymologie :
Du bas latin intuitio, regard, de intueri, regarder. Signifiant contemplation depuis le
XIV e siècle, c’est avec Descartes au XVII e siècle qu’Intuition prend son sens actuel .

Définitions :
Larousse internet :
i.
ii.
Connaissance directe, immédiate de la vérité, sans recours au raisonnement, à
l'expérience.
Sentiment irraisonné, non vérifiable qu'un événement va se produire, que quelque
chose existe : Avoir l'intuition d'un danger.
Synonymes : Inspiration, prémonition, prescience, sentiment.
Contraires : Déduction, raisonnement.
Dictionnaire La philosophie de A à Z :
Sentiment non rationnel, difficilement définissable, voire mystique, grâce auquel nous
sommes censés «sentir » une vérité ou une réalité.
Notions / Concepts / Prise de vue
L’intuition selon Thomas d’Aquin, Descartes, Kant et Bergson.

Thomas d’Aquin (1225-1274) : Dieu connaît intuitivement parce que le raisonnement déductif procède par
étapes et suit la ligne du temps tandis que Dieu est hors du temps. Une idée semblable est développée dans la
philosophie bouddhiste : le Bouddha omniscient saisit la totalité d’un coup sans comparer ni déduire.

Descartes (1596-1650) : Fait de l’intuition l’un des deux vecteurs de certitude avec la déduction : elle est la
claire saisie des principes. C’est la simple vision intellectuelle du simple : vision évidente de l’évidence : «Ainsi,
chacun peut voir par intuition qu’il existe, qu’il pense, que le triangle est limité par trois lignes seulement et la
sphère par une seule surface ». S’oppose en ce sens à la déduction ou au raisonnement, mais aussi le permet.
Un raisonnement est une suite alternée d’intuitions et de déductions. Ainsi l’intuition peut se passer de
raisonnement, non le raisonnement se passer d’intuition.

Kant (1724-1804) : L’intuition est aussi pour lui une façon immédiate, pour la connaissance, de se rapporter à
un objet quelconque : elle est ce par quoi un objet nous est donné. Mais l’homme ne dispose d’aucune intuition
intellectuelle et créatrice. Il n’a d’intuition que sensible et passive : l’intuition est la réceptivité de la sensibilité
(elle ne contient que « la manière dont nous sommes affectés par des objets ». L’intuition s’oppose à la
connaissance par concepts, qui n’est pas intuitive mais discursive : « Des pensées sans contenu sont vides ;
des intuitions sans concepts sont aveugles. »

Bergson (1859-1941) : A l’encontre de l’intelligence conceptuelle applicable au seul domaine de la quantité et
de l’espace, l’intuition est comme une « espèce de sympathie intellectuelle » capable de saisir la durée
qualitative (chronos : le temps créatif) qui constitue non seulement l’étoffe de la conscience, mais encore
l’essence même de toute réalité.
Pour Descartes, Kant et Bergson l’intuition est définie positivement mais de 3 façons différentes.
Elle est condition :
• De toute pensée chez Descartes,
• De toute connaissance chez Kant,
• De toute saisie de l’absolu qui est esprit, durée, changement pur chez Bergson.
Elle n’a en commun chez eux qu’une forme d’immédiateté.
QUESTIONS
1.
L’intuition procède-t-elle du sentiment ?
2.
L’intuition s’oppose-t-elle à la raison ?
3.
L’intuition est-elle nécessaire à la création ?
1.
L’intuition procède-t-elle du sentiment ?
Animation Mireille Rosello
Qu’est-ce qu’un sentiment ?
L’intuition est-elle un affect, fut-il fondé ?
1. L’intuition procède-t-elle du sentiment ?
1.
Sentiment ?



Si l’affect, c’est comme l’écho en nous de ce que le corps fait ou subit, le sentiment à la différence de
l’émotion n’est-il pas un affect durable ?
A la différence des sensations, le sentiment ne concerne-t-il pas davantage l’esprit ou le cœur que le
corps ou les sens ?
Si la sensation, l’émotion, la passion apparaissent comme des rapports au corps ; le sentiment, n’apparaît-il
pas plutôt comme un rapport à l’esprit, au ‘’cœur’’ et aux valeurs ?
A la différence des passions, le sentiment n’est-il pas un affect
qui nous structure plus qu’il ne nous emporte ?
2.
Intuition ?



L’intuition est-elle la condition :
 De toute pensée par le sentiment d’évidence du ‘’simple’’ qu’elle donne (Descartes)
 Ou de toute connaissance par la sensibilité aux objets qu’elle permet (Kant)
 Ou enfin de toute saisie de l’absolu par ‘’la sympathie intellectuelle’’ au monde qu’elle autorise (Bergson) ?
Ou est-elle, plus prosaïquement (entre Descartes et Bergson), l’aptitude (intelligente ?) qui permet de conclure
une analyse ou un raisonnement conscient ou inconscient ?
Ou enfin n’est-elle qu’un sentiment spontané de certitude non fondée ?
Quelles que soient la nécessité et/ou la fiabilité que l’on accorde à l’intuition, en raison même de son immédiateté,
comment l’intuition pourrait-elle ne pas être une sorte d’affect, fut-il de l’ordre de l’intelligence?
Si comme beaucoup le pensent l’intuition est nécessaire à la pensée;
si partant, on estime qu’elle est un affect qui nous structure plus qu’il ne nous emporte;
de quel autre ordre que le sentiment l’intuition pourrait-elle bien procéder ?
2.
L’intuition s’oppose-t-elle à la raison ?
Qu’est-ce que la raison ?
Que cherche-t-elle ? Comment procède-t-elle ?
L’intuition : rivale ou alliée de la raison dans sa recherche de la vérité ?
2. L’intuition s’oppose-t-elle à la raison ?
1.
Raison ?



On distingue parfois, surtout depuis Kant la raison pratique de la raison théorique :
 La raison pratique, c’est celle qui permet dans le domaine de l’action de discerner ce qui est
raisonnable de ce qui ne l’est pas. La raison pratique commande.
 La raison théorique, c’est celle qui permet dans le domaine de la connaissance de discerner ce qui
est vrai de ce qui ne l’est pas. La raison théorique connaît.
Mais, n’est-ce pas le désir de raison, c'est-à-dire de cohérence, de lucidité, d’efficacité qui commande
nos actes plutôt que la raison elle-même, comme le voulait Kant ?
Même si nous n’avons accès à la vérité que par la mise en évidence du faux, comment la raison pourraitelle se désintéresser de la vérité ?
A quoi d’autre qu’à la recherche de la vérité pourrait bien servir la raison ?
Mais est-elle l’unique moyen qui permet d’y tendre ?
2.
Intuition ?

Est-elle un sentiment non rationnel, difficilement définissable, voire mystique, grâce auquel nous sommes
censés «sentir » spontanément une vérité ou une réalité (comme le voulait Bergson) ? Donc en opposition
ou pour le moins en alternative à la raison ?

Ou n’est-elle, que la condition nécessaire de toute pensée (comme le voulait Descartes) ou de toute
connaissance (comme l’estimait Kant) ? Donc un préalable ou un complément nécessaire à la raison ?
L’intuition est-elle rivale ou alliée de la raison dans sa recherche de la vérité ?
Tandis que la raison analyse, confronte et spécule, l’intuition est comme une réponse instantanée, une synthèse immédiate .
La raison doute. C’est sa méthode : de conjectures en réfutations, elle tente d’éliminer tous les a priori de l’ego qui
tendent à lui faire prendre ses désirs pour des réalités. L’objectivité est sa force.
L’intuition en revanche est sûre d’elle. L’ego et sa subjectivité ne sont plus obstacles mais forces.
N’est-ce pas précisément parce que tout semble opposer intuition et raison qu’elles sont à ce point complémentaires ?
3.
L’intuition est-elle nécessaire à la création ?
Qu’est-ce qu’une création ?
L’intuition est-elle ce qui la caractérise le plus ?
Sinon quoi ?
3. L’intuition est-elle nécessaire à la création ?
1.
Création ?




Au sens strict, ce serait produire quelque chose à partir de rien, ou plutôt dit CS à partir de soi seul :
ainsi Dieu créant le monde.
En un sens plus large, on parle de création, pour toute production qui semble absolument neuve et
singulière.
Ainsi parle-t-on de création artistique, parce c’est une oeuvre sans précédent, sans modèle, sans norme.
Sans vérité ?
On ne confondra pas la création avec la découverte (d’un pays ou d’une théorie) qui suppose un objet ou
une vérité préexistants, ni avec l’invention qu’un autre aurait pu faire.
Sans précédent, sans modèle, sans norme,… sans vérité préexistante,
en toute liberté, la création n’est-elle pas sa propre vérité ?
2.
Intuition ?



Qu’elle soit le seul moyen d’accès à la vérité, comme le voulait Bergson.
Ou un complément indispensable à la raison dans sa recherche de la vérité, comme le voulaient Descartes
ou Kant.
L’intuition n’est-elle pas toujours orientée en direction d’une vérité préexistante ?
L’intuition ne serait-elle opérante que pour exprimer une vérité et non pour la créer ?
Si l’intuition paraît nécessaire à la création au niveau de son expression,
plus fondamentalement, n’est-ce pas la liberté qui lui est indispensable ?
Comment sans intuition saurais-je faire la synthèse ou conclure un
raisonnement un tant soit peu complexe ?
Comment pourrais-je prendre valablement pour vérité
une intuition sans la soumettre à ma raison ?
« Des pensées sans contenu sont vides ; des intuitions sans concepts sont aveugles. »
dit Kant
Prochaines réunions
De 18h30 à 20h à la Maison des Savoirs :
• « Compassion » et synthèse de la saison 2010-2011 mardi 14 juin
• « Optimisme-pessimisme » mardi 11 octobre
• « Devoir »
mardi 8 novembre
• « Philosophie »
mardi 13 décembre
Toutes les informations et documents sont disponibles sur :
http://www.cafe-philo.eu/
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