Présentation théorique (partie 2). Septembre 2008. ppt

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Séminaire Etopia du 17 avril 2007
« Repenser le rôle de l'économie politique pour traiter
des problématiques environnementales :
l'exemple du (nécessaire) déverrouillage des trajectoires
technologiques»
Par Kévin MARECHAL, chercheur-associé à étopia
Introduction

Lutte contre le réchauffement = principal défi du 21ème siècle
A. Le rôle pivot de la théorie économique

Science économique devenue incontournable en politique:
•
•
proximité des décideurs
prégnance de son langage (efficience, compétitivité, etc.)

Politique climatique n’échappe pas à la règle : décisions
contrastées (USA <> UE)  voir le rôle joué par la théorie
économique dans l’orientation des débats

Dans le contexte incertain (ou « univers controversé ») du
réchauffement du climat
A. Le rôle pivot de la théorie économique (2)
La science économique se voit accorder le rôle d’arbitre des
politiques à mettre en œuvre pour gérer le problème
B. L’économie traditionnelle : modèle contesté

Or, le modèle traditionnel de l’Equilibre Général (EG) est
fortement contesté

Modèle de l’EG est fondé sur 2 idées principales:
•
•
Rationalité maximisatrice parfaite d’agents économiques égoïstes
Théorie standard : rationalité instrumentale « paramétrique »
Théorie standard étendue (théorie des jeux) : rationalité
« stratégique »
Agrégation sur base du concept d’agent représentatif
Historiquement, volonté d’améliorer notre compréhension de
l’individu par rapport aux travaux des « classiques »
Pb 1 Importation du volet contestable des « lois immuables »
Pb 2 Mathématique mécanique = « La Mecque »



Théorie ancrée dans le modèle de Newton (linéarité,
déterminisme, etc.)
« Irréaliste mais on fait comme si »
B. L’économie traditionnelle : modèle contesté (2)
B. L’économie traditionnelle : modèle contesté (3)
B. L’économie traditionnelle : modèle contesté (4)

L’irréalisme de l’Homo Oeconomicus est étayé par une foule
d’études empiriques qui réfutent les postulats traditionnels

Par exemple, le jeu de l’Ultimatum contredit la caractérisation
des agents comme purement égoïstes

A retenir de l’abondante littérature empirique :
• présence d’un certain degré d’altruisme (réciprocité forte)
• rôle important joué par le niveau de groupe (via la culture)
(la méso économie)
• Nombreux « biais émotionnels »
Les principes érigés par la théorie standard ne tiennent
plus
 perte de crédibilité d’une gestion politique fondée sur ce
schéma
B. L’économie traditionnelle : modèle contesté (5)

Bien qu’elle soit considérée comme « peu pertinente pour les
économies industrielles modernes » (Stiglitz 1994), elle est
toujours solidement ancrées chez les économistes

C’est, par exemple, sur base d’une application stricte de ce
canevas que William Nordhaus a recommandé un approche du
type « laisser faire » pour gérer la problématique du climat
 on voit l’importance de ce schéma sur la manière
d’envisager la question cruciale « Agir maintenant ou plus
tard »
 Plus généralement, transposition délicate aux thématiques
environnementales (CT, réversibilité, compensation
financière tjrs possible, etc.) voire sociales (bien-être =
consommation)
B. L’économie traditionnelle : modèle contesté (6)
C. Illustration : la notion de coûts de réduction

Agir maintenant ou plus tard ?

Coût de réduction de la consommation d’énergie
dépend de deux éléments :
C.1. Les possibilités de réduction et leur coût
C.2. L’effort de réduction GES (écart entre
niveau de référence et objectif)
C. Illustration : la notion de coûts de réduction
C.1. les possibilités de réduction et leur coût

Débat : l’existence ou non d’un potentiel « sans regret » (PSR) :
investissements pour le capter sont compensés par des gains directs
ou indirects – ex : ampoules LED -> diminution facture électricité

Pourquoi débat ? incompatible avec la théorie traditionnelle (les
agents sont optimisateurs) mais études (approches alternatives)
montrent existence de mesures rentables non exploitées dans
le domaine de la consommation d’énergie car présence de
nombreuses barrières
Écho politique malgré l’impossibilité théorique (primes, etc.)


PSR finalement accepté dans le cadre de « défaillances de marché ».
Mais il existe d’autres barrières encore (rationalité limitée : routines)
C. Illustration : la notion de coûts de réduction (2)
C.2. L’effort de réduction GES (écart entre niveau si on ne fait
rien et l’objectif)

L’effort de réduction estimé constitue une photographie de l’ampleur de la
tâche à accomplir  dépend des scénarios économico-énergétiques 
importance du rôle joué par le progrès technologique (PT)  utile de
procéder à des études rétrospectives

Ainsi, une étude aux E-U portant sur les projections du début ’80s pour
1982-2000 montre une nette tendance à la surestimation de la
consommation d’énergie car sous-estimation des progrès technologiques
et des améliorations de l’efficacité énergétique

Or : si le PT est une « manne tombée du ciel » (exogène, théorie standard),
on attendra pour agir ;
Si le PT est endogène (orientable par l’investissement et l’éducation), on
agira au plus vite, car la technologie « s’ancre » dans les habitudes (étude
italienne : les coûts de réduction divisés par 3)


si on couple les deux facteurs (C.2. mauvaise modélisation de la technologie
qui sous-estime leur percée donc surestimation de la consommation
d’énergie - et donc du niveau d’émissions GES – C.1. et non prise en
compte du potentiel sans regret)  les coûts sont gonflés
D. Gestion selon une perspective évolutionniste

Non neutralité du prisme économique
+

Modèle traditionnel fortement contesté (critiques proviennent de
sphères diverses et portent sur différents niveaux)

Question: Quid de l’adoption d’une autre approche ?

réconcilier la caractérisation de l’agent économique avec la
littérature empirique  ouverture à la biologie, la psychologie,
l’anthropologie, etc.  approche évolutionniste (rationalité
lmitée, routines)
D. Gestion selon une perspective évolutionniste (2)

Vision évolutionniste de l’évolution des technologies:
•
•

importance de l’historicité (pourquoi et comment on en est arrivé
là?)
vision systémique des technologies
Analyse selon ce schéma  dépendance des choix passés et
verrouillage technologique
Rendements croissants
d'adoption
Avantage initial
(accidentel ou délibéré)
Enfermement technologique au
détriment d'alternatives
D. Gestion selon une perspective évolutionniste (2)

La source de RCA la plus couramment associée à l’enfermement
technologique : les externalités de réseaux

Intérêt croissant pour l’utilisateur d’une technologie à mesure qu’elle est
utilisé par d’autres (car les réseaux physiques et informationnels
deviennent plus attractifs lorsque leur taille augmente)
Effet d’autant plus important qu’il opère sur des systèmes technologiques et
pas sur des technologies isolées !
D. Gestion selon une perspective évolutionniste (4)

Les effets de réseaux opèrent également sur les institutions
publiques et privées  renforce l’inertie

Technologie ancrée  apparition d’institutions comportementales
qui socialisent leur utilisation  rites, normes, voire
changements profonds (l’ère automobile)
 technologie dominante et coévolution sociale  système endogène de
préférence et trajectoire spécifique  on parle alors de « régimes
technologiques » ou de « complexes technico-institutionnels »
 l’enfermement peut se faire au détriment d’alternatives de qualité
supérieure ou à plus grand potentiel de développement (qwerty vs
dvorak, VHS vs betamax, windows, moteur à essence ?)
D. Gestion selon une perspective évolutionniste (5)
 Selon cette logique, aujourd’hui il y aurait un « carbon lock-in » car
nos habitudes, nos institutions et nos réseaux technologiques
sont adaptés à l’utilisation de combustibles fossiles
D. Gestion selon une perspective évolutionniste (6)

Tenir compte de cette caractérisation du régime technologique (RT) et
élaborer politiques qui s’appuient sur la nature cumulative et auto-renforçante
du RT

grande importance des politiques publiques pour rouvrir le chemin
des technologies
D. Gestion selon une perspective évolutionniste (7)
 vision du progrès technique (PT) fondamentalement
différente de celle de la fameuse « manne tombée du ciel »
de Nordhaus
 aborder le PT sous un angle différent aura inévitablement
des répercussion sur la modélisation économique du climat
et donc sur le type de décisions recommandées et les
politiques adoptées
D. Gestion selon une perspective évolutionniste (8)

Le volet « consommation » également influencé par la grille de
lecture traditionnelle et son « réductionnisme » inhérent

Débat PSR accepté  agents mieux informés (et incitants) = choix
optimaux
Mais, des barrières existent (sociales et psychologiques), les choix
sont contraints par le régime socio-technologique (habitudes) et
les besoins sont façonnés (ex: uniformisation du confort
thermique)
Il faut donc à la fois déverrouiller le système socio-technique et
changer les habitudes (exemple : viser les lieux : abonnements
gratuits pour les nouveaux arrivants et plus efficaces)
D. Gestion selon une perspective évolutionniste (9)

importance de la vision en système et du niveau intermédiaire
d’analyse (le niveau méso) :

non linéarité de la relation mais circularité entre individus
(hétérogènes) et population  émergence et complexité
Conclusion

Pour gérer de manière efficace, pertinente et équitable la
problématique du réchauffement du climat,
la science économique doit s’acclimater
« You cannot solve a problem using the same thought process that created it »
Albert Einstein
« The truth lies, not with the new ideas, but in escaping the old ones »
John M. Keynes
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