Le Front commun pour la justice sociale revendique une augmentation du salaire minimum pour qu’il atteigne 15 $ l’heure, et devienne ainsi un salaire assurant la subsistance. Nous demandons au gouvernement provincial de mettre en place des augmentations planifiées pour que le salaire minimum atteigne 15 $ l’heure le plus rapidement possible. Nous luttons aussi pour obtenir des changements à 10 des normes d’emploi provinciales. Pourquoi le salaire minimum doit augmenter au Nouveau-Brunswick… Cela permettra de mettre de l’argent dans les poches de ceux et celles qui travaillent dur À partir d’avril 2016, le salaire brut des travailleurs et des travailleuses à temps plein, rémunérés au salaire minimum, sera de 22 152 $ par année (40 heures x 10,65 $). Cela ne représente même pas la moitié du salaire moyen au NouveauBrunswick. Et c’est à peine plus élevé que le seuil de pauvreté établi en 2013, notamment 18 772 $. Les personnes au salaire minimum, et leurs familles, ont de la difficulté à subvenir à leurs besoins de base. Le coût des besoins de base, par exemple la nourriture, le chauffage et le loyer, augmente à chaque année. Il ne s’agit pas de produits de luxe. Il s’agit de nécessités quotidiennes, et ce revenu supplémentaire permettrait aux travailleurs de ne pas avoir à choisir quels besoins doivent être sacrifiés. Cela permettra d’avoir une existence convenable Le Front commun pour la justice sociale a examiné la situation économique des travailleurs au salaire minimum dans la province, et a comparé leur revenu annuel net à un budget annuel type. Selon chacun des sept scénarios examinés (personne seule, famille monoparentale avec enfants ou couple avec enfants), tous affichaient un déficit annuel allant de 1 500 $ à 12 000 $. Lorsqu’une personne travaille à temps plein et doit recourir à une banque alimentaire pour ne pas crever de faim, alors elle ne reçoit pas un salaire décent. Lorsqu’une femme monoparentale à un emploi à temps plein, qu’elle dépend des programmes gouvernementaux, par exemple le logement social, et qu’elle a encore de la difficulté à joindre les deux bouts, alors elle ne reçoit pas un salaire décent. Lorsque les deux parents travaillent à temps plein, qu’ils reçoivent une allocation pour frais de garde d’enfants et, qu’à la fin du mois, ils n’ont pas suffisamment d’argent pour subvenir aux besoins de leur famille, alors ils ne reçoivent pas un salaire décent. Cela permettra de réduire la pauvreté Un emploi à temps plein devrait permettre à une personne de vivre au-dessus du seuil de pauvreté. Un plan par étapes pour augmenter rapidement le salaire minimum à 15 $ l’heure est essentiel pour sortir les travailleurs à temps plein de la pauvreté. Cette augmentation va améliorer la sécurité financière des personnes et des familles, et cela se traduira en qualité de vie décente : logement propre et sécuritaire, aliments nutritifs, vêtements adéquats pour toutes les saisons, etc. Non seulement l’unité familiale aura un revenu décent mais toute la collectivité va aussi en profiter. Les services communautaires, notamment les banques alimentaires, les soupes populaires, les programmes des petits déjeuners dans les écoles, les programmes du logement ne seront plus exploités avec un minimum de ressources. Le besoin d’obtenir une aide du gouvernement va diminuer, par exemple les allocations. Les personnes se sentiront ainsi plus autonomes et moins dépendantes des ressources gouvernementales. Cela ne va pas éliminer des emplois Les augmentations du salaire minimum ont eu très peu d’impact, voire même aucun, sur le taux d’emploi. Lorsqu’il y a eu changement, il y avait probablement d’autres facteurs en jeu ou il s’agissait d’un changement temporaire. Selon une étude récente (2015), menée par David Green et publiée par le Centre canadien de politiques alternatives : « Il n’y a pratiquement pas de preuve, de quelque nature que ce soit, de corrélation entre des salaires minimums plus élevés et les niveaux d’emploi au Canada. « [Traduction]. (Dispelling Minimum Wage Mythology: The Minimum Wage and the Impact on Jobs in Canada, 19832012) Cela permettra d’aider les employeurs et l’économie Des salaires plus élevés diminueront le taux de roulement, ce qui se traduira en économies pour les employeurs. Les employés qui ont des salaires plus élevés demeurent plus longtemps avec l’employeur; ils deviennent plus familiers avec le travail et cela les rend plus confiants. Par conséquent, ils augmentent leur productivité. Des salaires plus élevés signifient aussi que ces travailleurs ont plus d’argent dans leurs poches pour dépenser localement. Une augmentation du salaire minimum signifie une augmentation pour les biens et les services offerts localement. Ainsi, davantage d’argent sera dépensé dans les épiceries, les restaurants, les magasins de vente au détail, les dépanneurs, etc. Ironiquement, il s’agit des entreprises (grandes et petites) dont la plupart des employés sont rémunérés au salaire minimum. Les travailleurs et les travailleuses au salaire minimum ne partent pas en vacances à l’étranger et ne dépensent pas de grosses sommes d’argent en ligne. Ils se rendent dans les magasins où ils peuvent utiliser leurs coupons et ils ciblent les objets en solde affichés dans les circulaires. Augmenter le salaire minimum permet à l’employé de participer pleinement à l’économie en qualité de consommateur actif, ce qui se traduit en croissance économique de sa région et de sa collectivité. Mythe : la plupart des travailleurs au salaire minimum sont des adolescents En 2015, on comptait 18 500 travailleurs rémunérés au salaire minimum, et 66,5 % d’entre eux étaient âgés de 20 ans et plus. Par conséquent, ces personnes travaillent pour assurer leur subsistance et celle de leur famille. Cela permettra d’aider les jeunes travailleurs En 2015, 33,5 % des travailleurs au salaire minimum étaient âgés de 15 à 19 ans : ils sont un atout important au sein de la main-d’œuvre. Ce groupe d’âge particulier est en train d’accumuler une expérience de travail, de se familiariser à l’éthique du travail, et d’acquérir des compétences pour des emplois futurs. Certains d’entre eux sont peut-être en train d’économiser pour poursuivre des études postsecondaires, et ce revenu aide à payer des dépenses qui, autrement, seraient assumés par les parents, par exemple des vêtements, des accessoires, du matériel informatique, etc. Cela permettra de réduire l’inégalité de revenu Au Nouveau-Brunswick, le revenu total médian de toutes les familles recensées était de 67 340 en 2013. Aujourd’hui, le salaire minimum représente seulement 33 % du salaire médian. Selon le Fonds monétaire international (2014) : « … des niveaux d’inégalité plus élevés sont liés à des poussées de croissance moins nombreuses et plus courtes. » [Traduction]. Par conséquent, si le NouveauBrunswick veut croître et prospérer, il doit permettre à tous ses citoyens et citoyennes d’avoir un salaire décent afin qu’ils contribuent à l’économie. Dans The Case for Increasing the Minimum Wage: What does the academic literature tell us?, Green (2015) mentionne qu’une augmentation du salaire minimum va réduire l’inégalité parmi les salariés : «… le salaire minimum est un outil important pour arriver à une société plus équitable et plus égale. » [Traduction] Cela sera bénéfique aux femmes En 2015, 10 300 (55,7 %) des travailleurs rémunérés au salaire minimum étaient des femmes. Un peu plus de la moitié (58 %) d’entre elles avaient un emploi à temps partiel. Qu’importe leur niveau de scolarité, les femmes sont plus susceptibles de se retrouver dans des emplois rémunérés au salaire minimum. Dans notre document Un pas en avant, deux pas derrière (2016), nous mentionnons que le nombre de femmes ayant des emplois à temps partiel a triplé entre 2005 et 2015. Bien qu’il puisse y avoir plusieurs explications derrière cette statistique, il demeure que les emplois à temps partiel ne garantissent pas un nombre minimum d’heures, la plupart n’offrent aucun avantage social, et ils constituent des emplois précaires. Dans l’article Women’s work: what’s it worth to you? (2016), Kate McInturff souligne : « Près du tiers des femmes qui travaillent à temps partiel le font en raison du manque d’accès aux services de garderie. Des investissements publics pour augmenter le nombre de garderie et les rendre abordables permettraient aux femmes d’accepter plus facilement un travail à temps plein. Ce serait bon pour elles, bon pour le revenu familial, et bon pour l’économie. » [Traduction] Encore de nos jours, il y a beaucoup plus de femmes qui sont à la tête de familles monoparentales. Si le salaire minimum augmentait, ces femmes monoparentales, et travaillant à temps partiel, seraient peut-être plus motivées à accepter des emplois à temps plein car cela augmenterait considérablement leur revenu. De plus, avec l’aide des allocations pour garde d’enfants, elles pourraient même considérer les services de garderie. Ce revenu supplémentaire symbolise aussi l’inclusivité. Ces femmes auraient davantage accès à des aliments plus sains pour elles-mêmes et leurs enfants, et elles auraient aussi davantage accès aux moyens de transport (transport en commun, taxi, etc.) pour se rendre aux rendez-vous liés à la santé ou se rendre aux activités communautaires axées sur la famille. Dans l’ensemble, elles seraient en meilleure position pour prendre soin de leur famille.