Intuitif/Discursif
I. Définitions
!"Intuitif
Du latin intuitio : « voir » ; « regarder ». Caractère de toute
connaissance immédiate ou directe d'un objet présent à l'esprit.
Qui procède par intuition ou connaissance immédiate.
L’intuition est conçue de deux façons différentes par les
philosophes :
-
Soit comme rationnelle. Il s’agirait de la compréhension en un instant
d’une vérité intellectuelle. Chez Descartes, il y a intuition des vérités
évidentes qui s’imposent à l’esprit par leur clarté et leur distinction.
L’intuition se distingue donc du raisonnement (par déductions) mais
peut se conjuguer avec lui. Descartes fait de l’intuition le point de
départ du raisonnement.
-
Soit comme sensible ; c'est la perception immédiate d'une chose par
les sens ; Pascal reconnaît ainsi des intuitions sensibles non
démontrables rationnellement (l'espace, le temps, le mouvement).
-
Enfin, l'intuition affective doit être rejetée comme non fondée
philosophiquement et dépourvue de sens.
Intuitionnisme :
- Les mathématiques ne se réduisent pas à une simple logique mais
comportent un contenu accessible à l’intuition. Cette thèse s’oppose
au formalisme qui pose que les notions de base (nombre, figure…)
sont seulement des conventions.
- Théorie de Bergson : l’intuition peut donner accès à l’absolu par
opposition à l’intelligence conceptuelle ou scientifique. L’intuition est le
seul mode de connaissance susceptible d'atteindre la durée ou l'esprit,
par opposition à l'intelligence, qui a pour vocation de penser la matière.
!"Discursif
La connaissance discursive est celle qui passe par le discours, donc
par le langage : les mathématiques par excellence. Elle procède par
étape et se construit par un raisonnement. Elle s’oppose alors à
l’intuition qui saisit directement son objet.
Qui va d'une proposition à une autre en passant par une ou
plusieurs propositions intermédiaires (cf. Syllogisme)
Raisonnement ou connaissance médiate par enchaînement logique
de propositions, en allant du général au particulier (déduction) ou
l'inverse (induction).
II. Pour Approfondir
L'intuitif est un mode d'appréhension directe du réel qui ne passe
pas par le langage; le discursif est un mode d'appréhension du réel
qui passe par le discours, donc, par le langage et la raison.
La connaissance discursive peut reposer sur des intuitions
premières, mais elle les dépasse ensuite en les élaborant dans la
pensée articulée et dans le langage. Par exemple, le syllogisme
"Socrate est un homme, or tous les hommes sont mortels, donc
Socrate est mortel" est un raisonnement discursif. Dans ce
raisonnement, j'arrive à la conclusion par des étapes : je ne "vois"
pas immédiatement le résultat, je le déduis, ou je le construis, à
partir de ce qui précède. Par contre, la notion de "triangle" fait l'objet
d'une intuition immédiate : je "vois" directement en moi ce qu'est un
triangle.
En philosophie, l'intuition désigne la faculté qu’à la conscience de
voir en elle-même. « Intuitionner », c'est voir "en" soi, c'est avoir
conscience de ses propres pensées. Le cogito cartésien est ainsi
une intuition première de soi par soi. Chez Descartes, l’intuitif est un
acte de saisie immédiate de la vérité, comme ce qui s'impose à
l'esprit avec clarté et distinction. L'intuition s'oppose à la déduction,
qui parvient à la vérité par la médiation de la démonstration.
Dans l'Ethique, Spinoza ne reconnaît que trois formes de la
connaissance. L'une est perception empirique et imaginative alors
que les deux autres sont des formes de connaissances rationnelles.
-
Le premier genre de la connaissance c'est l'opinion ou
l'imagination. Ce sont les perceptions sensibles fournissant des
idées confuses et inadéquates.
-
Le second genre c'est la connaissance par la raison discursive
(par démonstration mathématique). Cette connaissance est
discursive puisqu'elle procède des prémisses aux conséquences,
elle s'appuie sur des axiomes, des implications logiques, des
notions communes qui sont clairs, distincts et évidents par eux-
mêmes. C'est cette connaissance qui doit rendre possible une
connaissance certaine de l'homme et du monde.
-
Le troisième genre de connaissance n'est plus discursif mais
intuitif. On passe d'une connaissance progressive à une
connaissance immédiate. Cette connaissance est saisie intuitive et
directe de la vérité. Cette intuition est strictement intellectuelle, ce
n'est pas une perception imaginative ou sensible, elle est rationnelle
et non de l'ordre de la passivité empirique. La raison y atteint sa
perfection et devient sagesse.
Chez Kant, l'intuition désigne la façon dont un objet nous est donné
; tout donné étant nécessairement sensible, il ne pourra y avoir pour
l'homme que des intuitions sensibles, et jamais, comme Descartes
le soutenait, des intuitions intellectuelles. Kant appelle intuitions
pures, ou formes a priori de la sensibilité, l'espace et le temps.
Editeur : MemoPage.com SA ©/2006/Auteur : Mathilde Crépineaud/Expert : Julie Poulain
1 / 1 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !