L`échange de quotas d`émission. Un instrument de

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> Connaissance de l’environnement
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09
> Climat et CO 2
> L’échange de quotas
d’émission
Un instrument de marché pour la protection du climat
> Connaissance de l’environnement
> Climat et CO 2
> L’échange de quotas
d’émission
Un instrument de marché pour la protection du climat
Publié par l’Office fédéral de l’environnement OFEV
Berne, 2009
2
> L’échange de quotas d’émission
Impressum
Editeur
Office fédéral de l’environnement (OFEV)
L’OFEV est un office du Département fédéral de l’environnement, des transports,
de l’énergie et de la communication (DETEC)
Auteurs et conseillers OFEV
Kristin Hoffmann, Yvan Keckeis, Reto Schafer, section Climat
Rédaction
Mike Weibel
Collaboration
Martin Arnold
Illustrations
Fredl Hofmann
Traduction
Jean-Jacques Daetwyler, 3011 Berne
Référence bibliographique
OFEV (Editeur) 2009: L’échange de quotas d’émission. Un instrument de marché
pour la protection du climat. Connaissances de l’environnement n°0909. Office
fédéral de l’environnement, Berne. 19 p.
Photo de couverture
Keystone / EPA / Justin Lane
Commande
OFEV
Centrale d’expédition
CH 3003 Berne
Fax +41 (0) 31 324 02 16
[email protected]
www.environnement-suisse.ch/uw-0909-f
Numéro de commande:
UW-0909-F
Cette publication est également disponible en allemand (UW-0909-D).
© OFEV 2009
3
> L’échange de quotas d’émission
> Table des matières
Abstracts
Préface
L’échange de quotas d’émission dans la protection
internationale du climat
1.1 La Convention des Nations Unies sur le climat et
le Protocole de Kyoto
1.2 Des garde-fous politiques pour le marché
1.3 Supplémentdeflexibilitésurlemarchéclimatique
entre Etats
4
5
6
6
6
7
Le système d’échange de quotas d’émission de la Suisse
2.1 Droits d’émission pour les entreprises
2.2 La taxe sur le CO2 favorise l’échange de quotas d’émission
2.3 Lesmécanismesdeflexibilitédansl’échangedequotas
d’émission en Suisse
2.4 Le registre suisse dans le réseau numérique international
2.5 Qui doit et qui peut s’inscrire dans le registre?
2.6 Rôle de l’OFEV dans le système d’échange de quotas
d’émission
2.7 Principaux contacts et liens concernant la Suisse
9
9
10
Echanges sur le marché du carbone
3.1 Marché du carbone: courtiers et bourses
3.2 Forte croissance du marché du CO2
3.3 Plusieurs facteurs déterminent le prix
3.4 Les bourses d’Europe dominent le marché mondial
14
15
16
16
17
Glossaire (renvoi au glossaire, p. ex.: droit d’émission)
Annexe
18
19
11
11
12
13
13
4
> L’échange de quotas d’émission
> Abstracts
Emissions trading is one of the fundamental instruments of international climate
policy. It allows to reduce emissions of greenhouse gases there where it is cheap to
do so. To implement emissions trading, a limit (or Cap) must first be set to the emissions of the system. The participants in the system are then issued emission allowances, which they can trade. Emissions thus acquire a monetary value. If a participant emits more than his allowance, he must buy unused credits from others.
Credits are accounted for in a national register, but their trade follows the rules of
the market economy.
Keywords:
Die internationale Klimapolitik hat den Emissionshandel zu einer ihrer tragenden
Säulen gemacht. Er reduziert Treibhausgase dort, wo es kostengünstig ist. Beim
Aufbau des Emissionshandels wird zuerst eine Obergrenze für das System definiert
(Cap). Anschliessend werden Emissionsrechte verteilt, die gehandelt werden können (Trade). Damit erhalten Emissionen einen Preis. Emittiert ein Akteur mehr,
als ihm zugeteilt wurde, muss er zusätzliche Emissionsgutschriften erwerben, die
anderswo eingespart wurden. Verbucht werden sie in nationalen Registern. Der
eigentliche Handel mit Emissionsgutschriften ist jedoch privatwirtschaftlich organisiert.
Stichwörter:
L’échange de quotas d’émission est l’un des principaux instruments de la politique
climatique internationale. Il permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre
là où les coûts sont bas. Un plafond est au préalable défini pour les émissions de
l’ensemble du système (cap). Les droits d’émission sont ensuite distribués aux
participants, qui peuvent les négocier (trade). Les émissions acquièrent ainsi une
valeur monétaire. Celui qui émet plus que les droits alloués ne lui permettent, doit
acheter des quotas d’émission supplémentaires restés inutilisés. Les quotas sont
comptabilisés dans des registres nationaux, mais leur échange à proprement parler
se fait selon les principes de l’économie privée.
Mots-clé:
Lo scambio di quote di emissioni è uno degli strumenti precipui della politica
climatica internazionale. Si tratta di un metodo che permette di ridurre il livello
delle emissioni di gas a effetto serra dove i costi sono contenuti. Nella sua impostazione, viene dapprima fissato un tetto massimo per le emissioni relative a tutto il
sistema (Cap). Successivamente, vengono attribuiti agli attori i diritti di emissione, diritti che possono essere negoziati (Trade). Le emissioni acquisiscono così
un valore monetario. Se un attore emette più emissioni di quante assegnategli, è
tenuto ad acquistare sul mercato dei crediti di emissione supplementari rimasti inutilizzati da altri attori. Le quote di emissioni vengono contabilizzate in registri nazionali, mentre il loro scambio avviene secondo i principi dell’economia privata.
Parole chiave:
Cap and Trade, emissions trading,
climate policy, climate change,
market-based instruments, Switzerland,
flexible mechanisms, UNFCCC
Cap and Trade, Emissionshandel,
Klimapolitik, Klimawandel,
marktwirtschaftliche Instrumente,
Schweiz, flexible Mechanismen,
UNFCCC
Cap and trade, échange de quotas d’émission,
politique climatique, changements
climatiques, instruments économiques,
Suisse, mécanismes flexibles,
CCNUCC
Cap and Trade, scambio di quote di emissioni,
politica climatica, cambiamenti climatici,
strumenti dell’economia di mercato,
Svizzera, meccanismi flessibili,
UNFCCC
5
> L’échange de quotas d’émission
> Préface
«Les changements climatiques confrontent les systèmes économiques à un défi sans
précédent – ils représentent la défaillance du marché la plus grave et la plus lourde
de conséquences que le monde ait jamais connue», relève Sir Nicolas Stern, ancien
économiste en chef de la Banque mondiale, dans son rapport de 2006 sur les aspects
économiques des changements climatiques. Nous émettons plus de gaz à effet de
serre que n’en peut absorber le cycle naturel du carbone. Cet excès doit être réduit.
L’échange international de quotas d’émission est un instrument de marché adapté à
cette fin.
Le principe de l’échange de quotas d’émission est clair et convaincant: dès
que l’engagement est pris de remplir un certain objectif de réduction, il appartient
aux forces du marché de régler comment et où réduire les émissions. Il en résulte un
nouveau marché qui permet de réduire les émissions là où les coûts sont les plus
bas.
Lancé à l’échelle internationale lors de la conférence de Kyoto sur le climat,
l’échange de quotas d’émission s’est déjà établi aujourd’hui dans de nombreux pays
industrialisés et joue un rôle toujours plus important pour les entreprises.
L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) doit maîtriser plusieurs tâches
dans ce nouveau champ d’action: il fixe les niveaux des émissions des entreprises,
contrôle les rejets effectifs et rapporte au Secrétariat de l’ONU sur les changements
climatiques dans quelle mesure la Suisse atteint ses objectifs de protection du climat. L’Union européenne a déjà adopté des directives concernant le système
d’échange à partir de 2013. Des idées concrètes existent également pour la période
suivante (dès 2020).
La Suisse propose de développer, dans le cadre de la révision de la loi sur le
CO2, un système d’échange de quotas d’émission qui soit compatible avec celui de
l’UE. Les participants suisses ont ainsi accès au marché liquide de l’UE.
Pour moi, il est clair que l’échange de quotas d’émission doit continuer de jouer un
rôle central dans la politique climatique. Il représente un instrument international
qui est largement accepté au plan politique et permet de protéger le climat de façon
efficace et économiquement raisonnable.
Gérard Poffet
Sous-directeur
Office fédéral de l’environnement (OFEV)
6
> L’échange de quotas d’émission
Niveau international
> L’échange de quotas d’émission dans
la protection internationale du climat
1.1
La Convention des Nations Unies sur le climat et
le Protocole de Kyoto
La problématique des changements climatiques est discutée
au niveau international depuis la fin des années 70. A la suite
du «Sommet de la Terre», en 1992 à Rio de Janeiro, les Etats
parties ont signé la Convention-cadre des Nations Unies sur
les changements climatiques (CCNUCC). Le but de cet accord sur l’environnement est de «stabiliser les concentrations
de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui
empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique». Concrètement, cela signifie qu’à l’échelle
de la planète le rejet par habitant, qui est de plus de 6 tonnes
de gaz à effet de serre aujourd’hui, doit être abaissé à 1 ou
1,5 tonnes d’ici à 2100.
En 1997, la communauté des Etats s’est mise d’accord
sur des étapes concrètes dans le Protocole de Kyoto; 38 Etats
industrialisés ont fixé des objectifs de limitation pour la période de 2008 à 2012. La Suisse s’est engagée, comme l’UE,
à une réduction de 8 % de ses gaz à effet de serre par rapport
au niveau de 1990.
A part les objectifs de réduction, le Protocole de Kyoto
définit le cadre pour des instruments d’incitation visant à réduire les gaz à effet de serre. L’échange de quotas d’émission
et les mécanismes basés sur des projets (le mécanisme de développement propre MDP et la mise en œuvre conjointe
MOC) font partie de ces instruments. Ceux-ci sont connus
aussi sous le nom de «mécanismes de flexibilité», car ils concèdent aux Etats une certaine flexibilité dans la réalisation des
objectifs.
1.2
Des garde-fous politiques pour le marché
L’échange de quotas d’émission est le principal instrument du
Protocole de Kyoto. La quantité d’émissions totale autorisée
y est plafonnée et divisée en unités négociables. De cette manière, les émissions de gaz à effet de serre, illimitées avant
l’entrée en vigueur du protocole, sont soumises à des restrictions et font l’objet d’un marché par lequel elles acquièrent
une valeur monétaire. On parle d’un système «cap and trade».
1
Voir en annexe la liste des différentes unités d’émission.
> Les coûts sont répercutés de la collectivité aux pollueurs
Dans nombre de cas, rejeter des substances dans l’environnement ou
lui prélever des ressources ne coûte rien. Il en était ainsi autrefois en
Suisse pour les décharges. Les coûts éventuels qui découlent de telles
pratiques sont supportés par la collectivité. C’est pourquoi l’on parle
de coûts externes.
Vu que cela est de plus en plus ressenti comme une injustice et est en
contradiction avec le principe du pollueur payeur, la politique attribue
de plus en plus souvent une valeur monétaire aux biens environnementaux.
A cet égard, deux stratégies se présentent comme incitations économiques à réduire un comportement indésirable:
• L’augmentation du prix par une taxe abaisse la demande; le bien
considéré est consommé en moindre quantité (exemple: taxe
d’incitation sur le mazout).
• La limitation de la quantité entraîne l’adaptation du prix à l’offre réduite (exemple: limitation des émissions qu’une centrale électrique
est autorisée à produire).
Le prix à payer pour les atteintes à l’environnement incite leurs auteurs
à les réduire. Plus le prix est élevé, plus les mesures d’évitement sont
intéressantes. Les coûts des atteintes à l’environnement sont ainsi
internalisés.
Le Protocole de Kyoto prévoit un échange international
de quotas d’émission entre Etats industrialisés, à qui l’ONU
alloue une quantité limitée de droits d’émission (UQA)1. Un
droit d’émission correspond à une tonne d’équivalent de CO2
(éq.-CO2). Les Etats doivent remettre un droit d’émission
pour chaque tonne d’éq.-CO2 émise et peuvent vendre leurs
droits d’émission excédentaires. Par contre, si des Etats ne
remplissent pas leur objectif de réduction, ils doivent acheter
des droits supplémentaires.
L’échange de quotas d’émission permet de réduire des
émissions de gaz à effet de serre là où les coûts sont les plus
bas. Si un Etat peut éviter des émissions de gaz à effet de ser-
7
> L’échange de quotas d’émission
re à un coût avantageux, il pourra utiliser ce potentiel, ce qui
lui permettra de vendre les droits d’émission rendus superflus
par la réduction.
Le premier engagement de Kyoto porte sur la période
2008 à 2012. Les Etats industriels parties du Protocole de Kyoto ont l’obligation de procéder chaque année à un inventaire
de leurs émissions effectives de gaz à effet de serre. C’est
sur la base de cet inventaire que le Secrétariat de l’ONU sur
les changements climatiques (CCNUCC) calcule les quotas
d’émission rendus.
L’accord de Kyoto prévoit des sanctions pour les Etats
qui ne remplissent pas leur engagement. Ceux-ci devront remettre, au cours de la période suivante (à partir de 2013), les
quotas d’émission manquant majorés de 30 %. En outre, des
Etats en faute peuvent faire l’objet d’une mesure de suspen-
sion de l’échange international de quotas d’émission jusqu’à
ce qu’ils aient rempli leur objectif.
1.3
Supplément de flexibilité sur le marché climatique
entre Etats
Pour accroître la flexibilité des Etats dans la réalisation de leur
objectif, le Protocole de Kyoto prévoit deux instruments basés
sur des projets: le mécanisme de développement propre (MDP)
et la mise en œuvre conjointe (MOC). Ces deux mécanismes
permettent à un Etat de réduire des émissions à l’extérieur
de son territoire, en investissant dans des projets de protection
du climat à l’étranger et en obtenant pour cela des certificats
d’émission. En effet, pour l’objectif environnemental mondial,
soit la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre,
le lieu où ceux-ci sont évités ne joue pas un rôle décisif.
Japon
Suisse
Thaïlande
Bolivie
Réduction certifiée des émissions (RCE)
Certificats provenant de projets MDP
Unité de réduction des émissions (URE)
Certificats provenant de projets MOC
Nouvelle-Zélande
Unité de quantité attribuée (UQA)
Droits d’émission alloués initialement
aux pays industrialisés
Echange de quotas d’émission
Les pays industrialisés qui investissent dans des projets de protection du climat dans les pays en développement reçoivent des certificats d’émission (RCE). Des certificats similaires (URE) peuvent être obtenus dans le cadre de projets entre pays industrialisés.
L’échange de quotas à proprement parler est réservé aux pays qui se sont astreints à un objectif de réduction. Les droits d’émission
(UQA) sont échangés contre de l’argent.
8
> L’échange de quotas d’émission
1.3.1 MDP: opportunités pour les pays en développement et
les Etats industrialisés
Les projets MDP ont comme but d’intégrer les pays en développement dans les efforts de protection du climat et de
contribuer à leur développement durable par un transfert de
technologies favorables au climat. Les objectifs de politique
de l’environnement et du développement peuvent être ainsi
liés.
Le mécanisme de développement propre concerne des
projets de réduction dans des pays en développement, qui
n’ont donc pas d’objectif de réduction. Les certificats issus de
ces projets s’appellent Unités de réduction certifiée des émissions (URCE).
Les URCE augmentent la quantité totale des émissions
des Etats industrialisés. Aussi de tels projets sont-ils soumis à
des exigences particulièrement élevées. Les investisseurs ne
reçoivent de certificats que pour des réductions qui n’auraient
pas été atteintes sans le projet. C’est le critère dit d’additionnalité. Les Etats industrialisés ne peuvent pas non plus
acheter dans des pays en développement un nombre infini de
certificats. Ils ne peuvent y recourir qu’en complément des
efforts consentis au niveau national (supplémentarité).
1.3.2 MOC: opérations commerciales climatiques entre Etats
industrialisés
La mise en œuvre conjointe désigne des projets de réduction
des émissions réalisés par des Etats industrialisés dans d’autres
Etats industrialisés. Elle n’accroît pas la quantité totale des
émissions sur laquelle les Etats parties au Protocole de Kyoto
se sont entendus. Car la réduction est déduite de l’Etat dans
lequel le projet a lieu et portée au compte de l’Etat investisseur. Les certificats qui en découlent sont appelés Unités de
réduction des émissions (URE).
> Projets MDP et MOC dans la pratique
De l’électricité tirée de déchets de récolte (MDP)
Aux environs de Malavalli, village dans l’Etat indien de Karnataka, les
déchets de la récolte de cannes à sucre ne sont plus brûlés sur champ.
Les paysans les rassemblent et les vendent à une centrale qui produit
de l’électricité verte. Cette nouvelle installation, d’une puissance de
4,5 mégawatts, génère 145 000 certificats en sept ans.
Depuis le lancement du projet, l’approvisionnement local en électricité
s’est stabilisé et son bilan en CO 2 très substantiellement amélioré. Plus
que cela, 650 emplois ont été créés dans la région. Le combustible
fourni par les paysans est rémunéré à un prix correct, auquel s’ajoute
les cendres pour l’amendement des champs.
Electricité éolienne (MOC)
Le climat venteux de la Nouvelle-Zélande permet d’exploiter un parc
éolien de façon particulièrement efficace. Avec ses vingt-cinq turbines,
le projet de White Hill est un parc éolien de taille moyenne, qui produit
environ 200 gigawatts d’électricité par an. Ce courant est injecté dans
le réseau à la place d’électricité produite dans une centrale à charbon.
De 2008 à 2012, ce projet génère 80 000 certificats par an, ce qui
correspond à 80 000 tonnes de CO 2. Comme prévu pour les projets
MOC, il ne s’agit pas de certificats nouvellement générés: en effet, une
quantité déterminée de droits a déjà été allouée aux pays participants,
industriels et en transition. La Nouvelle-Zélande transférera donc le
nombre correspondant de certificats à l’acheteur.
9
> L’échange de quotas d’émission
Niveau national
> Le système d’échange de quotas d’émission
de la Suisse
2.1
Droits d’émission pour les entreprises
En Suisse, l’Etat fixe une limite pour les émissions de certaines entreprises et leur alloue les droits d’émission correspondants. L’économie peut ainsi également profiter de la
flexibilité accordée par le Protocole de Kyoto. Une entreprise
a alors le choix entre trois stratégies pour remplir son objectif
de limitation:
> diminuer ses émissions par ses propres mesures;
> acheter des droits d’émission supplémentaires auprès
d’autres entreprises;
> compenser, dans une mesure limitée, des émissions par des
projets MDP ou MOC.
L’entreprise est évidemment libre de combiner ces stratégies.
Installation 1
Installation 2
rejet de CO2 jusqu’ici 100 000 t
rejet de CO2 jusqu’ici 100 000 t
droits d’émission disponibles 95 000
droits d’émission disponibles 95 000
Réduction de CO2
rejet de CO2 effectif 100 000 t
rejet de CO2 effectif 90 000 t
Echange de quotas
achat 5000 t
Au départ
vente 5000 t
Une entreprise qui émet moins que la quantité fixée avec la Confédération peut vendre ses droits excédentaires à une autre entreprise.
Le marché détermine le prix des droits d’émission.
10
> L’échange de quotas d’émission
> Le principe de l’échange de quotas d’émission –
un exemple de calcul
Deux entreprises, A et B, rejettent chacune 100 0 00 tonnes de CO 2
par an. L’Etat alloue à l’une et l’autre des droits d’émission pour
95 0 00 tonnes. Elles doivent donc réaliser chacune une réduction de
5000 tonnes. L’entreprise A peut réduire ses émissions au prix de
15 francs par tonne, alors que les coûts pour l’entreprise B s’élèvent
à 50 francs par tonne.
Si le prix d’un droit d’émission sur le marché est de 30 francs,
l’entreprise A abaissera ses émissions par exemple de 10 0 00 tonnes.
La vente de 5000 droits d’émission lui permet de récupérer 150 0 00
francs et d’abaisser ses coûts de réduction à zéro franc. Par contre,
l’entreprise B achètera 5000 droits d’émission supplémentaires, ce qui
lui coûtera 150 0 00 francs au lieu de 250 0 00 qu’elle devrait débourser
pour réduire ses propres émissions.
2.2.1 Liberté des entreprises et taxe sur le CO 2
Des entreprises peuvent se faire exempter de la taxe sur
le CO2, à condition de s’engager à limiter leurs émissions de
CO2 pendant la période de 2008 à 2012.
Utiliser les combustibles fossiles de façon plus efficace
et diminuer les rejets de CO2 est doublement payant pour les
entreprises: d’une part, elles abaissent ainsi leurs dépenses
pour l’énergie, et d’autre part elles se libèrent de la taxe. Cela
permet aux entreprises suisses, en particulier à celles qui utilisent beaucoup d’énergie, de rester compétitives sur le marché international.
L’objectif de limitation du CO2 s’oriente sur:
> les objectifs de réduction de la loi sur le CO2;
> le potentiel technique;
> la viabilité économique;
> les économies déjà réalisées.
Ce système permet de réduire le rejet de CO 2 là où cela coûte le moins
2.2.2 Les entreprises exemptées obtiennent des droits d’émission
cher (et est le plus efficace).
L’Office fédéral de l’environnement alloue des droits d’émission aux entreprises exemptées, en quantité qui dépend de
l’objectif de limitation. Des certificats issus de projets MOC
ou MDP permettent aux entreprises d’obtenir un surplus de
flexibilité dans la réalisation de leur objectif de limitation
(voir 1.3). En règle générale, la quantité de certificats est toutefois limitée à 8 % de l’objectif.
Pour les émissions de CO2 des années 2008 à 2012, les entreprises doivent restituer chaque année au registre des quotas à
Dans ce contexte, l’échange de quotas d’émission constitue un instrument efficace d’économie de marché:
> Les entreprises déterminent selon des critères d’économie
d’entreprise quand et où elles entendent diminuer leurs
émissions ou acheter des quotas d’émission supplémentaires.
> Les émissions sont limitées là où les coûts sont les plus
bas. De cette manière, les coûts baissent globalement pour
toutes les entreprises associées au système.
> L’allocation d’une quantité déterminée garantit que
l’objectif environnemental, à savoir la réduction des
émissions totales, sera atteint.
2.2
La taxe sur le CO 2 favorise l’échange de quotas d’émission
La loi sur le CO2 se concentre sur la diminution de la consommation d’énergie fossile en Suisse. Jusqu’en 2010, les émissions de CO2 doivent être réduites de 10 % par rapport à 1990.
Pour atteindre cet objectif, la Suisse a introduit au 1er janvier
2008 une taxe de 12 francs par tonne de CO2 sur les combustibles fossiles tels que le mazout et le gaz naturel. Selon
l’évolution des émissions, la taxe sera augmentée à 36 francs
par tonne de CO2 à partir de 2010. Cette taxe renchérit les
coûts de chauffage pour les particuliers et les coûts d’énergie
pour les entreprises.
Les dépenses supplémentaires occasionnées par la taxe
incitent à faire un usage économe des combustibles fossiles et
encouragent le recours à des agents énergétiques à bilan en
CO2 neutre ou peu élevé. En même temps, il devient plus
attractif d’investir dans des technologies plus efficaces.
> Préférer les techniques à faibles rejets de CO 2
En optant pour l’échange de quotas d’émission, les responsables
politiques suisses ont choisi une solution de réduction des émissions
de CO 2 qui relève de l’économie de marché. A l’opposé de l’ordre
public, qui soumet toutes les entreprises aux mêmes obligations
indépendamment de leur situation individuelle, par exemple en
prescrivant de recourir à la meilleure technique disponible, les
instruments de politique environnementale relevant de l’économie de
marché jouent sur les prix pour agir sur l’offre et la demande. En
principe, plus le prix d’un bien augmente, plus la demande baisse; si
le prix baisse, la demande augmente. Si, donc, la demande pour une
technique de production nécessitant beaucoup d’énergie ou pour un
comportement de consommation entraînant beaucoup d’émissions
diminue, il faut renchérir cette technique ou ce comportement.
Du point de vue de l’économie nationale, l’échange de quotas d’émission incite fortement à utiliser des technologies en faveur d’une économie rejetant moins de CO 2. Cela signifie que ce système récompense
les entreprises qui anticipent la tendance et épuisent pleinement le
potentiel à leur disposition en dépassant leurs engagements.
11
> L’échange de quotas d’émission
> De nombreuses entreprises se sont déjà fait exempter de la taxe
Quelque 900 entreprises des branches du ciment, du papier et carton,
du verre et de la céramique, de la métallurgie et construction mécanique, des matières plastiques, de l’alimentation et des fonderies sont
exemptées de la taxe depuis 2008. D’autres entreprises pourront faire
d’autres entreprises exemptées en cas d’excédents d’émissions.
Si une entreprise ne restitue pas suffisamment de quotas
d’émission au terme de la période d’engagement, elle doit payer, à titre de sanction, la taxe sur le CO2 majorée des intérêts.
aussi à l’avenir.
Des 900 entreprises précitées, 350 reçoivent des droits d’émission
pour un total d’environ 3 millions de tonnes de CO 2. Le reste des
entreprises exemptées sont des PME pour lesquelles des objectifs ont
été fixés sur la base du modèle du benchmark ou d’un plan de mesure
individuel, compte tenu de leurs faibles émissions. Ces entreprises ne
reçoivent pas de droits d’émission, mais peuvent acheter des quotas
si elles n’atteignent pas les objectifs fixés.
hauteur de la quantité de CO2 effectivement émise. Cette procédure d’invalidation a lieu pour la première fois en mai 2009.
Des quotas d’émission non épuisés peuvent être vendus ou
reportés sur une période d’engagement future (banking). A
l’inverse, des droits d’émission doivent être achetés auprès
2.3
Les mécanismes de flexibilité dans l’échange de quotas
d’émission en Suisse
Les entreprises suisses peuvent améliorer leur bilan de CO2
par des certificats issus de projets de protection du climat à
l’étranger, à hauteur de 8 %. L’enregistrement et l’exécution
de projets MDP et MOC obéissent à une procédure assez
lourde2.
Un critère majeur pour l’autorisation de projets est
l’additionnalité (des émissions). Pour que la réduction des
émissions ait effectivement un effet positif sur le climat,
l’économie réalisée doit aller au-delà du «business as usual»
(BAU). Il faut donc montrer pour chaque projet qu’il permet
de réduire des émissions et que cette prestation s’ajoute (est
additionnelle) à ce qui aurait été sans le projet. Cette démonstration et sa vérification sont souvent problématiques,
parce que le concepteur du projet a une longueur d’avance en
matière d’information sur l’organe de contrôle, le comité exécutif MDP (CDM Executive Board). Il peut être difficile de
distinguer un projet MDP additionnel du «business as usual».
L’examen de l’additionnalité est prioritaire, vu que chaque
unité de réduction certifiée des émissions (URCE) donne droit à l’émission d’une tonne de CO2 supplémentaire dans des
pays industrialisés. Tout projet non additionnel entraîne donc
une augmentation des émissions globales.
2.4
Le registre suisse dans le réseau numérique international
Chaque pays doit instaurer son propre registre des échanges
de quotas d’émission. Les registres nationaux sont reliés par
l’institution internationale de contrôle (le journal des transactions internationales, ITL) du Secrétariat de l’ONU sur les
changements climatiques. Le registre suisse des échanges de
quotas d’émission s’y est rattaché le 4 décembre 2007 et a été
ainsi le premier en opération dans le monde.
Les quotas d’émission sont comptabilisés dans le registre suisse des échanges de quotas d’émission (www.nationalregistry.ch). Celui-ci est comparable à un registre foncier; il
sert à documenter les modifications. L’échange à proprement
parler des quotas est organisé selon les principes de l’économie
de marché.
Pour de plus amples informations sur MDP/MOC, voir www.environnement-suisse.ch/
echangedequotas > mécanismes basés sur des projets
2
Moins de CO2 pour plus de bénéfices.
12
> L’échange de quotas d’émission
Les processus suivants sont consignés dans le registre
des échanges de quotas d’émission
2.5
Quoi
Qui
Allocation
Allocation de droits d’émission
à des entreprises exemptées de
la taxe
OFEV
Transfert
Transfert de quotas d’émission
d’un compte à un autre
Entreprises exemptées
de la taxe et autres
utilisateurs
Acquisition
Réception de quotas d’émission
sur un compte
Entreprises exemptées
de la taxe et autres
utilisateurs
Annulation
Annulation définitive de quotas
d’émission p. ex. pour des
compensations volontaires. Ne pas
confondre avec l’invalidation.
Entreprises exemptées
de la taxe et autres
utilisateurs
Invalidation
Restitution de quotas d’émission
pour la réalisation de l’objectif
Entreprises exemptées
de la taxe
Le registre permet à l’OFEV de contrôler les engagements.
En même temps, il aide les autorités à remplir l’objectif national de Kyoto.
Qui doit et qui peut s’inscrire dans le registre?
Vu que les quotas d’émission n’existent que sous forme électronique, quiconque veut participer à leur échange doit ouvrir
un compte dans le registre suisse des échanges de quotas
d’émission. Des émoluments sont prélevés pour l’ouverture et
la tenue d’un compte. Les entreprises exemptées de la taxe
(voir 2.2.1) ouvrent un compte pour que la Confédération
puisse leur allouer des droits d’émission et les comptabiliser.
Les droits d’émission des entreprises exemptées sont
portés au compte chaque année au début du deuxième trimestre. Jusqu’au 1er juin de l’année suivante, chaque entreprise
qui participe à l’échange doit transférer suffisamment de quotas de son compte de détention au compte de restitution. Les
quotas d’émission restitués doivent couvrir les émissions de
l’année précédente. L’échange de quotas d’émission est ouvert aussi à tous les autres acteurs, tels que particuliers, marchands ou courtiers, qui ouvrent un compte de non-exploitant.
Les transactions nationales sont effectuées dans le
registre, les transactions internationales entre registres rattachés. Lors de chaque transaction, l’ITL contrôle l’authenticité
Registre national
Registre national
Registre de l’ONU (ITL)
Registre national
Registre MDP
Registre national
Chaque pays qui veut participer à l’échange de quotas d’émission doit posséder un registre national de quotas. Toutes les transactions internationales se déroulent via le système de l’ONU (ITL), en particulier celles concernant les projets MDP menés dans les
pays en développement.
13
> L’échange de quotas d’émission
> Publication électronique s donnéedes
En tant qu’office chargé de la mise en œuvre du Protocole de Kyoto
et de la loi sur le CO 2, l’OFEV est responsable de la tenue du registre.
Les accords internationaux sur le climat prescrivent que les données
2.7
Principaux contacts et liens concernant la Suisse
De plus amples informations sur la politique climatique de la
Suisse, notamment sur l’échange de quotas d’émission et sur
la taxe sur le CO2, peuvent être obtenues aux adresses internet
suivantes:
des registres soient publiées sous forme électronique. L’OFEV devant
respecter aussi la loi suisse sur la protection des données, seules les
Echange de quotas d’émission, mécanismes de flexibilité
indications suivantes du registre sont publiques:
Site internet: www.environnement-suisse.ch/echangedequotas
Contact par e-mail: [email protected]
• le numéro de compte
• le nom et les coordonnées du titulaire du compte et des mandataires
• le nombre de droits d’émission alloués par la Confédération
Climat
• le respect de l’engagement formel (invalidation des quotas
Site internet: www.environnement-suisse.ch/climat
Contact par e-mail: [email protected]
d’émission sur le compte de restitution)
Taxe sur le CO 2 et exemption de cette taxe
Site internet: www.environnement-suisse.ch/taxe-co2
Contact par e-mail: [email protected]
des quotas au moyen d’un numéro de série et s’assure qu’un
quota n’existe toujours que sur un seul compte.
2.6
Rôle de l’OFEV dans le système d’échange de quotas
d’émission
L’OFEV est en charge des questions de politique climatique
en Suisse. A ce titre, il est responsable de la réalisation des
objectifs de Kyoto et de la mise en œuvre de la loi sur le
CO2.
En ce qui concerne le registre des échanges de quotas
d’émission, l’OFEV se charge des tâches suivantes:
> exploitation et du développement du registre;
> ouverture de comptes dans le registre;
> perception des émoluments;
> assistance aux utilisateurs du registre (helpdesk, courriels);
> contrôle de la réalisation de l’objectif (suivi) des entreprises (loi sur le CO2) et de la Suisse (Protocole de Kyoto);
> administration des comptes d’Etat.
En tant qu’autorité nationale désignée (AND), l’OFEV est en
outre responsable de l’utilisation correcte des mécanismes de
flexibilité du Protocole de Kyoto. Ces principales tâches consistent à:
> réceptionner les dossiers de projets;
> enregistrer des projets;
> contrôler la qualité de ces derniers de façon neutre sur le
plan de la concurrence et garantir ainsi leur intégrité
écologique;
> délivrer les autorisations écrites aux exploitants de projets.
Portail du registre suisse des échanges de quotas d’émission
www.national-registry.ch
> CH et UE: rattachement prévu
L’Union européenne a partagé l’objectif de Kyoto pour la réduction
des émissions selon sa propre clé de répartition et alloué les quantités
correspondantes aux 27 Etats membres. A leur tour, ces pays ont réparti les droits d’émission entre les différentes branches de leur économie. Ces droits peuvent être négociés dans le système d’échange de
quotas d’émission de l’UE (European Union Emission Trading Scheme
EU ETS) 3.
La participation à l’EU ETS est obligatoire pour plus de 12 000 sociétés
de secteurs tels que la chimie, l’acier, les matériaux de construction,
le papier ou la production d’énergie. Le volume de ce marché dans
l’UE s’élève à plus de 2000 millions de droits d’émission (pour environ
3 millions en Suisse).
L’UE a en majeure partie déjà fixé sa stratégie pour l’après 2012.
Son objectif est une réduction annuelle de ses émissions (dans les
branches concernées) de 1,74 % au minimum, avec le système cap
and trade déjà en œuvre aujourd’hui. Les droits d’émission ne sont
plus alloués gratuitement; ils sont de plus en plus souvent mis aux
enchères. Une part des réductions peut être couverte par des certificats étrangers. L’entreprise qui ne remplit pas son objectif devra
s’acquitter d’une amende et remettre les quotas manquants l’année
suivante.
La Suisse souhaite rattacher son système d’échange de quotas à celui
de l’UE dans le cadre de la révision de la loi sur le CO 2. Pour cela, elle
doit aligner ses exigences à celles du système de l’UE.
3
http://ec.europa.eu/environment/climat/emission/index_en.htm
14
> L’échange de quotas d’émission
Commerce
> Echanges sur le marché du carbone
L’échange de quotas d’émission et de certificats a donné naissance à un nouveau marché, exploité par une branche du
secteur des services en plein développement. Le marché du
CO2 a maintenant ses négociants, ses experts financiers, ses
gestionnaires, mais aussi des spécialistes qui développent de
nouveaux produits financiers dans ce secteur. En outre, des
conseillers, des fournisseurs de nouvelles technologies, des
prestataires de services financiers, des courtiers et des assureurs trouvent de nouveaux champs d’activité dans le contexte
des mécanismes basés sur des projets (MDP/MOC).
Les quotas d’émission sont comptabilisés dans un registre national des échanges de quotas d’émission (voir 2.4),
mais l’échange lui-même est organisé exclusivement selon
l’économie de marché. Acheteurs et vendeurs doivent s’entendre sur la quantité et le prix. Dans le cas le plus simple, ils
cherchent eux-mêmes un partenaire commercial approprié.
Mais cela est souvent lié à des coûts élevés de recherche et de
transaction.
Ce marché se développant et gagnant en liquidités,
d’autres procédures se sont établies qui facilitent l’échange de
quotas d’émission, notamment des transactions de gré à gré
(voir 3.1.1), effectuées par l’intermédiaire de courtiers privés,
ainsi que des bourses.
La poursuite de l’exploitation d’une installation industrielle polluante ou d’une centrale de production d’énergie requiert l’achat de
droits d’émission, car l’Etat réduit la quantité autorisée d’émissions.
15
> L’échange de quotas d’émission
Volume annuel en gigatonnes d’éq.-CO2
5
+ 82 %
autres
4
MOC
3
MDP (total)
+ 64 %
ETS (total)
2
+ 104 %
1
0
2005
2006
2007
2008
Le volume de quotas en gigatonnes d’éq.-CO2 négocié dans le monde a fortement augmenté. Les droits européens et les certificats MDP
sont les plus nombreux. Sous «autres» figurent les unités issues de systèmes régionaux, tels que ceux mis en œuvre aux Etats-Unis.
3.1
Marché du carbone: courtiers et bourses
3.1.1 Les transactions de gré à gré
Contrairement aux bourses, les transactions de gré à gré
(« over-the-counter », OTC) concernent surtout des produits
sur mesure. Les courtiers y jouent un rôle important. Ils ont
des contacts avec des entreprises ou des négociants qui
achètent ou vendent des droits d’émission. Les courtiers associent des concepteurs de projet avec des investisseurs et des
acheteurs et vendeurs de certificats. Les entreprises ont souvent besoin des conseils de courtiers, notamment lors de la
constitution et du financement de projets MDP.
Les courtiers opèrent aussi avec des forwards, c’est-àdire avec des contrats qui permettent de négocier à un prix
déterminé des certificats non encore générés. Dans ce cas,
les modalités de paiement ou les conséquences en cas de nonrespect doivent être réglées par contrat.
3.1.2 Les bourses
Les bourses promeuvent la liquidité du marché et permettent
de maîtriser un volume d’échanges plus important que les
acteurs hors bourse. Des quotas d’émission y sont négociés à
des conditions connues (p. ex. quantité minimum, règles du
jeu). Elles prescrivent en général un minimum de 1000 tonnes
de CO2 par transaction.
A la différence des opérations OTC, c’est la bourse qui
répond de l’aptitude des partenaires de la transaction à effectuer le paiement et la livraison.
Elle publie aussi en permanence des informations sur
les prix et les volumes des transactions. Cela confère une plus
grande transparence au marché et permet aux entreprises de
définir leur position.
Les bourses du CO2 ont en général des comptes dans les
différents registres nationaux d’échange des quotas d’émission.
Le vendeur transfère les certificats sur un tel compte puis,
après la vente, sur le compte de l’acheteur. Les bourses déduisent une commission pour chaque transaction.
3.1.3 Marché spot et opérations à terme
Il faut distinguer plusieurs sortes de transactions. Dans les
opérations sur le marché spot (opérations de caisse), le contrat
est immédiatement honoré. Les entreprises peuvent acheter
sur le marché spot des quotas d’émission en cas de découvert
et en vendre en cas d’excédent. Une fois l’affaire conclue, les
> L’échange de quotas d’émission
quotas d’émission sont débités du compte du vendeur et transférés sur celui de l’acheteur. A Paris, la bourse Bluenext propose un marché spot pour des certificats MDP par le biais du
registre suisse des échanges de quotas d’émission.
Dans les marchés à terme (avant tout les forwards et
les futures), le moment de l’accord (quantité et/ou prix) diffère
de celui de la transaction. L’acheteur paie et reçoit les quotas
d’émission plus tard. Les marchés à terme servent surtout à
garantir le prix des certificats d’émission et permettent aux
entreprises participant à l’opération de gérer efficacement
le risque en matière de CO2 et de planifier les coûts des émissions.
3.2
Forte croissance du marché du CO 2
Le marché mondial des quotas d’émission est en forte croissance. En 2008, la valeur globale de ce marché se situait aux
environs de 100 milliards d’euros (en augmentation de 150 %
par rapport à 2007). Les échanges ont porté sur plus de 2,7
milliards de tonnes de CO2 (en 2006: 1,6 milliard de tonnes).
Le système d’échange de l’UE domine clairement avec une
valeur de marché d’environ 70 milliards d’euros.
3.3
Plusieurs facteurs déterminent le prix
L’évolution des prix des quotas d’émission dépend de plusieurs facteurs.
> Plafond imposé aux émissions
La quantité qui peut être émise dans un pays a été fixée
lors d’un processus politique (Protocole de Kyoto). Si le
nouvel accord est plus ambitieux, le prix des émissions
doit augmenter.
> Coûts d’évitement et progrès technique
Plus les coûts d’évitement sont faibles, plus la quantité de
CO2 évitée est importante. Le progrès technique permet
d’abaisser les coûts d’évitement et de réduire ainsi le prix
du CO2.
14
30
12
25
10
20
8
15
6
10
4
5
2
Euros/t
35
0
Millions de tonnes de CO2
16
0
2007
2008
Volumes négociés
Prix des EUA
Prix des RCE
Le volume négocié sur les bourses européennes atteint jusqu’à 12 millions de tonnes par jour. Les prix des quotas d’émission de l’UE
(EUA) varie entre 15 et 30 euros la tonne d’éq.-CO2. Celui des RCE est moins élevé en raison d’incertitudes. Source: Point Carbon
17
> L’échange de quotas d’émission
> Options d’échange pour les entreprises suisses
Une bourse d’échange pour les quotas d’émission suisses (CHU) a été
créée en novembre 2009 par la Banque cantonale bernoise (BCBE) en
collaboration avec l’OFEV. La plate-forme de la BCBE (www.otc-x.ch/
emissionsrechte) donne un aperçu des prix et du volume de quotas
échangés.
Les CHU peuvent être négociés par les entreprises exemptées de la
taxe sur le CO 2 et les acteurs intéressés sans participer directement
au système d’échange, soit de façon bilatérale au travers d’entreprises
spécialisées, soit par l’intermédiaire de courtiers.
La plate-forme de la CCNUCC (www.cdmbazaar.net) fournit toutes les
informations utiles sur l’achat et de la vente de certificats MDP ou
MOC et renseigne sur les prestataires de services. Les entreprises
suisses qui proposent un service dans le domaine de l’échange de
3.4
Les bourses d’Europe dominent le marché mondial
Les plus importantes bourses de CO2 offrent aussi bien des
certificats selon le Protocole de Kyoto (UQA, URCE, URE)
que des quotas d’émission européens (EUA): en été 2008,
l’European Climate Exchange, à Londres, était la plus grande
plate-forme d’échanges; environ 90 % de tous les quotas
d’émission échangés y sont négociés, le plus souvent dans des
marchés à terme. Il existe d’autres bourses de CO2 à part
l’European Climate Exchange de Londres et d’Amsterdam,
par exemple Nord Pool à Oslo, Climex à Utrecht et la bourse
de l’environnement Bluenext à Paris. A l’European Energy
Exchange de Leipzig et à l’Energy Exchange de Vienne, il est
possible d’échanger des EUA, mais pas des quotas d’émission
selon le Protocole de Kyoto. Bluenext offre un marché spot
pour des certificats MDP par le biais du registre suisse des
échanges de quotas d’émission (voir 2.4).
quotas peuvent s’y inscrire.
Choix de liens vers des plates-formes d’échange établies
> Croissance économique
Plus la croissance économique est forte, plus la production
croît et plus les services prospèrent, ce qui génère plus
d’émissions et augmente le prix des quotas d’émission.
Mais le contraire peut également se produire: la haute
conjoncture stimule la demande en énergie et augmente le
prix de cette dernière. Il devient alors intéressant d’investir
dans des techniques de production à plus faibles émissions
et de maintenir un niveau d’émission constant.
> Prix de l’énergie
Plus les prix des énergies fossiles est élevé, plus celles-ci
seront substituées ou évitées. Conséquence: moins
d’émissions et, à objectif de limitation constant, diminution du prix des quotas d’émission.
Le marché du CO2 est également influencé par la différence entre le prix du charbon et celui du gaz: si le prix du
gaz baisse par rapport à celui du charbon, ce dernier sera
remplacé par le gaz. Conséquence: moins d’émissions et
diminution du prix du CO2.
> Intempéries
Un hiver froid influence la demande en énergie (voir plus
haut). Si le niveau d’eau des lacs de retenue est bas, le prix
du CO2 augmente car il est produit plus d’électricité à
partir d’énergies fossiles.
> European Climate Exchange, Londres et Amsterdam:
www.ecx.eu
> Nord Pool, Oslo:
www.nordpool.com
> Climex, Utrecht:
www.climex.com
> Bluenext, Paris:
www.bluenext.eu
> Plate-forme d’échange de la BEKB|BCBE:
www.otc-x.ch/emissionsrechte
> European Energy Exchange, Leipzig:
www.eex.com
> Energy Exchange Austria, Vienne:
www.exaa.at
> Quelques entreprises spécialisées donnent un aperçu des
prix actuels d’échange (avec historique des prix).
www.evomarkets.com
www.co2-handel.de
Point Carbon à Oslo développe des modèles de prévision qui
devraient permettre de prédire le risque et l’évolution des prix
du marché des échanges de quotas d’émission.
(www.pointcarbon.com).
18
> L’échange de quotas d’émission
> Glossaire
Additionnalité
Selon les normes internationales, les projets de protection du climat
qui génèrent des certificats négociables doivent être additionnels,
c’est-à-direentraînerdesréductionsd’émissionsupplémentaires.
La preuve de l’additionnalité est fournie par une comparaison entre
l’évolution de référence sans le projet et les performances (pronostiquées) du projet en matière de réduction.
BAU, business as usual
L’évolution de référence décrit comment les émissions de gaz à effet
de serre auraient évolué sans la réalisation d’un projet donné. Pour
déterminer l’avantage du projet, les émissions de gaz à effet de serre
attendues de ce dernier sont comparées au scénario de référence.
Cap and trade
Ce principe réunit les deux éléments de base d’un système d’échange
de quotas d’émission. Il consiste à fixer un plafond (cap) et à allouer
des droits d’émission négociables (trade).
CCNUCC, Convention-cadre des Nations Unies sur
les changements climatiques
Elle a pour objectif d’empêcher les perturbations anthropiques du
système climatique. Cette dénomination est utilisée aussi pour le
secrétariat de l’ONU sur les changements climatiques qui accompagne la mise en œuvre de la Convention et du Protocole de Kyoto. Ce
secrétariat a son siège à Bonn.
Certificats d’émission
Certificats issus de projets MDP ou MOC, autorisant l’émission de la
quantité correspondante d’éq-CO 2.
CHU, quota suisse
Droit d’émission alloué aux entreprises participant au système
d’échange de quotas d’émission.
CO 2, dioxyde de carbone (gaz carbonique)
Le gaz à effet de serre anthropique le plus fréquent. Il est produit en
grande partie par la combustion d’agents énergétiques fossiles.
Droit d’émission
Le droit d’émettre une tonne d’éq-CO 2. Les droits d’émission sont
alloués aux pays industrialisés par l’ONU. Ces pays les distribuent à
des branches ou à des entreprises.
Eq-CO 2, (équivalents de CO 2)
A part le CO 2, le Protocole de Kyoto compte entre autres gaz à effet de
serre le méthane, le protoxyde d’azote, les hydrocarbures fluorés et
d’autres gaz synthétiques. A quantité égale, leur effet sur le climat est
souvent beaucoup plus prononcé que pour le CO 2. Cet effet est
exprimé en équivalents de CO 2. Par exemple, 1 tonne de méthane
correspond à 21 tonnes d’équivalents de CO 2.
Echange de quotas d’émission (selon le principe «cap and trade»)
L’échange de quotas d’émission présuppose qu’un plafond a été fixé
pour les émissions. Cette quantité est mise aux enchères ou allouée
gratuitement («grandfathering», c’est-à-dire allocation fondée sur les
émissions antérieures). Si une entreprise rejette plus de CO 2 que la
quantité allouée, elle peut acheter des quotas ou certificats d’émission supplémentaires. A l’inverse, elle peut vendre ceux qu’elle a en
surnombre.
Inventaire des émissions de gaz à effet de serre
Pour suivre l’évolution des émissions, l’OFEV établit chaque année un
inventaire des émissions de gaz à effet de serre. Cet inventaire inclut
le dioxyde de carbone (CO 2), le méthane (CH 4), le protoxyde d’azote
(N 2O) ainsi que les hydrocarbures fluorés partiellement halogénés
(HFCH), les hydrocarbures perfluorés (PFC) et l’hexafluorure de soufre
(SF 6). Le relevé est effectué selon des directives internationales dans
les six secteurs de l’énergie, des processus industriels, des solvants,
de l’agriculture, de l’utilisation du sol (et des changements de cette
utilisation), de la forêt et des déchets. L’inventaire est transmis chaque
année au Secrétariat de l’ONU sur les changements climatiques.
MDP, mécanisme de développement propre
Il fait partie des mécanismes de flexibilité du Protocole de Kyoto. En
réalisant des projets MDP dans des pays en développement, des pays
industrialisés acquièrent des certificats d’émission négociables (URCE)
qui sont portés au crédit de leurs objectifs d’émission nationaux.
MOC, mise en œuvre conjointe
Projets réduisant les émissions, réalisés dans des pays industrialisés
ou en transition et générant des certificats (appelés URE).
Protocole de Kyoto
Le Protocole de Kyoto a concrétisé les objectifs et principes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Il
constitue un cadre réglementaire qui, dans une première phase, oblige les pays industrialisés à abaisser leur rejet de gaz à effet de serre.
Quotas d’émission
Les quotas d’émission regroupent les droits et les certificats d’émission.
Quota européen (EUAs – EU Allowances)
Droit d’émission alloué aux entreprises participant au système
d’échange de quotas d’émission de l’UE.
RCE, réduction certifiée des émissions
Certificat provenant de projets MDP.
Taxe sur le CO 2
Elle est prélevée depuis 2008 sur des combustibles tels que le
mazout ou le gaz naturel. Cette taxe n’est pas un impôt, mais un
instrument d’incitation. Elle est redistribuée à la population en parts
égales et à l’économie proportionnellement à la masse salariale.
UQA, unité de quantité attribuée
Droit d’émission alloué aux Etats industrialisés pour une période d’engagement.
URE, unité de réduction des émissions
Certificat d’émission issu de la réalisation de projets de mise en
œuvre conjointe (MOC).
19
> L’échange de quotas d’émission
> Annexe
Unités intervenant sur le marché international des émissions 4
Le Protocole de Kyoto distingue plusieurs types de quotas d’émission.
En Suisse, des droits d’émission d’autres Etats ne sont pris en compte que si ces derniers exploitent un système d’échange de quotas
d’émission similaire à celui de la Suisse. Certains pays, avant tout en transition, comme la Russie, possèdent une grande réserve de
quotas d’émission du fait qu’ils ont subi de profondes mutations structurelles seulement après l’évaluation de Kyoto. Ces droits d’émission
excédentaires sont considérés comme du vent («hot air», dans le jargon), car ils ne sont pas le produit d’un véritable effort de réduction.
La Suisse aspire à conclure avec l’UE un accord de reconnaissance mutuelle des droits d’émission.
Nom de l’unité
Abréviation
Utilisation
Unité de quantité attribuée
UQA (2, 3)
Droits d’émission alloués initialement aux pays industrialisés
Quotas suisses
CHU (1, 2, 3)
Droits d’émission alloués aux entreprises participant au système suisse d’échange de quotas
d’émission. Lors de transferts à l’étranger, les CHU deviennent des UQA et ne peuvent plus
être retransformés en CHU par une transaction les faisant revenir en Suisse. Actuellement,
les CHU ne sont pas non plus convertibles avec des EUA.
Unités de réduction des
émissions
URE (1*, 2, 3)
Certificats issus de projets MOC. Ils proviennent de la conversion d’UQA.
Unités de réduction
certifiée des émissions
URCE (1*, 2, 3) Réduction certifiée des émissions dans le cadre de projets MDP.
URCE temporaires
URCE-T (1*, 2) Certificats issus de projets MDP d’afforestation et de reforestation. Ces quotas ne peuvent pas
être reportés sur une nouvelle période d’engagement et ne sont valables que temporairement.
URCE de longue durée
URCE-LD (1*, 2) Certificats temporaires issus de projets MDP d’afforestation et reforestation. Leur validité
expire à la fin de la durée de projet.
Quotas européens
EUA (2*, 3*)
Droits d’émission alloués aux entreprises participant au système d’échange de quotas
d’émission de l’UE.
Notes:
1 Peuvent être portées au compte de l’objectif de limitation du CO2
1* Possibilités restreintes de porter ces unités au compte de l’objectif de limitation de CO2
2 Négociables (CH, UE, international)
2* Négociables seulement dans l’UE
3 Report possible sur la période d’engagement suivante (Banking)
3* Banking dans l’UE
Pour des données détaillées sur les systèmes d’échange, voir www.environnement-suisse.ch/echangedequotas > Registre national des quotas d’émission > Questions sur
le registre
4
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