CLAVIEN, Christine, (2004) « Possibilités et limites d’une Ethique Evolutionniste ».
http://www2.unil.ch/determinismes/ 2
Les sciences évolutionnistes sont de
bonnes candidates pour répondre
à la question de la genèse du
comportement moral :
Un des grands projets de l’EE est
d’expliquer comment les hommes en sont
venus à élaborer des concepts et des
principes moraux, à porter des jugements
et à adopter des comportements moraux.
Les tenants de l’EE s’accordent sur le fait
que la moralité est un produit de
l’évolution. Ainsi, si l’on veut en donner
une explication convaincante, il faudra
recourir à des schèmes d’explications
propres aux théories évolutionnistes, telles
que « sélection naturelle » et « adapta-
tion ». Ils pensent également que la
moralité a pour fonction de servir les êtres
humains. Plus précisément, elle répond à
un besoin, apparu au cours de l’évolution
humaine, de régler les interactions entre les
hommes.
L’éthique évolutionniste ne se
pose pas en concurrente de la
philosophie morale :
De nos jours, les défenseurs de l’EE ne
considèrent pas leur approche comme une
alternative aux philosophies morales
traditionnelles. Ils cherchent plutôt à
introduire le point de vue évolutionniste
dans la philosophie morale.
L’explication de la genèse du
comportement moral ne nous
dit rien sur le contenu des
normes morales :
Les explications évolutionnistes de la
genèse du comportement moral sont
d’ordre strictement descriptif. Rien n’est
dit au niveau normatif ou prescriptif, c’est-
à-dire au sujet de ce qu’il faut faire ou ne
pas faire.
L’approche évolutionniste mène au rejet de
la valeur universelle des normes morales :
Si on admet que la morale est un produit de l’évolution et que l’évolution ne se dirige pas vers
un but particulier (tous les biologistes reconnus s’accordent sur le fait que l’évolution n’a pas
de dessein), il s’ensuit que les valeurs et les normes prônées par les hommes auraient pu être
toutes autres si l’évolution avait pris une direction différente ; elles ne possèdent donc pas de
caractère de validité universelle.
L’approche évolutionniste, à
elle seule, ne peut pas fonder
des normes morales :
Une bonne éthique évolutionniste ne
commet pas de passage fallacieux entre
l’« être » et le « devoir être » ; elle ne
prétend pas déduire des conclusions
normatives à partir de prémisses
descriptives. Il faut être conscient du fait
que les explications évolutionnistes,
quelles qu’elles soient, sont insuffisantes
pour fonder, à elles seules, de nouveaux
principes et normes morales.
L’approche évolutionniste peut remettre
en question certains choix de normes
morales :
Une approche évolutionniste peut servir à
jeter un doute sur des normes et principes
moraux élaborés dans un cadre strictement
philosophique. On pourrait par exemple
stipuler qu’une norme morale est sujette à
caution car elle impose un comportement
qui contredit des caractéristiques humaines
évolutionnairement adaptées. C’est l’idée
de soumettre la réflexion éthique à la
critique des données évolutionnistes.