Article 23, DUDH Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes et à la protection contre le chômage. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal. Quiconque travaille à droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine (…). Toute personne a le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats pour défendre ses intérêts. Euro-manifestation à Ljubljana: plusieurs milliers de travailleurs européens ont répondu à l’appel de la CES pour des meilleurs salaires, correspondant à une répartition plus équitable des bénéfices. Revendication: un traitement égal pour les travailleurs de toute l’Europe (y compris : migrants, jeunes, femmes) Humeur: ras le bol, colère et impatience à l’égard de la baisse du pouvoir d’achat et de la modération excessive des salaires, qui explique leur difficulté croissante à maintenir un niveau de vie décent pour eux-mêmes et leur famille. Depuis 1995, la part des salaires dans le PIB a diminué dans toute l’UE, alors que les profits ont augmenté. Les cadres supérieurs gagnent jusqu’à 300 fois plus que leurs travailleurs, dont 30 millions n’ont qu’un salaire de misère, tandis qu’un écart salarial de 15% sépare les hommes et les femmes. Cette modération salariale ne crée pas plus d’emplois, comme l’affirment certains, mais se traduit, au contraire, par une stagnation de la demande intérieure et une baisse des taux d’emploi. Les syndicats européens réclament : 1) une augmentation des salaires réels et du pouvoir d’achat, afin de stimuler la demande et de favoriser des emplois plus nombreux et de meilleure qualité ; 2) des salaires minimaux décents afin de lutter contre la pauvreté ; 3) l’égalité des salaires pour les hommes et les femmes ; 4) des négociations collectives plus solides, y compris au plan européen, afin de mettre un terme au dumping social ; 5) des salaires équitables pour le secteur public, les travailleurs intérimaires et mobiles ; 6) un éventail plus large de possibilités pour l’apprentissage tout au long de la vie ; 7) une limitation des revenus des grands patrons. Etude de cas : Nike en Asie Jusqu'en 1988, la Corée du Sud était l'un des principaux pays de production de Nike. En 1988, les travailleurs coréens gagnent de longue lutte le droit de former des syndicats. Cette année-là, Nike ralentit fortement ses commandes passée auprès d'entreprises coréennes et conseille vivement à ses fournisseurs coréens de délocaliser dans des pays plus "accueillants", comme l'Indonésie, sous la dictature de Suharto, à l'époque. En 1998, les Indonésiens viennent à bout du régime de Suharto, les syndicats restés des années clandestins, se développent et se structurent progressivement. Cette année-là, Nike entame une réduction drastique de ses commandes passées auprès d'entreprises installées en Indonésie et se tourne vers la Chine et le Vietnam. Décortiquons le prix de la Nike « Air Pegasus » en vente à 70 dollars aux Etats-Unis ! Le salaire de la travailleuse qui la fabrique ne représente que 2,75 dollars, pour 35 dollars pour les coûts de distribution, 17 dollars pour la promotion et le reste pour les coûts de matières premières, des machines d’assemblage, de transports et de douane. Décente cette stratégie ? 6 Monde/mondialisation en crises crise financière > crise bancaire > crise petit actionnariat/épargne > crise économique « subprimes » : crédits hypothécaires à taux variables octroyés par courtiers à des millions de ménages pauvres américains dans un contexte de crises: alimentaire, climatique, sécuritaire, institutionnelle/onusienne.... faillite modèle de développement autorégulation du marché et dumping social au profit d’une sphère financière. impasse: locomotive de la mondialisation = consommation des ménages, or pouvoir achat en chute et compression des revenus au N et exploitation au Sud. tandis que dictature 15% entreprises/actionnariat, gouvernements = pompiers càd réponse court terme en socialisant les pertes/risques/externalités négatives dont coûts sociaux/climatiques.. Les 3 grandes mutations de l’économie mondiale Le doublement de la main d’œuvre mondiale suite à l’émergence depuis 1990 de 1,5 milliard de personnes issues des économies jusque là fermées de l’ex-URSS et de pays émergents comme l’Inde et la Chine L’ouverture croissante des marchés suite à la libéralisation du commerce, des investissements et des mouvements de capitaux internationaux La révolution informatique qui a permis aux firmes de numériser l’interface entre les différents maillons de la chaîne de production (conception, fabrication des composants, fabrication des produits, commercialisation) et de localiser ces différentes fonctions dans les endroits du monde les plus attractifs Les 3 piliers du gouvernement d’entreprise Recentrage des activités et augmentation de la taille des firmes Fragmentation des chaînes de valeur et stratégies de localisation des firmes rapidité des rendements (création de valeur boursière à court terme et garantie d’un retour sur fonds propres de 15% en moyenne) Evolution de la part des salaires dans la richesse créée par l'ensemble de l'économie 70,0% 68,0% 66,0% 64,0% 1970 62,0% 1980 60,0% 1995 58,0% 2005 56,0% 54,0% 52,0% 50,0% France Union européenne G7 La nouvelle division internationale du travail Centre : Triade où conception et distribution des produits Semi périphérie : pays émergents où assemblage des composants et fabrication des produits Périphérie : PMA pourvoyeurs de matières premières, parfois exportateurs de main d'oeuvre peu qualifiée L’impact dans les Sud Localisation de la fabrication dans les pays émergents à faible coût unitaire du travail qui deviennent des lieux d’assemblage de composants Augmentation des revenus inégalitaire dans les pays émergents Marginalisation des pays pauvres malgré le faible coût salarial La course à la compétitivité des États Recherche d’un coût unitaire du travail compétitif (technologies, salaires, etc.) Libéralisation du marché du travail (flexibilité et démantèlement des systèmes de protection sociale) Compétition fiscale Accords commerciaux de libre échange bilatéraux et régionaux Les principaux facteurs de localisation selon la CNUCED Stabilité macroéconomique et politique Qualité des télécommunications Coût et disponibilité du travail qualifié Niveau des impôts sur les sociétés Qualité des services financiers Aides aux investissements Politique envers les investisseurs étrangers Droit du travail Accords bilatéraux sur la double imposition Les 3 défis du syndicalisme Financiarisation des firmes et « désincarnation » des centres de décision Fragmentation des unités de production, sous-traitances et affaiblissement des capacités de négociations Capacités de délocalisations et chantages à l’emploi comme stratégie de négociation L’impact limité des délocalisations Nord-Sud sur l’emploi au Nord Les industries manufacturières les plus exposées à la concurrence des pays à bas coûts ne représentent que 4% de l’emploi total des pays industrialisés de l’OCDE En 2004, 49% des contrats de soustraitance concernaient l’Europe et 42,3% les États-unis, le reste du monde n’en absorbant que 8,7% Surtout concurrence N-N et S-S Quelle analyse du cadre? travail décent = 1 droit (libre choix/ couvrant les besoins/ respectant les droits fondamentaux du travail/ lié à la protetction sociale/ au dialogie social et à l’égalité) Mais droit très partiellement réalisé dans le secteur formel/pire encore dans le secteur informel/rural Dans le cadre d’une globalisation très peu propice au travail décent (même en tenant compte de la ‘hausse asiatique’) dominée par les entreprises transnationales et les groupes financiers. De plus en plus présent dans l’agenda européen et international (avec une Europe qui en ce moment ne choisit pas l’option de la rédistribution mais celle d’un durcissement de sa position néo-libérale) partout : mise en concurrence territoires/travailleurs => course vers le bas des législations sociales, des systèmes de protetcion sociale, des conditions de travail et des salaires => Travail = 1 instrument central (sousestimé) du développement (et ODM) => malgré définition OI : concept “travail décent” = lettre morte 4 piliers du travail décent Garantir un travail justement rémunérateur Respecter la liberté de s’organiser Bénéficier du droit à la protection sociale Construire le dialogue social 4 axes du plaidoyer pour un travail décent Mondialiser un revenu décent pour une vie décente Prioriser le travail décent dans les politiques de développement Garantir une mondialisation des droits sociaux Réguler les acteurs privés Cahier de revendications 1. Mondialiser un revenu décent pour une vie décente : - promouvoir le respect universel d’un revenu décent couvrant au minimum les besoins fondamentaux du travailleur et de sa famille ; - créer, protéger et maintenir des emplois décents ; - garantir l’accès à la protection sociale. 2. Prioriser le travail décent dans les politiques de développement : - intégrer le travail décent dans l’ « OMD1 » ; - intégrer le travail décent dans toute politique de développement de la Belgique et des organisations internationales et assurer la cohérence de ces politiques autour de l’objectif de travail décent ; - connecter le respect de l’engagement international d’augmenter le niveau d’APD des pays riches à 0,7% du PNB à l’objectif de travail décent. 3. Garantir une mondialisation des droits sociaux : - garantir les libertés syndicales pour mondialiser les cadres de concertation sociale ; - éradiquer toutes les discriminations à l’emploi (notamment celles liées au genre) en garantissant le principe « à travail égal, salaire égal »; - veiller à ce que les droits de tous les travailleurs (notamment migrants, secteur informel, secteur agricole) soient respectés. 4. Réguler les acteurs privés : - subordonner les politiques commerciales et d’investissement au respect de normes sociales et rendre contraignant le respect de ces normes par les entreprises transnationales et leurs filiales ; - réguler le système financier international afin d’impulser des politiques créatrices d’emplois décents.